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Statère

lundi 24 octobre 2016

Les statères sont le nom des monnaies gauloises et armoricaines frappées à l’imitation des monnaies grecques. Les statères posthumes de Philippe II de Macédoine (359-336 av. J.-C.) datant du règne de ses successeurs au cours de la fin du IVe siècle av. J.-C. ont principalement servi de prototypes aux graveurs en Gaule celtique. Le nom générique « statère » caractérise notamment toutes les monnaies celtiques qui en dérivent quel que soit leur alliage : or natif, or allié, argent aurifère, billon 1, billon aurifère.

Les statères arvernes

La cité celtique des Arvernes est la seule à battre monnaie en Gaule du IIIe siècle à 121 av. J.-C. Forts de leur hégémonie commerciale et politique sur les autres cités, les Arvernes se réservent le monopole des transactions entre les peuples de civilisation méditerranéenne, dont Rome et les peuples « barbares » de Gaule.

Tout un système de transport et de distribution de marchandises avait été mis en place et était exploité. Son aspect monétaire est évidemment tout ce qui demeure. Il nous montre des suites monétaires en or, les statères et leurs divisions, frappées sur la base du statère d’or grec de Philippe II de Macédoine, roi de 356 à 336 avant notre ère. Ce statère d’or grec joua pendant des générations le rôle du dollar pour la nôtre et les Gaulois l’imitèrent, plus ou moins servilement.

COLBERT DE BEAULIEU, Jean-Baptiste, « Monnaies coriosolites et autres monnaies gauloises », Annales de Bretagne, Vol. 72 / 1, 1965, p. 209-222, Voir en ligne. [Pages 214-215]

Cette organisation monétaire est brutalement anéantie lorsque Bituit, roi des Arvernes, est défait par les Romains au mois d’août 121 avant notre ère. L’empire Arverne vaincu, chaque cité gauloise recouvre sa souveraineté et peut commencer à battre monnaie.

Les statères armoricains de 121 à 56 av. J.-C.

Les plus anciens statères armoricains sont datés du courant du IIIe au début du IIe siècle av. J.-C. Ils proviennent des marges normandes de l’Armorique. L’imitation du statère de Philippe est très nette sur certains exemplaires, mais la typologie des revers dérive rapidement en une multitude de compositions.

Dans l’Ouest armoricain, les Vénètes sont les premiers à créer leur propre atelier monétaire, s’appuyant probablement sur le savoir-faire de quelques ateliers arvernes. Les premiers statères frappés par les Vénètes dès 120 av. J.-C. servent de monnaie pour toutes les cités armoricaines.

Ces statères de bon or n’avaient qu’une diffusion restreinte, ils ne servaient pas aux échanges quotidiens et il n’y avait pas de monnaie divisionnaire ; seule une minorité riche pouvait, dans le cadre de chaque peuple, utiliser ces pièces de grande valeur.

GIOT, Pierre-Roland, BRIARD, Jacques et PAPE, Louis, Protohistoire de la Bretagne, Rennes, Editions Ouest-France, 1995. [374]

Le développement économique des Gaules au IIe siècle av. J.-C. permet aux peuples les plus riches et les plus puissants d’émettre leurs monnayages propres. Chacun des peuples armoricains se met à frapper sa monnaie, ce qui induit une diversification des types locaux. Les statères armoricains s’écartent alors du modèle macédonien pour laisser libre cours à une tradition artistique régionale extrêmement originale.—  ABOLLIVIER, Philippe, « Les monnayages en Armorique, de l’âge du fer à la fin de l’Empire romain », in Histoire de Bretagne : De l’âge du fer aux invasions scandinaves (937), Editions Encyclopédie de la Bretagne, 2015, (« Encyclopédie de la Bretagne »), p. 305-339. —

L’absence d’une équivalence entre les différents monnayages rendait difficile la circulation des monnaies qui restaient donc sur le territoire de leur cité émettrice.[...] Bien que la valeur unitaire de la monnaie n’ait pas cessé de décroitre, elle restait cependant trop forte pour les achats quotidiens. La monnaie devait être utilisée pour des transactions de prestige, pour les taxes et certains services ou pour le solde en numéraire de comptes mensuels ou annuels.

GRUEL, Katherine, « Les monnaies gauloises d’Armorique », Dalc’homp sonj !, Vol. 20, 1987, p. 2-5.

La grande campagne militaire menée par les légions romaines en 56 av. J.-C. marque la fin de l’émission des statères par les cités armoricaines. Les statères continuent néanmoins à circuler après la conquête des Gaules en 51 av. J.-C. — Abollivier, Philippe (2015). op. cit. —


↑ 1 • Le billon est un alliage d’argent et de cuivre, contenant souvent environ 50 % de cuivre, une teneur variable en argent, et auquel est ajouté environ 5 % de plomb.