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Coicimadre, Guillaume

lundi 18 décembre 2017

Coicimadre, Guillaume : Abbé de Notre-Dame de Paimpont à la fin du 13e

Certains auteurs placent cet abbé dans la deuxième moitié du 14e siècle. Nous montrons que cette affirmation est inexacte.

Un abbé de Paimpont de la deuxième moitié du 14e siècle ?

Dom Taillandier, continuateur de Dom Morice, place Guillaume de Coicimadre dixième abbé de Notre-Dame de Paimpont, attesté par des actes de 1368 et 1389 (entre Geoffroy du Plessis et Guillaume Guiho).

GUILLAUME DE COICIMADRE permit en 1368. à Raoul Sire de Monfort 1 de lever quelques impositions sur les vassaux de son Abbaye : mais à condition qu’elles ne tireroient point à conséquence pour l’avenir, & qu’elles ne lui donneroient aucun droit sur ses sujets. Sa mort est marquée dans le Nécrologe au 15 de Novembre. Ce peut être lui qui assista aux Etats tenus à Nantes en 1389.

TAILLANDIER, Dom Charles, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Imprimerie Delaguette, 1756, Voir en ligne. p. 134

L’acte de 1368

L’acte de 1368 mentionné par Dom Taillander fait partie des documents collationnés dans le Livre noir de Painpont.

Raoul Sgr. de Montfort et de Gaël ne veut tirer à conséquence pour les temps à venir ce que Guill. abbé & le couvent de Painpont ont souffert le temps passé pour le fait des guerres, qui on esté, impositions levées sur leurs héritages et subjez le 8 dec. 1368.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 480

On peut lire que l’abbé est nommé Guill, sans que son nom de famille ne soit cité. Il peut donc s’agir de Guillaume de Coicimadre comme de Guillaume Guiho.

Dom Taillandier écrit qu’il s ’agit de Guillaume de Coicimadre.

Guillotin de Corson déduit du même acte qu’il s’agit de Guillaume Guiho.

Guillaume Guiho permit en 1368 à Raoul VIII 2, seigneur de Montfort, fait prisonnier à la bataille d’Auray, de lever quelques impositions sur les vassaux de son Abbaye pour payer sa rançon, à condition qu’elle ne tirerait point à conséquence pour l’avenir.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 680

Or un acte, ignoré de Dom Tallandier comme de Guillotin de Corson, indique que Guillaume Guiho a été nommé abbé de Paimpont par le pape le 14 juin 1363.

Guillaume Guiho, [...] nommé par le pape à la mort du précédent le 14 juin 1363 (A. 155, f° 210 r°)

LESQUEN, Gilles de et MOLLAT, G., « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d’Avignon à l’époque du Grand Schisme d’Occident (suite). », Annales de Bretagne, Vol. 19 / 2, 1903, p. 133-184, Voir en ligne. [page 160]

L’acte de 1368 ne mentionne donc pas Guillaume de Coicimadre mais Guillaume Guiho.

L’acte de 1389

Selon Dom Taillandier, Ce peut être lui qui assista aux États tenus à Nantes en 1389. — Dom Taillandier (1756) op. cit., p. ccxxiv —

Or, entre 1363, date de sa nomination à l’abbaye de Paimpont, et 1402 date de sa nomination comme abbé de Saint-Jacques de Montfort, l’abbé de Paimpont est Guillaume Guiho.

Guillaume de Coicimadre n’est donc pas un abbé de la deuxième moitié du 14e siècle.

Un abbé de Paimpont de la fin du 13e siècle

Pour Jean-Barthélemy Hauréau, éditeur du Gallia Christiana au 19e siècle, Guillaume de Coicimadre est le septième abbé de Paimpont (placé entre Jean de Boxat et Mathieu) soit à la fin du 13e siècle.

[...] Guillaume II de Coycinadre doit être placé semble-t-il, après Jean [de Boxat]. Il se trouve dans le martyrologe [de Paimpont] sur les Ides d’Octobre. De même, le 16 octobre dans l’obituaire de Saint Jacques [de Montfort]. 3

HAURÉAU, Jean-Barthélemy, Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas, Vol. 14, Paris, Firmin Didot Frères, 1856, Voir en ligne. p. 1035

Guillotin de Corson reprend la classification de Jean-Barthélemy Hauréau.

VII. GUILLAUME DE COICIMADRE succéda au précédent, d’après M. Hauréau. Cependant, Dom Morice donne Matthieu comme successeur de Jean de Boxat et ne place Guillaume de Coicimadre qu’après Geoffroy du Plessis. La mort de Guillaume de Coicimadre est marquée au 16 octobre dans le nécrologe de Montfort, mais sans indication d’année.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 679

Guillaume de Coicimadre n’est pas mentionné sur la liste des abbés du Livre noir de Painpont. Les noms du septième et du dixième abbé sont manquants et ces places dans la liste lui ont été attribuées par des historiens. L’analyse montre que la place de dixième abbé ne peut lui être attribuée : seule la septième lui correspond. — Livre noir de Painpont op. cit., p. 461 —


↑ 1 • Raoul VII mort en 1393

↑ 2 • Il s’agirait en fait de Raoul VII selon notre numérotation, décédé en 1393.

↑ 3 • Traduction du texte original latin.

VII. Guillelmus II de Coycinadre, post Joannem, ut videtur, ponendus, reperitur in martyrologio idibus Octobris. Idem 16 Octobris, in obituario S. Jacobi