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1791-1865

Marot abbé Pierre

Un pionnier morbihannais de l’archéologie

L’abbé Marot, curé de Rochefort-en-Terre, est un pionnier de l’archéologie qui a décrit dès 1835 plusieurs sites mégalithiques des communes d’Augan, Campénéac et Néant-sur-Yvel (Morbihan).

Éléments biographiques

Pierre Marot est né à Mohon (Morbihan) en 1791. Issu d’une famille de laboureurs, il fait ses études dans sa paroisse natale, puis entre au séminaire en 1814. Ordonné prêtre en 1816, il est d’abord nommé vicaire à Pleucadeuc puis à Beignon. Il devient par la suite recteur du Roc Saint-André puis de Sérent jusqu’en 1844. Il est alors nommé curé doyen de Rochefort-en-Terre, paroisse où il terminera sa carrière ecclésiastique. —  GAUDIN, abbé, Allocution prononcée dans l’église de Rochefort le jour des obsèques de l’abbé Marot, Vannes, Imprimerie de L. Galles, 1865, Voir en ligne. —

Passionné d’histoire, l’abbé Marot recense les antiquités et collecte les croyances populaires sur toutes les paroisses où il exerce. Il n’a cependant jamais publié malgré une vie consacrée à la recherche. L’abbé est en relation avec de nombreux savants et érudits de son époque, notamment le chanoine Mahé, MM. Manet, de Fréminville, de Brédier, de la Borderie, Cayot-Delandre et l’abbé Piéderrière, à qui il envoie des pièces et des médailles gallo-romaines en 1851. —  MOISAN, André, « Un érudit oublié, Julien Piéderrière (1819-1886) », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, Vol. 137, 2011. [page 91] —

En 1845 et 1846, l’abbé Marot pratique des fouilles archéologiques en Rochefort-en-Terre. À 100 mètres au sud du bourg de Pluherlin, dans un champ nommé « le Météno », il découvre une villa gallo-romaine de 16 mètres de longueur sur 10 de largeur, divisée en six pièces. À la Ville-Julau, au nord de Rochefort, il trouve une suite de fondations en ciment romain. Enfin à la Grée-Mahé, il met au jour un temple octogonal, dont la fouille est reprise en 1866 par Alfred Fouquet.

Ses notes sont dispersées à sa mort. Une partie d’entre elles a été publiée par l’abbé Héligon dans un bulletin de la Société Polymathique du Morbihan. —  MAROT, abbé Pierre et HÉLIGON, abbé Joseph Judicaël, « Notes de l’abbé Marot », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1907, p. 275-302, Voir en ligne. pp. 275-300 —

L’un de ses carnets porte pour titre : « Polychronicon archeologicum ou notes relatives à quelques monuments anciens. » L’abbé Marot a été l’un des correspondants de l’abbé Mahé pour la rédaction de son inventaire des monuments mégalithique du Morbihan. Il lui a notamment envoyé une hache en bronze trouvée au Bois-du-Loup en Augan.

C’est sur le penchant de la très haute butte de Guénégan que l’on trouva en 1820, les instruments dont parle M. Mahé (p. 420). C’est moi qui lui envoyai celui qu’il a eu (il est maintenant au musée de Vannes).

Marot, Abbé (1835) op. cit., p. 297

L’abbé Marot a aussi envoyé ce manuscrit à M. Manet qui le lui a renvoyé le 15 novembre 1834. Il l’a aussi communiqué en juin 1847 à M. Cayot-Delandre pour son ouvrage sur les monuments du Morbihan. Ce dernier, qui a abusivement puisé dans les notes de l’abbé, n’a pas eu l’élégance de le remercier dans son ouvrage.—  CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1847, Voir en ligne. —

Mentions de sites archéologiques en Brocéliande

Augan

Nous connaissons plusieurs mégalithes d’Augan grâce aux notes de l’abbé Marot rédigées en 1835.

La grotte aux fées du Bois-du-Loup n’est pas la seule qu’Augan ait possédée : on voit les restes de plusieurs autres. 1° Dans les bois du Lémo, il y en avait une dont les supports étaient en quartz ; ils existent encore et indiquent la direction du monument. 2° À la Villemarquer (on l’a détruite pour construire un moulin). 3° Près de la métairie de Brambelec. 4° Près du Petit Belec.

Marot, Abbé (1835) op. cit., p. 298

Campénéac

À Campénéac, l’abbé mentionne un site mégalithique qui n’apparaît plus sur les inventaires archéologiques contemporains.

À un kilomètre de la Chapelle Saint-Jean en Campénéac, sur le chemin de Néant ; j’ai vu à gauche, à 25 m du chemin, un tombeau d’une espèce encore unique pour moi. Il consiste en deux pierres de 7 pieds de long enfoncées sur chant à deux pieds l’une de l’autre, recouvertes par une autre pierre plate ; les deux autres bouts étaient fermés par deux autres pierres enfoncées en terre. Ce tombeau est découvert, mais il n’a pas été fouillé. Entre ces deux grandes pierres qui forment comme une auge, j’ai enfoncé facilement une baguette de bois à deux pieds. Le fond est en rocher.

Marot, Abbé (1835) op. cit., p. 293

La situation géographique du monument ainsi que sa description concordent avec celle du Tombeau des Géants avant les fouilles archéologiques de 1982. Une différence de taille existe pourtant : les mesures prises par l’abbé ne sont pas celles du mégalithe. Les 7 pieds du monument équivalent à un peu plus de 2 mètres alors que celui-ci mesure le double. Si la description de l’abbé est celle du Tombeau des Géants, la dalle de couverture était toujours en place en 1835.

Néant

L’abbé Marot a également donné une description des Buttes aux Tombes.

La lande du Cerisier est couverte de monuments. J’ai examiné près du Perthuis-Neanti une élévation de 2 pieds sur une longueur de 30 ou 40 et 10 de large, terminée en ovale avec des cercles de pierres de deux pieds de haut qui suivent la même forme. Aux environs j’ai vu plusieurs tumulus en terre et sur l’un un reste de pierre fiche.

Marot, Abbé (1835) op. cit., p. 292

On a trouvé, en 1816, en faisant un chemin, une quantité prodigieuse d’ossements en un village voisin du Bois de la Roche. Ogée parle de cette bataille au VIIIe siècle.

Marot, Abbé (1835) op. cit., p. 292

L’abbé Marot pense-t-il à la bataille de Gurvant contre Pascweten ?


Bibliographie

CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1847, Voir en ligne.

FLEURY, père Jean, « Un curé savant à Rochefort : Mr Marot (2 mai 1844-26 mai 1866) », Bulletin paroissial de Rochefort-en-Terre, 1977.

GAUDIN, abbé, Allocution prononcée dans l’église de Rochefort le jour des obsèques de l’abbé Marot, Vannes, Imprimerie de L. Galles, 1865, Voir en ligne.

MAROT, abbé Pierre et HÉLIGON, abbé Joseph Judicaël, « Notes de l’abbé Marot », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1907, p. 275-302, Voir en ligne.

MOISAN, André, « Un érudit oublié, Julien Piéderrière (1819-1886) », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, Vol. 137, 2011.