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1999

La Grande Brune

Un conte d’Ernestine Lorand

La Grande Brune est un conte d’Ernestine Lorand dans lequel Mathurin est prêt à tous les sacrifices pour épouser la belle Angèle.

Un conte d’Ernestine Lorand

La Grande Brune est un conte créé par Ernestine Lorand en 1978 et conté à l’occasion des Assemblées gallèses tenues à Concoret en 1982. Ernestine Lorand a raconté à Christian Leray le contexte dans lequel elle l’a créé.

Puis après, est arrivé Jean-Michel 1 ; c’était en 1978, il passait me demander la clef du foyer rural pour une réunion de gallo ; je reste avec lui par là-dedans et je lui demande ce qu’ils veulent faire. « Eh ben on voudrait des gens qui chantent en gallo. Ma, je ne savais pas tellement de chansons, seulement des bouts, tu penses ! Et puis là dessus, il me dit qu’ils vont revenir l’année prochaine pour les assemblées gallèses 2. Eh ben dam là, j’ai commencé « la grande brëne » pour les Assemblées. » On a commencé les Assemblées gallèses le dimanche matin ; Gilles [Morin] est arrivé avec des conseillers municipaux et a dit : « Eh ben Ernestine dis nous donc ce que tu as fait ! » et je leur ai conté « La grande brëne » à tous les conseillers.

LERAY, Christian et LORAND, Ernestine, Dynamique interculturelle et autoformation : une histoire de vie en Pays gallo, Paris, L’Harmattan, 1995, Voir en ligne. [page 243]

La Grande Brune a été publié pour la première fois en 1982 dans un numéro spécial de la revue Le Lian. —  COLLECTIF, Anthologie de littérature Gallèse Contemporaine, Les amis du parler Gallo, 1982, (« Le lian »). —

La grande breüne
Illustration du texte « La grande breüne » dans —  COLLECTIF, Anthologie de littérature Gallèse Contemporaine, Les amis du parler Gallo, 1982, (« Le lian »). —
Anne-Marie Nielsen

Ce conte a par la suite été publié en 1995. —  LERAY, Christian et LORAND, Ernestine, Dynamique interculturelle et autoformation : une histoire de vie en Pays gallo, Paris, L’Harmattan, 1995, Voir en ligne. [pages] —

En 1999, il est édité en français et en gallo, dans un recueil de contes populaires de Brocéliande. —  LORAND, Ernestine, « La grande brune / La grandd breunn », in Carrefour de Trécélien, (éd.). Contes et légendes de Brocéliande, Éd. Carrefour de Trécélien, Terre de Brume, 1999, p. 218-221. —

Qualifié d’allègre version du facétieux conte de type "Le reflet de la lune dans l’eau/le puits", le conte est intégré en 2012 à l’anthologie des Contes et légendes d’Ille-et-Vilaine publiée par le conteur Jean-Pierre Mathias.—  LORAND, Ernestine, « La grande brune », in Jean-Pierre Mathias. Contes et légendes d’Ille-et-Vilaine, Paris, De Borée, 2012, p. 60-61. —

Le récit intégral de La Grande Brune

C’est l’histoire de la Grande Brune et de Mathurin. Mathurin vivait chez son père et sa mère qui avaient trois vaches, dont une la Grande Brune. Mathurin aimait bien la fille du père Antoine, elle s’appelait Angèle... Mais elle n’aimait point Mathurin.

Un jour, il se décide d’aller voir chez ses parents. Il se mit tout beau et il n’était pas si vilain que ça quand il s’habillait bien.

— Père Antoine, j’aime bien Angèle et je voudrais bien la marier.

— Eh bien, va lui parler, mon gars, elle est dans l’étable !

— On fera des noces si tu m’apportes la lune...

Le pauvre Mathurin s’enfuit par la porte de derrière de peur qu’on ne le vit et tous les soirs, il restait là debout à reluquer la lune en se disant : « Comment je vais bien faire pour l’attraper ». Des fois, il restait là jusqu’au matin. Un soir qu’il menait les vaches à boire à la mare aux grenouilles, la lune se reflétait juste sur la mare. Ah, se dit Mathurin, voilà bien ma chance, mais comment m’en approcher ? Que d’eau, que d’eau ! Si je tombe dedans, je vais me noyer et adieu Angèle.

Le temps passait et tout à coup voilà la Grande Brune qui avale la lune ! Un nuage avait dû passer par là. Mathurin s’énerva : « Allez, les vaches ! » Et que je te pousse et que je te tape tant et si bien qu’il arriva dans l’étable tout essoufflé.

— Papa, dit-il, je vais me marier !

— Ce soir ? S’étonna le père, mais il fait nuit !

— Ça ne fait rien, répliqua Mathurin, c’est à cause de la Grande Brune, elle a avalé la lune d’Angèle !

— Qu’a-t-il donc mon garçon ? Se dit le père qui n’y comprenait rien.

Mathurin ne demanda point son reste et s’en fut chercher un voisin qui était boucher à l’occasion pour tuer la vache.

— Ah, moi je veux bien, si ton père le veut, dit le voisin.

— Il veut, il veut pas, c’est du pareil au même. Je veux la lune pour Angèle

Le voisin avait de la peine à croire Mathurin qui soutenait que la lune se trouvait dans la panse de la Grande Brune. Mais, rien à faire, il fallut bien s’exécuter. Vous comprenez donc bien pourquoi Mathurin est toujours vieux garçon et que depuis ce jour-là, il n’a plus jamais regardé la lune en face.

Le pauvre Mathurin, il a tout perdu. Son père est mort de chagrin. De honte, Angèle s’en est allée au loin. Et la Grande Brune, à cause des couteaux du voisin, a eu une bien triste fin.

—  LORAND, Ernestine, « La grande brune / La grandd breunn », in Carrefour de Trécélien, (éd.). Contes et légendes de Brocéliande, Éd. Carrefour de Trécélien, Terre de Brume, 1999, p. 218-221. —


Bibliographie

COLLECTIF, Anthologie de littérature Gallèse Contemporaine, Les amis du parler Gallo, 1982, (« Le lian »).

LERAY, Christian et LORAND, Ernestine, Dynamique interculturelle et autoformation : une histoire de vie en Pays gallo, Paris, L’Harmattan, 1995, Voir en ligne.

LORAND, Ernestine, « La grande brune / La grandd breunn », in Carrefour de Trécélien, (éd.). Contes et légendes de Brocéliande, Éd. Carrefour de Trécélien, Terre de Brume, 1999, p. 218-221.

LORAND, Ernestine, « La grande brune », in Jean-Pierre Mathias. Contes et légendes d’Ille-et-Vilaine, Paris, De Borée, 2012, p. 60-61.


↑ 1 • Jean-Charles Michel

↑ 2 • Les premières Assemblées gallèses ont lieu à Plédéliac (22). Elles ont lieu à Concoret de 1981 à 1983.