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Du 15e au 17e siècle

Ponthus aux origines de l’abbaye de Paimpont ?

Le merveilleux des Usements utilisé par l’Église

Au 15e siècle, Guy XIV, comte de Laval, fait entrer Ponthus, le héros d’un roman contemporain dans sa forêt de Brécilien. La fontaine de Barenton, théâtre de ses exploits, devient un lieu de « pèlerinage ». Deux siècles plus tard, lors de la réforme génovéfaine, Ponthus est associé aux origines de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont.

Ponthus dans les Usements de Brécilien

La charte des Usemens et coustumes de la forest de Brécelien, rédigée au château de Comper par Guy XIV, comte de Laval le 30 août 1467, réglemente les droits et devoirs respectifs des seigneurs et usagers de la forêt. Le chapitre intitulé De la décoration de la dicte forest et des mervoilles estans en ycelle est consacré au merveilleux que renferme la forêt. Guy XIV de Laval y introduit le personnage de Ponthus.

Il y a également près de ce breil un autre breil nommé le breil de Bellenton et auprès de celui-ci une fontaine appelée fontaine de Bellenton, auprès de laquelle le bon chevalier Pontus fit ses armes, ainsi qu’on peut voir par le livre qui en fut composé.

PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne. 1

Il s’agit du héros d’un roman, Ponthus et Sidoine, écrit à la fin du 14e siècle ou au tout début du 15e siècle par un auteur anonyme 2. Suite à sa rupture avec Sidoine, la fille du roi de Bretagne, Ponthus se retire en forêt de Brécilien (« Berthelien » dans le roman). C’est à la fontaine de Barenton, qui porte le nom de « fontaine des Merveilles » ou « fontaine de Bellenchon » 3 dans le roman, qu’il entreprend des pas d’armes qui vont l’amener à reconquérir l’amour de sa belle.

Ponthus est le héros d’un roman dont l’histoire valorise la noblesse de Bretagne. Plusieurs familles sont citées dont celle de Laval, particulièrement concernée. En inscrivant le héros romanesque de Ponthus dans un texte juridique, Guy XIV en fait un personnage historique. Il ajoute ainsi au merveilleux suranné de la fontaine un héros qui apporte de la crédibilité au merveilleux et rend les lieux plus attractifs. Est-ce un hasard s’il fait le lien entre le « breil de Bellenton » des Usements et la « fontaine des Merveilles » du roman ? Nous ne le pensons pas car, non seulement cette fontaine a la même particularité que celle de sa forêt mais Ponthus y pratique le même rituel avant chaque joute :

Le Chevalier noyr [Ponthus] print une coupe d’or, et puis puisa en la fontaine et en arrousa la pierre, et quand le heaulme fut pendu, il commença à tonner, à gresler et à faire fort temps, mais il ne dura gayres. Si s’en merveillèrent moult les estrangers de la merveille de cette fontaine, et toujours l’arrousait-il devant combattre.

ANONYME, Le roman de Ponthus et Sidoine, Edition critique de Marie-Claude de Crécy, rééd. 1997, Genève, Librairie Droz, 1400, Voir en ligne. [page 56]

Notoriété de Ponthus au 16e siècle

Au 16e siècle, la notoriété de Ponthus est acquise. Le succès du roman en témoigne, confirmé par de nombreuses éditions durant ce siècle. Par ailleurs, dans d’autres romans contemporains, Ponthus est associé aux héros de la littérature arthurienne ou repris pour ses pas d’armes en forêt de Brécilien. Notons aussi comme preuve de l’étendue de sa popularité, l’apparition de Ponthus en « valet de pique » dans un jeu de cartes daté du 16e siècle.

Avec la publication des Usements, le personnage de Ponthus devient également célèbre en forêt de Brécilien.

Ponthus aux origines de Paimpont et de son abbaye selon Barleuf

Au 17e siècle, l’Église traverse une crise morale et matérielle. Les établissements anciens qui sont les plus touchés doivent se réformer. Le chanoine Vincent Barleuf, prieur de Saint-Jacques de Montfort (Montfort-sur-Meu) de 1647 à 1656, est nommé par la congrégation de Sainte-Geneviève 4 comme réformateur des abbayes bretonnes, dont celles de Montfort et de Paimpont. En 1651, il établit les plans d’un nouveau bâtiment qui donne lieu à l’édification du logis conventuel de Paimpont.

Le 14 septembre 1649, Vincent Barleuf rédige un document intitulé Relation de l’Abbaye de Notre-Dame de Painpont en Bretagne, qui raconte l’histoire de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont 5. Ce manuscrit est archivé à la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris. Barleuf y mentionne le nom de Ponthus dans l’origine de l’abbaye de Paimpont.

L’abbaye de Notre-Dame de Paimpont, Diocèze de Sainct-Malo en Bretaigne, a este fondée par Judicaël, que le vulgaire appelle Giquel, Roy de Bretagne, en l’an 645. C’était autrefois un hermitage, ou se retira quelque temps un vertueux personnage, qui vivoit d’aumosnes et entre aultres, des libéralités d’un ancien chevalier nommé Pontus dont la dicte abbaye, selon la commune tradition, a tiré son non : Panis ponti, comme qui dirait l’aumosne, ou le pain de Pontus. Ce Pontus icy avait un chasteau basti dans la forest de Brécilien, au diocèze de Sainct-Malo, proche une fontène assés célèbre dans le païs appelée la fontène de Baranton ; et on voit encore une tour fort antique dans le chasteau de Comper, distant d’une lieue du dict Painpont qui s’appelle la tour de Pontus [...]

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

Pour relier Ponthus à l’abbaye, Barleuf s’en tient au texte des Usements 6 et s’intéresse à un détail du roman : un ermitage dans lequel Ponthus trouve refuge lors de son arrivée dans la forêt.

Quant vint entour de minuit, il [Ponthus] se leva et se appareilla et s’en parti le plus segretemet qu’il peust et chevaucha toute adjournee et ouis se mist en la forest de Brecelien en une prieuré, et un hermitage qui estoit tout solitaire, au parfont de la forest. Si fu là bien sept jours. Chascun jour alloit ouir messe à l’ermitage.

Marie-Claire de Crécy (1997) op. cit., p. 51

Le récit parle d’un ermite et d’une demoiselle qui vont aider Ponthus lors des joutes. Ce sont eux qui accueillent les meilleurs chevaliers venus pour les pas d’armes à la fontaine. Ponthus apparaît en « Chevalier Noir » pour ne pas être reconnu.

Le Chevallier Noir aux Armes Blanches fait savoir aux meilleurs chevalliers de chascune contree qu’ilz trouveront à la fontaine des Aventures ung paveillon noir aux blances armes tous les mardis de l’an à l’heure de prime. Ilz trouveront ung arbre où sera son escu pendu et y avra ung cor que ung nayn sonnera et, lorsqu’il sera sonné, il ystra une ancienne damoiselle encherclee d’or et ung hermite en sa compaignie, laquelle leur dira que ilz feront et les menera eu pré où le Chevallier Noir sera, armé de toutes armes, [...]

Marie-Claire de Crécy (1997) op. cit., p. 52

Dans ses écrits, le chanoine Barleuf utilise l’ermite, dont le rôle passe inaperçu dans le roman, pour en faire un vertueux personnage, qui vivoit d’aumosnes et entre aultres, des libéralités d’un ancien chevalier nommé Pontus. Vincent Barleuf sous-entend que cet ermite a bénéficié des faveurs que lui accordait le seigneur du lieu, c’est-à-dire Ponthus. Barleuf déplace Ponthus de la fontaine de Barenton à laquelle il est associé depuis le 15e siècle pour l’intégrer aux origines de l’abbaye.

Ponthus est un personnage de fiction créé au début du 15e siècle. Guy XIV l’utilise dans la charte de 1467. Deux siècles plus tard, Ponthus est devenu un personnage mythique de la forêt de Brécilien. Barleuf ne peut l’ignorer et le « récupère » pour le placer aux origines du nom de Paimpont et de l’abbaye. Ponthus prend alors le statut de personnage historique.

Ponthus, de Barenton à l’abbaye

Jusqu’au 17e siècle, l’absence de documents nous donne le sentiment que l’Église ne veut donner aucune importance à la fontaine de Barenton, dont la réputation repose sur des pratiques pré-chrétiennes. Avec son entrée dans la littérature du 12e siècle, la fontaine est dotée de pouvoirs merveilleux dans le roman arthurien du Chevalier au lion, voire maléfiques au 13e siècle dans Le tournoiement de l’antéchrist. Sa célébrité décline au cours des siècles suivants puis renaît au début du 15e siècle, avec le succès du roman Ponthus et Sidoine, dont une partie de l’action se situe à la fontaine. Guy XIV de Laval, dans la charte des Usements de 1467, se sert de Ponthus, personnage romanesque, chevalier exemplaire, pour valoriser sa forêt et célébrer sa fontaine. Le « rituel » de l’eau sur la pierre de la fontaine de Barenton dans le roman est identique au pouvoir des seigneurs de Laval de faire tomber la pluie.

Un demi-siècle plus tard, en 1517 ou 1518, de passage à Rennes, le cardinal Louis d’Aragon est reçu par le gouverneur de la ville, Guy XVI de Laval, petit-fils de Guy XIV. Le cardinal est accompagné de son secrétaire, Antonio De Beatis qui publie le récit du voyage en 1521. Le pouvoir héréditaire du seigneur de Laval sur la fontaine de Barenton est abordé par Guy XVI.

[...] Sa Seigneurie nous dit encore qu’a une extrémité de ce bois, à un endroit où est fixée une grosse pierre, se trouve une fontaine ; lorsque, s’étant confessé et ayant communié, il trempe de la main une branche dans l’eau de la fontaine et la jette sur la dite pierre, l’air fût-il très serein, il pleut immédiatement. Cette faveur est octroyée par Dieu à l’aîné de cette Maison. Le comte de Laval a vu faire cette expérience par son père plusieurs fois et lui-même l’a faite, sans que jamais elle ait échoué.

DE BEATIS, Antonio, Voyage du cardinal d’Aragon en Allemagne, Hollande, Belgique, France et Italie (1517-1518), Paris, Perrin, 1913, Voir en ligne.

Depuis le 17e siècle, le rôle attribué à Ponthus en fait le seigneur de Brécilien. Ce titre de noblesse se concrétise en forêt par un « château de Ponthus » 7. Ce nom est donné à une ruine qui aurait existé à l’endroit où se trouve un hêtre remarquable, non loin de la fontaine de Barenton. Des fouilles sommaires faites en 1927 par l’abbé Le Claire ont révélé la présence d’un édifice circulaire qui serait selon l’abbé, une tour datant de l’époque gallo-romaine. Cette découverte n’ayant pas été confirmée par la suite est à considérer avec réserve. De ces vestiges, il ne reste que des pierres dispersées. Si l’idée même de l’existence d’un château s’est en grande partie estompée, le nom de Ponthus s’est reporté sur un arbre remarquable, devenu « Hêtre de Ponthus ».

Ponthus dans la toponymie de Brécilien

Dans cette partie du massif de Paimpont appelée « Haute-forêt », des lieux sont associés à Ponthus. Ainsi le breil de Bellenton devient le « champ ou camp du tournoi ». À proximité de celui-ci, des ruines accolées à un hêtre centenaire vont devenir le « château » et le « hêtre de Ponthus ».

Dans les années 1980, on voyait encore en forêt des panneaux portant le nom de Ponthus. Aujourd’hui, une allée de forêt nommée « ligne de Ponthus » conduit à un « Carrefour de Ponthus » et à la « Ligne de Barenton ». Non loin de la Ligne de Ponthus, Bellamy mentionne « l’Abreuvoir de Ponthus » 8 et le « Hêtre de Ponthus ». Le « champ ou camp du tournoi », proche de la fontaine de Barenton, évoque les pas d’armes de Ponthus. On trouve également le « château de Ponthus » nommé parfois « château de Belanton ». Barleuf nous apprend par ailleurs qu’une des quatre tours du château de Comper porte le nom de Ponthus.

Toponymie de Haute Forêt associée à Ponthus

Félix Bellamy est le premier à redécouvrir ces lieux à la fin du 19e siècle. Il s’appuie sur des traditions et montre qu’il s’agit d’une histoire sans doute antérieure au 16e siècle.


Bibliographie

ANONYME, Le roman de Ponthus et Sidoine, Edition critique de Marie-Claude de Crécy, rééd. 1997, Genève, Librairie Droz, 1400, Voir en ligne.

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 2, Rééd. 1979, Paris, Librairie Guénégaud, 1896.

COURSON, Aurélien de, « De la décoration de la dicte forest et des mervoilles estans en ycelle. », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXXVI, Voir en ligne.

CRÉCY, Marie-Claude de, « Ponthus et Sydoine en Brocéliande », in Brocéliande ou le génie du lieu, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2002, p. 179-222.

DE BEATIS, Antonio, Voyage du cardinal d’Aragon en Allemagne, Hollande, Belgique, France et Italie (1517-1518), Paris, Perrin, 1913, Voir en ligne.

GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul, « Registre de l’abbé Guillotin », Concoret, 1791, Voir en ligne.

MÉRY, Huon de et WIMMER, Georg, Huon de Méry : Le Tournoi de l’Antechrist, 2e édition, Orléans, Paradigme, 1995.

PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne.


↑ 1 • Texte traduit par Puton d’après l’original —  COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne. p. CCCLXXXVI —

↑ 2 • Voir l’analyse de Marie-Claude de Crécy sur Le roman de Ponthus et Sydoine dans —  CRÉCY, Marie-Claude de, « Ponthus et Sydoine en Brocéliande », in Brocéliande ou le génie du lieu, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2002, p. 179-222. —

↑ 3 • Dans le roman « Bellenchon » est une autre transcription de Barenton :

Avint que celui mardi matin vint mout de chevalliers pour cuidier faire fait d’armes au Chevallier Noir. Si estoit à celle fontaine des Merveilles, et aucuns l’appelloient la fontaine de Bellenchon. Si virent tedu une grant tente et ung grant paveillon.[...]

ANONYME, Le roman de Ponthus et Sidoine, Edition critique de Marie-Claude de Crécy, rééd. 1997, Genève, Librairie Droz, 1400, Voir en ligne. [page 54]

↑ 4 • Saint-Victor et Sainte-Geneviève sont les grandes abbayes parisiennes de chanoines réguliers. La fondation de la congrégation de Sainte-Geneviève date de 1635.

↑ 5 • L’abbé Barleuf est aussi l’auteur le 27 mai 1649, d’un récit de la cane de Montfort. Il reprend ce récit, qu’il dédicace à Henri de la Trémoille, seigneur de Montfort, d’un miracle dont il dit avoir été témoin et acteur.

↑ 6 • Ce texte pourrait-être celui de 1651 dont fait part Michel Duval.

[Texte] collationné aux termes du document, le 4 août 1651, sur « un livre d’ancienne écriture sur velin, couvert de vieux cuir tanné, contenant 30 feuilles, représenté à cet effet », nous est-il dit « par noble homme Jacques Madé, receveur général de Mon Seigneur l’Evêque de St Malo ».

Duval Michel (1954) op. cit., p. 11

↑ 7 • La tradition rapporte l’existence, parfois d’un châtelain de Ponthus, parfois d’un châtelain de Belanton (Barenton). Il s’agit du même personnage : Ponthus, dont le château est à Barenton. Le château de Belanton désigne le lieu où résidait Ponthus. On prend l’exemple du registre de Guillotin qui écrit :

Le château du Rox est situé à deux kilomètres à l’ouest du bourg de Concoret à faible distance de la lande de Lambrun. La tradition prétend qu’il fut construit au commencement de XIVème siècle avec les ruines du château de Ponthus. Il a été restauré en 1900. [...] Concoret n’était pas alors une paroisse, elle n’était qu’une simple chapelle commémorative de la réconciliation des Seigneurs de Ponthus et d’Isaugouët sur la place du « Pâtis-Vert » auprès de laquelle fut construite la maison de l’Audience.

GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul, « Registre de l’abbé Guillotin », Concoret, 1791, Voir en ligne.

↑ 8 • Félix Bellamy rapporte que l’Abreuvoir de Ponthus est un terme très ancien. À son époque (vers 1892), il ne reste plus de traces et c’est à peine si quelques personnes à présent connaissent de nom cette dépendance du vieux château.

Il parait qu’anciennement, il y a au moins cinquante ans, on voyait encore sous taillis, à sept ou huit cents mètres au midi du Château de Ponthus, une mare large, assez profonde et remplie d’eau, qu’on appelait l’Abreuvoir de Ponthus. On dit même que le fond et les côtés étaient revêtus de pierres. De tout cela, on ne trouve plus vestige aujourd’hui, tout est enfoui sous la végétation, les grandes herbes et les détritus qu’elles y accumulent. L’emplacement même en est à peu près oublié, à tel point qu’il est rare de rencontrer, même parmi les forestiers, quelqu’un qui puisse vous l’indiquer et vous y conduire.
Voici comment, à défaut de guide, on pourra trouver le lieudit Abreuvoir de Ponthus. Tandis que, en partant du carrefour des six routes, le Château de Ponthus est à gauche de l’alignement de la Ville-Danet, au contraire l’Abreuvoir de Ponthus est à droite. Parvenus a 640 pas environ (à peu près 540 mètres) du centre du carrefour nous laissons le chemin et nous entrons dans le fourré à droite, puis ayant avancé à travers broussailles à 40 à 50 pas, nous arrivons à un terrain coupé de fossés, les uns parallèles à l’alignement que nous avons suivi, d’autres obliques. C’est là le lieudit Abreuvoir de Ponthus. Ces fossés, m’a-t-on dit, ont été creusés il n’y a pas un grand nombre d’années pour dessécher le terrain qui était humide et marécageux, bien que situé au sommet de la colline. […]

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 2, Rééd. 1979, Paris, Librairie Guénégaud, 1896. p. 171