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1124-1729

Saint-Samson de Telhouët

Un prieuré de l’abbaye Saint-Sulpice

Saint-Samson de Telhouët a été fondé en 1124 par Raoul II de Gaël sur la paroisse de Paimpont. Ce prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Sulpice-la-Forêt a abrité des bénédictines jusqu’en 1729. À leur départ, le prieuré a été affermé au profit de l’abbesse de Saint-Sulpice. Les bâtiments conventuels et les terres on été vendus comme biens nationaux à la Révolution.

Raoul II fondateur du prieuré Saint-Samson de Telhouët en 1124

En 1124, deux ans après avoir fondé le prieuré Saint-Barthélémy d’Iffendic dépendant de l’abbaye de Marmoutier, Raoul II, seigneur de Gaël-Montfort donne des terres situées à Telhouët, en forêt de Brécilien, pour fonder un prieuré dédié à saint Samson. Ce prieuré dépend de l’abbaye de Notre-Dame du Nid-au-Merle, près de Rennes, connue aujourd’hui sous le nom de Saint-Sulpice-la-Forêt.

L’original de la charte de fondation est perdu. Nous connaissons cependant ce texte par une traduction du 16e siècle, conservée dans le chartrier de Comper. Ce texte de fondation, dont rien ne laisse suspecter la fidélité, a été transcrit par Sigismond Ropartz —  ROPARTZ, Sigismond, « Thélouet », Revue de Bretagne et de Vendée, Vol. 39, 1876, Voir en ligne. pp. 174-175 —

Par laquelle salubrique considération, je, Raoul de Montfort, ému, ai disposé, donné et ordonné au Rémunérateur de tous biens, par la main des pauvres, aucunes choses de ce que je possède temporellement, pour la rédemption de mon âme, ensemble des âmes de mes épouses Havoise et Anne, de mes père et mère et aussi de mes enfants ; et si comme, par usure, je le baillais pour que par après j’en puisse recevoir multiplication au centième et la rétribution éternelle. Et afin que ce puisse être plus clairement fait, j’ai esleu, pour cette manière, nobles religieuses qui se soumettent de leur propre volonté à pauvreté sous l’habit monacal, en laissant pour ce tout le leur. Et pour ce, de ma libérale volonté, et o le consentement de ma compagne épouse Anne, et de mes fils Raoul et Guillaume, ait donné aux sacrimoniales, id est aux religieuses et frères de Notre Dame de Nid-Merle, servants en l’église de Saint-Samson de Thelouet, savoir : la terre de Thelouet avec l’église de Saint-Samson et le pâturage en la forêt, et… audit lieu et même la terre de Saint-Alan et l’église, semblablement la terre de Comper et l’église avec toute la tenue Rorel, le moulin de Tranchehu et la pêcherie des anguilles, la terre Gauttier, métayer et ses frères, et le mangier de Trevoucacel qui etoit en la main de dame Anne… et soixante sols de mes mangiers de Gaël, quinze sols de ceux en la terre de Saint-Malon. Et afin que cette donaison ait fermeté, je la consens par l’impression de mon sceau, et d’icelle donaison sont témoins, etc. Et fut faict en l’an de l’incarnation de Notre seigneur, mil cent vingt-quatre (1124), étant pape à Rome, Caliste second, et roi en France, Louis, fils Philippe, Conan fils Alain Fergent etant comte en Bretagne et Denoual étant évêque.

Sigismond Ropartz (1876) op. cit., vol. IX, pp. 174-175

L’acte de fondation de Saint-Samson mentionne explicitement les nombreux biens donnés par Raoul II, qui selon l’abbé Guillotin auraient été constitués principalement de biens monacaux. Il s’agit d’une donation importante comprenant trois églises et leurs terres.

On y voit confiées au zèle pastoral des religieux trois chapelles où églises tréviales et tout un territoire donné à la prieure, qui, suivant la règle de Saint-Sulpice, avait en matière temporelle la souveraine autorité, même sur les moines.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 347

Trois autres mentions de l’abbaye au 12e siècle

1127 — Sanctu Sanson de Teleio

En 1127, soit une dizaine d’années après la fondation de l’abbaye Saint-Sulpice par Raoul de La Futaie, l’archevêque de Tours prend sous sa protection huit biens et possessions appartenant à l’abbaye dont celle de Saint-Samson de Telhouët.

Nos tam monasterium beatae Mariae et sancti Sulpicii, quam res et possessiones adillius pertinentes sub nostra et nostrae ecclesiae suscipimus tutela. Unde et praesentis pagina privilegii, quantum ad nos pertinet, statuimus ut quaecumque bona, quascumque possessiones in Turonensi provincia vel in praesenti tempore vel in futurum largiente adipisci juste et canonice poteritis, vobis et his qui vobis successerint fi ram et illibata permaneant, videlicet : ecclesia sanctae Mariae Scotiae, in episcopatu Nannetensi, et in eodem episcopatu, ecclesia sanctae Radegundis cum pertinentiis suis, et sanctae Honorinae de Heric et insulade Graia ; in episcopatu Cornugaliensi, ecclesia sanctae Mariae de Locmaria, cum pertinentiis ; in episcopatu Cenomanensi, ecclesia sancti Martini de Fonte, cum pertinentiis suis ; in episcopatu Aletensi, sanctu Sanson de Teleio ; in Andegavensi, terra de Petra Aubereiae.

LAUNAY, Vincent, « Les dépendances de l’abbaye Saint-Sulpice aux XIIe et XIIIe siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 121 / 1, 2014, p. 27-50. [page 29]

1146 — L’ecclesia S. Samsonis de Teloio

Une seconde mention de l’existence du prieuré apparait en 1146, sous la forme latine S. Samsonis de Teloio. Dans une bulle du 24 avril 1146, le pape Eugène III prend sous sa protection l’ensemble des possessions de l’abbaye Saint-Sulpice, constituées de quinze établissements dont l’ecclesia 1 Saint-Samson de Telhouët.

Bulle d’Eugène III. Pape adressée Mariae Abbatissae Monast. B. M. quod in sylva Nidi-Merli fictum est, ejusque sororibus regularem vitam professis, par laquelle il prend en sa protection tous les biens qui en dépendent, entr’autres ceux-ci nommés distinctement. Ecclesia S. M. in Scotia in Episc. Nannet. fitam in eodem Episc. Eccl. S. Radegundis […] In Ep. Aleth eccl. S. Samsonis de Teloio & eccl. S. Guiani cum pertinentiis earum. […] Incarnationis Domini MCXLVI. Pontificatus anno II. Tit. de Coets.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne. col. 597-598

1181 — Sanctimoniales Sancti Samsonis de Teloit

Une troisième mention datée de 1181 provient d’un acte du cartulaire de l’abbaye Saint-Sulpice dont dépendait le prieuré Saint-Samson. Il s’agit des conclusions d’une discussion entre les religieux de Saint-Jacques de Montfort et les religieuses de Saint-Samson de Telhouët à propos du moulin du Pont-Johanno, qui pourrait être le moulin du Pont-Jean situé sur le Meu, sur la paroisse de Saint-Gonlay 2.

Albertus, évêque de Saint-Malo à la grâce de Dieu, confirme l’accord fait entre l’abbé et les chanoines de Saint-Jacques de Montfort et les Sanctimoniales de Saint-Samson de Thelouet à propos du moulin de Pont de Jean, etc., dont ils étaient les témoins de l’accord : Holiverio de Montfort, W. de Saint Egidio, Willelgiloe, un gouverneur de Alan S., Rabaste Galt, Guarin de Bresel, W. S Magan, Geoffrey de Romille Hervey de Gael, Conan ... Ralph D., la prieure de Thelouet, B. chapelain de ce même lieu. Promulguée en l’année de l’incarnation du Seigneur 1181.

Traduction d’après l’original latin - Bib nat. Ms. 22325, p.181

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ANGER, abbé Joseph, « Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 39 / 1, 1909, p. 1-207, Voir en ligne. p. 37

Dans le texte original latin, l’établissement religieux y apparait sous la forme Sancti Samsonis de Teloit. Le terme Sanctimoniales apporte la preuve qu’il s’agit d’un établissement de bénédictines. Le prieuré est dirigé par une prieure tandis que l’officiant est un chapelain, comme l’indique l’expression capellanus ejusdem loci, signifiant chapelain de ce même lieu. Un des fils de Raoul II, Holiverio de Monteforti (Olivier de Montfort), y figure comme premier témoin.

Le prieuré au 15e siècle

La première prieure dont le nom est mentionné est sœur Servanne Hastelou, en charge avant 1460. Sœur Françoise du Bois lui succède en 1460. En juillet de la même année, elle reçoit du seigneur de Montfort, le clos du Chesne-Bour.

Les droits du prieuré dans la forêt de Brécilien

Des droits dans la forêt de Brécilien ont très probablement été donnés à la prieure de Saint-Samson par Raoul II de Gaël en 1124. Les plus anciens textes juridiques concernant l’administration de la forêt sont des ordonnances du 13e siècle. Cependant, aucune d’entre-elles ne mentionne les droits de la prieure de Telhouët. Il faut donc attendre les Usements de 1467, rédigés par Guy XIV de Laval pour connaitre les usages accordés à la prieure en forêt de Brécilien.

La prieure peut faire paitre son bétail dans toute la forêt et réclamer le bois nécessaire aux réparations et au chauffage des biens de sa communauté.

La prieure de Telouet a, pour son prieuré, usage complet au bois de construction, réparations, clôtures et autres nécessités, sauf pour les réservoirs à poisson (challon) qu’elle ne peut tenir dans la forêt, quoiqu’elle y possède des étangs ou viviers. Elle peut user de ce droit (devoir) sans marque ni désignation, mais ne peut faire conduire les bois que par le voiturier demeurant en sa maison, excepté le bois de construction, qu’elle peut faire conduire à l’endroit où elle veut bâtir, en assemblant des voituriers et en commettant un homme pour surveiller et reconnaître ses ouvriers. Ce droit d’usage n’existe qu’au quartier de la forêt appelé Lohéac. Mme la Prieure a le droit de faire conduire par ses valets ou ses chambrières, le bétail de toute nature qui lui appartiendra dans le prieuré, tant dans le quartier appelé Lohéac que celui dit Haute-Forêt, sans l’inscrire ni rien payer. Les officiers de la forêt peuvent la contraindre, elle, ses valets ou métayers à jurer que le bétail lui appartient, et que personne d’autre n’y a part. Ceux qui auraient une part quelconque dans le bétail seraient tenus de l’inscrire et de payer l’assent (la sens) sous peine de confiscation, comme il est dit ci-dessus. 4.

PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne.

Le prieuré au 16e siècle

Le prieuré Saint-Samson passe sous le régime de la commende au début du 16e siècle. Six prieures en commende, dont deux abbesses de Saint-Georges de Rennes, se succèdent à la tête de Saint-Samson. Elles appartiennent presque toutes aux familles d’Espinay, ou à celle apparentée des L’Estourbillon, qui tirent parti des revenus de Telhouët.

Bientôt, il n’y eut plus de religieux attachés au prieuré, même pour le service du culte à Thélouet ; un recteur à la portion congrue payé par la prieure, fut substitué au prieur conventuel de Saint-Gonlai. Le recteur de Concoret se chargea du soin spirituel de la frérie de Comper, moyennant une pension annuelle. C’était le signe précurseur d’une décadence totale. Le prieuré se vit, à son tour, dans le courant du XVIe siècle, déserté par les nonnes. Ce ne fut plus qu’une ferme dont la prieure touchait les revenus.

Ropartz, Sigismond (1876) op. cit., p. 175

La première prieure commendataire est sœur Françoise d’Espinay, fille de Richard, seigneur d’Espinay, et de Béatrix de Montauban, qui rend aveu au comte de Laval, seigneur de Montfort, le 26 octobre 1512. Cette prieure étant abbesse de Saint-Georges de Rennes, le prieuré ne relève plus de l’abbaye Saint-Sulpice. Le titre de prieure de Saint-Samson ajoute 2400 livres au revenu que lui rapporte l’abbaye Saint-Georges.

Sœur Françoise de L’Estourbeillon, fille de Bonabes de L’Estourbeillon, seigneur de la Beschère, en Acigné, et de Jeanne de Pélineuc, succède à Françoise d’Espinay en 1520. Elle est l’auteure d’une supplique au sénéchal de Ploërmel dans laquelle elle expose ses nombreuses charges par le détail. —  ANGER, abbé Joseph, « Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 39 / 1, 1909, p. 1-207, Voir en ligne. p. 178-179 — Elle résigne le prieuré vers 1540 en faveur de sa propre sœur.

Sœur Marguerite de L’Estourbeillon, nièce des précédentes prieures de ce nom, fille de Jean de L’Estourbeillon et de Louise de Quatrebarbes, religieuse de Saint-Sulpice est pourvue à Rome en 1540. Sœur Françoise Déron, religieuse de Saint-Georges, lui dispute le prieuré, qui est en définitive adjugé à Mme de L’Estourbeillon.

Elle résigne son prieuré en faveur de sa nièce, sœur Philippe d’Espinay, fille de Guy, seigneur d’Espinay, et de Louise de Goulaine. Pourvue en cour de Rome, elle prend possession de Telhouët en mars 1554. Soeur Philippe d’Espinay est alors religieuse de Saint-Georges, dont elle devient abbesse en 1572. Pourtant, Marguerite de L’Estourbeillon conserve la presque totalité des revenus tirés de la location du prieuré, comme le prouvent les comptes de 1565 à 1567 de François de la Corbinière, sieur des Forges de Telhouët et fermier général du prieuré Saint-Samson 5.

Sœur Françoise Déron obtient enfin la charge du prieuré de Saint-Samson dont elle prend possession le 18 janvier 1573. Mais sœur Marguerite de L’Estourbeillon se fait à nouveau pourvoir à Rome, et reprend possession de Telhouët au début de 1574. Elle résigne cependant ce prieuré la même année.

La nouvelle prieure, sœur Andrée Le Provost de l’abbaye Saint-Sulpice est nommée en 1574. Elle réside à Telhouët, à la différence des précédentes. Par cette nomination, le prieuré revient dans le giron de l’abbaye Saint-Sulpice après un siècle de dépendance de l’abbaye Saint-Georges. Elle prend possession une première fois, sur une collation 6 ordinaire donnée par son abbesse, le 24 octobre 1574 ; mais sœur Marguerite d’Argentré, que Guillotin de Corson soupçonne d’avoir été une religieuse de Saint-Georges, prend aussi possession du prieuré. Mme Le Provost se fait alors pourvoir à Rome, et renouvelle officiellement sa prise de possession le 20 février 1575. Elle rend aveu au roi pour ce prieuré le 12 février 1585.

Le siège du château de Comper par l’armée royale est un épisode des Guerres de la Ligue de Bretagne 7 qui eut des répercussions sur la vie du prieuré. L’abbé Guillotin indique que les bénédictines durent fuir leur prieuré pour trouver refuge à Concoret.

Pendant que les troupes de la Ligue et du Roi occupèrent le château de Comper [1593-1596], les religieuses de Thélouet furent obligées d’abandonner leur communauté. La plupart se réfugièrent à Concoret. On en trouve plusieurs sur les registres de baptême de ce temps là qui étaient marraines des enfants ; Andrée le Provost, prieure de cette abbaye tint encore un enfant sur les saints fonts [de Concoret] le 15 décembre 1598.

GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul, « Registre de l’abbé Guillotin », Concoret, 1791, Voir en ligne. [page 111]

Montmartin 8, l’un des protagonistes du siège de Comper, écrit dans ses Mémoires, qu’Anne d’Alègre, dame douairière de Laval et Montfort, s’établit dans une abbaye proche du château afin d’encourager le duc d’Aumont 9 à reprendre le château au duc de Mercoeur.

[...] & mondit sieur estant de retour, à Comper, voyant la Place de plus près, se repentoit bien l’avoir attaquée, & dit auxdits sieurs de Saint Luc & Montmartin qu’il voudroit que ce fust à recommencer ; mais ladite Dame préssoit continuellement led. siège, & s’estoit approché dans une Abbaye à une petite lieue dudit Comper pour plus les y échauffer, [...].

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Delaguette, 1756, Voir en ligne. p. CCCVII

Il est probable que cette abbaye, distante d’une petite lieue, est bien le prieuré de Telhouët, ainsi que Félix Bellamy l’avait supposé 10. —  BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 2, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne. p. 726 —

Le prieuré au 17e siècle

Sœur Andrée le Provost décède en 1617. Sœur Julienne de la Charonnière est nommée par l’abbesse de Saint-Sulpice le 8 décembre de la même année. Elle prend possession le 19 du même mois. En 1619, elle devient grande-prieure claustrale de l’abbaye de Saint-Sulpice, tout en conservant Telhouët, pour lequel elle rend aveu au roi le 14 avril.

La bulle de Grégoire XV

En 1621, l’abbesse de Saint-Sulpice adresse au pape Grégoire XV (1621-1623) une requête afin de réformer le fonctionnement des prieurés dépendant de cette abbaye. Le pape rédige une bulle qui répond favorablement à cette requête. Cette bulle reprend explicitement l’énoncé des abus commis antérieurement par les prieures.

Nôtre très-chère Fille en nôtre Seigneur, Marguerite d’Angennes Abbesse du Monastère des Religieuses de S. Sulpice, de l’Ordre de S. Benoît , dans le Diocèse de Rennes , dépendant immédiatement du S. Siège Apostolique, nous a présenté une très-humble Requête, qui contient que la susdite Abbesse, s’appercevant que dans la suite des temps à l’occasion des guerres Civiles & des Hérésies qui depuis long-temps ont ravagé la France, la discipline régulière au sujet tant de la Clôture 11 que du Vœu de Pauvreté, s’étoit relâchée de telle sorte dans ledit Monastère, qu’à peine y en remarquoit-on aucun vestige, les Religieuses s’appropriant plusieurs choses & ne faisant pas de difficulté de violer la Clôture quand bon leur sembloit, à quoy elle auroit crû ne pouvoir remédier que par une salutaire Reforme ; & ayant entrepris cet Ouvrage si nécessaire de la Réforme après avoir consulté sur ce sujet des personnes capables & de probité, elle auroit résolu de relever ce qui étoit tombé, de remettre toutes choses en meilleur état, de réduire les Religieuses du Monastère à une honnête Clôture, & de réunir tous les biens des particulières en une manse commune, tant pour leurs vivres que pour leurs vêtemens, afin d’ôter par-là toute occasion de propriété : quelques Religieuses d’une vie trop large & qui sont accoutumées d’avoir quelque chose en propre, ne pouvant souffrir la Clôture & la Reforme auroient résilié de demeurer dans ledit Monastère , & même ayant secoué le joug de la sainte obéissance, sans laquelle la vie Religieuse ne peut subsister, seroient allées demeurer, au grand péril de leurs âmes & scandale du Prochain, en certaines Maisons, Terres & Lieux appartenans audit Monastère ou dépendans d’iceluy, se ventant sans raison d’être Religieuses dudit Ordre.

ANONYME, Constitution des religieuses bénédictines de l’abbaye de Saint-Sulpice, dans le diocèse de Rennes, 1685, Voir en ligne. p.

La Bulle de Grégoire XV Pour la réformation de l’abbaye de Saint-Sulpice oblige :
— les religieuses à respecter une clôture
— les prieures à demeurer à l’abbaye mère de Saint-Sulpice
— la réunion des revenus des prieurés à la mense abbatiale de Saint-Sulpice.

Sœur Julienne de la Charonnière s’oppose à cette décision jusqu’à son décès en 1625. Soeur Marie Fleuriot lui succède. Elle prend possession de Saint-Samson le 28 décembre 1625 ; elle rend aveu au roi le 14 juillet 1631 et le 23 mars 1654. Durant sa charge, les droits des prieures de Saint-Samson en forêt de Brécilien connaissent d’importantes modifications 12.

En 1634, le duc de la Trémoille, seigneur de Montfort obtient des lettres patentes du roi pour le triage de la forêt de Brécilien. Il assure alors à la prieure de Telhouët, douze charretées de bois chaque année. —  ROPARTZ, Sigismond, « Thélouet », Revue de Bretagne et de Vendée, Vol. 39, 1876, Voir en ligne. p. 178 —

À la vente de la forêt en 1653, le canton de Saint-Effry, appelé dès lors « Bois-des-nonnes » 13, d’une contenance de 27 journaux est donné en toute propriété en compensation de la perte des droits d’usages du prieuré. — ADIV 27 H 115 —

Le 3 mars 1662, sœur Marguerite de Thierry est pourvue par l’abbesse de Saint-Sulpice et prend possession le 6 avril suivant. Elle remet son prieuré entre les mains de l’abbesse le 20 septembre 1669. Sœur Jeanne-Marie de Thierry est pourvue le 29 novembre 1669, et prend possession le 2 décembre suivant ; elle donne sa démission en 1674. Sœur Marguerite de Thierry, pourvue le 7 août 1674, prend possession le 8 août. Le 18 septembre elle rend aveu au roi.

La réformation du domaine royal de Ploërmel

Le 30 septembre 1678 a lieu la réformation du domaine royal de Ploërmel. Marguerite de Thierry, religieuse professe de l’abbaye Saint-Sulpice et y demeurant, prieure du prieuré de Thélouet, membre dépendant de ladite abbaye ; et dame Marguerite de Morais, dame abbesse de Saint-Sulpice, représentées par Mr Jean Rozé, sieur de la Ville-au-Vy, avocat et procureur en la ville de Ploërmel, déclarent ses fiefs et baillages 14.

La lecture de la Réformation de 1678 nous montre que les importantes donations du 12e siècle, confirmées jusqu’au 16e siècle, ont été largement amputées depuis la réunion des revenus du prieuré à la mense abbatiale de Saint-Sulpice ainsi que la vente de la forêt en 1653. La prieure a notamment perdu le droit de haute justice, ne conservant la justice basse et moyenne que sur les seuls bailliages de Gaël, Telhouët et Concoret.

En 1682, la prieure sœur Marguerite de Thierry doit au seigneur de Montfort, à cause des prairies de son prieuré :

24 sols tournois de rente annuelle. [Elle était tenue en outre] de faire célébrer, tous les premiers dimanches du mois, dans la chapelle de sondit prieuré ou dans l’église de Concoret 15, à l’option du seigneur de Montfort, une messe solennelle avec prière nominale à l’intention dudit seigneur de Montfort, supérieur et fondateur dudit prieuré.

Déclaration de 1583 et 1682 in Guillotin de Corson, abbé Amédée (1891) op. cit., p. 349

Sœur Marguerite de Thierry, rend une dernière fois aveu le 15 septembre 1684. Elle résigne vers 1694.

La dernière prieure de Telhouët

Sœur Marguerite-Renée-Charlotte Ménard de Toucheprez, religieuse de Saint-Sulpice, est pourvue le 12 avril 1694. Mme de Toucheprez jouit en même temps du prieuré de Sainte-Radegonde, au Loroux-Bottereau (Loire-Atlantique). Sa sœur, Marie Ménard de Toucheprez de Châteaumur, est prieure de Couëtoux, en Lusanger (Loire-Atlantique). Ces deux religieuses refusent quelque temps de se rendre en clôture à Saint-Sulpice, prétendant avoir le droit de résider dans leurs prieurés.

Une bulle de Clément XI 16 confirme celle de Grégoire XV. Les prieures en appellent au conseil d’État qui leur donne tort. Mme Ménard de Toucheprez soutient devant les tribunaux son prétendu droit de résider ailleurs qu’à l’abbaye Saint-Sulpice. Un arrêt du 1er février 1725 ordonne à la prieure d’observer la bulle d’union des prieurés à la mense abbatiale, et un autre arrêt du 15 septembre 1729 unit définitivement le prieuré de Telhouët à la mense de Saint-Sulpice.

La fin du prieuré de Saint-Samson

Après 1729, le prieuré de Telhouët devient une simple ferme dont les revenus, provenant de ses nombreux fiefs et bailliages, reviennent à la mense abbatiale de Saint-Sulpice.

La chapelle Saint-Samson, abandonnée par les bénédictines, est considérée comme frairienne. Elle est alors desservie par un chapelain sous l’autorité du recteur génovéfain de Paimpont.

Pierre-Paul Guillotin y est nommé en 1774 pour son premier poste. Il y exerce sa charge sous l’autorité du frère Jean-François Le Roy, prieur recteur de la paroisse de Notre-Dame de Paimpont. Il y demeure jusqu’en 1777. — Jamaux Alfred (2010) op. cit., p. 227 —

Mathurin Sébillot lui succède jusqu’en 1787.

Les terres et les biens ecclésiastiques de la paroisse de Paimpont deviennent biens nationaux et sont mis en vente nationalement par adjudication le 7 novembre 1791. Les biens mis en vente n’ayant pas trouvé preneurs, ils sont vendus définitivement le 30 mai 1792, par adjudication du tribunal de Montfort —  ADIV Vol.1 Q, n°341. N° 188 du vol. —

Liste des prieures d’après Guillotin de Corson

  • Sœur Servanne Hastelou avant 1460.
  • Sœur Gervaise de Buris (?) ou Servanne du Bouays succède à la précédente. 17
  • Sœur Françoise d’Espinay, fille de Richard, seigneur d’Espinay, et de Béatrix de Montauban, abbesse de Saint-Georges de Rennes, obtient en commende le prieuré de Telhouët, pour lequel elle rend aveu au comte de Laval, seigneur de Montfort, le 26 octobre 1512 ; elle décède en 1520.
  • Soeur Françoise de L’Estourbeillon, fille de Bonabes de L’Estourbeillon, seigneur de la Beschère, en Acigné, et de Jeanne de Pélineuc, résigne le prieuré vers 1540 en faveur de sa propre sœur.
  • Soeur Marguerite de L’Estourbeillon, religieuse de Saint-Sulpice est pourvue à Rome en 1540. Sœur Françoise Déron, religieuse de Saint-Georges, lui dispute le prieuré, qui est en définitive adjugé à Mme de L’Estourbeillon. Cette dernière résigne plus tard son prieuré, se réservant toutefois la presque totalité des revenus.
  • Soeur Philippe d’Espinay, religieuse de Saint-Georges, fille de Guy, seigneur d’Espinay, et de Louise de Goulaine, pourvue en cour de Rome, prend possession de Telhouët en mars 1554. Elle résigne son prieuré lorsqu’elle devient abbesse de Saint-Sulpice en 1572.
  • Soeur Françoise Déron, religieuse de Saint-Georges, prend possession le 18 janvier 1573.
  • Soeur Marguerite de L’Estourbeillon, nièce des précédentes prieures de ce nom, fille de Jean de L’Estourbeillon et de Louise de Quatrebarbes, se fait pourvoir à Rome, et prend possession de Telhouët au commencement de 1574. Elle résigne ce prieuré la même année.
  • Soeur Andrée Le Provost, religieuse de Saint-Sulpice, prend possession une première fois, sur une collation ordinaire donnée par son abbesse, le 24 octobre 1574 ; mais sœur Marguerite d’Argentré prend aussi possession du prieuré. Mme Le Provost se fait alors pourvoir à Rome, renouvelle sa prise de possession le 20 février 1575 et demeure maîtresse de Telhouët. Elle décède en 1617.
  • Soeur Julienne de la Charonnière est pourvue par l’abbesse de Saint-Sulpice le 8 décembre 1617 et prend possession le 19 du même mois. En 1619, elle devient grande-prieure claustrale de l’abbaye de Saint-Sulpice, tout en conservant Telhouët ; Elle décède en 1625.
  • Soeur Marie Fleuriot prend possession le 28 décembre 1625. Résigne en 1654.
  • Soeur Marguerite de Thierry est pourvue par l’abbesse de Saint-Sulpice le 3 mars 1662 et prend possession le 6 avril suivant. Elle remet son prieuré entre les mains de l’abbesse le 20 septembre 1669.
  • Soeur Jeanne-Marie de Thierry, pourvue le 29 novembre 1669, prend possession le 2 décembre suivant ; elle donne sa démission en 1674.
  • Soeur Marguerite de Thierry, pourvue le 7 août 1674, prend possession le 8 août. Elle résigne vers 1694.
  • Soeur Marguerite-Renée-Charlotte Ménard de Toucheprez, religieuse de Saint-Sulpice, est pourvue le 12 avril 1694. Elle se soumet en 1725 à la bulle de Clément XI qui réunit Telhouët à la mense abbatiale de Saint-Sulpice.

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Bibliographie

ANGER, abbé Joseph, « Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 39 / 1, 1909, p. 1-207, Voir en ligne.

ANONYME, « Recueil d’extraits de divers chartriers de Bretagne : Manuscrit Bibl. nat., fr. 22325 », Rennes, 1601, Voir en ligne.

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 2, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne.

BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903.

COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXV, Voir en ligne.

DESROZIERS, « Notices sur les bureaux d’enregistrement n°XXIX - Plélan (Ille-et-Vilaine », Annales de l’enregistrement et des domaines, janvier 1891, p. 460-464, Voir en ligne.

GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul et ROPARTZ, Sigismond, Le registre de Concoret. Mémoires d’un prêtre réfractaire pendant la Terreur, Publié pour la première fois sur le manuscrit de l’abbé Guillotin, Saint-Brieuc, L. Prud’homme, éditeur, 1853, Voir en ligne.

GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul, « Registre de l’abbé Guillotin », Concoret, 1791, Voir en ligne.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne.

LAUNAY, Vincent, « Les dépendances de l’abbaye Saint-Sulpice aux XIIe et XIIIe siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 121 / 1, 2014, p. 27-50.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne.

ROPARTZ, Sigismond, « Thélouet », Revue de Bretagne et de Vendée, Vol. 39, 1876, Voir en ligne.


↑ 1 • La bulle pontificale de 1146 utilise le terme d’ecclesia, qui fait figure, jusqu’aux années 1220, de terme usuel pour l’immense majorité des dépendances de Saint-Sulpice.

Les auteurs de ces actes sont quasi-exclusivement des hommes d’église : papes, évêques et abbés. Or, les études sur les bulles pontificales ont montré que le terme d’ecclesia s’est peu à peu imposé à partir de la fin du XIe siècle à l’initiative des moines qui rédigent les documents fournis à la chancellerie pontificale afin de promouvoir une vision ecclésio-centrée du patrimoine monastique.

LAUNAY, Vincent, « Les dépendances de l’abbaye Saint-Sulpice aux XIIe et XIIIe siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 121 / 1, 2014, p. 27-50.

Le terme de prioratus (prieuré) pourtant institutionnalisé à partir du concile de Latran III, réuni en 1179 par le pape Alexandre III ne s’impose pour désigner les dépendances de Saint-Sulpice que dans la seconde moitié du 13e siècle. Le réseau monastique centré sur l’abbaye Saint-Sulpice semble donc suivre ce mouvement de fond avec un certain retard au regard des autres établissements de l’Ouest de la France.

↑ 2 • Il pourrait éventuellement s’agir du « Pont Dom Jean », étang situé à 2 km en contrebas de Saint-Samson, bien qu’aucune trace d’un moulin n’y figure.

↑ 3 • Albertus, Dei gratia Macloviensis episcopus, confirmat compositionem factam inter abbatem et canonicos sancti Jacobi de Montforti et Sanctimoniales sancti Samsonis de Teloit, super molendino de Ponte Joannis, etc, cujus compositionis testes fuerunt : Holiverio de Monteforti, W de sancto Egidio, Willelgiloe, praeposito S. Alani, Galt Rabaste, Guarinus de Bresel, W. de S Magan, Gaufridus de Romillé, Herveus de Gael, Radul... Conani, D., Priore de Teloit, B. capellanus ejusdem loci. Actum est anno ab incarnatione domini 1181.

↑ 4 • Il s’agit d’une traduction du texte original en français moderne —  COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXV, Voir en ligne. — par Alfred Puton, qui indique :

A raison de la publication faite par le savant bibliothécaire du Louvre et de sa conformité avec les textes, il nous a paru inutile de publier ce curieux document dans son langage ancien et d’en donner une nouvelle reproduction littérale. Il nous a semblé plus intéressant et plus utile d’en donner, ci-après, une sorte de traduction où le langage actuel permet de saisir le véritable sens de l’institution coutumière. De cette manière, la forme ancienne n’arrête jamais l’esprit du lecteur et les mots originaux mis entre parenthèses lui permettent de vérifier le sens que nous donnons au texte dans ces parties les plus délicates. On pourra d’ailleurs toujours recourir soit aux copies anciennes, soit au texte de M. de Courson pour juger l’exactitude et le sens de notre proposition.

PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne.

↑ 5 • Le compte rendu à sage et discrète Dame Marguerite d’Estourbillon, dame prieure de Thélouet, par noble homme François de la Corbinière, sieur des Forges, fermier pour trois années dudit prieuré à compter du 1er janvier 1565 montre le goût prononcé de la prieure pour les toilettes, grande robe, petite robe, manteau, devantières, brassières, chapeau, chausses, voiles, tant de taffetas que de linge, et plusieurs autres hardes. — Sigismond Ropartz (1876) op. cit., vol. IX, p. 176-177 —

↑ 6 • La collation est un terme juridique qui désigne le droit de conférer un bénéfice vacant à quelqu’un.

↑ 7 • Le château de Comper appartient à l’époque au jeune Guy XX de Laval, alors sous la tutelle d’Anne d’Alègre, mais il est occupé depuis le début de la guerre par les hommes du duc de Mercœur, membre de la Ligue bretonne, mouvement ultra-catholique opposé à l’armée royale.

↑ 8 • Jean du Mats de Montmartin (1575-1625) est un gentilhomme et militaire français proche du comte Guy XX de Laval. Gouverneur de Vitré, il est l’un des principaux officiers placé sous les ordres du duc d’Aumont, maréchal de France et de François d’Epinay de Saint-Luc, lieutenant général de Bretagne. Le Mémoire de Montmartin qui narre ses actions durant la guerre de la Ligue est publié à la fin de —  MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Delaguette, 1756, Voir en ligne. —

↑ 9 • Le duc d’Aumont, maréchal de France nommé par Henri IV gouverneur de Bretagne et François d’Epinay de Saint-Luc, lieutenant général de Bretagne sont tous les deux épris d’Anne d’Alègre. Selon certains auteurs, elle aurait décidé le duc d’Aumont à reprendre son château de Comper aux armées du duc de Mercoeur et se serait placée à proximité afin d’échauffer leur ardeur.

↑ 10 • La seule abbaye, en dehors du prieuré Saint-Samson de Telhouët, à pouvoir correspondre à cette description est l’abbaye de Paimpont. Elle est cependant distante du château de Comper de plus de cinq kilomètres ce qui fait plus d’une lieue.

↑ 11 • La clôture religieuse (ou clôture monastique en certains lieux) est l’espace réservé aux moines ou moniales, religieuses ou religieux (qui sont dits alors cloîtrés) dans un monastère, couvent ou abbaye.

↑ 12 • Le cantonnement de la forêt, opération qui consiste à réserver, à circonscrire le droit indéfini et illimité des habitants usagers sur une partie déterminée des fonds soumis à leur droit d’usage, afin de laisser le reste libre au seigneur propriétaire modifie les droits d’usages des religieuses, accordé en vertu de l’acte de fondation du prieuré.

↑ 13 • Le « Bois-des-nonnes » est appelé « Lesseing » par Guillotin de Corson

↑ 14 • 

Fiefs et baillages :

  • Le fief et baillage du prieuré de Thélouet, amorti à devoirs de prières et de féodalité, s’étendant en Gaël et Concorret, avec le quart de dixmes de Concorret et le dixmereau de Comper, valant annuellement 66 sols 47 sommes de seigle et deux corvées.
  • Le fief et baillage de Gaël, en Gaël, avec le dixmereau de Gaël, valant la rente 91 sols, 100 boisseaux de seigle et 5 boisseaux de froments.
  • Droits de moyenne et basse justice sur les vassaux desdits baillages et dont la juridiction s’exerce dans l’auditoire de la baronnie de Gaël. Lesquels droits appartiennent de temps immémoriaux audit prieuré, comme il est prouvé par les actes suivants qui ont été traduits :
    (a) Registres du Greffe de la Juridiction de Telhouët du 12 février 1534 au 9 septembre 1536.
    (b) Aveu fait le 16 juin 1540 par Dame Françoise de l’Estourbillon, prieure de Telhouët.
    (c) Actes du 6 juillet 1546
    (d) Actes et aveux des 22 juin 1555, 20 juin 1557 et 17 avril 1559
    (e) Aveu fait le 8 juin 1600 par Dame Andrée le Provost, prieure de Telhouët
  • Nota. - Le reste des dépendances dudit prieuré de Telhouët dépend du domaine de Rennes.
    BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903. [pages 92-93]

↑ 15 • Les armes des religieuses de Saint-Samson de Telhouët figuraient jusqu’à la Révolution dans l’église Saint-Laurent de Concoret.

Le 11 septembre [1793], on tira du grand autel [de l’église de Concoret] les panneaux de vitres où étaient imprimées les armoiries de M. de Montigny, seigneur de comper, de M. de Bégasson, seigneur du Ros [Rox] et des dames religieuses de St-Sulpice.

GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul et ROPARTZ, Sigismond, Le registre de Concoret. Mémoires d’un prêtre réfractaire pendant la Terreur, Publié pour la première fois sur le manuscrit de l’abbé Guillotin, Saint-Brieuc, L. Prud’homme, éditeur, 1853, Voir en ligne. p. 13

↑ 16 • Gianfrancesco Albani est le 241e pape, de 1700 à sa mort en 1721, sous le nom de Clément XI.

↑ 17 • Le nom « Gervaise de Buris » est peut-être une faute de copiste, de Buris pour du Bois ou du Bouais — Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, 2 H 2 120 —. Au 16e siècle elle est mentionnée dans la supplique de Françoise de L’Estourbilon au sénéchal de Ploërmel sous le nom de Servanne du Bouays.

Elle [Françoise de L’Estourbilon] doit faire célébrer chaque année deux obiz, avesque vigiles de mors à l’intention de l’âme de feue Hastelou ; trois autres obiz et vigiles de mors, pour l’âme de feue Servanne du Bouays ; deux autres pour l’âme de feue frère Alain Mauvaisin ou Monvoisin (?).

ANGER, abbé Joseph, « Cartulaire de l’Abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 39 / 1, 1909, p. 1-207, Voir en ligne. pp. 178-179