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1823-1831

Le Lycée Armoricain

Les premiers acteurs de la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont au 19e siècle

Le Lycée Armoricain, revue nantaise fondée en 1823, réunit les premiers acteurs de la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont.

Le premier volume du 1er janvier 1823 et ses objectifs

Lancée par l’imprimeur nantais Camille Mellinet 1, le Lycée Armoricain est la première revue à inscrire la Bretagne dans le mouvement romantique. —  CORNETTE, Joël, Histoire de la Bretagne et des Bretons. Des Lumières au XXIe siècle, Vol. 2, Le Seuil, 2005, 732 p., Voir en ligne. [pages 294-295] —

La revue, qui se veut littéraire, scientifique et historique revendique la valorisation de la culture populaire, l’exaltation des origines celto-bretonnes et la permanence de la culture classique. —  PLOTNER, Barbel, « Les débuts d’Emile Souvestre et d’Elisa Mercoeur dans le Lycée Armoricain », in Masculin féminin dans la poésie et la poétique du XIXe siècle, Presses Universitaires Lyon, 2002, p. 177-190, Voir en ligne. [page 179] —

Elle réunit les intelligences les plus actives de l’ouest —  SOUVESTRE, Emile, « Notice sur Edouard Richer », Revue de Paris, Vol. 42, 1827, p. 40-49, Voir en ligne.  — dans le combat pour un régionalisme fièrement assumé : Levez vous à ma voix, enfants de l’Armorique ! Rassemblez les débris de votre gloire antique. —  CHAPPLAIN, Ludovic, « Appel aux Bretons », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 3-6, Voir en ligne. p. 3 —

Ses auteurs cherchent à donner une voix à la Bretagne, lui permettant de rivaliser avec les intellectuels parisiens afin de : combattre cette injuste prévention qui discrédite tout ce qui s’imprime ou s’écrit en province. —  ANONYME, « Le Lycée Armoricain », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 1-2, Voir en ligne. p. 2 —

Les inventeurs de Paimpont-Brocéliande au Lycée Armoricain

On retrouve dans les premiers volumes du Lycée Armoricain tous les acteurs de la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont.

La première livraison de 1823 comprend Châteaux de Bretagne par Miorcec de Kerdanet, Parallèle des monuments celtiques avec les monuments romains, par M. Poignand, ainsi qu’un poème de Blanchard de la Musse intitulé L’influence de l’antiquité. Kerdanet et Poignand, qui partageaient le même éditeur rennais, chez Duchesne, se connaissaient déjà avant la fondation du Lycée Armoricain. La rencontre de Blanchard de la Musse et de Poignand dans cette revue débouche quant à elle sur une amitié, un travail commun et un article paru dans la troisième livraison de la revue en 1824 : Aperçu de la ville de Montfort sur Meu vulgairement appelée Montfort-la-Cane. Ce texte, qui fait date dans la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont, y situe pour la première fois Le Val Sans Retour. Le poète nantais y mentionne l’existence des Tombeaux de Merlin et de Viviane, donnant une notoriété importante à la découverte de Poignand, restée jusqu’ici confidentielle. —  BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin, « Aperçu de la ville de Montfort-sur-le-Meu, vulgairement appelée Montfort-la-Canne », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1824, p. 300-313, Voir en ligne. p. 300 —

Les légendes de la forêt de Paimpont y sont aussi à l’honneur avec un article sur la Mariée de Trécesson. —  ANONYME, « Le château de Trécesson », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1824, p. 5-9, Voir en ligne. p. 5 —

En 1826, M. F. Rever y demande quelques éclaircissements à Blanchard de la Musse sur le tombeau de Merlin et de son épouse Viviane. —  REVER, Marie François, « Sur Montfort. A M. l’éditeur du Lycée Armoricain », Le Lycée Armoricain, Vol. 8, 1826, p. 113-120, Voir en ligne. pp. 119-120 —

Celui-ci revient alors sur la méthode qui lui a permis de situer le Val sans Retour en forêt de Paimpont.

Par rapport aux éclaircissements que vous demandez sur les deux tombeaux de Merlin et de son épouse Viviane, je me bornerai à répondre que leur existence et leur situation sont très précisément indiquées dans l’Arthuriade connue sous le nom de roman de la table ronde. [...] Une notion exacte des localités jointes à l’intelligence de la langue celtique, fournissent la clef de presque toutes les allusions de cet antique poème national, et ne permettent pas de douter qu’il n’ait été vraiment composé dans les environs de notre forêt de Brécilien, à l’époque où le Druidisme y luttait contre l’introduction du Christianisme.

BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin, « Sur Montfort », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1826, p. 344-349, Voir en ligne. p. 347

L’influence d’Edouard Richer sur les inventeurs de Brocéliande

Présent dès l’origine du Lycée Armoricain, Edouard Richer, philosophe, poète et historien a exercé une influence notoire sur les premiers acteurs de la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont.

Il est l’auteur d’une Histoire de Bretagne —  RICHER, Edouard, Précis de l’histoire de Bretagne, Nantes, Imprimerie de Mellinet-Malassis, 1821, Voir en ligne. — vantée par Blanchard de la Musse, publiée en 1821, —  RICHER, Edouard, BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin et CARBONELL, Antoine-Jacques, Hommage à madame Blanchard de la Musse, Nantes, Imprimerie de Forest, 1822, Voir en ligne. — qui en fait un des pionniers avec l’abbé de la Rue de la redécouverte du passé celtique de la Bretagne.

Émile Souvestre, quant à lui, tient Les souvenirs de l’Armorique, parus dans les premiers volumes du Lycée Armoricain en 1823 et 1824, pour son œuvre majeure.

Pas une page n’a été écrite sur la Bretagne depuis dix ans qui ne doive quelque chose à ces lettres. Pour notre part, nous y avons puisé tout ce que nous avons dit sur la mythologie armoricaine dans les derniers Bretons.

SOUVESTRE, Émile, Extrait d’une Notice sur Edouard Richer, Nantes, Imprimerie de Mellinet-Malassis, 1827, Voir en ligne.

Dans cette œuvre, dédiée à Miorcec de Kerdanet, Richer écrit :

On sait que l’enchanteur Merlin disparut dans la forêt de Brocéliane ou Brocéliand, aujourd’hui la forêt de Lorges, prés de Quintin dans les Côtes du Nord .

RICHER, Edouard, « Les souvenirs de l’Armorique », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 17-27, Voir en ligne. p. 24

Cet emprunt à l’abbé de la Rue lui vaudra l’intérêt des défenseurs de la localisation de Brocéliande en forêt de Lorge, dont en premier lieu Habasque.

En 1825, Richer écrit un article sur le Roman de Brut 2 de Wace. L’auteur y revendique là encore une localisation en Bretagne de certains épisodes de la littérature arthurienne.

Enfin, la plupart des lieux chantés dans les anciens lais 3 armoricains, sur lesquels est fondé le roman du Brut, se trouvent dans la petite et non dans la grande Bretagne : tels sont le château de la Joyeuse-Garde, la forêt de Bréchiliant, le Val-Sans-Retour.

RICHER, Edouard, « Sur le roman de Brut », Le Lycée Armoricain, Vol. 6, 1825, p. 197-206, Voir en ligne. p. 206

Ses œuvres complètes, éditées à partir de 1827 par Camille Mellinet et préfacées par Émile Souvestre, comprennent deux chapitres aux titres évocateurs : Le roi Méliadus et la forêt de Brocéliande ; La forêt de Brocéliande, le Val sans retour et Barenton —  SOUVESTRE, Émile, Extrait d’une Notice sur Edouard Richer, Nantes, Imprimerie de Mellinet-Malassis, 1827, Voir en ligne.  —

Émile Souvestre en forêt de Paimpont-Brocéliande

Émile Souvestre fréquente la revue par intermittence à partir de 1824 et jusque dans les années 1830. Ami d’Edouard Richer, il y découvre la localisation paimpontaise de la Forêt de Brocéliande. Pionnier avec Hersart de la Villemarqué de la collecte de légendes et contes populaires bretons, il est attiré par la renommée naissante de la forêt de Paimpont. Ses collectes, qui connaîtront un vif succès, paraîtront en 1844 dans le Foyer Breton . —  SOUVESTRE, Émile, Le foyer breton : traditions populaires, Paris, Coquebert éditeur, 1844, Voir en ligne. p. 162 —


Bibliographie

ANONYME, « Le Lycée Armoricain », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 1-2, Voir en ligne.

ANONYME, « Le château de Trécesson », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1824, p. 5-9, Voir en ligne.

ARNOLD, Ivor, Le Roman de Brut de Wace, Vol. 1, Paris, Edit. Société des anciens textes français, 1938, Voir en ligne.

BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin, « Aperçu de la ville de Montfort-sur-le-Meu, vulgairement appelée Montfort-la-Canne », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1824, p. 300-313, Voir en ligne.

BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin, « Sur Montfort », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1826, p. 344-349, Voir en ligne.

CHAPPLAIN, Ludovic, « Appel aux Bretons », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 3-6, Voir en ligne.

CORNETTE, Joël, Histoire de la Bretagne et des Bretons. Des Lumières au XXIe siècle, Vol. 2, Le Seuil, 2005, 732 p., Voir en ligne.

PLOTNER, Barbel, « Les débuts d’Emile Souvestre et d’Elisa Mercoeur dans le Lycée Armoricain », in Masculin féminin dans la poésie et la poétique du XIXe siècle, Presses Universitaires Lyon, 2002, p. 177-190, Voir en ligne.

RICHER, Edouard, Précis de l’histoire de Bretagne, Nantes, Imprimerie de Mellinet-Malassis, 1821, Voir en ligne.

RICHER, Edouard, « Les souvenirs de l’Armorique », Le Lycée Armoricain, Vol. 1, 1823, p. 17-27, Voir en ligne.

RICHER, Edouard, « Sur le roman de Brut », Le Lycée Armoricain, Vol. 6, 1825, p. 197-206, Voir en ligne.

RICHER, Edouard, BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin et CARBONELL, Antoine-Jacques, Hommage à madame Blanchard de la Musse, Nantes, Imprimerie de Forest, 1822, Voir en ligne.

SOUVESTRE, Emile, « Notice sur Edouard Richer », Revue de Paris, Vol. 42, 1827, p. 40-49, Voir en ligne.

SOUVESTRE, Émile, Extrait d’une Notice sur Edouard Richer, Nantes, Imprimerie de Mellinet-Malassis, 1827, Voir en ligne.

SOUVESTRE, Émile, Le foyer breton : traditions populaires, Paris, Coquebert éditeur, 1844, Voir en ligne.


↑ 1 • François-Camille Mellinet-Malassis (1795-1843)

↑ 2 •  ARNOLD, Ivor, Le Roman de Brut de Wace, Vol. 1, Paris, Edit. Société des anciens textes français, 1938, Voir en ligne.

↑ 3 • Les lais sont les noms de deux genres poétiques du Moyen Âge, l’un narratif, l’autre lyrique, venus sur le continent par le truchement de jongleurs bretons. Ce sont de courts poèmes qui racontent une aventure. À l’origine, ce mot celtique désignait un chant.