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1900-1973

Les charbonniers de la forêt de Paimpont - III

Fours à braisette et dernières fouées

Après la fermeture des Forges de Paimpont en 1884, l’activité charbonnière décline fortement. Elle se maintient durant la première moitié du 20e siècle. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle connait un dernier regain de vitalité. Elle disparait au début des années 1970.

1900-1939 — L’entreprise Berson

Avec la fermeture des Forges en 1884, l’activité charbonnière perd son principal débouché. Le nombre de charbonniers décline rapidement, passant de trente-deux charbonniers recensés sur la commune de Paimpont en 1881 à six en 1886 1.

Une famille de négociants en charbon de bois - les Berson de Concoret - maintient cependant la tradition charbonnière en forêt de Paimpont durant la première moitié du 20e siècle. En marge de son activité principale - une scierie mécanique 2 - Eugène Alexandre Berson trouve de nouveaux débouchés au charbon de bois fabriqué en forêt, permettant à quelques familles de charbonniers de travailler à Paimpont.

[...] continuant ce que son père avait tenté de faire pour survivre, il persuade des raffineurs nantais de la qualité de sa production. Il multiplie les contacts avec des entreprises modernes qui utilisent un charbon de bois de grande qualité tels que des producteurs de vins cuits comme Byrrh, des industries chimiques utilisant des filtres à base de charbon de bois, des ateliers mécaniques consommateurs de braisettes. A côté de ses scieries employant 45 personnes, il réussit à maintenir un négoce de charbon de bois qui permettra à une poignée de charbonniers ayant du savoir-faire de continuer leur métier. Il incite même quelques charbonniers de Camors 3 fort compétents et capables, les quatre frères Guégan, à s’installer en Paimpont.

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.

Un autre de ses débouchés consiste à fournir l’Armée française en combustible pour 10% de ses véhicules équipés en gazogènes, précaution prise en cas de pénurie d’essence en temps de guerre.

1930 — Charles le Goffic et le charbonnier de la forêt de Paimpont

Vers 1930, l’écrivain Charles le Goffic (1863-1932) fait la rencontre d’un de ces charbonniers non loin du Hêtre de Ponthus. Il y consacre une page dans Brocéliande, ouvrage posthume paru en 1932.

Les charbonniers nous restent en nombre réduit.
Sur la route de Pontus, j’ai visité la case de l’un d’eux, gardée par son chien Bas-Blanc. Son chien Bas-Blanc...
N’est-ce pas un Wigwam comanche, cette case, ou bien une hutte gauloise ? Pas de trou de cheminée. On fait du feu au milieu avec des rondins et des mottes de tourbe. Deux couchettes, une à chaque bout. Deux tabourets. Une table. Des affiches coloriées égaient cet intérieur d’un autre âge. Un réveille-matin donne le ton du siècle.
Dehors, la niche de Bas-Blanc et le poulailler.
La femme du chef est là ; lui, au travail. Tous deux sont de Loudéac. Elle m’emmène à sa recherche, après un coup de cidre. Le sol que nous foulons est tapissé de myrtilles.
Ah voici mon frère le charbonnier.
Nous causons.
Il m’explique le métier.
Le cuiseur - ou fourneau - est en forme de meule. Une ouverture triangulaire est ménagée dans le haut, pour le tirage. C’est aussi par là qu’on met le feu, avec des charbons incandescents. La meule est insatiable : sans cesse il faut lui donner à manger. Il va douze cordes de bois dans une meule. On brûle surtout du bouleau. Mais le chêne est encore meilleur ; le hêtre est bon, sans valoir le chêne ; le sapin ne vaut rien ; le châtaignier pas grand’chose. Quand le tas est fait, les rondins disposés de façon à former la meule, on la recouvre de mottes. Le bois est fourni par un bûcheron. Et le charbonnier ne travaille pas à son compte, mais pour un patron de Loudéac, qui le paye à « la corde brûlée ».
Autrefois, il venait ici des charbonniers de Beffou et de Coat an Noz - le Bois de la Nuit - Ils ne savaient pas un mot de français. Le patron les approvisionnait de lard pour la semaine. Un fermier du voisinage leur fournissait les pommes de terre. « Ils vivaient comme des sauvages ». J’aime cette appréciation dans cette bouche.
Mais vivre comme des sauvages, n’est-ce pas parfois vivre comme des saints ? Avec des prières et sans femme, ce serait la vie de saint Léry, de saint Elocan, de vingt autres saints oubliés. Ou celle du Gaulois dans la forêt druidique ; ou celle de l’indien dans une vallée des Rocheuses : au choix. La bonne vie peut-être.
Mais ces charbonniers ne sont même pas des gars du pays.

LE GOFFIC, Charles, Brocéliande, 1932, Terre de Brume, 1995, 163 p., (« Bibliothèque celte »).

Charles Le Goffic indique que le charbonnier et sa femme sont de Loudéac. Il s’agit donc certainement du seul charbonnier originaire de cette localité, recensé à Paimpont vers 1930, Jean ou Jean-Marie Caro (recensé en 1921 et 1931).

Philippe Guégan a d’ailleurs signalé qu’une partie de la forêt, située entre Haute-Forêt et le village de Beauvais - soit à proximité de Ponthus - était appelée la coupe à Caro. —  LARCHER, Guy, « Les charbonniers à Paimpont : contribution à l’histoire d’une commune », Le Châtenay - Journal de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay, 1986, p. 64. [page 53] —

1901-1936 — Les charbonniers de Paimpont dans les recensements

Durant la première moitié du 20e siècle, sept dénombrements de population ont lieu sur la commune de Paimpont. Ils permettent de connaitre le nombre de charbonniers travaillant en forêt ainsi que leur nom, leur âge et leur lieu de naissance.

Ce recensement se limitant à la commune de Paimpont, il ne prend pas en compte les charbonniers habitant les communes limitrophes comme Plélan-le-Grand, Concoret, Néant-sur-Yvel ou Saint-Malon-sur-Mel. De plus, il minore le nombre de charbonniers, ne comptabilisant pas ceux qui exercent plusieurs professions en fonction des saisons 4. Enfin, les noms, les dates et les lieux de naissance peuvent être approximatifs.

En 1901, douze charbonniers appartenant à dix familles sont recensés à Paimpont.

  • Berson Jean — Gaillarde — 32 ans
  • Caro Jean — Le Cannée — 61 ans
  • Doniaux Joseph — Beauvais — 21 ans — patron B. Levesque
  • Jagenay Lucien — le bourg — 50 ans
  • Montreuil Lucien — Telhouët — 33 ans
  • Morel François — Perthuis Néanti — 44 ans
  • Saffray Francis — le bourg — 37 ans — patron V. Gortais
  • Saffray J.-B. — le bourg — 41 ans
  • Saliou Joseph — Beauvais — 35 ans
  • Saliou Louis — Beauvais — 38 ans
  • Tannoux Félix — Beauvais — 30 ans — patron Morel
  • Thomas Jean — le bourg — 31 ans — patron Le Cam

En 1906, seize charbonniers appartenant à sept familles sont recensés à Paimpont 5.

  • Galliot François — Perthuis Néanti — 24 ans, né à Camors
  • Galliot Pierre — Perthuis Néanti — 45 ans, né à Camors
  • Gendron François — Perthuis Néanti — 61 ans, né à Sion
  • Gendron François — Perthuis Néanti — 33 ans, né à Sion
  • Gendron Pierre — Perthuis Néanti — 30 ans, né à Sion
  • Guérin Joseph — Telhouët — 55 ans, né à Paimpont
  • Hubert Guillaume — Folle Pensée — 47 ans, né à Sainte-Brigitte
  • Hubert Yves — Telhouët — 65 ans, né à Sainte-Brigitte
  • Lebreton Jean — Coganne — 49 ans, né au Gâvre
  • Levesque Eugène — Le Cannée — 43 ans, né à Paimpont
  • Montreuil Ernest — Le Cannée — 28 ans, né au Gâvre
  • Merten Désirée (sa femme) — Le Cannée — 23 ans, née à Paimpont
  • Montreuil Julien — Le Cannée — 38 ans, né au Gâvre
  • Merten Joséphine (sa femme) — Le Cannée — 27 ans, née à Paimpont
  • Saffre Jean-Baptiste — Telhouët — 46 ans, né au Gâvre

En 1911, douze charbonniers appartenant à sept familles sont recensés à Paimpont 6

  • Gaignon Eugène — Perthuis Néanti — né en 1886 à Montfort
  • Gaignon Fernande — Perthuis Néanti — né en 1889 à Iffendic
  • Hamelin Pierre — Telhouët — né en 1872 à Plélan
  • Le Guyadaire Auguste — Le Cannée — né en 1897 au Gâvre
  • Louyer Louis — Telhouët — né en 1885 à Bazouges-la-Pérouse
  • Montreuil Ernest — Le Cannée — né en 1877 au Gâvre
  • Merten Désirée — Le Cannée — née en 1892 à Paimpont
  • Montreuil Julien — Le Cannée — né en 1867 au Gâvre
  • Merten Joséphine — Le Cannée — née en 1878 à Paimpont
  • Saffre Joseph — Coganne — né en 1854 au Gâvre
  • Saffre Pierre — Coganne — né en 1899 au Gâvre
  • Tornier Auguste (ou Cornier) — Le Cannée — né en 1864 à Paimpont

En 1921, dix-sept charbonniers appartenant à 11 familles 7

  • Caro Jean — le Bourg — né en 1881 à Loudéac
  • Cornier Auguste — Le Cannée — né en 1864 à Paimpont
  • Guegan Jacques — Coganne — né en 1895 à Quimperlé
  • Guegan Marie — Coganne — née en 1894 à Camors
  • Hamard Frédéric — Ville-Danet — né en 1885 à Broons-sur-Vilaine
  • Le Galliou Jean — Coganne — né en 1903 à Camors
  • Le Galliou Joseph - Coganne — né en 1898 à Camors
  • Louyer Louis — Telhouët — né en 1885 à Bazouges-la-Pérouse
  • Louyer Rosalie — Telhouët — née en 1883 à Paimpont
  • Louyer Henri — Telhouët — né en 1903 à Paimpont
  • Montreuil Ernest — Coganne — né au Gâvre en 1877
  • Montreuil Désirée — Coganne — née à Paimpont en 1892
  • Olivry Arsène — Le Cannée — né en 1885 à Quédillac
  • Renault Pierre — Ville Danet — né en 1885 en Vendée
  • Rouge Eugène — Beauvais — né en 1874 à Paimpont
  • Thomas Auguste — Coganne — né en 1889 à Sérent
  • Thomas Augustine — Coganne - née en 1886 à Trédion

En 1926, treize charbonniers appartenant à 9 familles 8

  • Baril Augustin — Beauvais — né en 1875 à Paimpont
  • Bigot Armand — Trudo — né en 1903 à Paimpont
  • Bigot Célestin — Beauvais — né en 1877 à Paimpont
  • Chilou Henri — Le Cannée — né en 1873 à Médréac
  • Guegan Jacques — Thelouët — né en 1895 à Quimper
  • Hamard Frédéric — Ville-Danet — né en 1885 à Broons-sur-Vilaine
  • Louyer Louis — Telhouët — né en 1885 à Bazouges-la-Pérouse
  • Louyer Rosalie — Telhouët — née en 1883 à Paimpont
  • Louyer Henri — Telhouët — né en 1903 à Paimpont
  • Louyer Marguerite — Telhouët — née en 1910 à Paimpont
  • Olivry Arsène — Coganne — né en 1885 à Quédillac
  • Saliou Louis — Telhouët — né en 1862 à Saint-Péran
  • Thomas Auguste — Folle Pensée — né en 1889 à Sérent

En 1931, quinze charbonniers appartenant à onze familles 9

  • Biou Joseph — Perthuis-Néanti — né en 1881 à Plumaugat
  • Cabelguen Anna — Telhouët — née en 1899 à Camors
  • Caro Jean-Marie — Le Bourg — né en 1881 à Loudéac
  • Duros Gabrielle — Pethuis-Néanti — née en 1876 à Plumaugat
  • Guegan, Jacques — Coganne — né en 1895 à Quimperlé
  • Guegan, Pierre — Telhouët — né en 1897 à Tremeven
  • Hamard Frédéric — Telhouët — né en 1895 à Broons-sur-Vilaine
  • Lefeuvre Marie-Louise — Le Cannée — née en 1849 ? à Liffré
  • Le Gallio Joseph — Coganne — né en 1898 à Camors
  • Le Gallio Jean-Marie — Coganne — né en 1905 à Camors
  • Louyer Eugène — Telhouët — né en 1916 à Paimpont
  • Louyer Louis — Telhouët — né en 1885 à Bazouges-la-Pérouse
  • Melan Nicole — Coganne — née en 1874 à Camors
  • Olivry Arsène — Coganne — né en 1885 à Quédillac

En 1936, les charbonniers de Paimpont ne sont plus que neuf, issus de sept familles 10

  • Courtel Jean-Baptiste — Le Cannée — né en 1896 à Plaintel
  • Galliot Jean — Le Gué — né en 1902 à Camors
  • Galliot Joseph — Le Gué — né en 1898 à Camors
  • Guegan, Jean — Le Cannée — né en 1900 à Lanvaudan
  • Le Foulgoc Marie — Le Cannée — née en 1901 à Lanvaudan
  • Louyer Eugène — Telhouët — né en 1916 à Paimpont
  • Louyer Louis — Telhouët — né en 1885 à Bazouges-la-Pérouse
  • Méheut Marie — Le Cannée — née en 1895 à Saint-Julien
  • Soulabail Jean-Marie — Le Cannée — né en 1915 à Saint-Jacut

Les charbonniers du bois de Montfort

Les bois en périphérie de la forêt de Paimpont (Montfort-sur-Meu, Montauban-de-Bretagne, Le Bois-de-la-Roche, etc.) sont aussi exploités par des charbonniers - négociants comme M. Berrée.

Mon frère allait cuire à Saint M’Hervon de l’autre côté de Montauban ; mes sœurs, pendant la guerre faisaient du charbon dans le bois du Buisson. Mon bonhomme allait jusqu’au Grès Saint-Méen, deux fois dans la nuit voir sa fouée : il ne fallait pas qu’elle brûle, on aurait eu de la cendre et pas de charbon. Une fouée de seize cordes mettait cinq jours à cuire. Quand le charbon était fait, les femmes en remplissaient les sacs de toile liés avec de la ficelle. Monsieur Berrée, avec son camion, faisait « la chine » dans les épiceries : des sacs de 2 et 4 kilos pour les fers à repasser à charbon.

Témoignage de madame Desgrée, de « l’Ânière » dans le bois de Montfort in LAPEYRE, M., « Une vie avec la forêt », Glanes en pays pourpré, Vol. 19, 1988, p. 9-11, Voir en ligne.
Mme Desgrée, de l’Anière en Montfort, à l’exposition du Châtenay sur les charbonniers en 1981
Guy Larcher

1939-1944 — Les charbonniers pendant la Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions sur l’essence ouvrent de nouveaux débouchés aux charbonniers. La transformation du bois en charbon de bois connait un pic d’activité avec la technique dite du « four à braisette ».

La guerre va changer du tout au tout la donne : les occupants rationnent à l’extrême l’essence et le charbon. Pour se tirer d’affaire, les Français utilisent le moteur à gaz pauvre produit par des gazogènes pour faire tourner leurs voitures, leurs camionnettes, les machines agricoles ; les petites entreprises de métallurgie réclament du charbon de bois et de la braisette pour pallier le manque de houille.

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.

Le bois est cuit dans des fours en métal en forme de coffres ou de marmites approvisionnés en fagots ou petites billettes, donnant un charbon de moins bonne qualité. La fabrication se fait en deux jours : le chargement et la cuisson durent une journée ; l’extinction et l’extraction ont lieu la nuit suivante.

Au four c’est pas pareil. C’est pas le même charbon de toute façon, c’était plus petit. C’était fait avec des fagots qu’y brûlaient, du petit bois. Pendant la guerre y faisaient ça camouflés, en cachette.

Célestine Maleuvre in GLAIS, Pascal, GOOLAERTS, Laurent et CHENU, Frédéric, Charbonniers de Brocéliande : L’art de la fouée, Amis de la Bibliothèque de Paimpont, 2007, 86 p., Voir en ligne.
Vestiges de fours à braisettes en forêt de Paimpont
Pascal Glais

Entre 1940 et 1944, le camp militaire allemand de Point-Clos, sur Gaël, est le principal employeur de la région. Cependant, le travail de bûcheronnage ou de carbonisation reste une alternative pour gagner sa vie sans travailler pour l’armée allemande.

Ce juteux centre économique [Point-Clos] n’est pas sans incidences. Seules les quatre entreprises qui se partagent la forêt de Paimpont pour la confection du charbon de bois peuvent rivaliser.

MONTGOBERT, Gilles, Liberté retrouvée en Pays de Brocéliande, Office Culturel du District de Mauron, 1994. [pages 17-18]

Le nom de quatre de ces entreprises de carbonisation nous est connu.

  • L’usine de carbonisation des Forges de Paimpont
  • L’entreprise Eugène Berson de Concoret
  • L’entreprise Brouard-Giraudet d’Ancenis
  • L’entreprise Deron de Beignon

L’usine de carbonisation des Forges de Paimpont

Le 20 avril 1943, la fonderie des Forges de Paimpont cesse son activité sur ordre de l’armée allemande. Selon Jean Soufflet, ancien ouvrier de la fonderie, une partie des installations est utilisée par les Allemands pour fabriquer du charbon de bois avec du bois acheminé par train.

Ils avaient monté pendant la guerre une usine de carbonisation de bois dans les bâtiments d’affinerie, les bâtiments qui sont encore restés là, le laminoir dans le temps. Et là dessus, il y avait des fours électriques et il y avait peut être bien 30 ou 40 ouvriers, 40, 50, qui faisaient partie du camp de Gaël là, d’aviation. C’était des Allemands mais enfin on avait des civils là. Oui et quand ça a fermé l’usine, on est allé là travailler le reste de la guerre quoi. [...] ! Je ne sais pas où c’était expédié parce que le travail qu’on leur a fait, on en a pas beaucoup sorti ! Le moins possible ! C’était des Français, mais alors, bon enfin je vous en dis pas plus. Mais c’était le commandant de Point-Clos là-bas. C’était un lieutenant. [...] Le bois, il venait par le train. Ils faisaient venir le bois de je ne sais pas d’où par le train et on cuisait ça là.

CUCARULL, Jérôme, « Résultat de l’étude ethno-historique sur la fonderie de Paimpont », Paimpont — Plélan-le-Grand, Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU), 2003, p. 49, Voir en ligne. [page 18]

Une petite partie de la production est néanmoins réalisée avec du bois coupé en forêt de Paimpont.

Il y en avait, mais pas tout, pas tout non. Oui, parce qu’ils en carbonisaient pas mal. Ils carbonisaient. Ils récupéraient le jus du bois, ils mettaient ça dans des bidons. Ils n’ont jamais servi à rien, je crois, mais enfin (sourire).

CUCARULL, Jérôme, « Résultat de l’étude ethno-historique sur la fonderie de Paimpont », Paimpont — Plélan-le-Grand, Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU), 2003, p. 49, Voir en ligne. [page 18]

L’entreprise Berson de Concoret

L’entreprise Berson de Concoret est avant guerre l’un des principaux acteurs des marchés du bois en forêt de Paimpont. Dès 1940, s’appuyant sur un petit noyau de vétérans charbonniers de Paimpont et de Camors, Eugène Berson fait revenir au bois leurs anciens compagnons dispersés et forme à la hâte de nouveaux charbonniers.

Eugène Alexandre Berson rassemble autour de son négoce les forces vives de plus de 300 charbonniers qui vont travailler sur plusieurs forêts de la Bretagne centrale dont celle de Paimpont et organise la commercialisation de leur production.

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.

Fours à braisette

À partir d’août 1941, Eugène Berson passe commande de fours à braisette auprès des Établissements C. Delhommeau à Cléré-les-Pins (Indre-et-Loire).

  • en août 1941 : 12 fours rémanents rectangulaires à cuisson continue —  BERSON, Eugène, « Lettre d’Eugène Berson aux établissements C. Delhommeau du 17 aout 1941 », E. Berson Concoret, 1941, Voir en ligne. —
  • en janvier 1942 : 3 fours rémanents rectangulaires à cuisson continue
  • en mars 1943 : 2 fours rémanents rectangulaires à cuisson continue —  BERSON, Eugène, « Lettre d’Eugène Berson aux établissements C. Delhommeau du 27 mars 1943 », E. Berson Concoret, 1943, Voir en ligne. —
Appareils spéciaux - Série "Rémanents" pour la carbonisation des bourrées et menus bois de 5 à 35m/m de diamètre
—  ETABLISSEMENTS C. DELHOMMEAU, « Etablissements C. Delhommeau - Appareils de Carbonisation Automatique », 1941. —
  • en juillet 1942 : 2 fours "Nilmelior" pour les usagers de gazogènes formé de deux anneaux superposés
Four "Nilmenior" pour les usagers de Gazogènes
Cet appareil est formé de deux anneaux superposés, et fait une opération chaque jour, pour produire 73 à 100kg de charbon. —  ETABLISSEMENTS C. DELHOMMEAU, « Etablissements C. Delhommeau - Appareils de Carbonisation Automatique », 1941. —

Les charbonniers d’Eugène Berson

D’anciens ouvriers de l’entreprise de fonderie des Forges, fermée en avril 1943, sont pour partie employés par Eugène Berson dans des métiers forestiers, bûcheronnage ou fours à braisette.

  • Maurice Denis

Maurice Denis fera de la braisette pour les gazogènes pour le compte du même entrepreneur [Eugène Berson].

CUCARULL, Jérôme, « Résultat de l’étude ethno-historique sur la fonderie de Paimpont », Paimpont — Plélan-le-Grand, Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU), 2003, p. 49, Voir en ligne. [page 18]

Un document provenant du fonds d’archives Eugène Berson, mentionne la liste des assurés sociaux travaillant pour son compte au 2 février 1944. Plusieurs charbonniers déjà présents sur les recensements de Paimpont de 1931 et 1936 y sont mentionnés.

Liste des assurés sociaux travaillant pour le compte d’Eugène Berson en février 1944
—  BERSON, Eugène, « Assurances Sociales Rennes », Caisse Mutuelle d’Assurance Sociale Agricole, 1944, Voir en ligne. —
  • Joseph et Jean Marie Le Gallio
  • Jacques et Marie Guégan
  • Philippe Guégan

Les témoignages de Célestine Maleuvre 12 et Roger Guégan attestent que Philippe Guégan (1921-2000) a travaillé au four à braisette durant la Seconde Guerre mondiale. Nous ne connaissons pas son employeur mais pouvons présumer que comme ses parents Jacques et Marie Guégan, il travaille pour Eugène Berson.

Pendant la guerre y avait des marmites et des fours à braisette. Philippe Guégan a fait ça.

Célestine Maleuvre in Glais, Pascal (2007) op. cit.
Philippe Guégan dans le film de Jean-Pierre Le Bihan
—  LE BIHAN, Jean-Pierre, « La fouée.. d’un charbonnier (film) », 1991. —
Jean-Pierre Le Bihan

Dans l’époque on faisait du charbon c’était pendant la guerre ou après la guerre un peu : parce que pendant la guerre y avait les gazogènes. Les moteurs marchaient au charbon, les moissonneuses-batteuses. Y faisaient des petits sacs de deux kilos. Y vendaient ça chez les tailleurs. Y avait des fers à repasser au charbon à l’époque. C’était de la braisette qu’y faisaient dans leurs fours, c’était pas pareil. Ça servait pour les gazos et après c’est venu pour les barbecues. Ça servait aussi à Couëron (Loire-Atlantique). Y avait une usine de cuivre 13. Y faisaient venir ça par camions complets.

Roger Guégan in Glais, Pascal (2007) op. cit.

L’entreprise Brouard-Giraudet d’Ancenis

Entre 1940 et 1945, l’entreprise Brouard-Giraudet d’Ancenis (Loire-Atlantique) emploie quatre vingts personnes à la carbonisation du charbon de bois en forêt de Paimpont.

Les charbonniers de l’entreprise Brouard-Giraudet en forêt de Paimpont durant la Seconde Guerre Mondiale
Pierre Petiteau, Dolias Riallé, Fernand Bondu d’Ancenis et Francis Robin. —  BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne. —

Témoignages

Le journaliste Cyrille Bouyer a recueilli les témoignages d’anciens employés de cette entreprise - Robert Rincel, Roger Legras et José Guillon - qu’il a publiés dans un article des Infos du Pays de Ploërmel.

Les charbonniers de l’entreprise Brouard-Giraudet en forêt de Paimpont durant la Seconde Guerre Mondiale
—  BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne. —
  • Robert Rincel

Robert Rincel, chef d’exploitation forestière de 1940 à 1945 y livre de nombreuses informations sur l’activité de l’entreprise Brouard-Giraudet.

Le Comte Le Gualès de Mézaubran, qui possédait 2800 hectares, nous a demandé d’exploiter le taillis autour de la Grenouillère et de Ponthus. Nous étions 80 personnes dont beaucoup de bûcherons recrutés vers Locoal-Camors, Baud et Pluvigner. Les charbonniers étaient recrutés dans les villages alentours et nous les formions. Ils logeaient avec leurs familles dans des cabanes en bois dans la forêt, recouvertes de papier goudronné fabriqué chez Boulé au Bois-de-la-Roche. Les murs étaient en planches recouverts de journaux. Nous passions l’hiver en forêt de novembre jusqu’en juin. Des enfants sont même nés dans ces cabanes...

Témoignage de Robert Rincel in BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.
  • Roger Legras

Roger Legras, charretier, décrit la technique employée par cette entreprise pour carboniser le bois.

Nous débardions le bois à l’aide de 1200 m de câbles et possédions six fours en tôle d’environ 2m 50 de haut. Il fallait 11 stères pour remplir le four. La carbonisation durait 24 h et s’effectuait par le haut. Les fagots de bois étaient empilés en pyramide et souvent au lever du jour, on voyait des chevreuils sauter par dessus. C’était un vrai régal ! [...] Nous en vendions aussi aux Allemands.

Témoignage de Roger Legras in BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.
Les charbonniers de l’entreprise Brouard-Giraudet en forêt de Paimpont durant la Seconde Guerre Mondiale
Figurent au dos de ce document les noms de Pierre Petiteau, Francis Robin et Fernand Bondu. —  BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne. —
  • José Guillon

José Guillon travaille pendant trois ans dans l’entreprise Brouard-Giraudet. Il y officie d’abord comme débardeur en compagnie du charretier Roger Legras.

J’avais 16 ans quand j’ai été embauché dans l’entreprise Brouard-Giraudet [...] Mon frère Constant y travaillait déjà. J’accompagnais Roger Legras le charretier. Les plus grosses billes de bois de 10 à 12 m de long étaient montées à l’aide du diable sur le plateau qui était tiré par deux chevaux. Pour les billots plus petits et les rondins, nous utilisions l’autre plateau tiré par un seul cheval.

Témoignage de José Guillon in BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.
Les charbonniers de l’entreprise Brouard-Giraudet en forêt de Paimpont durant la Seconde Guerre Mondiale
—  BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne. —

Après avoir travaillé à la scierie de la Saudraie (Mauron), il travaille comme charbonnier au four à braisette.

On chargeait le four au matin. Au fond, on mettait des sacs, du petit bois, puis on remplissait les cinq étages par le haut. Une fois le feu pris, on le mettait en veilleuse pour la nuit. Le lendemain matin, on ouvrait les trappes d’aération, puis après quelques heures, quand les braises étaient blanches, on colmatait à l’aide de glaise tous les trous d’air pour l’étouffer. Il fallait ensuite le laisser refroidir, quelquefois en versant un peu d’eau puis le vider. Les chênes étaient écorcés en manchon d’1m 80 pour obtenir un charbon de bois de meilleure qualité qui donnait un rendement supérieur d’environ 20%. L’écorce était acheminée au Roc-Saint-André où elle servait au tannage des peaux. En 1945, l’entreprise est partie pour Coëtquidan. Je suis resté ici pour aider mes parents qui avaient besoin de moi.

Témoignage de José Guillon in BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.
Les charbonniers de l’entreprise Brouard-Giraudet en forêt de Paimpont durant la Seconde Guerre Mondiale
—  BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne. —

Le groupe du Parc Jacques

Durant la Seconde Guerre mondiale, le travail en forêt permet à des réfractaires au Service du Travail Obligatoire d’échapper à la surveillance allemande et pour certains d’entre eux de se joindre à des maquis.

[Des entreprises] engagent de nombreux réfractaires au S.T.O. Ces éléments qui se côtoient en forêt, plus mal payés, vont être le réservoir des premiers noyaux de résistance comme celui du Parc Jacques. [...] Le groupe du Parc Jacques est constitué par Georges L. [Georges Lenglet] alias Grégor, Marcel Grebet et Jean Brener, trois réfractaires au S.T.O. Il comprend 12 personnes qui rejoindront le maquis de Saint-Marcel. Georges L. travaille chez Launay à Folle Pensée.

MONTGOBERT, Gilles, Liberté retrouvée en Pays de Brocéliande, Office Culturel du District de Mauron, 1994. [page 34]

L’entreprise Brouard-Giraudet embauche plusieurs de ces réfractaires au S.T.O. Roger Legras, témoigne de l’importance des activités clandestines de l’entreprise Brouard-Giraudet durant la guerre, notamment couvertes par le chef d’exploitation forestière, Robert Rincel.

Nous recrutions également des réfractaires au travail obligatoire et des prisonniers évadés. Un ami m’avait fait parvenir 50 cartes d’identité vierges de la préfecture de Vannes. Il ne restait plus qu’à y mettre une photo et un tampon et le tour était joué. Nous avions recruté un Marocain, Arsène, une vraie armoire à glace, et Joseph, un Algérien, prisonnier évadé qui avait tué plusieurs Allemands.

Témoignage de Roger Legras in BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.

Arsène, qui loge dans des baraquements proches de la scierie de la Saudraie, rejoint le maquis de Saint-Marcel en 1944.

Nous mangions dans des baraquements à côté. J’ai su plus tard que des Résistants y avaient caché des armes sous un double plancher. Arsène le Marocain a même combattu dans le maquis de Saint-Marcel. Un jour qu’il y avait eu un parachutage d’armes, nous avons été arrêtés et conduits à la Kommandantur des Forges. Arsène a prétexté avoir perdu ses papiers, lui qui n’en avait pas ! Les Allemands l’ont gardé une nuit puis l’ont relâché en lui donnant quelques jours pour faire refaire ses papiers. Pour le faire oublier, Robert Rincel l’a envoyé dans la forêt de Lanouée pendant un mois.

Témoignage de José Guillon in BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.

C’est aussi le cas de Marcel Hervé, originaire du « Boissy » en Néant-sur-Yvel (Morbihan). Durant la guerre, il travaille comme charbonnier avant de rejoindre le maquis de Saint-Marcel avec Georges Lenglet à l’été 1944.

En 1941, à 19 ans, pour vivre sous l’occupation, la liberté c’est de pouvoir travailler. Je gagne chaque jour la forêt de Paimpont pour la confection du charbon de bois dans l’entreprise Brouard-Giraudet d’Ancenis.

Témoignage de Marcel H. - « Le Boissy » - in MONTGOBERT, Gilles, Liberté retrouvée en Pays de Brocéliande, Office Culturel du District de Mauron, 1994. [page 39]

Guy Lucas s’est lui aussi caché en forêt de Paimpont pour échapper au S.T.O. Ami de Marcel Hervé et de Georges Lenglet, il fait du four à braisette en forêt de Paimpont avant de rejoindre le maquis de Saint-Marcel.

Marcel, Georges et Guy : voila reconstitué le trio qui a souffert lors de la terrible retraite après le maquis de Saint-Marcel. Mais j’ai, moi aussi, de joyeux souvenirs du temps des grands fours à charbon de bois à Ponthus avec Marcel Hervé, costaud, plein d’entrain et toujours joyeux, surtout quand la journée était terminée.

LUCAS, Guy, « Lettre à Marcel Hervé », 1998, Voir en ligne.

L’entreprise Deron de Beignon

Nous ne possédons pas d’informations sur l’activité de l’entreprise Deron de Beignon durant la Seconde Guerre Mondiale en dehors du témoignage de Joseph Boulé.

Monsieur Deron, de Beignon, réunit de son côté une vingtaine (?) de charbonniers.

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.

1946-1973 — Derniers fours à braisette, derniers charbonniers

Au sortir de la guerre, l’activité charbonnière se maintient en forêt de Paimpont tant que durent la pénurie d’essence et le bon état des gazogènes.

Des progrès sont même réalisés grâce à l’usage de fours métalliques transportables fournis par les Américains.

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.
Four à braisettes
Les Hindrés
Alain Bellido

Au recensement de 1946, vingt-deux charbonniers sont encore en activité à Paimpont 14 :

  • Courtel Cyprien (1896) — Thimonbert
  • Courtel Marie, épouse Méheut (1894) — Thimonbert
  • Guégan Jean Marie (1900) — Telhouët
  • Guégan Jacques ( 1895) — Coganne
  • Guégan Philippe ( 1921) — Coganne
  • Guégan Henri (1928) — Coganne
  • Guégan Roger ( 1931) — Coganne
  • Hamard Frédéric (1889) — Ville Danet
  • Hamard Maurice (1930) — Ville Danet
  • Le Courioux Jean (1885) — Le Cannée
  • Le Courioux Jean (1923) — Le Cannée
  • Le Courioux Noël (1925) — Le Cannée
  • Le Galliot Joseph (1898) — Thimonbert
  • Le Galliot Jean (1905) — Thimonbert
  • Le Golfan N* (1922) — Thimonbert
  • Le Nicol Joachim (1890) — Thimonbert
  • Le Nicol Joseph (1921) — Thimonbert
  • Louyer Louis (1885) — Telhouët
  • Olivry Arsène (1886) — Telhouët
  • Olivry Rosalie (1886) — Telhouët
  • Olivry Siméon (1927) — Telhouët
  • Renouard Victor (1906) — Telhouët

À partir de 1952, le renouvellement du parc automobile et la fin de la pénurie d’essence provoquent un second effondrement de la filière. MM. Berson et Deron arrêtent leurs négoces définitivement. En deux ou trois ans, la plupart des charbonniers quittent le métier.

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.

En 1954, ils ne sont plus que six à exercer cette profession à Paimpont 15.

  • Chotard Joseph (24-08-1907) — Bonamenais
  • Courtel Cyprien (07-10-1896) — Coganne
  • Guégan Roger (20-06-1931) — Coganne
  • Le Galliot Jean-Marie (05-11-1903) — Trédéal
  • Maleuvre Jean-Marie (20-09-1905) — Trédéal
  • Olivry Siméon (28-04-1927) — Trédéal

En 1962, il ne reste qu’un seul charbonnier recensé à Paimpont, Joseph Noblet (né en 1921).

Seul charbonnier recensé avec son fils en 1968 16, Victor Renouard a dû s’organiser pour continuer à faire du charbon de bois. L’absence de débouchés ainsi que la disparition de la filière l’oblige à acheter lui-même ses coupes, à faire son charbon, à trouver des acheteurs et à le livrer. Il achète un camion pour les livraisons et établit son entrepôt au moulin de la Rosière, à proximité du Gué en Plélan-le-Grand.

On a arrêté parce qu’y avait plus de patron. Fallait trouver où l’envoyer le charbon. Mon père c’était bien, mais faire soi-même, acheter son bois, faire comme y faisait le gars à la fin, Renouard. À la fin y n’avait plus d’ouvrier, ou des ouvriers qu’y prenait comme ça. Y travaillait pour lui et puis y vendait. Il achetait une coupe complète, trois cents, quatre cents cordes et ça y était. Il avait un petit camion pour le charbon.

Témoignage de Roger Guégan in Glais, Pascal (2007) op. cit.

En 1973, Victor Renouard éteint sa dernière fouée sur la côte de Beauvais, mettant un point final à 2 500 ans de pratique du charbonnage en Forêt de Paimpont.

La dernière fouée de Victor Renouard en 1973
Bernard Le Garff

Bibliographie

BOULÉ, Joseph, « La vie au XVIIIe siècle en Centre-Est-Bretagne (suite 3e partie) : Les artisans et ouvriers de la filière métallurgique -1ère partie », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 28 - 4e trimestre, 2009, p. 21-24, Voir en ligne.

BOULÉ, Joseph, « Charbonniers en forêt de Paimpont : le temps du libéralisme de 1791, à nos jours (seconde partie) », Revue du Cegenceb, Souche, Vol. 71 -3ème trimestre, 2020, p. 22-31 (I-IV), Voir en ligne.

BOUYER, Cyrille, « Charbonniers en forêt de Paimpont », Les Infos du Pays de Ploërmel, 1999, p. 18, Voir en ligne.

CUCARULL, Jérôme, « Résultat de l’étude ethno-historique sur la fonderie de Paimpont », Paimpont — Plélan-le-Grand, Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU), 2003, p. 49, Voir en ligne.

GLAIS, Pascal, GOOLAERTS, Laurent et CHENU, Frédéric, Charbonniers de Brocéliande : L’art de la fouée, Amis de la Bibliothèque de Paimpont, 2007, 86 p., Voir en ligne.

MONTGOBERT, Gilles, Liberté retrouvée en Pays de Brocéliande, Office Culturel du District de Mauron, 1994.


↑ 1 • Le nombre de charbonniers fluctue ensuite entre 12 et 17 jusqu’en 1931.

↑ 2 • Vers 1905 Eugène Alexandre Berson trouve à emprunter auprès de la famille de Charette et ouvre une scierie mécanique qui aura du succès. Il a le soutien des propriétaires forestiers de Paimpont qui espèrent beaucoup d’une implantation d’une grosse scierie.

↑ 3 • Camors (Morbihan) se trouve à 65 km de Paimpont. La forêt domaniale de Camors est située à l’ouest de la localité.

↑ 4 • C’est le cas d’Arsène Olivry, charbonnier en 1931, bûcheron en 1936 puis à nouveau charbonnier en 1946.

↑ 5 • 2 originaires de Camors ; 4 de Paimpont ; 2 de Sainte-Brigitte ; 4 du Gâvre

↑ 6 • 6 des environs de Paimpont ; 5 du Gâvre

↑ 7 • 5 de Paimpont ; 3 de Camors ; 1 du Gâvre

↑ 8 • 7 des environs

↑ 9 • 1 de Paimpont ; 4 de Camors

↑ 10 • 1 de Paimpont ; 2 de Camors ; 2 de Lanvaudan

↑ 11 • Jean-Marie Guégan a peut-être travaillé à l’usine de carbonisation des Forges jusqu’en avril 1943 comme le témoignage de sa fille Célestine pourrait le laisser penser.

Pendant la guerre, mon père a été mobilisé. Les Allemands l’avaient réquisitionné pour travailler. Il faisait du charbon de bois pour le gazogène.

Célestine Maleuvre in Glais, Pascal (2007) op. cit.

↑ 12 • Célestine Maleuvre a mentionné le nom d’un autre charbonnier ayant travaillé au four à braisette durant la Seconde Guerre mondiale.

Lemel il a fait du charbon de bois au four sûrement, vu que je l’ai jamais vu faire du charbon de bois. On dit qu’il avait fait ça pendant la guerre, mais moi j’habitais pas ici.

Célestine Maleuvre in Glais, Pascal (2007) op. cit.

↑ 13 • Cette usine a été construite en 1861 au bord de la Loire à Couëron, pour traiter le minerai de plomb et laminer le laiton et le cuivre. Elle appartenait à la Société des fonderies et laminoirs de Couëron qui a cessé son activité en décembre 1988 dans le cadre de l’entreprise Tréfimétaux, après avoir connu plusieurs raisons sociales.

↑ 14 • Le recensement mentionne le nom, la date de naissance et le lieu d’habitat des charbonniers

↑ 15 • Victor Renouard est absent du recensement de Paimpont de 1954. Il est pourtant encore en activité puisque Roger Guégan - après avoir travaillé pour Berson, puis Deron - dit avoir travaillé chez Renouard. Son absence est certainement due à l’établissement de son entrepôt au moulin de la Rosière à proximité du Gué, en Plélan-le-Grand.

↑ 16 • Victor Renouard - né le 22-04-1906 - et son fils Jean C. - né le 14-05-1947 - au Pertre (Tertre ?) en Paimpont, sont les deux seuls charbonniers recensés en 1968.