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janvier-février 1925

Le duc de Westminster

Chasse à courre en forêt de Paimpont

Hugh Grosvenor (1879-1953), second duc de Westminster, chasse en forêt de Paimpont du 21 janvier au 16 février 1925. Cet événement mondain et cynégétique est à l’origine de la fondation de l’équipage attitré du massif forestier, le Rallye Bretagne.

Le duc de Westminster chasse en France à partir de 1909, année où il fonde le Vautrait 1 de Mimizan dans les Landes. En 1911, il y fait construire le château de Woolsack qui lui sert de relais pour organiser de fastueuses parties de chasse pour ses invités de la haute société britannique.

Le duc de Westminster est propriétaire d’un vautrait composé de quatre-vingts chiens anglais, la plupart de purs foxhounds et le reste en hariers, les premiers tricolores à manteau, les seconds de nuances variées. Tous crient bien et ont assez de gorge, ce qui n’est généralement pas le cas des chiens purs anglais. Les deux piqueurs sont montés et le duc chasse sans relais les sangliers [...].

TERNIER, Louis, « Vénerie et ducs anglais », Le Figaro, 12 mars, Rennes, 1925, p. 3, Voir en ligne.
Randolph Churchill, Coco Chanel et Winston Churchill lors d’une partie de chasse en 1928 dans les Landes
Hulton Archive/Getty Images

Bien que basé à Mimizan, l’équipage du duc de Westminster rayonne en déplacements dans les forêts françaises pour répondre aux invitations des veneurs et propriétaires forestiers.

Le duc de Westminster à Paimpont

Le 20 janvier 1925, le duc de Westminster quitte Paris pour la Bretagne. Accompagné d’une nombreuse suite, il s’apprête à vivre une campagne de chasse à courre dans les forêts bretonnes. Après avoir passé la nuit à Rennes, il arrive à Paimpont le matin du 21 janvier.

Paimpont - 21 Janvier - Le duc de Westminster est arrivé ce matin à Rennes à 10h 30. Il n’avait pas jugé bon de poursuivre son voyage de nuit après le Mans, en raison du brouillard intense qui régnait sur la route. Une heure plus tard, la puissante Rolls-Royce du prince anglais franchissait le portail de l’Hôtel de France, suivie d’une seconde et prenait la direction de la forêt de Paimpont.

FAVREL, C., « Le duc de Westminster occupe la forêt de Paimpont », L’Ouest-Eclair, 22 janvier, Rennes, 1925, p. 3, Voir en ligne.

Le duc s’installe au château de Comper (Concoret, Morbihan) qu’il loue à M. de Charette. Sa suite est hébergée aux Forges de Paimpont.

Les équipages rentrèrent aux Forges de Paimpont où leur cantonnement est établi depuis samedi dernier. Seize garçons piqueurs, limiers ou palefreniers sont chargés de l’entretien des 24 pur-sang anglais et des 92 chiens. Ce n’est pas en effet un petit travail et il faut une véritable cuisine pour nourrir les meutes. On leur donne de la viande cuite et des bouillies de farine d’avoine et de maïs. Une grande animation règne de ce fait aux Forges où les lads anglais et français sont l’objet de la curiosité générale. Ils se laissent questionner de bonne grâce et par eux l’on apprend qu’il ont quitté les chasses des Landes parce qu’on n’y rencontrait plus de gibier.

L’Ouest-Éclair (22 janvier 1925) op. cit.
La meute du duc de Westminster
Carte postale n°1569
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)

Le duc loue la forêt de Paimpont et les forêts environnantes avec le projet d’y chasser un mois durant.

Le duc a loué dans la forêt de Paimpont [...] et aux environs de Rennes, quinze mille hectares. C’est dire que son activité aura beaucoup à s’employer avant qu’il songe à nous quitter. Les battues auront lieu presque tous les jours, les premières sans invités. Mais il est probable que le duc se rendra sous peu aux devoirs de l’hospitalité.

L’Ouest-Éclair (22 janvier 1925) op. cit.

21-30 janvier — Chasses à courre en forêt de Paimpont

Le duc de Westminster commence à chasser le jour même de son arrivée à Paimpont. Sa préférence va à la chasse à courre au sanglier. Il lui arrive cependant d’organiser des battues pour pratiquer la chasse à tir ou de se rendre dans d’autres forêts bretonnes à l’invitation de châtelains.

21 janvier 1925 — Première chasse à courre à Paimpont

La chasse au sanglier commença à midi 30, mais ne fut pas poursuivie, car de jeunes chiens récemment arrivés d’Angleterre où ils étaient habitués à courir le chevreuil égarèrent la meute sur la piste de l’un de ces animaux. On ne s’aperçut de l’erreur que quelques instants plus tard et le chevreuil passa à quelques mètres devant le duc qui arrêta son cheval et suspendit la chasse.

L’Ouest-Éclair (22 janvier 1925) op. cit.
Le duc de Westminster avant le départ pour la chasse
Carte postale n°1564
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)

22 janvier 1925 — Deuxième chasse à courre à Paimpont

Paimpont - 22 Janvier - A 10h 30, le duc de Westminster en habit rouge et toque de velours noir donne au rendez-vous de Beauvais le signal de la seconde chasse au sanglier qu’il dirige dans la forêt de Paimpont. [...] Enfin, des enfants ont vu le sanglier traverser la route ! C’est alors une course folle qui aboutit à l’étang de Paimpont que l’animal n’hésite pas à franchir à la nage suivi de la meute hurlante. Tout le village est là et les cris de Hi, Oh, Ah, traduisent une admiration que la langue française ne peut interpréter. C’est, en effet, un spectacle magnifique dans un décor superbe, mais on n’a guère le temps de s’y arrêter, et plusieurs kilomètres sont parcourus à vive allure sur les traces du fugitif. Les heures passent encore, maintenant, de rares jappements se font entendre ; il apparait que toute chance de forcer l’animal doit être abandonnée. [...] Le duc se rend d’ailleurs à ces raisons. Il laisse son cheval aux mains d’un lad pour monter dans sa Rolls Royce et se rendre au château du Pas-du-Houx à l’invitation d’un châtelain de la région.

ANONYME, « Comment le sanglier brûla la politesse au duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 23 janvier, Rennes, 1925, p. 1, Voir en ligne.
Le duc de Westminster chassant dans la forêt de Paimpont
Carte postale n°1563
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)

23 janvier 1925 — Chasses à courre en forêt de Lanouée et de Loudéac

Paimpont 23 janvier — Nous apprenons que le duc de Westminster qui est notre hôte depuis trois jours a reçu des invitations pour aller chasser dans la forêt de Danguée [Lanouée], appartenant au duc de Rohan, puis dans la forêt de Loudéac et aussi quelque part dans le Finistère. D’autre part, la Société de chasse du Camp de Coëtquidan nous informe que contrairement à ce que nous avions annoncé, la chasse du Camp de Coëtquidan était louée à cette société, celle-ci n’a abandonné aucun de ses droits au prince anglais.

ANONYME, « Les chasses du duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 24 janvier, Rennes, 1925, p. 2, Voir en ligne.

30 janvier 1925 — Un diner de gala à Paimpont

Un diner de gala à Paimpont — On annonce que le mardi 3 février un diner de gala sera donné à Paimpont en l’honneur du duc de Westminster. Deux-cent cinquante personnes ont été invitées à prendre part à ce festin qui sera un festin de chasse. Ce jour là, toutes les meutes seront sur pied pour courre les solitaires de la forêt. Espérons que le prince aura plus de chance qu’à ses dernières chasses. On raconte en effet dans le pays, qu’il n’a pas, malgré la valeur de sa meute, réussi à forcer son premier sanglier. Le 5 février aura lieu également une grande chasse.

ANONYME, « Le duc de Westminster en forêt de Paimpont », L’Ouest-Éclair, 30 janvier, Rennes, 1925, p. 4, Voir en ligne.

Le 4 Février 1925 — Une chasse exceptionnelle

La chasse à courre organisée le 4 février 1925 revêt un caractère exceptionnel. Une centaine d’invités y assiste auxquels se sont mêlés de nombreux badauds attirés par l’événement. La presse s’est déplacée à Paimpont pour suivre l’événement.

Le duc de Westminster a de nouveau chassé hier en forêt de Paimpont. Cette chasse sortait de l’ordinaire en ce sens où une centaine d’invités avait été conviés à des agapes champêtres mais nous devons dire qu’elle ressembla aux autres en ce sens que les résultats furent négatifs.[...] Une foule considérable d’automobilistes suivit les péripéties de la chasse qui commença à 11h pour terminer à 14h. [...] Les curieux qui ne pouvaient songer à se déplacer avec facilité étant donné l’encombrement des routes furent quelque peu déçus. Après la chasse, le duc remonta dans sa « Rolls Royce », salua et regagna Rennes à vive allure [...]

ANONYME, « Les chasses du duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 4 février, Rennes, 1925, p. 2, 4, Voir en ligne.

Une série de cartes postales illustrant cette journée de chasse exceptionnelle est publiée à cette occasion.

Les invités de la chasse du duc de Westminster
Carte postale n°1526
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Le duc de Westminster chassant dans la forêt de Paimpont
Carte postale n°1563
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Le duc de Westminster avant le départ pour la chasse
Carte postale n°1564
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
L’arrivée des invités à la chasse à courre du duc de Westminster
Carte postale n°1565
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Les invités au rendez-vous de la chasse du duc de Westminster
Carte postale n°1566
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Les Forges de Paimpont un jour de chasse à courre du duc de Westminster - L’heure du lunch
Carte postale n°1567
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Les Forges de Paimpont un jour de chasse à courre du duc de Westminster
Carte postale n°1568
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
La meute du duc de Westminster
Carte postale n°1569
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Les chasses à courre du duc de Westminster - chasseur rejoint la meute
Carte postale n°1570
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)
Les chasses à courre du duc de Westminster - un groupe de chasseur
Carte postale n°1571
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)

Jollan de Clerville, propriétaire du Domaine de Paimpont, ne peut participer à cette chasse en raison d’un accident de voiture survenu le jour même.

Jollan de Clerville, président du Conseil général de la Loire-Inférieure, a été victime d’un accident d’auto, en traversant la forêt du Gâvre pour se rendre en forêt de Paimpont, où il avait été invité à une chasse au sanglier par le duc de Westminster

ANONYME, « Les chasses du duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 4 février, Rennes, 1925, p. 2, 4, Voir en ligne.

La chasse du 5 février 1925

Une carte postale annotée mentionne le lieu du débuché 2 - sise au Châtenay en Beauvais - lors de la chasse à courre du 5 février 1925.

Beauvais - route de Campénéac et Vaux de Chatenay
Carte postale n°4672, annotée : Débuché du 5 février 1925 équipage de Westminster
Editions E. Mary-Rousselière (1874 - 1929)

16 février - Le retour dans les Landes

Déçu par l’absence de résultat de ses chasses au sanglier en forêt de Paimpont, le duc de Westminster décide de retourner dans les Landes afin d’y continuer sa saison de chasse.

Paimpont 16 février — C’est aujourd’hui qu’a lieu le départ de la meute et des chevaux du duc de Westminster qui n’ayant pu réussir à forcer les sangliers de notre Bretagne s’en retourne dans le département des Landes d’où il arrivait du reste et où il espère être plus heureux.

ANONYME, « Le duc de Westminster s’en retourne dans les Landes », L’Ouest-Éclair, 17 février, Rennes, 1925, p. 1, Voir en ligne.
Le Vautrait fondé par le duc de Westminster à Mimizan (Landes)
Illustration tirée de l’ouvrage "La Vénerie française contemporaine (1914)" - Le Goupy (Paris)

Mai 1925 — La fondation du Rallye Bretagne

Le Rallye Bretagne - équipage attitré de la forêt de Paimpont - est fondé en mai 1925. Cette fondation est consécutive à la venue du duc de Westminster sur le massif forestier.

En 1925, le duc de Westminster, invité par les propriétaires de la forêt de Paimpont, devait y faire un déplacement de trois mois : février, mars, avril. « Après 7 ou 8 chasses sans succès, il repartit ». Cette expression du comte de Saint-Germain peut être considérée comme un euphémisme ! Tous les propriétaires de Paimpont avaient acheté des chevaux et s’étaient remis à la chasse pour suivre dignement leur royal invité. Ils demandèrent au comte de Saint-Germain l’autorisation de suivre ses laissers-courre. Celui-ci ayant accepté leur aide pour étoffer son équipage et renforcer sa meute, c’est ainsi que prit naissance, en mai 1925, l’actuel Rallye Bretagne issu de l’équipage Saint-Germain-Pioger. Y furent associés dès le début, le comte Le Gualès de Mézaubran et M. de Clerville, et la seconde année, le comte de Prunelé.

FEER, R.-J., « Le Rallye Bretagne », Vénerie, Vol. 59, 1980, p. 36-46, Voir en ligne.
La meute du Rallye Bretagne aux Forges de Paimpont
Carte postale

Le souvenir de la chasse de 1925

La venue du duc de Westminster en forêt de Paimpont a laissé un souvenir vivace aux habitants des communes du massif forestier. Trente ans plus tard, l’abbé Gillard en consigne la trace dans l’une de ses brochures.

En janvier 1925, le Duc de Westminster, cousin germain de George V, roi d’Angleterre et de Guillaume II, ex-empereur d’Allemagne, est venu faire une chasse aux sangliers dans la forêt. On se rappelle qu’il avait toute une cavalerie, une meute formidable, des compagnons et des compagnes habillés tout en rouge. Il arrivait que les chiens s’égarent. C’était un bonheur pour la population. Les enfants étaient délégués pour les reconduire au chenil. Ils étaient sûrs d’avoir la « pièce ». Et si deux chiens étaient trouvés en même temps, au lieu de les reconduire ensemble, pour avoir deux fois l’offrande, on les menaient séparément, signe de la misère de l’époque ou, tout simplement de la pauvreté du pays.

GILLARD, abbé Henri et DELPECH, Jean, Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont : en Bretagne sur le 48e parrallèle, Ploërmel, les Éditions du Ploërmelais, 1955, 55 p., (« Le recteur de Tréhorenteuc »). [page 42]

Bibliographie

ANONYME, « Comment le sanglier brûla la politesse au duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 23 janvier, Rennes, 1925, p. 1, Voir en ligne.

ANONYME, « Les chasses du duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 24 janvier, Rennes, 1925, p. 2, Voir en ligne.

ANONYME, « Le duc de Westminster en forêt de Paimpont », L’Ouest-Éclair, 30 janvier, Rennes, 1925, p. 4, Voir en ligne.

ANONYME, « Le duc de Westminster s’en retourne dans les Landes », L’Ouest-Éclair, 17 février, Rennes, 1925, p. 1, Voir en ligne.

ANONYME, « Les chasses du duc de Westminster », L’Ouest-Éclair, 4 février, Rennes, 1925, p. 2, 4, Voir en ligne.

FAVREL, C., « Le duc de Westminster occupe la forêt de Paimpont », L’Ouest-Eclair, 22 janvier, Rennes, 1925, p. 3, Voir en ligne.

FEER, R.-J., « Le Rallye Bretagne », Vénerie, Vol. 59, 1980, p. 36-46, Voir en ligne.

TERNIER, Louis, « Vénerie et ducs anglais », Le Figaro, 12 mars, Rennes, 1925, p. 3, Voir en ligne.


↑ 1 • Le vautrait est un équipage important composé de chiens courants spécialisés dans la chasse du sanglier.

↑ 2 •  … on dit qu’un Cerf, un Sanglier, etc. débuchent, lorsqu’ils sortent du couvert pour prendre la plaine , Goury de Champgrand, Traité de Vénerie. Dict. 1769