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10e-17e siècle

Histoire des reliques de saint Judicaël et de saint Méen

Renouveau du pèlerinage à Saint-Méen-le-Grand

Au début du 10e siècle, devant les menaces vikings, les moines de Gaël sont contraints de fuir en emportant les précieuses reliques de saint Méen et de saint Judicaël vers des contrées plus hospitalières.

Entre le 10e et le 17e siècle, les reliques des deux saints « circulent » entre l’Anjou et la Bretagne.

En 1640, l’ouverture du tombeau de Judicaël à Saint-Méen-le-Grand marque le début des pèlerinages à cette abbaye.

L’abbaye de Gaël reconstruite en 1024 à Saint-Méen-le-Grand

Havoise de Normandie, veuve de Geoffroy Ier, duc de Bretagne, décide avec ses fils Alain III et Eudes, de restaurer l’abbaye de Gaël en un autre lieu qui donne naissance à la ville actuelle de Saint-Méen-le-Grand. La duchesse Havoise charge Hinwethen, abbé de Saint-Jacut (aujourd’hui Saint-Jacut-de-la-mer en Côtes-d’Armor), de cette reconstruction achevée en 1024. Hinwethen aurait demandé à Ingomar, moine qualifié de « grammaticus » 1, de rédiger une Vita, c’est-à-dire une hagiographie de saint Judicaël. Cette Vita porte le nom d’Histoire du saint roi Judicaël. —  MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Delaguette, 1756, Voir en ligne. p. xciv — Une autre Vita, celle de saint Méen (Vita Mevenni) est aussi rédigée au cours du 11e siècle. Selon l’Histoire du saint roi Judicaël, celui-ci quitte la royauté en 615 pour mener une vie monacale au monastère de Gaël créé par saint Méen. C’est là qu’il meurt en « saint » vers 637/639. Il y repose auprès de saint Méen.

Fuite des moines avec les reliques

Les pillages occasionnés par les Vikings au cours du 10e siècle obligent les moines de Gaël à quitter leur monastère. Ils emportent avec eux, les reliques de leurs saints et les manuscrits de leur scriptorium.

Le Chronicon Britannicum rapporte qu’en 919, les reliques de saint Méen et de saint Judicaël prennent des chemins divergents. Celles de saint Méen sont transportées à l’abbaye de Saint-Florent (Maine-et-Loire), tandis que celles de saint Judicaël sont emmenées à l’abbaye d’Ension à Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres).

DCCCCXIX. Normanni omnem minorem Britanniam vastaverunt, cunctis occisis vel ejectis Britonibus. Tunc asportata funt corpora SS. Mevenni & Judichaëli, S. Mevennus apud S. Florentium, & Judichaëlus apud S. Jovinum in pago Pictavensi.

Morice, Dom Hyacinthe (1742) op. cit., col. 4

L’historienne Armelle Le Huërou nuance les affirmations du Chronicon Britannicum.

D’après une compilation bretonne, un peu plus tardive et fort sujette à caution, le Chronicon Brittanicum 2, sur laquelle on s’appuie habituellement, c’est en 919 que les corps des deux saints « furent apportés, saint Méen à Saint-Florent et Judicaël à Saint-Jouin en Poitou ». L’information ne recoupe pas exactement les données de la Chronique de Saint-Florent – où rien n’est dit d’un passage des reliques par Saint-Florent lors de leur transfert en Poitou – et, surtout, n’est attestée nulle part ailleurs.

LE HUËROU, Armelle, « De quand date la Vita S. Meuenni (BHL 5944) ? Quelques nouveaux éléments sur sa transmission et sa genèse », in Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac,, Jean-Christophe Cassard, Pierre-Yves Lambert, Jean-Michel Picard et Bertrand Yeurc’h, Landévennec, Centre International de Recherche et de Documentation sur le Monachisme Celtique, 2013, (« Britannia Monastica »), p. 53-74, Voir en ligne.

Translation des reliques à l’abbaye Saint-Florent de Saumur

Les reliques de saint Méen et de saint Judicaël sont regroupées à l’abbaye d’Ension 3 dans le Poitou.

[...] beaucoup d’églises ou de monastères de Bretagne et du bas Poitou, sans cesse ravagés par les Normands, envoyèrent à cette époque [...] les reliques de leurs saints patrons à l’abbaye d’Ension, qui semble avoir échappé aux atteintes des pirates. C’est ainsi qu’y furent transportées successivement les reliques [...] de saint Meen (Mevenni) et de saint Judicaël (Judicælis), roi de Bretagne.

LEDAIN, Bélisaire, Notice historique et archéologique sur l’abbaye de Saint-Jouin de Marnes, impr. de Tolmer (Poitiers), 1884, Voir en ligne. p. 28

Une chronique de l’abbaye Saint-Florent rapporte que les reliques des deux saints présentes à Ension (Saint-Jouin-de-Marnes) sont à nouveau séparées.

Robert de Blois, abbé de Saint-Florent de 985/986 à 1011, évoque l’existence d’un transfert des reliques des « bienheureux Méen et Judicaël » du Poitou (Ension et Thouars) à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur.

Bélisaire Ledain reprend quant à lui les propos de Robert de Blois.

Cependant une partie des corps de saint Meen et de saint Judicaël, d’après le témoignage d’une chronique, fut déposée à Thouars dans une église de Saint-Martin dont la position n’a pu être exactement déterminée. Plus tard, à la fin du Xe siècle, les reliques de ces deux saints furent enlevées de Thouars et d’Ension et transportées à Saint-Florent de Saumur.

LEDAIN, Bélisaire (1884) op. cit., p. 28

En 866, les menaces vikings obligent la communauté des moines du Mont-Glonne (aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil) à emporter les reliques de saint Florent à Saint-Gondon dans le Berry. Un diplôme de Charles le Chauve leur accorde ce prieuré comme refuge. Le monastère du Mont-Glonne est laissé à l’abandon. Cet exil des moines à Saint-Gondon dure jusque vers l’an 950.

Vers 950 un nouveau monastère fut fondé, sous la protection des comtes de Blois, dans l’enceinte du castrum de Saumur (Saint-Florent du château de Saumur). La prise de cette ville par le comte d’Anjou Foulque Nerra (été 1026) et l’incendie de l’abbaye provoquèrent sa reconstruction, non loin de là, au lieu dit le Chardonnet, entre Saumur et Saint-Hilaire-des-Grottes (Saint-Florent-le-Jeune, le Mont-Glonne prenant à cette époque l’appellation de Saint- Florent-le-Vieil).

HAMON, Maurice, « La Vie de saint Florent et les origines de l’abbaye du Mont-Glonne », Bibliothèque de l’école des chartes, Vol. 129, 1971, p. 215-238, Voir en ligne. [p. 215]

L’arrivée des reliques de saint Méen et de saint Judicaël correspond donc à l’histoire connue de l’abbaye à la fin du 10e siècle. Elles sont déposées à Saint-Florent du château de Saumur avec celles du saint patron et quelques autres. Après l’incendie de 1026, il faut attendre 1030, pour que soit fondé le nouveau monastère de Saint-Florent-le-Jeune (ou Saint-Florent les Saumur). On suppose que les reliques des deux saints se trouvent avec d’autres, dans cette nouvelle abbaye.

Le retour des reliques des saints fondateurs de l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand

Aux 11e-12e siècles, un retour des reliques de saint Méen et de saint Judicaël à l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand est auguré. Le Chronicon Britannicum fait part, à la date de 1074, du retour des reliques de saint Méen en Bretagne à l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine).

MLXXIIII. Reliquiæ S. Mevenni in Britanniam de S. Florentio venerunt XV. Kal. Februarii.

Morice, Dom Hyacinthe (1742) op. cit., col. 4

Seules les reliques de saint Méen sont de retour de Saint-Florent de Saumur. Il n’est pas notifié de retour pour celles de Judicaël. Une date de 1130 est avancée dans les écrits du Père Albert Le Grand 4 au 17e siècle. Il semble être le premier à mentionner cette date de 1130, couramment reprise comme étant celle du retour des reliques de Judicaël à Saint-Méen-le-Grand.

Le corps de saint Martin demeura à Vertou jusqu’à l’an 878 que les Normands ravageans la Bretagne, il fut transporté au monastère de Saint Jouin de Marne en Poitou, […] où il fut trouvé en une Chasse avec les Reliques des Saints Iudicaël Roi de notre Bretagne, S. Jouin, Patron du lieu, saint Lumine, saint Rufin, & saint Marculphe, & furent transférées pour la seconde fois l’an 1130 de laquelle Translation se fait une Fête solennelle tous les ans, le dimanche après la Nativité de Notre-Dame au mois de septembre, qu’ils appellent à Saint Jouin, la fête des Reliques.

LE GRAND, Albert, La vie, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique, Rennes, Jean Vatar et Julien Ferré, 1659, Voir en ligne. p. 525 5

L’historienne Armelle Le Huërou s’étonne qu’on donne autant de crédit à des affirmations non confirmées.

C’est aussi d’après ce Chronicon qu’est retenue la date du 18 janvier 1074 pour le retour des reliques de Méen à Saint-Méen. Or le texte, plus laconique, se contente de signaler qu’à cette date « vinrent » – et non « revinrent » – de Saint-Florent en Bretagne – et non à Saint-Méen même – des reliques du seul Méen et, une fois encore, il n’est confirmé par aucune autre source. Quant à la date de « retour » des reliques de Judicaël en Bretagne, elle est généralement située en 1130, apparemment sur la seule foi d’Albert Le Grand.

En revanche, depuis l’abbé Guillotin de Corson qui donne du crédit à ces deux dates, celle du Chronicon et celle avancée par Albert Le Grand, celles-ci sont reprises jusqu’à nos jours comme des références.

[...] les reliques des bienheureux premiers fondateurs furent rendues à l’abbaye : le corps de saint Méen revint de Saint-Florent en 1074, et celui de saint Judicaël fut rapporté, en partie du moins, de Saint-Jouin de Marnes en 1130.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. page 125

Le retour des reliques des deux saints à des dates séparées est étonnant, puisqu’elles sont ensemble à Saint-Florent de Saumur à la fin du Xe siècle, et que leur destination est la même : l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand. Le retour des reliques de saint Méen en 1074 n’est pas mentionné dans les cartulaires. Il faut attendre le 17e siècle pour savoir qu’elles ont été enchâssées.

Si les reliques de saint Judicaël avaient été présentes lors de la rédaction au 11e siècle de l’Histoire du saint roi Judicaël, Ingomar n’aurait pas manqué d’en parler. Cette absence de reliques corporelles 6 l’oblige à citer les seules reliques présentes de Judicaël, dites réelles 7.

Ceux qui demandent que leur soient présentés par les ministres de l’Eglise les sandales de ses pieds ou son bâton ou quelque petit morceau de vêtement sont guéris des fièvres et des autres maux dont ils sont affligés.

MERDRIGNAC, Bernard, « Les Voies nouvelles de la Sainteté 605-814 », in Histoire des saints et de la sainteté chrétienne, Vol. IV, Paris, Hachette, 1986. [page 171]

Entre 1130 et 1640, aucune preuve n’existe du retour des reliques de saint Méen et de saint Judicaël à l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand.

Juillet 1640 — Ouverture du tombeau de saint Judicaël à l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand

L’intérêt pour les reliques ne réapparait qu’au 17e siècle.

Dans une réédition des Vies des saints de la Bretagne-Armorique d’Albert Le Grand, Miorcec de Kerdanet, commentateur du livre, mentionne qu’après leur transfert en 1130 à Saint-Méen-le-Grand, les reliques de saint Judicaël retournèrent plus tard à Gaël.

[...] où remises dans leurs anciens tombeaux, elles en furent retirées, le 12 juillet 1640, et renfermées dans un reliquaire d’argent, enrichi de pierres précieuses. Ce reliquaire renfermait le chef de Judicaël et quelques-uns de ses ossemens : il a disparu à l’époque de la révolution, et il ne reste aujourd’hui des reliques du saint roi que la partie inférieure d’un fémur.

LE GRAND, Albert, Les vies des saints de la Bretagne-Armorique par Fr. Albert Le Grand, 1837 - Annotée par Miorcec de Kerdanet, Daniel-Louis, Brest-Paris, Anner, 1637, Voir en ligne. p. 823

Aux dires de Miorcec de Kerdanet, les reliques n’ont pas été extraites de leurs tombeaux entre leur retour de Saint-Florent en 1130 et 1640. Effectivement, le 12 juillet 1640, il est officiellement fait mention de l’ouverture d’un tombeau en l’abbatiale de Saint-Méen-le-Grand. Achille de Harlay de Sancy 8, évêque de Saint-Malo de l’Isle et abbé commendataire de l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand, procède en l’église abbatiale à l’ouverture d’un tombeau ancien, réputé être celui de saint Judicaël. Pour cette cérémonie, l’évêque est accompagné du chanoine Louis d’Orgeville 9, vicaire général de l’évêque, de Charles Treton Duruau, de l’officialité de Saint-Malo de l’Isle et de plusieurs grands vicaires.

[...] au bas de la dite église, du côté de l’évangile, un peu au-dessus de la porte qui donne entrée dans les cloitres, il y avait un tombeau élevé en pierre et soutenu de deux piliers qu’on croyait être le vrai tombeau de saint Judicaël [...] lequel tombeau n’avait été ouvert de mémoire d’homme, nous requérant et suppliant lesdits prieur et les religieux en faire l’ouverture et mettre les saintes reliques qui s’y pourraient rencontrer en lieu décent, pour être honorées et vénérées du peuple. [...] Nous sommes ce jour, douzième de juillet mil six cents quarante, transporté en notre église abbatiale de Saint-Méen où étant arrivé et revêtu pontificalement, nous sommes allé audit lieu et tombeau, [...] et avons fait l’ouverture réelle et véritable dudit tombeau, et là dedans avons trouvé une façon de caisse de bois, consistant en quatre carreaux et deux bouts fermés de clous, longue de trois pieds ou environ, large de plus d’un pied et hautes d’un pied ; et ayant pareillement fait ouverture de la dite caisse, nous avons trouvé quantité d’ossements de divers membres et parties du corps et entre autres, la plus grande partie d’un crâne et d’un bras, et plusieurs bourses remplies de petites parcelles de reliques, l’étoffe desquelles bourses est entièrement corrompue ; n’ayant trouvé en icelle caisse aucun enseignement desdites reliques.

Lesquelles toutes ensembles nous avons fait enchâsser et enfermer dans un petit coffre pour être iceluy mis et colloqué au lieu ou reliquaire où sont gardées et vénérées les autres reliques de notre dite abbaye, ensemble avec la copie en parchemin de ce même procès-verbal [...]

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE, « Procès-verbal de l’ouverture du tombeau de saint Judicaël, roi de Bretagne, le 12 juillet 1640 », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 18, 1888, p. 44-46, Voir en ligne. p. XLIV
12 juillet 1640 - Eglise de Saint-Méen-le-Grand
Procès-verbal d’ouverture du tombeau de saint Judicaël

Présence des reliques de saint Méen et de saint Judicaël à l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand

L’ouverture du tombeau donne lieu au texte Manuscrit de la Bibliothèque nationale, fr. 22325 qui suit. Sous le titre Au trésor de St Méen il est dressé, pour la première fois, une liste des reliques présentes dans l’église de Saint-Méen-le-Grand. La date n’est pas mentionnée mais si l’on en croit le Procès-verbal d’ouverture du tombeau de saint Judicaël indiquant qu’il n’avait été ouvert de mémoire d’homme, elle serait postérieure à 1640.

Une chasse de bois couverte d’une étoffe ancienne où sont les reliques
de st Méen et de st Judicaël.
Un chef d’argent ou est le crane entier de saint Judicaël
Un bras d’argent du même.
Chef & bras d’argent de st Méen, plus sa mâchoire en argent dorée
Le peigne de st Judicaël enchâssé en bois
Un reliquaire moderne de bois doré ou est le crane de st Austole 10
Un autre semblable ou est un ossement de st Méen

On croit avoir toutes les reliques de st Méen & de st Judicaël ou à peu près

La chapelle de st Méen que l’on croit avoir été le premier lieu des cellules est a un quart de lieue de st Méen.

Dans la nef du coté de l’évêque est le tombeau de st Méen de l’autre coté est celui de st Judicaël qui est une auge de pierre couverte d’une pierre

Le tombeau de l’abbé de Coëtlogon 11 est dans une chapelle par laquelle on entre dans le chœur. On prétend qu’elle s’y fait des guérisons. On y voit encore guenilles et bâtons. Il guérit principalement du mal de tête.

Un manuscrit daté de 1646 fait état de la présence des reliques de plusieurs saints, dont celles de Judicaël, dans l’abbatiale de Saint-Méen-le-Grand.

Il y a dans l’abbaye de Saint-Méen, un beau trésor où l’on garde le chef et le bras et le calice de saint Méen qui est d’argent aussi bien que le chef et le bras où sont enchâssés son livre reliquaire. L’on y voit aussi son étole qui est de broderie d’or, d’argent et de soie aux fleurs de lys. Il y a aussi en une autre châsse d’autres reliquaires du même saint Méen. On y voit encore le chef et le bras de St Judicaël, roi de Bretagne et son corps en un autre coffre. Ce chef et ce bras sont enchâssés dans un chef et un bras d’argent. L’on voit en outre le chef de saint Petreux ou Petroc 12 aussi religieux en cette abbaye ; le menton aussi en argent comme aussi le menton de saint Salomon enchâssé en argent [...] Fait à Saint-Méen le 13 aout 1646.

ANONYME, « Recueil de pièces sur l’histoire de divers monastères bénédictins, formé au XVIIe et au XVIIIe s. et intitulé Monasticon benedictinum. Voici le nonm des maisons sur lesquelles ce recueil fournit des documents de quelque étendue. S. Meen », Saint-Méen-le-Grand, 1646, Voir en ligne. pp. 4-6

Notons aussi que les deux tombeaux restant dans la nef de l’abbatiale sont vides : du côté de l’évêque est le tombeau de st Méen de l’autre côté est celui de st Judicaël qui est une auge de pierre couverte d’une pierre. L’ouverture du tombeau de saint Méen a donc été réalisée avant 1640.

L’abbé Guillotin de Corson parle des reliques encore exposées dans l’abbatiale de Saint-Méen en 1791.

En 1791, ces précieuses reliques étaient déposées comme il suit : les chefs de saint Méen, saint Judicaël et saint Austole, et une portion du crâne de saint Pétreuc, dans quatre bustes d’argent ; — les bras de saint Méen et saint Judicaël dans deux bras d’argent ; — il y avait, en outre, deux autres reliquaires, dont l’un en forme de châsse, contenant l’un et l’autre de nombreux ossements.

Guillotin de Corson, abbé (1891) op. cit., p. 125

Présence des reliques à Saint-Florent de Saumur

À leur arrivée à Saint-Florent de Saumur à la fin du 10e siècle, les reliques de saint Méen, de saint Judicaël et saint Florent figurent dans une même châsse (coffret). Elles sont absentes des chroniques, à l’exception des reliques de saint Florent.

En 1077, lors d’une expédition militaire en Anjou, Hugues-le-Grand, comte de Vermandois, s’empare de la châsse de saint Florent et la donne à la collégiale de Roye, en Picardie. Ce n’est qu’en 1475 que le roi Louis XI restitue les reliques à l’abbaye Saint-Florent de Saumur. Au milieu du 16e siècle, les huguenots s’en prennent à la châsse de saint Florent.

Inventaires des reliques de l’abbaye Saint-Florent de Saumur

Au 17e siècle, les reliques de saint Florent sont décrites en détail sur une copie d’un inventaire de reliques antérieur aux pillages des guerres de religion (1562-1598). Pour les autres, il est écrit :

« [...] on ne sçait pas ce que sont devenues la plus grande partie de ces sainctes reliques. [...] Nous n’avons donc plus maintenant que ce qui s’ensuit : dans une chasse de bois peint, qui est en la petite chapelle Saint-Florent, il y a le chef de saint Martin de Vertou avec son escriteau bien authentic. Il y a encore une autre relique qui n’est pas notable, avec son escriteau, mais j’en ay oublié le nom. Il y a aussi trois ou quatre grands os qui n’ont point d’escriteau et par ainsi on ignore de quel saint ils sont. Il y a encore quelques petits ossements sans aucun escriteau. »

Hamon, Maurice (1971) op. cit., p. 227

D’autres ouvertures de la châsse de saint Florent ont lieu en 1662, 1665, 1692 et 1693. Aucun procès-verbal n’est connu. Seuls quelques éléments sont rapportés lors des polémiques du 19e siècle sur l’identification et le nombre des ossements.

Deux autres ouvertures sont effectuées au cours du 19e siècle.

— La première a lieu en 1828, elle nous informe sur la façon dont l’ensemble des reliques a été sauvé lors de la période révolutionnaire.

[...] Le 3 octobre 1828, les reliques de S. Florent, de S. Méen et de S. Judicaël, qui avaient traversé la révolution renfermées dans un tabernacle de bois jeté sur un confessionnal, et auquel on ne prit pas garde, furent reconnues authentiques par Mgr Charles baron de Montault des Isles, qui fit dresser procès-verbal de cette recognition solennelle. Le 15 septembre 1829, M. Bancelin, curé de S. Nicolas de Saumur, par commission spéciale de l’évêque d’Angers, enleva les reliques du tabernacle et les déposa dans la châsse actuelle, qui, scellée du cachet de la commune, prit place sous le maître-autel, « en présence des autorités et des habitants de la paroisse, ainsi que des habitants des paroisses circonvoisines que cette sainte cérémonie avait réunis ».

Bardier de Mantault, Xavier (1864) op. cit., pp. 173-174

Xavier Bardier de Mantault (1830-1901), historiographe du diocèse d’Angers, émet des doutes sur la composition de l’inventaire des reliques.

[...] Je sais bien qu’on peut avancer que la châsse a dû changer intérieurement d’aspect, lorsque, en 1760, dom Placide Le Gault y aurait ajouté les ossements de S. Méen et de S. Judicaël ; mais l’authentique [la châsse authentifiée par lui], citée plus loin, dit seulement que deux ossements en furent extraits, à cette époque, pour être exposés à la vénération publique dans des reliquaires spéciaux. Donc les corps de ces deux saints étaient, antérieurement à 1760, conservés dans la châsse de S. Florent.

Bardier de Mantault, Xavier (1864) op. cit., p. 172

Ainsi, les ossements des saints Méen et Judicaël auraient pris place dans la châsse en 1760, sans que l’on sache où ils étaient auparavant. Xavier Bardier de Mantault apporte par ailleurs un renseignement qui vient s’ajouter aux reliquaires spéciaux.

[...] Le reliquaire vitré, auquel fait pendant celui des SS. Méen et Judicaël, me paraît d’une date antérieure à 1760. Son style même me le ferait reporter au XVIIe siècle. Il est en bois sculpté et doré. Il sert, comme autrefois, à exposer à la vénération publique les reliques de S. Florent, que l’on peut aussi commodément placer sur l’autel.

Bardier de Mantault, Xavier (1864) op. cit., p. 155

— La seconde ouverture a lieu le 22 avril 1858. Elle est pratiquée par Xavier Bardier de Mantault en présence de l’évêque d’Angers, du vicaire général du diocèse et du clergé. Elle donne lieu à un examen des différents suaires qui s’y trouvent.

Xavier Bardier de Mantault rapporte les différentes découvertes faites lors de cette ouverture. Il donne le détail des ossements contenus dans les différents suaires. Très méticuleux, il ne manque pas d’ajouter des remarques comparatives en rapport avec les compte-rendus des procès-verbaux des ouvertures du 17e siècle. Il s’agit de mises au point concernant principalement l’identification et le nombre des ossements qui l’amène à livrer une date témoignant de la présence des reliques de saint Méen et de saint Judicaël avec quelques précisions.

Les deux os, un de saint Méen et un de saint Judicaël, sont vénérés à part, dans un reliquaire vitré et transportable lors de processions.

À l’ouverture, la châsse de saint Florent renferme plusieurs suaires décrits par Xavier Bardier de Mantault.

Le premier suaire contient un parchemin prouvant l’authenticité des ossements de saint Florent, au dos duquel il est fait mention de saint Méen et de saint Judicaël 13.

Le contenu du troisième suaire est détaillé par Xavier Bardier de Mantault 14

Saint Méen fondateur d’un monastère en Anjou

Quelle peut être la raison de conserver les reliques de deux saints censés être « bâtisseurs » de la Bretagne armoricaine ? La réponse est à chercher dans le légendaire chrétien concernant saint Méen. La Vita Mevenni (Vie de saint Méen) que l’on dit rédigée au 11e siècle 15 concerne la Bretagne mais aussi l’Anjou.

Il est un passage important de la Vita Mevenni qui ne peut échapper aux moines de Saint-Florent de Saumur. Son hagiographe raconte que saint Méen, au retour d’un pèlerinage, accomplit un miracle et bâtit un monastère dans la région de Saint-Florent.

A son retour il [Méen] passa par Angers, & à la prière des habitants, qui le connaissaient par sa réputation, il y demeura quelques jours & y fit quelques prédications. On dit qu’une Religieuse, du nombre de celles qui vivaient en retraite dans leurs propres maisons, le vint trouver à Angers, pour le prier de vouloir chasser un serpent monstrueux qui avait son repaire fur son héritage, entre le lieu où est l’Abbaye de saint Florent-le-Vieil, & la montagne nommée Clermont ( ce qui reviendrait à la situation de Champtoceaux) & qu’après que le Saint eut traîné le serpent avec son étole, & l’eut précipité dans la Loire, où il fut suffoqué, la Religieuse lui donna toute cette terre, où il fonda un fonda un second monastère, qu’il peupla de Religieux tirés de celui de saint Jean de Gaël. On peut croire que cette terre lui fut donnée dans ce pays-là, & qu’il y bâtit un monastère, que sa Légende nomme Monopalium, ou Monopalm. II demeura le reste de ses jours, tantôt dans l’un, & tantôt dans l’autre de ses deux monastères, prenant également soin de l’une & de l’autre communauté. L’Abbaye de Gaël fut pourtant toujours sa maison principale ; & comme elle était beaucoup plus grande & plus remplie de Religieux, Il y demeurait aussi le plus ordinairement.

LOBINEAU, Dom Guy-Alexis, Les vies des saints de Bretagne et des personnes d’une éminente piété qui ont vécu dans la même province, avec une addition à l’Histoire de Bretagne, Rennes, La Compagnie des imprimeurs-libraires, 1725, Voir en ligne. p. 141

Saint Méen a donc fondé deux monastères : un à Transposa (Gaël), un autre à Monopalium, lieu non identifié proche de Saint-Florent. Ses attributs d’abbé et de thaumaturge font de Méen, un saint fondateur dans le diocèse d’Anjou. C’est une bonne raison pour les moines de Saint-Florent de garder dans leur abbaye pour les vénérer les reliques de saint Méen et de saint Judicaël son disciple. On est loin d’un éventuel retour de celles-ci à Saint-Méen-le Grand.

Durant plusieurs siècles, la dévotion aux saints a fait passer les reliques au second plan.

Un bréviaire manuscrit 16 de l’abbaye de Saint-Florent daté du 15e siècle témoigne de la dévotion portée aux saints Méen et Judicaël, dont les reliques sont exposées dans un reliquaire mobile pouvant servir aux processions. L’office des saints du bréviaire donne huit lectiones consacrées à Sancte Mevenne. Huit autres sont dédiées à Judicaël.

Huit leçons légendaires sont également affectées à S. Judicaël, confesseur et disciple de S. Méen. Cinq mentionnent qu’il secourut Jésus-Christ sous la forme d’un lépreux, à la manière de S. Julien-le-Pauvre, et qu’il traversa l’eau à cheval, marchant comme sur la terre ferme. Dès le début, sa haute naissance est annoncée par ces solennelles paroles : « Beatus confessor Domini Iudicaelus in Occidentali climate Britannica quidem regione, regali ex prosapia ortus secundum carnis conditionem claris effulsit natalibus. »

Bardier de Mantault, Xavier in Commission archéologique de Maine et Loire (1861) op. cit., p. 158

Les « présumées » reliques de saint Méen et de saint Judicaël

Aucun texte émanant de l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand comme de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur ne fait part d’une demande ou d’un refus de récupération des reliques.

Il est donc probable que les reliques sont devenues propriété de l’abbaye Saint-Florent de Saumur à partir de la fin du 10e siècle. Il s’écoule sept siècles pendant lesquels celles-ci sont absentes des chroniques. La présence à Saint-Méen-le-Grand des reliques enchâssées de saint Méen et de saint Judicaël est postérieure à 1640. Ces reliques sont mentionnées à Saint-Florent de Saumur en 1760.

Cet état de fait amène les abbayes de Saint-Méen et de Saint-Florent à se servir de ces reliques, si besoin à les « fabriquer », car elles sont utilisées comme source de revenus pour les pèlerinages.

À la fin du 16e siècle, l’abbaye de Saint-Méen est délabrée. L’abbé Guillotin de Corson rapporte qu’en 1601, Pierre Cornulier prend possession de l’abbaye dont il trouva l’église, les cloitres et le dortoir proches d’une ruine irréparable, et les murailles de clôture renversées. À ces ruines matérielles s’ajoutent des ruines morales. Pierre Cornulier met en place tant bien que mal une réforme, mise en échec par les réformes du cardinal Richelieu. L’abbé Cornulier meurt en juillet 1639 sans avoir pu mener à bien sa réforme.

Son successeur Achille de Harlay, évêque de Saint-Malo, est peu soucieux des conditions de vie des bénédictins de l’abbaye de Saint-Méen. Il se propose d’utiliser la ruine morale de son monastère en le transformant en séminaire diocésain. Pour cela, Achille de Harlay remplace les bénédictins de Saint-Maur par les prêtres de la Mission, fondés par Vincent-de-Paul qui prennent possession de Saint-Méen en août 1645. Les moines expulsés se réfugient à l’abbaye Saint-Melaine de Rennes. —  GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. pp. 126-127 —

L’ouverture du tombeau de saint Judicaël en juillet 1640 est en relation avec la situation désastreuse de l’abbaye de Saint-Méen depuis 1601.

L’abbé Guillotin de Corson se tait sans explication sur l’ouverture du tombeau par Achille de Harlay, pourtant pratiquée en grande pompe. À la même époque, le cartulaire de Saint-Méen fait part de la vie des saints se rapportant à l’histoire de l’abbaye. —  BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. pp. 503-513 —

Dans ce contexte, l’utilisation des reliques de Judicaël, roi de Bretagne de la première heure, liées à celles de saint Méen a pour but de relancer le pèlerinage à Saint-Méen-le Grand. .

Le pèlerinage à Saint-Méen-le-Grand au 17e siècle

Le 17e siècle marque un regain d’intérêt pour les pèlerinages. Il est démontré que l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand connait une forte affluence de pèlerins durant les années 1650-1651. Saint Méen ayant bati son monastère de Gaël après avoir fait jaillir une source dont l’eau a des vertus curatives, celle-ci guérit d’un mal appelé « mal saint-Méen » 17. Il n’existe aucun doute sur le lien entre cette dévotion à saint Méen au cours des pèlerinages et le culte des fontaines.

Ce « mal » a entrainé beaucoup pèlerins à Saint-Méen-le-Grand. Leurs déplacements apparaissent sur les registres

[...] De même certaines maladies sont privilégiées pour des motifs extra-médicaux [...] ou le mal Saint-Méen, à cause du pèlerinage qui attire ses victimes à Saint-Méen et qui leur vaut très souvent une mention particulière dans les registres.

Croix, Alain (1981) op. cit., p. 226

Jean-Christophe Brilloit 18 a recueilli une source documentaire concernant le nombre de pèlerins se rendant à Saint-Méen. Il se réfère à un document conservé aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, qui provient de l’hôpital Saint-Yves de Rennes. Suite à la réforme du système hospitalier en 1650, cet hôpital rennais situé à une quarantaine de kilomètres de Saint-Méen-le-Grand

[...] se charge d’accueillir pour la nuit les pèlerins. Six pensionnaires surveillaient les portes de la ville pour refouler les mendiants et amener à l’hôpital les pèlerins de passage. A cet effet le nouveau règlement prévoyait l’ouverture d’un registre portant "les noms, origines et domicille de ceux qui recevront les dites aumones, et du jour qu’elles leur seront données". Pour respecter cet arrêt, le gardien de l’hôpital ouvre le 25 février 1650 un "papier et registre contenant les noms, ages et habits des pauvres qui reçoivent la passade dans la maison et hospital Sct Yves de Rennes suivant larest de messieurs de la pollice de la cour de Parlement et ce pais du dix neufiesme février mil six cent cinquante". [...] Le principal intérêt du registre, qui couvre une période allant de février 1650 à avril 1651, est d’ordre quantitatif. L’hôpital enregistre en effet 3627 entrées, dont 2885 "passades" de pèlerins de Saint-Méen. [...] La marge d’erreur étant négligeable (1 ,1 %), on a retenu un effectif global de 2867 pèlerins, soit 79,1 % de l’ensemble des entrées.

BRILLOIT, JEAN-CHRISTOPHE, « Une population pérégrine au milieu du XVIIe siècle : les pèlerins de Saint-Méen », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, Vol. 93, 1986, p. 257-279, Voir en ligne. [pages 258-259]

Bibliographie

ANONYME, « Recueil d’extraits de divers chartriers de Bretagne : Manuscrit Bibl. nat., fr. 22325 », Rennes, 1601, Voir en ligne.

ANONYME, « Recueil de pièces sur l’histoire de divers monastères bénédictins, formé au XVIIe et au XVIIIe s. et intitulé Monasticon benedictinum. Voici le nonm des maisons sur lesquelles ce recueil fournit des documents de quelque étendue. S. Meen », Saint-Méen-le-Grand, 1646, Voir en ligne.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne.

BRILLOIT, JEAN-CHRISTOPHE, « Une population pérégrine au milieu du XVIIe siècle : les pèlerins de Saint-Méen », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, Vol. 93, 1986, p. 257-279, Voir en ligne.

COMMISSION ARCHÉOLOGIQUE DE MAINE ET LOIRE, Répertoire historique et archéologique de l’Anjou, Angers, Cosnier et Lachèse, 1861, Voir en ligne.

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HAMON, Maurice, « La Vie de saint Florent et les origines de l’abbaye du Mont-Glonne », Bibliothèque de l’école des chartes, Vol. 129, 1971, p. 215-238, Voir en ligne.

CROIX, ALAIN, La Bretagne aux 16e et 17e siècles, la vie, la mort, la foi, Vol. 1, Paris, Maloine s.a. éditeur, 1981.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne.

KEATS-ROHAN, Katharine, « Raoul Anglicus et Raoul de Gaël : un réexamen des données anglaises et bretonnes », in Montfort-sur-Meu et son pays. Histoire et patrimoine., Rennes, S.H.A.B Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, 2016, p. 33-63.

LEDAIN, Bélisaire, Notice historique et archéologique sur l’abbaye de Saint-Jouin de Marnes, impr. de Tolmer (Poitiers), 1884, Voir en ligne.

LE GRAND, Albert, La vie, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique, Rennes, Jean Vatar et Julien Ferré, 1659, Voir en ligne.

LE GRAND, Albert, Les vies des saints de la Bretagne-Armorique par Fr. Albert Le Grand, 1837 - Annotée par Miorcec de Kerdanet, Daniel-Louis, Brest-Paris, Anner, 1637, Voir en ligne.

LE HUËROU, Armelle, « De quand date la Vita S. Meuenni (BHL 5944) ? Quelques nouveaux éléments sur sa transmission et sa genèse », in Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac,, Jean-Christophe Cassard, Pierre-Yves Lambert, Jean-Michel Picard et Bertrand Yeurc’h, Landévennec, Centre International de Recherche et de Documentation sur le Monachisme Celtique, 2013, (« Britannia Monastica »), p. 53-74, Voir en ligne.

LOBINEAU, Dom Guy-Alexis, Les vies des saints de Bretagne et des personnes d’une éminente piété qui ont vécu dans la même province, avec une addition à l’Histoire de Bretagne, Rennes, La Compagnie des imprimeurs-libraires, 1725, Voir en ligne.

MERDRIGNAC, Bernard, « Les Voies nouvelles de la Sainteté 605-814 », in Histoire des saints et de la sainteté chrétienne, Vol. IV, Paris, Hachette, 1986.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Delaguette, 1756, Voir en ligne.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne.

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE, « Procès-verbal de l’ouverture du tombeau de saint Judicaël, roi de Bretagne, le 12 juillet 1640 », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 18, 1888, p. 44-46, Voir en ligne.

VÉRON, Teddy, L’intégration des Mauges à l’Anjou au XIe siècle, Vol. 15, Limoges, Pulim - Presses universitaires de Limoges, 2007.


↑ 1 • Concernant la méthode de travail d’Ingomar, l’historien Bernard Merdrignac écrit : lettré breton du XIe siècle, capable de refondre des sources d’origine et de nature diverses pour forger un texte hagiographique. —  MERDRIGNAC, Bernard, Les Saints bretons entre légendes et histoire Le glaive à deux tranchants, Presses Universitaires de Rennes, 2008, (« Histoire »). [page 30.] —

↑ 2 • Publiée sous ce titre par Morice, [...] elle est transmise uniquement par une copie – peu soignée – du XVe siècle, l’actuel ms Rennes, AD35, 1 F 1003 (p. 15-22 ; 25-26) et n’est autre qu’un cahier de notes prises par ou pour Pierre Le Baud en vue de son Histoire de la Bretagne.

↑ 3 • Cette abbaye d’Ension fondée par saint Jouin prend le nom de Saint-Jouin d’Ension puis de Saint-Jouin-de-Marnes.

↑ 4 • Albert Le Grand, (1599 -†entre 1640 et 1644), dominicain, hagiographe.

↑ 5 • Durant la première partie du 17e siècle, au moment où il rédige son livre, Albert Le Grand s’en tient aux informations données par le Chronicon Britannicum. Pour lui, les reliques de Judicaël et les autres sont à Saint-Jouin de Marnes. Il ne dit mot sur celles de saint Méen puisque le Chronicon note quelles ont pris la direction de Saint-Florent-le-Vieil. Ensuite, Albert Le Grand parle d’un transfert sans en dire davantage. Nous avons vu que suite à leur arrivée à Ension (Saint-Jouin de Marnes), les reliques de saint Méen sont séparées de celles de Judicaël, l’une des deux rejoignant une église de Thouars. Plus tard, à la fin du 10e siècle, les reliques de ces deux saints furent enlevées de Thouars et d’Ension et transportées à Saint-Florent de Saumur. C’est vraisemblablement de ce « transport » que parle Albert Le Grand et non de celui qui amène les reliques de saint Judicaël à Saint-Méen-le-Grand.

↑ 6 • Les reliques dites « corporelles » sont les reliques du corps d’un saint .

↑ 7 • Les reliques dites « réelles » sont des objets ayant appartenu au saint.

↑ 8 • Achille de Harlay de Sancy préside les États de Bretagne en 1634. Il est nommé abbé de Saint-Méen en 1639.

↑ 9 • Louis de Morainvilliers d’Orgeville, docteur de Sorbonne en 1610. Vicaire général de Saint-Malo.

↑ 10 • Austole est un prêtre, le filleul de Méen dont l’apparition dans la Vita du saint est très brève. Juste avant de mourir, saint Méen lui prédit qu’il viendra le rejoindre dans sept jours. Le miracle s’accomplit si bien qu’Austole est déposé dans le sépulcre où repose le saint.

↑ 11 • La présence du tombeau de Robert de Coëtlogon, abbé de Saint-Méen de 1457 à 1492, indique que l’énumération qui est faite est bien celle de l’abbatiale de Saint-Méen-le-Grand où il repose.

↑ 12 • Petroc est un saint patron de la célèbre abbaye de Bodmin en Cornouailles insulaire. en 1177, un abbé de Saint-Méen-le-Grand s’empare des reliques du saint. L’Histoire raconte que les reliques du saint ont été restituées suite à l’intervention du roi Henri II Plantagenêt.

↑ 13 • 

S’. Florent, de Mr. de B[eauregard, président] de la cour royale d’An[gers et du con]seil de la fabrique, de [Mr. de] Montlaur maire de la commune [, de Mr] Fouqueteau adjoint et au [tres nota]bles habitans ainsi des [. . . . con]seil municipal. . . . . les reliques de St. Main et de St. [Judicaël ont été mises] dans des ch[âsses à] part. . . .

Bardier de Mantault, Xavier (1864) op. cit., p. 177

↑ 14 • 

Le troisième suaire est en soie rouge, forte et épaisse. [...] La longueur de ce suaire était de 42 centimètres sur une largeur de 51. J’en ai pris un échantillon qui a été depuis déposé au Musée du diocèse d’Angers. Si j’osais lui assigner une date, j’inclinerais pour le XVe siècle. Une bande de parchemin était attachée sur le suaire. On y lit en belles lettres onciales, d’un XIIIe siècle très-avancé, le nom de S. Méen, abbé.

Ossa sancti mEVENNI ABBATIS et monACHI

M. le docteur Bossard qualifia comme il suit les six ossements de S. Méen, enveloppés dans le suaire

1. Un fragment de l’os des îles ; 2. Une vertèbre ; 3. Un métatarsien et un métacarpien ; 4. Un fragment de l’os temporal ; 5. Plusieurs morceaux des os du crâne, nommés pariétaux ; 6. Plusieurs morceaux sans désignation..

Outre les ossements renfermés dans la châsse, il y en avait deux autres de S. Méen et de S. Judicaël que contenait un reliquaire en bois sculpté et doré, garni
d’une vitre à la partie antérieure. Une étiquette écrite sur papier à l’encre rouge nommait ainsi ces reliques :

Reliquiæ sanctorum Mevenni abb(atis et) Judicælis Regis Britanniæ.
Bardier de Mantault, Xavier (1864) op. cit., pp. 186-188

↑ 15 • Certains historiens, à l’instar de Pierre Le Baud, avancent que son auteur serait Ingomar, l’hagiographe de l’Histoire du saint roi Judicaël, ce qui n’est pas prouvé.

↑ 16 • Le bréviaire contient un ensemble de prières à l’usage des religieux pour les messes.

↑ 17 • Dans les études fournies par l’historien Alain Croix, au 17e siècle les documents font apparaitre cette maladie au tout premier plan.

Véritable "semi-lèpre", cette gale ronge les corps et tout particulièrement les mains, jusqu’à l’os : ses victimes sont donc rapidement réduites à la charité pour survivre.

CROIX, ALAIN, La Bretagne aux 16e et 17e siècles, la vie, la mort, la foi, Vol. 1, Paris, Maloine s.a. éditeur, 1981. [page 229]

↑ 18 • Jean-Christophe Brilloit est professeur conseiller-relais des archives départementales d’Ille-et-Vilaine.