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1945-1947

Prisonniers de guerre allemands en Brocéliande - II

Des P.G.A. au travail dans les communes du massif forestier

Après avoir transité par des camps de prisonniers, les P.G.A. sont affectés chez des employeurs privés ou dans des commandos de travail. La grande majorité de ces commandos est employée à la construction de routes et de chemins vicinaux sur des communes du massif forestier.

Les prisonniers de guerre allemands au service du « relèvement de la France »

Durant la Seconde Guerre mondiale, 1 500 000 prisonniers de guerre français sont mobilisés et 720 000 français travaillent en Allemagne au titre du STO 1. Par ailleurs, 300 000 Français sont morts ou devenus inaptes, auxquels il faut ajouter plusieurs centaines de milliers d’inaptes partiels qui ne peuvent apporter à l’économie française qu’une contribution diminuée.

À la Libération, la situation économique de la France est désastreuse. Le pays est à reconstruire et souffre d’un déficit de main d’œuvre peu qualifiée. Pour le Gouvernement provisoire de la République française 2, cette situation, résultant de la guerre menée par les allemands contre la France, doit être compensée par le travail des prisonniers de guerre allemands.

Au printemps 1945, le Gouvernement provisoire de la République française, estime que sans le travail de 1 million et demi à 2 millions de ces prisonniers pendant cinq à dix ans la France ne pourra retrouver sa prospérité .

ABZAC-EPEZY, Claude d’, « La france face au rapatriement des prisonniers de guerre allemands », Guerres mondiales et conflits contemporains, Vol. 233 / 1, 2009, p. 93-108, Voir en ligne.

En mars 1945, le gouvernement provisoire français s’accorde avec son homologue américain pour que l’US army lui cède des centaines de milliers de P.G.A. jusqu’alors sous son seul contrôle. Les premiers contingents arrivent dans les camps de transit français en juin 1945.

L’économie du système repose donc sur leur mise au travail rapide de manière à amortir le coût de leur entretien. Au début, une part importante est employée directement par l’État dans des grandes équipes de travail ou « commandos », placés sous l’autorité de l’armée de terre ou de la marine pour le déminage. Au 1er décembre 1945, sur un effectif de 724 675 prisonniers de guerre, 550 850 sont au travail dont 79 694 à disposition des services militaires. Les communes et les entreprises publiques emploient également cette main-d’œuvre pour la reconstruction ou dans les mines .

Abzac-Epezy, Claude d’ (2009) op. cit.

Beaucoup de communes ont recours à l’utilisation de P.G.A.. Elles bénéficient de conditions financières particulièrement avantageuses et sont exonérées de « l’indemnité compensatrice » demandée au secteur privé.

[Les communes supportent] « les frais de logement de nourriture, d’entretien et de garde, et le salaire du prisonnier (10 Frs par jour). Une subvention de 50 % du montant de ces frais sera accordée par l’État à la commune pour venir en atténuer ses dépenses. 3

Courrier du préfet Henri Avril A.M. de Lanfains in BOURRIEN, Gilles, Pays de Brocéliande 1939-1945 : des femmes et des hommes dans la guerre, Dinan, Gilles Bourrien, 2021, 250 p. [page 222]

Mais ce mode de financement des P.G.A. pèse sur les finances de l’État qui est obligé de repenser sa politique d’emploi des prisonniers de guerre. À compter du 1er juillet 1946, les subventions accordées aux communes employant des prisonniers de guerre allemands sont supprimées. —  Bourrien, Gilles (2004) op. cit., p. 222 —

En mars 1946, l’État lance une vaste campagne de sollicitation du secteur privé. Toutes les entreprises, y compris les petites exploitations agricoles ou artisanales, sont invitées à employer des prisonniers de guerre allemands pour relever la France.

Brochure pour l’emploi de prisonniers de guerre allemands en France - Mars 1946

Les employeurs sont tenus de verser aux directions départementales du travail et de la main-d’œuvre une « indemnité compensatrice » correspondant au montant du salaire du prisonnier. Ce salaire est identique à celui d’un Français de même qualification. À titre d’exemple, un ouvrier agricole embauché en mars 1946 coûtera à son employeur 1 200 F par mois, plus 450 F de frais de garde et 250 F de prime. Une partie des sommes ainsi récoltées est reversée au budget du ministère de la Guerre pour faire fonctionner les 121 dépôts et rémunérer les 40 000 militaires qui assurent l’administration et la garde des captifs. Le prisonnier, quant à lui, ne reçoit que la prime d’environ 250 F par mois dont la moitié est retenue par le dépôt et ne lui est remise qu’au moment de sa libération.

Abzac-Epezy, Claude d’ (2009) op. cit.

Cette utilisation des prisonniers de guerre allemands dans le secteur privé est l’un des facteurs du redressement de l’économie française de l’après-guerre.

Dès lors que la majorité des P.G.A. est employée dans l’économie privée, le système devient économiquement équilibré, voire bénéficiaire. L’intérêt économique apparaît donc comme le principal motif du maintien en captivité des PGA jusqu’en décembre 1948, bien longtemps après la fin de la guerre en Europe.

Abzac-Epezy, Claude d’ (2009) op. cit.

De mars 1947 à décembre 1948 - conformément aux accords passés avec le gouvernement américain - le Gouvernement provisoire français est contraint de libérer la grande majorité des P.G.A. employés sur le territoire national. Afin de limiter les conséquences de cette perte de main d’œuvre capitale pour l’économie française, le gouvernement intègre progressivement des travailleurs étrangers, principalement Italiens et Algériens, sur le marché du travail.

Prisonniers allemands conduits au travail à Saint Brieuc (Côtes-d’Armor) après la Libération en août 1944
Service historique de la défense

Commandos de P.G.A. en Brocéliande

Après avoir transité par les deux camps rennais, les P.G.A. affectés à des commandos de travail sur les communes du massif forestier sont envoyés dans un des deux dépôts ordinaires du secteur. Le premier d’entre-eux, le dépôt 112 de Comper en Concoret (Morbihan) est actif de mai à décembre 1945 4. Le second, installé sur le camp militaire de Cöetquidan à Guer (Morbihan), est agrandi à la fermeture du dépôt 112. Il est utilisé jusqu’en 1948.

La grande majorité des P.G.A. recensés dans la région de Brocéliande est employée par les communes à la construction de routes et de chemins vicinaux. À l’été 1945, seules quelques unes d’entre elles ont sollicité leur utilisation. À partir du printemps 1946, l’emploi de commandos de P.G.A. se systématise dans les communes du massif forestier.—  LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « Liste des commandos de P.G.A. dans les communes d’Ille et Vilaine », 2003, Voir en ligne. —

Numérotation des commandos de P.G.A. par commune et par ordre de création
Cote 4H14
A.M. de Paimpont

Le commando 1 de Coëtquidan

Le dépôt ordinaire de Coëtquidan, est un camp de PGA créé le 28 mai 1945. C’est un camp de transit où un grand nombre de prisonniers est utilisé pour constituer le commando n°1.

Les prisonniers logent dans des baraquements de bois ou de pierre situés au sommet d’un plateau dans une contrée un peu désertique.

Corvée de patates au camp de prisonniers de Coetquidan
Gilles Venuat

Lors de la visite du CICR - Comité International de la Croix-Rouge 5 - du 28 juillet 1946, le camp compte 2199 prisonniers dont 1017 employés dans des commandos forestiers. La journée de travail des P.G.A. est de 8 heures et le salaire, réglementaire, de 10 francs, dont la moitié est versée sur leur compte.

Selon ce rapport, les prisonniers sont souvent surmenés, tout spécialement dans la section du Génie (forêts).

Le détachement de Coëtquidan envoyait depuis longtemps un bon nombre de prisonniers épuisés à l’hôpital de la Prévalaye à Rennes. Cette situation n’avait certes pas échappé aux Autorités françaises et le nouveau médecin français affecté par le Service de Santé régional de la 3ème Région au département breton, le Dr Iliou, n’a pas tardé à s’en inquiéter.

Le Dr Iliou a fait une visite approfondie au détachement de Coëtquidan au début du mois de juin et il pu constater que les conditions de travail étaient particulièrement dures pour certains prisonniers. Il a considéré qu’il était nécessaire d’en ramener un certain nombre soit au dépôt 11.02, soit même à l’hôpital de la Prévalaye. Nos délégués ont été particulièrement frappés par la mauvaise mine de beaucoup de prisonniers, presque tous travaillant pour le Génie.

Il ne fait aucun doute que dans ce détachement de travail, les prisonniers fournissent un effort qui n’est pas en rapport avec les calories qu’ils assimilent et nos délégués ne peuvent que souscrire aux conclusions du Dr Iliou : diminuer les heures de travail ou augmenter les rations alimentaires, ou alors organiser un roulement parmi les prisonniers, de manière à ce qu’ils ne restent qu’un temps limité dans le sous-détachement du Génie.

MORSIER, Dr de et COURVOISIER, M., « Compte-rendu de la visite du CICR du camp de prisonniers de guerre allemands de Coëtquidan (Morbihan) du 28 juillet 1946 », 2005, Voir en ligne.
Camp de prisonniers de guerre de Coëtquidan en 1946
—  LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « Le camp de prisonniers allemands de Coetquidan en 1946-1947 », 2005, Voir en ligne. —

Cinq décès sont notés dans les rapports des médecins allemands au détachement de Coëtquidan pour 1945/1946 sans autre précision, sauf qu’il s’agissait de cas de dysenterie et de fièvre typhoïde.

SHAT, 7 U 2569, rapports des médecins allemands in JESSE, Fritz, Les prisonniers de guerre allemands en Bretagne. Rencontres et expériences entre capture, captivité et vie parmi les français, 1944-1948., Mémoire de maitrise d’Histoire, Université Rennes II de Haute-Bretagne, 2004, 265 p., Voir en ligne. op. cit. p. 84

Deux témoignages d’anciens P.G.A. passés par Coëtquidan soulignent les conditions difficiles du camp et l’existence d’un grand nombre de commandos affectés à des tâches diverses.

Témoignage de Walter Schulz

Walter Schulz, aumônier protestant, rapporte que quelques actes de violences, qualifiés d’isolés, ont eu lieu en 1946 au commando militaire de Coëtquidan. Le médecin allemand du camp cite notamment les brimades du lieutenant Chadeau, vieux officier colonial, intercédant souvent pour le camp .— Rapport du 20 mars 1948 - SHAT, 7 U 2569 in Fritz, Jesse (2004) op. cit. p. 118-119 —

[il] faisait [...] rester debout les P.G. à un poteau dans la journée et se coucher dans la nuit dans un trou profond de 20 cm et garni de petites pierres. Au début 1946 il est arrivé parfois que des P.G. ont été frappés au camp par le Sgt. S. et par les sentinelles de certaines équipes de travail.

Walter Schulz rapporte aussi des cas de violence sexuelle dont les auteurs étaient gardiens ou prisonniers.

Malheureusement, c’étaient des Algériens, qui montaient la garde dans le sentier entre le barbelé autour du camp jusqu’en été 1946 et à ce jour où un jeune P.G., nommé Klaus Friedrich, qui ne voulait pas se livrer à des actes homosexuels, a été blessé d’une balle perforant le poumon. On a connu 3 à 4 cas d’homosexualité commis par des P.G. et des Algériens, où de jeunes P.G. se sont laissés séduire par la promesse de chocolat, de beurre et de tabac. 6

Témoignage d’Horst Heinhoff

Horst Heinhoff, 20 ans, arrive à Coëtquidan au début de l’année 1946, après avoir transité par le dépôt 112 de Comper.

J’ai saisi l’occasion, dans un commando pas très bien surveillé où il n’y avait que peu de gardiens sur de grands espaces, pour aller cueillir des champignons dans la forêt. Nous les avons cuits à l’eau et nous les avons trouvés bons. D’après mes souvenirs, il a plu beaucoup cet hiver là. Nous avons été malades avec des vomissements et de la diarrhée. Le sergent notre gardien, avait un chien berger allemand qui errait souvent autour des baraques. Un jour le chien disparut… Il paraît qu’il était bon.

Enfin le printemps 1946 arriva, la température était bonne. J’ai travaillé dans différents commandos. Le plus important était chargé des poubelles, de la coupe des haies et de la tonte du gazon. On avait demandé : « qui est spécialiste en jardin ? » . Je me suis alors présenté et je fus pris à l’essai. Il fallait que je coupe les haies avec une grande cisaille à main. On a dû apprécier mon travail puisque j’ai pu continuer. Cela présentait quelques avantages. On n’était pas trop surveillé. On avait la possibilité d’aller dans les salles à manger desservir les tables des officiers. Au début, on se contentait de récupérer les restes dans les poubelles, mais on s’est enhardi. Quand le couvert était mis, l’un de nous rentrait prendre le pain sur les tables pendant qu’un autre surveillait les abords. C’était un bon commando !

Le sergent qui répartissait les commandos le matin savait que j’étais un bon jardinier. J’étais aussi dans le camp un des plus jeunes. Au moment de partir au travail, il me demanda si je voulais bien être ordonnance dans une famille d’officier. Naturellement j’ai dit oui. Je fus donc affecté chez un lieutenant qui avait un bébé. Là, j’ai dû tout faire, laver les couches, donner à manger. C’était quand même une bonne chose, seulement je n’ai pas eu de chance ; entre la cuisine et la salle à manger il y avait un passe-plat et des meubles de cuisine devant. En voulant me pencher par-dessus pour y déposer quelque chose, j’ai glissé et je me suis blessé à la meilleure partie de mon corps sur le coin du meuble.

EINHOFF, Horst, « Témoignage de Horst Einhoff, ancien P.G.A. rennais », 2005, Voir en ligne.

Témoignage de Klaus Friedrich

Klaus Friedrich, interné à Comper en 1945, rejoint lui aussi le camp de Coëtquidan à sa création début 1946.

J’ai fait partie des commandos de travail qui construisaient et entretenaient les routes dans le camp.[...]

Dans la nuit du 3 juin 1946, je fus bousculé et entraîné par les sentinelles derrière les cuisines dans le but de me faire subir des rapports homosexuels. Je pus me dégager et m’enfuir. À une distance de 15 m. la sentinelle fit feu et me transperça le poumon gauche. Grâce à l’aide de camarades et à l’intervention du médecin allemand du camp, le docteur Neumann et aussi de la direction française du camp, je fus emmené aussi vite que possible à l’hôpital français du camp de Coëtquidan. Je fus bien traité et je me souviens du médecin qui s’occupa de moi, un chirurgien (médecin capitaine) du nom de Rachou. Après cinq semaines il fut diagnostiqué une tuberculose et je fus mis en quarantaine à l’hôpital allemand de la Prévalaye en attente d’un rapatriement. Il eut lieu en octobre par train hôpital, dans la zone française de Saint-Blasen où je fus traité encore durant 9 mois. Comme séquelles de la blessure, il me reste encore de graves handicaps cardio-pulmonaires.

FRIEDRICH, Klaus, « Témoignage de Klaus Friedrich, ancien P.G.A. rennais », 2005, Voir en ligne.

Évasions

Les évasions, plutôt rares dans les commandos de P.G.A., semblent courantes au camp de Coëtquidan. Lors de la visite du CICR du 28 juillet 1946, vingt-et-un P.G.A. sont comptabilisés comme évadés. Un local d’arrêt a été aménagé spécialement pour les prisonniers qui ont raté leur évasion ; ils sont punis de quinze jours de drill 7. —  MORSIER, Dr de et COURVOISIER, M., « Compte-rendu de la visite du CICR du camp de prisonniers de guerre allemands de Coëtquidan (Morbihan) du 28 juillet 1946 », 2005, Voir en ligne. —

Horst Heinhoff témoigne avoir fait deux tentatives d’évasion. La seconde débouche sur un emprisonnement à Brest suivi d’une incarcération au camp 11.01 - îlot disciplinaire de la Motte aux Chanceliers - puis à la prison Jacques Cartier de Rennes, avant son retour en Allemagne en 1948.

On tenta une nouvelle fois de s’échapper. Dans cette baraque prison installée dans ces baraquements anglais en tôle arrondies, l’avantage pour nous, c’est qu’elles étaient posées sur des pierres et qu’il y avait un espace libre entre le plancher et le sol. L’intérieur était divisé en cellules dans lesquelles on pouvait quand même se mouvoir mais interdit de sortir pour satisfaire ses besoins naturels. Après avoir découvert qu’il était possible de soulever le plancher de bois, l’un d’entre nous qui avait une tenaille reçut pour mission d’aller sectionner de nuit le fil de fer barbelé du double réseau qui entourait la baraque prison entre deux rondes du gardien armé.

Ce camarade sortait de la baraque par en dessous le plancher lorsque le gardien venait de passer et s’empressait d’aller couper avec sa tenaille les premiers fils barbelés, tout en les laissant à leur place et revenait aussitôt dans la baraque. L’opération s’est répétée pour aller couper les fils barbelés de la deuxième rangée, toujours en les laissant en place pour qu’on ne puisse pas s’en apercevoir. Après le passage suivant du gardien on est parti. Personne ne s’est aperçu de suite de notre évasion.

EINHOFF, Horst, « Témoignage de Horst Einhoff, ancien P.G.A. rennais », 2005, Voir en ligne.

En mars 1947, une évasion de cinq membres d’un commando de P.G.A. du camp de Coêtquidan est relatée dans la presse locale.

Nous avons publié hier une dépêche d’agence indiquant que cinq prisonniers allemands évadés avaient été arrêtés à Orléans, dans la voiture automobile du commandant du camp 11.02 dont ils dépendaient. En réalité, ces cinq amateurs s’étaient évadés d’un commando de Guer (Morbihan) dans une voiture qu’ils avaient volée, dans la nuit de vendredi au samedi, à un commandant des services du camp de Coëtquidan.

ANONYME, « L’évasion des P.G. allemands », Ouest-France, 12/03, 1947.

Le commando 5 de Gaël

Le commando n°5 de Gaël est actif d’octobre 1945 à l’automne 1947. Jusqu’en juillet 1946, ses effectifs oscillent entre 24 et 28 P.G.A. — Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Selon le témoignage de René Cholet, recueilli par Gilles Bourrien le 28 février 2020, ce commando est employé à la construction de routes pour désenclaver les fermes de la commune.

Les prisonniers allemands, on les avait par groupes et je me rappelle parce que sur la route de Gaël-Le Bran ils travaillaient à faire des routes pour aller désenclaver les fermes. Il y avait toute une équipe qui travaillait sur la route du Bran pour faire la route de Kerné. Il y avait un petit village à Kerné, c’était un chemin boueux et impraticable, il y avait une équipe d’une vingtaine, trentaine d’Allemands, qui étaient là. Je me rappelle car j’allais encore à l’école, donc si bien que je les voyais en revenant de l’école. Ils travaillaient à coups de pioche, il n’y avait aucun engin. C’était marrant mais c’étaient des prisonniers français qui les gardaient. Ils avaient le fusil sur l’épaule et ils gardaient les prisonniers Allemands. C’est un monsieur Legavre qui les logeait le soir. Il leur donnait des trucs à bouffer mais pas grand-chose. Ils mangeaient, je me rappelle, ils aimaient les trognons de choux, de choux à vache qu’on faisait dans les champs. Ils aimaient bien les pieds de choux, ils les coupaient en deux et ils mangeaient la moelle. Il les nourrissait avec ça. Ils adoraient ça. Tous ces gens là on les utilisait pour faire les routes. Ils avaient la pioche, ils commençaient à déraciner, fallait qu’ils fassent le tour avec les pioches, couper les racines au pied à la hache et puis lorsque l’arbre voulait tomber, ils le secouaient un peu pour voir s’il allait tomber. Quand c’était trop dur, ils accrochaient une corde en haut de l’arbre et ils tiraient à plusieurs. Après, il fallait le tronçonner avec des harpons, des scies à deux manches, et ils harponnaient les arbres comme cela pour les couper en tranches pour pouvoir ensuite les fendre et les récupérer pour se chauffer. La pierre venait de Point-Clos, ils la cassaient avec des masses et des petites qui avaient un long manche.

BOURRIEN, Gilles, « Gaël, des enfants dans la guerre », Gaël, 2021, Voir en ligne.
Entretien avec René Cholet 28 février 2020
Gilles Bourrien

A plusieurs reprises, l’administration rappelle à l’ordre le maire de Gäel pour non respect de la législation française sur les P.G.A. Durant l’été 1946, il détache abusivement l’un des prisonniers du commando n°5 à un garagiste de Combourg. À l’automne 1947, il est à nouveau « tancé » pour une cession de prisonnier à un artisan.— A.M. de Gaël - 4H 20 in Bourrien, Gilles (2021) op. cit., p. 224 —

En ce qui concerne le cas particulier de la commune de Gaël, les PG avaient été mis à la disposition de M. le maire pour des travaux d’intérêt général, intéressant la commune. Les frais réclamés pour l’emploi de cette main d’œuvre étaient insignifiants. Par contre, et les instructions à ce sujet sont formelles, les PG mis à la disposition des collectivités ne devaient en aucun cas être cédés directement ou non à des particuliers, les conditions d’emploi de la main d’œuvre PG chez les particuliers sont réglés directement par l’Office départemental de la main d’œuvre et sont soumises au règlement de l’indemnité compensatrice. En l’occurrence, M. le maire de Gaël a contrevenu à l’emploi d’une main d’œuvre qui lui avait été confiée pour un travail d’intérêt général déterminé, en la mettant à disposition d’employeurs particuliers.

A.M. de Gaël - 4H 20 in Bourrien, Gilles (2021) op. cit., p. 224

Lors de l’inspection du 10 avril 1947, deux infractions sont constatées. À cette occasion, le capitaine de La Diniays, commandant du dépôt n° 11.02 de Rennes, rappelle au maire de Gaël ses devoirs envers les P.G.A.

J’ai l’honneur de vous confirmer les remarques faites par l’officier qui a inspecté votre commando le 10 avril 1947, savoir :
1°) Que les PG ne doivent pas payer sur leur pécule des denrées alimentaires telles que farine, pains, oignons...etc. Il appartient en effet à l’employeur de leur fournir une nourriture suffisante afin de maintenir en état de travail la main d’œuvre mise à la disposition de la France.
2°) Que les PG qui doivent être pourvus de lunettes soient amenés à Rennes dans ce but dans le plus bref délai.

A.M. de Gaël - 4H 20 in Bourrien, Gilles (2021) op. cit., p. 223-224

Le commando 9 de Concoret

La commune de Concoret abrite le camp de P.G.A. n°112 de Comper. Jean Aubert (1928-2014), ancien maire de Concoret interrogé par Jean-Claude Fichet sur ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, mentionne l’utilisation de P.G.A. pour des travaux vicinaux.

— Ces prisonniers allemands qui refaisaient les routes caillouteuses ont été retenus jusqu’à quelle date ? Où logeaient-ils ?
— Libérés en 1947. Ils logeaient dans des baraquements et au camp de prisonniers de Comper.

FICHET, Jean-Claude, « Potins de Guerre », sans date, 10 p., Voir en ligne.

Le 5 juillet 1945, le commando est visité par le médecin-chef de l’hôpital régional de la Prévalaye, qui demande sa fermeture en raison de l’état sanitaire déplorable des 30 P.G.A qui le composent.— ADIV, 30 W 26 —

Les prisonniers de guerre n’étaient pas sans protection, car les commandos où une ou plusieurs règles de la Convention étaient enfreintes pouvaient être relevés. Après avoir visité les commandos de Brignac et de Mauron le 7 juillet 1946, le médecin-chef français de l’hôpital régional de la Prévalaye était choqué par l’extrême fatigue des 30 prisonniers à Concoret, dont 7 accusaient les symptômes d’œdèmes de carence et 7 autres un amaigrissement très caractérisé. Depuis deux mois, ces hommes n’avaient pas touché un seul gramme de graisse. Le commando fut alors retiré.

JESSE, Fritz, Les prisonniers de guerre allemands en Bretagne. Rencontres et expériences entre capture, captivité et vie parmi les français, 1944-1948., Mémoire de maitrise d’Histoire, Université Rennes II de Haute-Bretagne, 2004, 265 p., Voir en ligne. op. cit. p. 120-121
P.G.A. à l’hopital de la Prévalaye à Rennes en 1946
—  BOURRIEN, Gilles, Pays de Brocéliande 1939-1945 : des femmes et des hommes dans la guerre, Dinan, Gilles Bourrien, 2021, 250 p.
[page 209] —

Le commando 19 de Mauron

Les membres du commando n°19 de Mauron font eux aussi l’objet de maltraitances dénoncées en août 1946 par l’aumônier Hans Altrichter.

Après une évasion de 8 P.G. on a tondu les autres. Karl Heuer fut maltraité le 20 mai 1946, parce qu’il s’opposait contre cette coupe de cheveux. On maltraitait Hans Feuser parce qu’il n’a pas trahi la fuite des autres, avec le fusil, dont la crosse éclata. En outre Karl Heuer fut maltraité par 20 coups de poings et des coups de pied.

Suite au rapport de l’aumonier, le gardien est renvoyé par le maire de la commune. Ces mauvais traitements, relativement courant dans le contexte difficile de l’après-guerre, sont le plus souvent liés au rationnement généralisé, au manque de moyen, où à la cupidité de certains employeurs qui cherchent à exploiter au maximum les P.G.A. Dans le contexte mauronnais de l’immédiate après-guerre, elle sont peut-être imputables à la rancœur et la vengeance.— Bourrien, Gilles (2021) op. cit., p. 216 —

En août, Hans Altrichter visitait sept commandos à Mauron et alentours. Ici, dans quatre commandos, dans celui de Mauron à plusieurs reprises, des mauvais traitements étaient signalés. À défaut d’autres informations, on ne peut émettre qu’une hypothèse pour expliquer cette concentration. Il y avait éventuellement un rapport avec le climat de violence pendant et après les combats dans la région de Mauron en août 1944 entre les FFI et les Allemands. Six Allemands, un aumônier, deux soldats du service de santé et trois autres furent fusillés hors combat, un Algérien, un Belge et un Polonais, accusés de collaboration furent exécutés. Un peu plus loin une grande opération de nettoyage par les FFI menait à la capture de plusieurs centaines de soldats allemands [Paimpont].

Le commando 24 de Paimpont

Le 1er octobre 1945, M. Léon Gaudin, maire de Paimpont, sollicite le louage de 30 P.G.A. au Camp de Comper - Concoret n°112, afin de les employer comme carriers et terrassiers pour la construction de chemins communaux. Selon la convention, les P.G.A., surveillés par deux gardiens armés payés par la municipalité, sont mis à disposition à partir du 15 octobre 1945.—  MINISTÈRE DE LA GUERRE - SERVICE DES PRISONNIERS DE GUERRE, « Convention type de louage de travail entre le camp de prisonniers de Comper-Concoret CXII et la mairie de Paimpont », 1945, Voir en ligne. —

Liste des 30 P.G.A. mis à disposition de la commune de Paimpont par le Camp de Comper le 15 octobre 1945
Cote 4H14
A.M. de Paimpont

Le 13 octobre, M. Hervé Jean, représentant du conseil municipal de Paimpont, se rend au dépôt 112 de Comper afin de réceptionner les 30 P.G.A. Le commandant de Comper lui demande de revenir en début de semaine suivante arguant que les prisonniers, fraichement arrivés de Rennes, doivent passer une visite médicale au préalable. Le 18 novembre 1945, quatre jours après avoir réceptionné les P.G.A., le maire de Paimpont adresse une lettre au commandant du camp de Comper dans laquelle il se plaint de l’état de santé de certains des P.G.A., galeux pour la plupart mais surtout tuberculeux pour l’un d’entre eux.

La dite visite avait-elle bien été passée ? Si oui ! dans quelles conditions ?... C’est ce que je demande à Mon Commandant ?... Toujours est-il que l’on nous a bien filé le P.G.A. Fronim Karl n° 1318998, atteint d’une affection pulmonaire, autrement [dit] tuberculeux et selon le docteur qui l’a examiné hier, 17/11/45, non seulement contagieux pour ses camarades prisonniers mais encore, pouvant semer la contagion dans la population civile du pays.

MAIRE DE PAIMPONT, « Courrier du maire de Paimpont du 18 novembre 1945 au Commandant du Camp de P.G.A. de Comper », 1945, Voir en ligne.

Comme une grande partie des commandos de prisonniers de guerre employés par les communes d’Ille-et-Vilaine, le commando 24 de Paimpont entre en fonction dans les dernières semaines d’octobre 1945. Cette concordance est imputable à la mise en application d’une circulaire datée du 4 octobre 1945 permettant aux communes qui utilisent des P.G.A. d’être indemnisées à 50 % de leur frais.

Ainsi que je vous l’ai indiqué dans mes instructions du 4 octobre 1945, une subvention de 50% des frais de nourriture, d’hébergement, de garde, d’entretien et de salaire des prisonniers est accordée aux communes qui utilisent cette main d’œuvre.

PRÉFET D’ILLE-ET-VILAINE, « Courrier du préfet d’Ille-et-Vilaine au maire de Paimpont du 11 janvier 1946 », 1946, Voir en ligne.

Les P.G.A. du commando 24 sont affectés à la construction de la route communale du Pertuis Néanti. Ils sont placés sous la direction de Jean Hervé et supervisés pour la partie technique par l’entreprise Pompéi de Concoret. Les 30 P.G.A. surveillés par deux gardiens armés s’approvisionnent en pierres et graviers à la carrière de « Métairie Neuve », mise à disposition par son propriétaire M. Le Guales de Mézaubran. —  ETABLISSEMENT POMPÉI, « Lettre des Etablissements Pompéi de Concoret à la mairie de Paimpont du 6 mai 1946 », 1946, Voir en ligne. —

L’abbé Gillard de Tréhorenteuc écrit dans son journal qu’en février, mars et avril 1945, un stock de pierres d’environ 150 m3 a été amené à pied d’œuvre en vue de la construction d’une église neuve. Ces pierres sont extraites par la main d’œuvre allemande du Commando 24.

Il y a eu un Kommando de prisonniers allemands à Perthuy-Néanty, et un autre à Tréhorenteuc. Les prisonniers de guerre ont toujours trouvé au presbytère l’accueil le plus sympathique. Et aussi bien les aumôniers, Vesper et autres, s’y sont-ils faits héberger plus d’une fois.

GILLARD, abbé Henri, « Le recteur de Tréhorenteuc », in L’abbé Henri Gillard : recteur de Tréhorenteuc (1942-1962), Saint-Léry (56), éditions de l’église de Tréhorenteuc, 1990, p. 41-90. [page 55]

D’octobre 1945 à sa dissolution en septembre 1947, les effectifs du commando 24 oscillent entre une vingtaine et une quarantaine de P.G.A. Les raisons de ces baisses d’effectifs sont diverses. Les P.G.A. ne satisfaisant pas la commune sont retournés au camp de prisonniers sous différents motifs : malade, très bon travailleur : Mauvaise tête, ne recevant aucun ordre, et ne travaillant que lorsque celui-ci est décidé, amateur du sexe faible ; Refus de travailler et menaces envers le gardien du commando—  MAIRE DE PAIMPONT, « Courrier du Maire de Paimpont au commandant du Camp 1102 du 28 mars 1947 », 1947, Voir en ligne. —

Les accidents, relativement nombreux, suivis par le docteur Drouin de Mauron, sont recensés par l’administration.

Blessure sur le chantier du Pertuis le 2 novembre 1946
Cote 2H14
A.M. de Paimpont

En juillet 1946, un habitant de la Ville-Zine en Néant se plaint du manque de surveillance du commando P.G.A. 24 de Paimpont. Les allemands soi-disant prisonniers que l’on croise en liberté sur les chemins viennent jusque chez l’habitant chercher du travail. —  MARTIN, François, « Lettre d’un habitant de Néant au maire de Paimpont le 14 juillet 1946 », 1946, Voir en ligne. —

Lettre du maire de Paimpont du 16 février 1946 à propos du commando de P.G.A. dépendant de Comper
Cote 4H14
A.M. de Paimpont

En août 1946, Paimpont fait partie des douze communes d’Ille-et-Vilaine ne s’étant pas acquittées du pécule obligatoire versé aux P.G.A. —  MONTIGNY, Chef de Bataillon de, « Courrier du commandant du Camp 1102 de Rennes au préfet d’Ille et Vilaine du 19 aout 1946 », 1946, Voir en ligne. —

Le commando de prisonniers de guerre n°24 est dissous en septembre 1947. —  ETABLISSEMENT PRINCIPAL DU SERVICE DU MATÉRIEL, « Lettre du colonel Enjalbert au maire de Paimpont du 6 novembre 1947 », 1947, Voir en ligne. —

Un mois plus tard, le versement du pécule ne semble toujours pas acté. Dans l’attente de sa libération au camp 11.02, un P.G.A. se plaint de n’avoir pas été payé par la commune de Paimpont, conformément aux conventions établies. —  SCHWARRER, P.G. Alois, « Lettre d’un P.G.A. au maire de Paimpont », 1947, Voir en ligne. —

Le commando 25 de Plélan-le-Grand

Le commando n°25 de Plélan-le-Grand est actif de juin à juillet 1946. Il regroupe 15 P.G.A. employés à la construction de chemins. Les prisonniers sont logés dans une salle aménagée à l’étage de la mairie de la commune. Ils sont regroupés avec une dizaine de prisonniers supplémentaires travaillant chez des employeurs privés.— Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Le commando 28 de Saint-Thurial

Le 18 septembre 1945 le commando n°28 de Saint-Thurial est constitué de 24 P.G.A. —  LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « Liste des commandos de P.G.A. dans les communes d’Ille et Vilaine », 2003, Voir en ligne. —

Le commando 32 d’Iffendic

Le commando n°32 d’Iffendic est employé à la construction de routes. Il est effectif de juin 1945 à juillet 1946 et comprend de 50 à 66 P.G.A.— Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

M. Baudu, secrétaire de mairie après guerre dans cette commune a laissé un témoignage sur leurs conditions de vie.

Quelques semaines plus tard on nous confia des prisonniers, autant qu’on en avait demandé, soit en tout soixante-six, qui furent immédiatement affectés à la confection des routes. On leur donnait cinq francs par jour d’argent de poche. Ils étaient nourris surtout de pommes de terre, à pleins tombereaux, et de vieilles vaches dont ils salaient la partie qu’ils ne pouvaient utiliser fraîche, dans de vieilles barriques défoncées. Ils étaient séparés en deux groupes et logeaient dans des maisons abandonnées près des routes à construire. Ils mangeaient aussi des chèvres et de vieux boucs qui sentaient mauvais, car c’était encore l’habitude d’avoir un bouc dans les étables, soi-disant pour préserver les bovins des maladies. Tous les matins ils venaient chercher au bourg du pain dans une petite charrette. On leur donnait également une grande quantité de suif et de saindoux qu’on achetait bon marché chez les bouchers. Nous les avions reçus en piteux état, ils avaient beaucoup souffert de la faim les derniers temps et certains avaient les jambes enflées par suite du manque de nourriture. On leur achetait aussi quelques fûts de cidre. On les occupa près de deux ans et une cinquantaine de routes furent construites.

JET, René, Iffendic : son histoire et les gens d’ici, Iffendic, autoédition, 1999, 496 p. p. 260-261

Évasions

Les conditions de travail des commandos poussent parfois les P.G.A. à tenter de s’enfuir ou à faire grève. Dans la nuit du 12 au 13 février 1946, trois prisonniers s’évadent à Iffendic.

[...] on était venu nous signaler tôt le matin qu’il y avait eu trois évasions dans la nuit. Lorsque le prisonnier de confiance, qui venait tous les matins au ravitaillement avec la charrette à bras, se présenta à la mairie vers neuf heures, je lui dis que les trois hommes avaient été déjà repris. Ce n’était pas vrai, je disais cela pour décourager d’autres évasions. Lorsqu’il arriva au campement et qu’il fit connaître la mauvaise nouvelle à ses collègues, ceux-ci se jetèrent sur lui, croyant que c’était lui qui les avait trahis. Le jeune gardien, toujours le même, se précipita avec son fusil pour faire cesser la bagarre et, en manipulant la culasse, le coup partit. Le prisonnier qui était à terre, reçut la balle dans une cheville.

L’un des prisonniers est retrouvé par la gendarmerie caché dans une mansarde du château de la Chasse. Le second est capturé chez les religieuses de Saint Laurent de Rennes. Le troisième prisonnier qui s’était enfui avec le vélo neuf d’un gardien, n’a jamais été retrouvé.

Là-dessus, les prisonniers se mirent en grève ; ils ne voulaient plus travailler. Les gardiens les enfermèrent dans une petite pièce et l’un d’entre eux vint nous chercher. Il était temps car, à trente dans cette pièce sans aération, certains commençaient à suffoquer. Je dis au gardien, auteur du coup de fusil : « C’est ton deuxième, c’en est trop ! ne remets jamais de balles dans ton fusil, j’ignore comment cela va se passer » et au sous-officier allemand, chef du groupe : « Vous voyez où vos sottises vous mènent ; vous allez vous remettre au travail immédiatement ; vous n’aurez à manger qu’après deux heures de travail. Nous ne céderons pas. »

Le commando 43 de Maxent

Le commando n°43 de Maxent est effectif de février à juin 1946 et comprend 20 P.G.A. — Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Le commando 44 de Muel

Le 28 mars 1946, le commando n°44 de Muel est constitué de 18 P.G.A.—  LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « Liste des commandos de P.G.A. dans les communes d’Ille et Vilaine », 2003, Voir en ligne. —

D’avril à juin 1946, il regroupe 20 P.G.A. — Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Le commando 49 de Saint-Gonlay

Le commando n°49 de Saint-Gonlay a notamment été utilisé pour la construction de la route communale entre Saint-Gonlay et Saint-Péran.

[...] des prisonniers allemands furent utilisés pour la construction de la route menant du Hil du Mou au carrefour de la route Iffendic-Saint Péran. Ils étaient logés au village du Val.

KERNEZ, Robert et DENIS, Jean-Claude, Saint-Gonlay à travers les siècles, Iffendic, Roto Breizh, 2013. [page 140]
Les P.G.A. de Saint-Gonlay
La route du Hil du Mou au carrefour de la route Iffendic-Saint-Péran a été construite par les P.G.A. du commando n°49 de Saint-Gonlay
Carte de 1950

Le commando 56 de Saint-Méen

Le commando n° 56 de Saint-Méen (Ille-et-Vilaine) - aussi nommé commando 365 - est actif d’avril à juillet 1946. Provenant des camps de Rennes, 20 P.G.A. y sont employés à la construction de chemins ruraux. — Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Dans sa séance du 6 décembre 1945, le conseil municipal avait voté la construction d’environ 5000 m. de chemins ruraux pour lesquels il avait dû souscrire un emprunt. Le 29 mars 1946, le Maire avait exposé au conseil la possibilité d’utiliser des prisonniers de guerre pour les travaux de terrassement, idée qui avait été approuvée à l’unanimité moins une voix. Dès le 8 avril était décidé l’achat de matériel de cantonnier pour effectuer les travaux de terrassement (pelles et pioches) et le 25 mai le conseil votait les crédits nécessaires à l’achat du matériel de cantonnement indispensable pour l’hébergement des hommes.

LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « L’utilisation civile des prisonniers de guerre de l’Axe à Saint-Méen-le-Grand en Ille-et-Vilaine (1946-1947) », 2014, Voir en ligne.

Ce commando participe au nettoyage de la chapelle du Séminaire à partir du 20 avril 1946. Il est ensuite affecté, comme initialement prévu, à la construction de routes.

Au mois d’août 1946, la personne préposée à la surveillance demande au Conseil de revoir son traitement, elle percevait alors 15 F par prisonniers et par jour. Or, depuis le 18 mai, il ne reste que dix prisonniers et le gardien travaille aussi au terrassement pendant leurs heures de travail. La somme de 250 F qu’il réclame lui est accordée pour la période où le nombre de PGA est inférieur à 20.

Bourrien, Gilles (2021) op. cit. p. 220

Le 10 septembre 1946, les effectifs du commando sont reconstitués avec onze P.G.A. en provenance du camp 11.02 de Rennes.—  LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « Liste des commandos de P.G.A. dans les communes d’Ille et Vilaine », 2003, Voir en ligne. —

Les PGA sont approvisionnés en produits courants par les commerçants de Saint-Méen et en légumes par les agriculteurs de la commune.

Les conditions sanitaires semblent convenables. Des factures du docteur Escolan font apparaitre 34 consultations et 9 visites entre le 21 juin 1946 et septembre 1947. Le chirurgien dentiste Poiret pratique une extraction de dent le 2 décembre 1947. Ces frais médicaux sont assurés par la municipalité en tant qu’employeur.

Bourrien, Gilles (2021) op. cit. p. 221

Le 19 avril 1947, une circulaire 8 stipule le retrait des P.G.A. pères de famille ou âgés afin qu’ils puissent être libérés. D’autre part, les conditions de détention des PGA s’assouplissent.

[...] dans sa séance du 5 juillet 1947, le conseil « se désolidarise du gardien actuel M. B. qui ne donne pas satisfaction... », les PGA étant le plus souvent livrés à eux-mêmes et sans surveillance. La garde est alors confiée à deux cantonniers qui travaillent constamment avec eux. En contrepartie, ils percevront à compter du 1er juillet une rétribution de 40 F par jour.

Bourrien, Gilles (2021) op. cit. p. 220

Le 10 septembre 1947, quatre jeunes PGA choisissent de rester en France sous le statut de travailleurs libres. Les derniers PGA travaillent dans ce commando jusqu’au 31 décembre 1947.— Bourrien, Gilles (2021) op. cit. p. 220-221 —

Le commando de Saint-Malon-sur-Mel

Le commando de P.G.A. de Saint-Malon-sur-Mel (Ille-et-Vilaine) est actif d’avril à juillet 1946. Initialement constitué de 30 P.G.A., il ne compte plus que 21 prisonniers en juillet 1946. — Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Des P.G.A. au travail dans les fermes et chez des artisans

Des P.G.A. sont sollicités par des employeurs privés. La plupart du temps ils travaillent dans des fermes ou pour des artisans locaux.

Prisonniers allemands au travail dans les champs en 1946
@Ina

Heinz B, P.G.A. à Beignon

Des P.G.A. ont été employés dans des fermes de Beignon comme Heinz B., dont le témoignage a été recueilli le 27 février 2004.

Heinz B., jeune plombier, qui s’était remis à son destin, ne songeant pas à une évasion « inutile », était animé d’un sens du travail bien fait. Lui aussi était confronté à une certaine hostilité lors de son arrivée à Beignon, près de Coëtquidan, le fermier pensant avoir devant lui quelqu’un qu’il pouvait exploiter à merci. Il réussissait cependant, avec le soutien de la sœur du « patron », désormais appelé « André », à se faire respecter par celui-ci, notamment en ce qui concernait la nourriture et la surveillance. Heinz B. promettait de respecter la consigne de ne pas s’éloigner plus d’un kilomètre de la ferme, André rangeait son fusil qu’il avait gardé sous l’oreiller. Quand après une bagarre avec un villageois, qui le défiait à plusieurs reprises en le traitant de « sacré sale boche », Heinz B. devait quitter le village, André s’employait à lui trouver une bonne ferme dans la commune voisine. L’Allemand y était finalement plus heureux et restait en tant que travailleur libre jusqu’en septembre 1948.

JESSE, Fritz, Les prisonniers de guerre allemands en Bretagne. Rencontres et expériences entre capture, captivité et vie parmi les français, 1944-1948., Mémoire de maitrise d’Histoire, Université Rennes II de Haute-Bretagne, 2004, 265 p., Voir en ligne. [page 122]

Peter Sika, P.G.A. à Gaël

Gilles Bourrien a recueilli le témoignage de Robert Josse - le 28 février 2020 - sur le P.G.A. Peter Sika, employé dans une ferme de Gaël.

Mon père avait eu un an de temps un prisonnier allemand à travailler. Il s’appelait Peter Sika et il avait 24 ans. Il parlait quelques mots de français et mon père connaissait l’allemand par cœur. Il ne savait rien faire à la ferme et on l’a formé. Cet Allemand était cordonnier de métier et du coup, il réparait les chaussures de la famille. Il dormait au grenier où il s’était aménagé une chambre avec un entourage en toile de sacs de jute. Une fois, avec le prisonnier allemand du voisin, il avait aidé mon père qui avait dû descendre dans le puits pour y récupérer un agneau qui était tombé dedans. Ils tenaient tous les deux la corde attachée au travois, au bout de laquelle il s’était accroché pour descendre le récupérer.

Entretien avec Robert Josse in Bourrien, Gilles (2004) op. cit., p. 226

Erich K. P.G.A. à Plélan-le-Grand

Une dizaine de prisonniers allemands travaillent chez des employeurs privés de Plélan-le-Grand. Ils sont logés avec les P.G.A. du commando n°15 de Plélan dans une salle aménagée à l’étage de la mairie de la commune.— Jesse, Fritz (2004) op. cit. Annexe 3.3 p. 236 —

Fritz Jesse a recueilli les témoignages de Eugène R., peintre en bâtiment à Plélan et de son apprenti de l’époque Hubert B., sur le P.G.A. Erich K.

Le peintre de bâtiment Eugène R., ayant du mal à trouver des artisans dont il avait besoin pour son entreprise allait chercher en juillet 1945, avec d’autres artisans du village un certain nombre de prisonniers au dépôt de Comper-Concoret. Il avait la chance de tomber sur Erich K., parce que celui-ci était dans sa vie civile maître peintre à son compte. Sortant du camp il était « complètement dévalisé », il fallait le soigner et bien le nourrir parce qu’il était plein de furoncles. Erich K. déjeunait et dînait avec les deux apprentis à la table du « patron » mais était tenu de dormir dans une salle aménagée à l’étage de la mairie de la commune, où se trouvaient par moments plus de 25 prisonniers de guerre, travaillant chez des employeurs privés ou à la construction de chemins. L’Allemand, à cause de ses compétences professionnelles, son application et son courage, gagnait assez rapidement l’estime et la confiance de Monsieur R., qui lui confiait des chantiers à Plélan ou à l’alentour, lorsque lui-même était en déplacement à Rennes où il avait d’autres chantiers. Hubert B. raconte qu’il « grognait un peu en sortant de la guerre et de l’Occupation » du fait qu’un prisonnier les commandait. Erich K. prenait en charge la formation des apprentis, qui le reconnaissaient et l’appréciaient finalement dans cette fonction. De toute façon à l’époque, ils étaient habitués à être « dociles » et « à obéir ». Hubert B., qui avait 16 ans quand il avait connu Erich K., dit, que celui-ci s’ennuyait beaucoup les dimanches après-midi, ne fréquentait personne pendant son temps libre, hormis ses camarades prisonniers.

A ces moments, il passait beaucoup de temps au bord d’un étang. Eugène R. se souvient « qu’on travaillait ensemble, mais il n’y avait pas de discussion », indépendamment de la bonne maîtrise du français par l’Allemand. En dehors du travail et des repas, ils ne se voyaient pas. Apparemment, Erich K. se disputait souvent avec Madame R. sur des problèmes non précisés. Plus tard, il sauvait la vie d’un vieil homme tombé dans l’étang. C’est ainsi que Eugène R. faisait la démarche pour une libération précoce d’Erich K. Celui-ci avait participé à ce moment-là à un projet d’évasion avec deux camarades, mais qu’il abandonna, quand il avait appris la démarche de son chef. A son arrivée chez lui en Allemagne, au plus tôt en septembre 1947, Erich K. découvrait que son épouse s’était liée à un autre homme. Eugène R. dit de son prisonnier qu’« il a toujours correspondu » et qu’à Noël, « j’avais toujours ma carte ». Une fois, Erich K. était revenu avec sa nouvelle femme, mais il se logeait dans une auberge au site touristique des Forges. À son apprenti, Hubert B., il avait laissé une photo à son départ.

Jesse, Fritz (2004) op. cit., p. 125-126

P.G.A. de Saint-Thurial

Selon Hervé Piel, des prisonniers allemands sont employés dans des fermes de Saint-Thurial.

L’immédiat après-guerre vit aussi l’arrivée de prisonniers allemands dans des fermes, qui remplacèrent des français encore prisonniers en Allemagne. Des liens d’amitié se sont parfois noués entre ces travailleurs et leurs employeurs comme cela avait été le cas entre prisonniers français et agriculteurs allemands. D’ancien prisonniers allemands sont revenus en visite d’amitié dans les familles [...]

PIEL, Hervé, Saint-Thurial : mille ans d’histoire, Ville de Saint-Thurial, 2000, 157 p. [pages 71-72]

Peter Wisdorf et Karl Rezabeck, P.G.A. à Tréhorenteuc

Certains P.G.A. sont utilisés pour leurs compétences artistiques. C’est le cas de Peter Wisdorf, ébéniste et de l’artiste peintre Karl Rezabeck à Tréhorenteuc. Ce dernier est l’auteur du chemin de croix de l’église de Tréhorenteuc. Avant d’être libéré à l’initiative de l’abbé Gillard, il est interné au camp 11.02 de Rennes en mai 1945, alors sous commandement américain.

En mai 1945, j’allais très mal. Pendant trois jours, nous ne recevions aucune nourriture. Puis les Américains distribuèrent une boite de ration pour deux hommes. Elle contenait de la graisse de porc. J’ai eu la diarrhée, les militaires étaient aussi très pauvres. Ils nous ont tout pris : argent, chaussures, montre, manteau, babioles. Nous sommes restés des semaines entières sur la terre nue, sous le soleil et la pluie. j’ai creusé un trou de 30 cm et je me suis recouvert avec une toile de tente. J’avais des rhumatismes, j’étais faible et très malade. J’avais un manche à balai pour béquille. Nous recevions 50 gr. de pain par jour et une soupe (de l’eau chaude avec quelques rondelles de carottes en tranches) le dimanche, il y avait un petit bout de tête de poisson qui sentait bien mauvais.

LE POULICHET, Maxime et LOUVET, Jean-Paul, « Le chemin de croix de deux PGA à Tréhorenteuc », 2017, Voir en ligne.
Peter Wisdorff et Karl Rezabeck
Photo sans doute prise dans leur atelier du presbytère de Tréhorenteuc pendant leur séjour entre 1945 et 1947
In TRÉHORENTEUC - EGLISES DE BROCÉLIANDE, « Les tableaux », sans date, Voir en ligne.

Bibliographie

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ANONYME, « L’évasion des P.G. allemands », Ouest-France, 12/03, 1947.

BOURRIEN, Gilles, « Gaël, des enfants dans la guerre », Gaël, 2021, Voir en ligne.

BOURRIEN, Gilles, Pays de Brocéliande 1939-1945 : des femmes et des hommes dans la guerre, Dinan, Gilles Bourrien, 2021, 250 p.

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JESSE, Fritz, Les prisonniers de guerre allemands en Bretagne. Rencontres et expériences entre capture, captivité et vie parmi les français, 1944-1948., Mémoire de maitrise d’Histoire, Université Rennes II de Haute-Bretagne, 2004, 265 p., Voir en ligne.

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MORSIER, Dr de et COURVOISIER, M., « Compte-rendu de la visite du CICR du camp de prisonniers de guerre allemands de Coëtquidan (Morbihan) du 28 juillet 1946 », 2005, Voir en ligne.

PIEL, Hervé, Saint-Thurial : mille ans d’histoire, Ville de Saint-Thurial, 2000, 157 p.

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Archives Municipales de Paimpont

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MAIRE DE PAIMPONT, « Courrier du Maire de Paimpont au commandant du Camp 1102 du 28 mars 1947 », 1947, Voir en ligne.

MARTIN, François, « Lettre d’un habitant de Néant au maire de Paimpont le 14 juillet 1946 », 1946, Voir en ligne.

MONTIGNY, Chef de Bataillon de, « Courrier du commandant du Camp 1102 de Rennes au préfet d’Ille et Vilaine du 19 aout 1946 », 1946, Voir en ligne.

ETABLISSEMENT PRINCIPAL DU SERVICE DU MATÉRIEL, « Lettre du colonel Enjalbert au maire de Paimpont du 6 novembre 1947 », 1947, Voir en ligne.

SCHWARRER, P.G. Alois, « Lettre d’un P.G.A. au maire de Paimpont », 1947, Voir en ligne.


↑ 1 • Le Service du Travail Obligatoire (STO) est institué par le gouvernement de Vichy par une loi du 4 septembre 1942 pour répondre aux exigences allemandes de main d’œuvre. Il constitue le prolongement de la politique vichyste de « la Relève » mise en place début 1942, et qui consistait à envoyer en Allemagne des travailleurs spécialisés volontaires en échange du retour de prisonniers de guerre (trois travailleurs pour un prisonnier).

↑ 2 • Le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) est le nom donné au régime politique et aux institutions correspondantes qui, succédant le 3 juin 1944 au Comité français de libération nationale (CFLN), ont dirigé pendant deux ans l’ensemble du territoire de la France métropolitaine et de son empire jusqu’au 27 octobre 1946, date de l’entrée en vigueur de la Quatrième République.

↑ 3 • 

Pour le calcul de cette subvention les frais de logement, de nourriture et d’entretien seront calculés suivant un taux forfaitaires , arrêté par l’inspecteur divisionnaire du travail. Ce taux forfaitaire a été fixé par circulaire en date du 30 octobre 1945 à : frais de nourriture... 30 Frs, logement et entretien... 4 Frs. Le taux forfaitaire pour la garde a été fixé dans la circulaire 689 du 5 septembre 1945 à ... 15 Frs par jour et par prisonnier pour un centre de groupement de moins de 50 hommes et à 10 Frs pour un centre de plus de 50 hommes.

Courrier du préfet Henri Avril A.M. de Lanfains in BOURRIEN, Gilles, Pays de Brocéliande 1939-1945 : des femmes et des hommes dans la guerre, Dinan, Gilles Bourrien, 2021, 250 p. [page 222]

↑ 4 • Après la fermeture du dépôt 112 de Comper, certains P.G.A. sont directement affectés à des commandos locaux à partir du Camp 11.02 de Rennes.

↑ 5 • Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est une institution d’aide humanitaire, créée en 1863 par un groupe de citoyens suisses de Genève, dont faisaient partie Gustave Moynier, Henry Dunant (prix Nobel de la paix en 1901), les docteurs Louis Appia, Théodore Maunoir, et le général Guillaume Henri Dufour. C’est la plus ancienne organisation humanitaire existante après l’ordre de Malte. Le CICR s’est vu décerner le prix Nobel de la paix en 1917, 1944 et 1963 et le prix Balzan pour l’humanité, la paix et la fraternité entre les peuples en 1996.

↑ 6 • Sur les rapports entre P.G.A. et soldats nord africains :

Les officiers et soldats français risquaient des condamnations par un tribunal pour des sévices infligés aux prisonniers de guerre. La question dans quelle mesure il faut attribuer à ce « malheureusement » des relents racistes, éventuellement conséquence de la « honte noire », ne peut être examinée ici à défaut d’autres éléments. Le médecin semble cependant vouloir placer le problème de la violence sur un plan plus général en citant « des P.G. et des Algériens ». La présence d’Algériens et de Marocains comme personnel de garde était probablement une conséquence du blanchiment de l’armée française à l’arrivée en Allemagne. Apparemment 23 compagnies de garde nord-africaines étaient affectées à la 3e Région militaire. Cette présence est fréquemment mentionnée, mais pas forcément critiquée par les prisonniers qui se sentaient même parfois mieux traités par celles-ci que par les Français. Dans un cas, un gardien algérien aurait même déclaré d’être « prisonnier des Français » au même titre que les Allemands. Peut-être est-ce l’écho du traitement défavorable de certains tirailleurs sénégalais, anciens prisonniers de guerre des Allemands, par les autorités françaises, dont une des péripéties se déroulait fin 1944 en Bretagne. D’après le général Buisson, les incidents avec les prisonniers allemands « n’ont été ni plus nombreux ni plus graves qu’ils ne l’auraient été avec des troupes françaises ». Pour certains Allemands se traduit ici peut-être l’idée de trouver un allié dans les rangs de l’ennemi comme jadis chez les Américains.

↑ 7 • Du verbe « To drill » : faire faire l’exercice à des hommes et instruire, exercer des soldats.

Dans ce contexte, le « drill » consiste en un emprisonnement comprenant des exercices supplémentaires

↑ 8 • Circulaire préfectorale du 16 avril 1947