aller au contenu

1419-1843

Le fief du Tellain

histoire d’un fief de la seigneurie de Plélan

Le fief du Tellain, attesté depuis le 15e siècle, appartenait à la seigneurie de Plélan. Son territoire couvrait environ un millier d’hectares et comprenait tout l’ouest de la seigneurie. Ses habitants ont formé une communauté paysanne possédant des droits particuliers qui ont perduré jusqu’au milieu du 19e siècle.

Les origines du fief

Aucun document antérieur au 15e siècle ne mentionne le fief du Thélin. Pourtant l’origine vraisemblablement francique du toponyme renvoie au patronyme « Telent » attesté dans la région entre le 9e et le 11e siècle.

Les premiers seigneurs attestés de Plélan sont les Lohéac. En 1353, la seigneurie de Plélan passe aux Gaël-Montfort avec le mariage de Raoul VII de Gaël-Montfort et d’Isabeau de Lohéac, héritière de Lohéac et de la baronnie de la Roche-Bernard. Leur fils Raoul VIII leur succède en tant que seigneur de Plélan.

La châtellenie de Plélan, dépendant de la baronnie de Lohéac, est constituée des seigneuries de la Chèze-Erbrée, des Brieux et de Plélan. Le fief du Thélin est alors une subdivision de la seigneurie de Plélan.

Féodalement, la seigneurie de Plélan se composait surtout de plusieurs fiefs en cette paroisse, qui relevait tout entière d’elle en arrière-fief. Ces fiefs jouissaient d’une haute justice exercée au Gué de Plélan. [...] Parmi les fiefs de Plélan se trouvait le grand fief du Thélin, dont les habitants ne vivaient point en République, comme on l’a prétendu, mais jouissaient de plusieurs privilèges et se gouvernaient, sous l’autorité du seigneur, d’une manière toute patriarcale.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896. [page 109]

Les limites territoriales du fief du Thélin nous sont connues avec exactitude à partir du 18e siècle. Son territoire s’étend alors sur toute la partie occidentale de la seigneurie de Plélan. Il est délimité au nord par les ruisseaux du Pas-du-Houx et de la Moutte qui marquent la frontière avec la baronnie de Gaël et à l’ouest et au sud par l’Aff qui marque la limite avec la baronnie de Beignon. Dans sa partie est, il comprend les villages du Gué, du Pont-Guérin (Pont-Garin), du Bodo, de la Basse-Haie et du Breil du Coq.

Le fief du Telent en forêt de Brécilien

Les deux premières mentions du fief avec la graphie « Telent » en 1419 et 1467 sont liées à la gestion de la forêt de Brécilien. Elles attestent donc du caractère forestier du sud-ouest de la paroisse de Plélan au 15e siècle 1.

Le Telent en 1419

En 1419, à la mort de Raoul VIII de Gaël-Montfort, son petit-fils, Guy XIV de Laval, né François de Montfort, hérite de l’ensemble de la forêt de Brécilien. Cette même année, il fait écrire une série de textes constituant les « comptes au receveur de Brécilien pour Mme de Laval et son fils seigneur de Gâvre et de Montfort pour la forêt de Brécilien et de Montfort et de Lohéac », dans laquelle on rencontre la première mention du fief sous la forme « Telent » 2. —  DUVAL, Jean-François, Occupation et mise en valeur du sol dans la région de Plélan-le-Grand au Moyen Âge (Ve-XIIIe siècle), Maitrise d’Histoire, Rennes II, 1998, 149 p., Voir en ligne. [ Page 103] —

[...] de rentes dues amonseigneur en telent et vieille cour [...].

A.D.I.V. 1 F 1546

Vieille cour désigne très certainement le « Gué de Plélan ». Siège de la seigneurie de Plélan, le Gué est donc au 15e siècle sur le territoire du fief du Thélin.

Les communiers du Telent en 1467

La seconde mention du fief du Telent apparait dans les Usements de la forêt de Brécilien, rédigés en 1467 par Guy XIV de Laval. Trois communautés de la paroisse de Plélan, situées en lisière orientale de la forêt de Brécilien, possèdent des droits d’usages particuliers dans le quartier nommé forêt de Lohéac : les communiers du Telent, de Catonet et de la Rivière. Les droits de ces trois communautés font parties des ordonnances les plus anciennes datées du 13e siècle

Les communiers du fief (fieu) de Telent, ceux du fief de Castonnet, les communiers de la Rivière étant en la paroisse de Plélan, ont droit d’usage de mener leur bête aumailles et autres au quartier de la forêt appelé Lohéac sans les inscrire, ni rien payer. Ils peuvent également prendre du bois mort 3 tombé (chéast) sur feuille (feille) la quantité que deux hommes pourraient enlever sur une charrette sans employer ni cognée ni ferrement, excepté que les communiers du fief de Castonnet ne peuvent prendre de bois au breil de Trécélien ni y mettre leur bétail 4.

Texte traduit de l’original : PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne. [page 9]

Les communiers sont tenus à certaines obligations envers le seigneur.

Il est à noter que les susdits communiers doivent, pour leur usage, assister à la battue (hue) 5 chaque fois qu’on chasse dans la forêt de Lohéac et qu’ils y sont appelés (ajournés) ou qu’on le leur fait savoir Ils doivent aussi les corvées de charroi pour les réparations que Monseigneur fera en ses moulins et ses auditoires (cohues), tant en Plélan qu’en Bréal. Les mêmes communiers sont assujettis, chaque fois qu’ils en sont requis par les officiers de Monseigneur, de porter les lettres et les messages à Lohéac en leur payant la somme de quatre deniers.

Texte traduit de l’original : Puton Alfred (1891) op. cit., p. 9.

Les communiers du Telent ont la charge de porter les lettres des officiers seigneuriaux de Plélan au siège de la seigneurie suzeraine de Lohéac (actuellement commune du sud de l’Ille-et-Vilaine). Cette particularité confirme si nécessaire que les droits accordés aux communiers du fief du Thélin datent d’avant 1353 et le rattachement de la baronnie de Lohéac à la seigneurie de Gaël-Montfort. Elle montre aussi que des liens particuliers unissent les vassaux du Thélin à leurs seigneurs de Lohéac.

Par ailleurs, une des ordonnances rédigées par le comte de Laval détaille la procédure par laquelle les communiers du Telent doivent rendre des comptes à leur seigneur :

Les comptes des communiers du Tellent doivent se rendre par les communiers 6 une fois l’an devant les vendeurs des forêts, savoir : le vendeur, le contrôleur et receveur des revenus des bois de ce commun. Ces officiers percevront 5 sous et leurs déboursés pour leur salaire et charge d’ouïr ces comptes ; et, comme ces officiers ne peuvent que difficilement y assister tous ensemble, il est ordonné que deux d’entre eux pourront y vaquer ; celui d’entre eux qui aurait fixé le jour pour entendre ces comptes devra en avertir les autres officiers de la forêt ou son autre collègue. [...] 7.

Texte traduit de l’original par Puton Alfred (1891) op. cit., p. 28.

Les aveux des 16e et 17e siècles

En 1549, les habitants du fief du Tellain rendent aveu pour leurs terres à Guy XVIII de Rieux-Laval, seigneur de Plélan. Henri, duc de la Trémoille, devenu comte de Laval en 1605, vend la seigneurie de Plélan vers 1630 à Louise de Maure, dame de Lohéac (†1643), femme de Gaspard de Rochechouart, marquis de Mortemart, pour 51 730 livres. —  IMBERT, Hugues, « Mémoire de Marie de la Tour-d’Auvergne, duchesse de la Trémoille (1664) », Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, Vol. 31, 1867, p. 95-129, Voir en ligne. p. 97 — En 1653, la majeure partie de la forêt de Brécilien est vendue 225 000 livres à François d’Andigné et Jacques de Farcy. — AN P1715 Rennes (Ille-et-Vilaine, Bretagne, France) (1676 -1682) p. 388-389 (Voir en ligne) — Les vassaux du fief du Tellain continuent cependant à jouir de droits d’usage dans le quartier de Lohéac en la forêt de Brécilien. 8

En 1689, Louis de Rochechouart, duc de Mortemart, donne la seigneurie de Plélan à sa femme Marie-Anne Colbert, duchesse de Mortemart, comme portion de l’assiette de ses deniers dotaux. Elle fait hommage au roi en 1690 pour sa terre de Plélan, puis lui rend aveu en 1695.

Des aveux généraux du fief du Tellain existent aussi pour les années 1561, 1590, 1592 et 1678. —  A.D.I.V. 20 J 41 —Guillotin de Corson cite quant à lui les aveux de 1687 qu’il a compulsés aux Archives paroissiales de Plélan.

Dans l’acte de ce genre dressé en 1687, ils reconnaissent « estre hommes et subjects du seigneur de Plélan, et de luy tenir prochement en sa terre et seigneurie de Plélan une tenue d’héritages nommée le fief du Telain, contenant environ 2,500 journaux de terre ». Ils avouent aussi devoir à ce seigneur une rente annuelle de 47 livres 9 sols, et « chaque demeurant en maison lui appartenant une buce d’avoine et une geline [poule] » ; tous ceux qui ont des boeufs, charrettes et chevaux doivent certaines corvées ; ceux qui n’en ont point sont chargés de la garde des prisonniers ; tous doivent, une fois la semaine, « le devoir de hue au temps de la semaison et porchaison ». En revanche, ils jouissent du droit d’usage dans le quartier de Lohéac en la forêt de Brécilien ; ils ont droit d’y saisir les animaux étrangers et d’y nourrir leurs porcs en certaines saisons ; ils sont exempts des devoirs de coutume à Bréal et à Lohéac, etc... (Archives Paroissiales).

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 6, Rennes, Fougeray éditeur, 1896, Voir en ligne. p. 368

L’aveu de 1687 confirme que les communiers du Tellain ont la propriété utile de leurs terres dans le cadre juridique de la tenure. On y voit que certains droits et devoirs des Usements de 1467 existent toujours deux siècles plus tard comme le devoir de hue, ou le droit pour les communiers du Tellain de saisir les animaux étrangers et de nourrir les leurs dans le quartier de Lohéac. On y voit aussi certaines nouveautés comme la garde des prisonniers pour ceux qui ne peuvent satisfaire à certaines corvées. L’aveu de 1687 apporte aussi des précisions sur l’organisation de la communauté des Thélandais.

[..] les habitants du Thélin doivent se réunir trois fois l’an, le mardi de Pâques, le jour Saint-Armel (16 août) et à la fête de Saint-Etienne, à Noël, « en un lieu estant en leurdicte tenue, nommé la fontaine Bodin, pour disposer des choses nécessaires pour la garde et défense de leur dictetenue ; et les ordonnances et dispositions qu’ils font auxdits jours valent sans autre assignation, pourvu que ce soit pour le profilt desdicts teneurs ». II est encore dit dans le même acte que le mardi de Pâques les tenanciers du Thelin doivent « eslir un homme teneur audit tenant pour faire la levée et cueillette des rentes et debvoirs et faire les exploits de justice » ; ils doivent ensuite nommer deux autres tenanciers pour conduire et présenter leur élu au seigneur de Plélan

Guillotin de Corson, abbé Amédée (1896) op. cit., p. 368

Le fief du Tellain au 18e siècle

Le 28 mai 1701, la duchesse de Mortemart vend la châtellenie de Plélan à Jean Picquet, seigneur de la Motte-Picquet, qui la revend aussitôt après à Françoise de Quelen, veuve de François de Montigny, président au Parlement de Bretagne. Françoise de Quelen laisse Plélan à son fils Yves-Joseph de Montigny, baron de Gaël, qui en rend aveu en 1748. Ses deux fils, Yves-Claude et Louis-François sont l’un après l’autre barons de Gaël et seigneurs de Plélan. Louis-François de Montigny fait hommage au roi en 1784 pour sa terre de Plélan, dont il est le dernier seigneur.

1777-1780

En 1777, le seigneur de Plélan qui est alors Louis-François, chevalier de Montigny, décide que soient transférées à Trégu, les foires qui se tenaient jusqu’alors au Gué, dans le fief du Tellain. —  DUVAL, Jean-François, Occupation et mise en valeur du sol dans la région de Plélan-le-Grand au Moyen Âge (Ve-XIIIe siècle), Maitrise d’Histoire, Rennes II, 1998, 149 p., Voir en ligne. —

Dans un rapport sur l’histoire du Gué en Plélan, Nicolas Cozic écrit que les habitants du Gué sont membres du fief du Tellain. Les vassaux du fief du Tellain demandent à ce que le marché revienne au Gué.

Dans une supplique adressée au Parlement de Bretagne en 1780 par les propriétaires de la forêt de Paimpont , une première mention indique que "le Gué se fait un mérite assez plaisant d’être voisin de l’emplacement où fut, dit-on, un château appartenant aux ducs de Bretagne". Une seconde supplique, émanant d’une singulière institution, "la République du Thélin", réunissant l’ensemble des vassaux du fief du Thélin dont étaient membres les habitants du Gué, est encore plus explicite. Elle indique le lieu où se tenaient les foires du Gué, lieu situé à proximité de la motte, qui s’appelle "les communs du Château du Roy Salomon" 9. (ADIV : 1J 576)

COZIC, Nicolas, « La Motte Salomon : recherche documentaire sur le contexte historique du site », Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, 1993. [page 10]

La correspondance de 1785

Une correspondance datée du printemps 1785, entre Gougeon, procureur au présidial de Vannes et Dubreil Lebreton évoque la possibilité de faire annuler par le Parlement les délibérations du 30 novembre 1780 et du 6 mai 1781 ou demander un réglement sur la forme des assemblées des vassaux du fief du Telain.

Une lettre non signée, datée 14 avril 1785, mentionne la liste des procurateurs du fief du Thélin.

Monsieur et très honoré confrère. Vous avez ci-joint les pouvoirs des pretendus procurateurs des vassaux du Telain, avec le projet de la requete qu’ils m’ont donné l’idée de présenter au parlement. (l’avis du marquis est attendu.)

Gougeon, procureur au présidial de Vannes.

Transcription Hervé Tigier - A.D.I.V. 20 J 35

Le 20 juin 1785 Dubreil Lebreton écrit :

[...] à l’égard de M. le Marquis de Montigny, son procès contre les vassaux du fief du Thelain me paraît toujours fort délicat et il est à craindre qu’il ne succombe. La position est d’autant plus embarrassante qu’il y a lieu de soupçonner quelque marché particulier entre les vassaux et les propriétaires des forges... il n’y aura alors aucun remède, s’il y avait une vente que d’exercer des retraits feodaux. Dans la place de M. de Montigny, j’en exercerois tant qu’à la fin je detruirois le fief et son usement ; à la verité c’est un ouvrage de longue haleine, mais avec le tems on vient à bout de tout.

Transcription Hervé Tigier - A.D.I.V. 20 J 35

Une autre pièce d’archive datant de la même période, Reçu avec lettre du 28 mai 1785 consiste en un tableau qui liste les lieux-dits des fiefs de la seigneurie de Plélan. Le premier à gauche sur la liste est le Tellain avec : la Bourgoulière, la Vieille Ville, la Haute Haye, la Basse Haye, Perquis, Lisle Guihard, la Touche, le Coudrai, la Pirotière, la Grée, l’Éclardais, la Bulais, le Bodo, le Pont Guerin, le Gué, la Lande du Gué, les Choux Rotis, le Breil du Cocq, la Bigotais, la Cloture, la Paviotais. — A.D.I.V. 20 J 37 —

Villages du fief du Tellain

La liste du fief du Tellain regroupe tous les villages situés sur la partie ouest de la seigneurie de Plélan. Cette liste comprend tous les lieux-dits qui formeront la future paroisse du Thélin à partir de 1849 ainsi que la Bourgoulière, le Bodo, la Vieille-Ville, la Lande du Gué, le Gué et le Pont-Guérin. La croix des Thélandais, située au pont Garin (Pont-Guérin) marque donc la limite entre le fief du Tellain et le fief du bourg de Plélan.

Limites du fief du Tellain
Fond cadastral de 1823

La présence sur cette liste des villages de La Bigotais, de Le Coudrai et de La Cloture, pose cependant question. La Bigotais et Le Coudrai, villages situés à environ 5 km au nord-est du bourg de Plélan, constituent une enclave du fief du Tellain dans la seigneurie de la Chèze-Erbrée. La Cloture de la liste est-il le lieu-dit situé à proximité de La Bigotais ou le lieu-dit actuellement localisé sur la commune du Loutehel, attenant aux landes du fief du Thélin ?

La communauté du Thélin dans la première moitié du 19e siècle

Au moment de la formation des communes en 1790, un grand nombre de trèves d’Ille-et-Vilaine deviennent des communes. Aucun document ne laisse supposer que les vassaux du fief du Tellain aient fait à cette époque des démarches pour s’émanciper de la commune de Plélan.

Le fait que le territoire de la trève du Tellain ne recoupe pas celui du fief du même nom aboutit à ce que le Tellain ne devienne pas une commune, excluant le Gué, centre administratif du fief du Tellain, d’un rôle possible de hameau central. Le lieu-dit du « Tellain » n’ayant aucune population agglomérée autour de sa chapelle tréviale, n’a pas pu jouer ce rôle.

En revanche, les habitants de l’ancien fief du Tellain sont encore regroupés en « société » après la Révolution, comme l’attestent de nombreux actes de la première moitié du 19e siècle.

  • L’acte le plus ancien, daté de 1806, a trait à la propriété d’un chêne abattu au Bodo, revendiqué par la communauté du Thelen 10.
  • En 1817, la communauté, regroupant 145 propriétaires indivis, présente une requête au conseil de préfecture 11.
  • En 1820, la communauté nommée Assemblée des tenanciers du Tellain en Plélan, défend les intérêts de la tenue du Tellain contre les propriétaires des Forges 12.
  • En 1822, l’élection des représentants de la communauté du Thélin à la fontaine de Bodine dégénère. Le préfet d’Ille-et-Vilaine, attendu les troubles et pour [éviter] les risques ordonne la dissolution de l’assemblée de Bodine. —  JORET, Eric, « Le classement des archives communales de Plélan-le-Grand », Mairie de Plélan-le-Grand, 1986. [page 2] —

Les procurateurs de la tenue du Thélin

Au début du 19e siècle, les procurateurs de la tenue du Thélin habitent au Gué, ancien siège de la justice seigneuriale et lieu d’habitation des notaires et autres hommes de loi 13. Ces procurateurs défendent les intérêts de la communauté du Thélin dans ses nombreux procès et perçoivent les rentes dues par les Forges de Paimpont.

  • En 1823, Augustin Allaire, résidant au Gué et René Daniel, charpentier à la Vieille Ville en Plélan sont mentionnés comme procurateurs des copropriétaires du Tellain 14.
  • En 1824, un troisième procurateur, Julien Lefeuvre, est cité en plus des deux précédents 15.
  • En 1838, une rente due par les Forges de Paimpont est payée au procurateur du Thélin, sans que son nom soit mentionné 16.
  • En 1839, Armand Godefroy Joubaire, notaire, détenteur des fonds du Thélin et devant rendre des comptes comme les procurateurs "pour vente d’arbres" 17 apparait dans le procès entre François Oresve, adjoint du maire de Plélan et les Thélandais.

    Oresve François, 44 ans, adjoint du maire. Plélan. Plaignant pour insultes le 7 juillet 1839 lors de l’assemblée du fief du Thélin 18 "tenue à la fontaine de Bodine", l’unanimité des témoins atteste de son comportement peu digne de sa fonction "devant au moins 200 personnes" 19. "Il y eut un houra ; Monsieur Joubaire frappait des mains : l’assemblée disait ’A bas le paulet’. C’était de l’écharpe dont on entendait parler". Déposition Allaire, 1839. "Le témoin a entendu dire à la foule qui faisait le houra : ’Te voilà donc "Marchand de parcelles", tu as grand’honte aujourd’hui’." Déposition Allaire, 1839.
    "Le témoin est procurateur : Il n’y a pas eu de compte rendu depuis douze ans". Déposition Detoc, 1839.

    Plélan 1839 - Dossiers correctionnels in TIGIER, Hervé, Mauvais coups et Coups du sort de Paimpont et du canton de Plélan au Tribunal de Montfort, Auto-édition, Paimpont, 2012, Voir en ligne. p. 345

1843 : la Société des Thélandais

Un camp temporaire de l’armée royale est édifié dans les landes du Thélin durant l’été 1843. Une partie des Thélandais s’y oppose ouvertement, commettant des actes de vandalisme contre les installations de l’armée.

En 1843, les représentants des Thélandais combattent l’édification d’un camp militaire borné à l’ouest par l’Aff, situé au sud du Moulin du Grand-Bois. La correspondance du préfet rapporte de nombreuses condamnations d’actes répréhensibles commis à l’encontre des installations militaires et même envers les soldats. Ainsi, en juin 1843, les piquets de délimitation du camp sont arrachés, la charpente d’une baraque renversée, des monuments "dont le génie et le goût laborieux des soldats ont embelli le camp" sont détruits en janvier 1844. Le sous-préfet de Montfort, Pontalié, s’en plaint au maire de Plélan-le-Grand et s’inquiète des activités de rouissage du lin dans les ruisseaux en amont du camp, dont l’eau est destinée aux hommes et aux chevaux. L’intervention de la puissance publique n’est pas vaine car dès lors, les agressions cessent.

JORET, Eric, « Le classement des archives communales de Plélan-le-Grand », Mairie de Plélan-le-Grand, 1986. [pages 2-3]

L’épisode du Camp du Thélin est la dernière période où les Thélandais apparaissent regroupés en société pour défendre leurs intérêts. Le 20 juin 1843, le Ministère de la guerre indemnise la Société des Thélandais pour la location des terres occupées par le Camp du Thélin et les détériorations qu’elles ont pu subir. Un document d’archives daté d’avril 1844 montre que la Société des Thélandais, représentée par M. Cotto, est insatisfaite des indemnités reçues.

[...] Les indemnités qu’il a fallu payer pour des dégâts exagérés s’élèvent à près de quatre mille francs, au double du prix principal, faudra-t-il encore accorder aux Thélandais pour la dite société de ses droits à une autre indemnité qui pourrait lui être due plus tard pour dépréciation apportée au sol par les mouvements de terre exécutés dans le camp.[...] En ce qui concerne la dépréciation du terrain occupé par l’assiette du camp proprement dit le rapport précité oppose avec raison au dire de la majorité des experts que le Sieur Cotto mandataire des Thélandais s’est engagé par écrit le 26 septembre 1843 [...]

Lettre du 23 avril 1844 à M le Préfet d’Ille-et-Vilaine - Ministère de la Guerre - Service du Génie - Matériel - Camp de Plélan.

Ces indemnités supplémentaires demandées par la Société des Thélandais au Ministère de la Guerre aboutissent à la non reconduction du camp du Thélin.

La fin de la communauté du Thélin

Vers 1840, les habitants du Thélin sollicitent la création d’une paroisse. Détachée de la tutelle de Plélan, la frairie du Thélin est érigée en paroisse par ordonnance royale datée du 19 octobre 1847. C’est paradoxalement au moment où les Thélandais gagnent leur autonomie spirituelle que la communauté du Thélin cesse d’exister. À cette époque, les biens communs ont été entamés par de nombreuses ventes de terres et par l’usurpation de parcelles par des particuliers du Thélin. —  JORET, Eric, « Le classement des archives communales de Plélan-le-Grand », Mairie de Plélan-le-Grand, 1986. [page 2] —

[...] depuis quelques années, la république s’est séparée et a plaidé contre l’indivision : elle se ruine en procès.

OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne : M-Z, Vol. 2, Réédition par A. Marteville et P. Varin, 1853, Rennes, Deniel, succ. Molliex Libraire-Editeur, 1780, Voir en ligne. p. 284

La commune du Thélin

Au début des années 1870, le Thélin est devenu une paroisse de 1066 hectares pour 615 habitants. Un village s’est peu à peu constitué autour de l’église Saint-Étienne bâtie à partir de 1853. Les habitants du sud de l’ancien fief, regroupés autour de cette nouvelle identité (territoire de la paroisse, village autour de l’église) demandent officiellement la création d’une commune au Thélin.

Par une pétition datée du 1er mars 1873, les Thélandais réclament l’érection de la "succursale du Thélin", alors desservie par le prêtre Joseph Levrel, en sa commune. Pour justifier cette démarche, ils invoquent la distance entre Plélan-le-Grand et le Thélin (7 kms), jugée importante, les difficultés d’enregistrement des actes de l’état-civil et enfin, se targuent de la bonne santé financière de leur communauté.

JORET, Eric, « Le classement des archives communales de Plélan-le-Grand », Mairie de Plélan-le-Grand, 1986. [page 3]

Cette première demande est rejetée par le Conseil municipal de Plélan-le-Grand. Cinq ans plus tard, les Thélandais demandent à nouveau la création d’une commune et obtiennent cette fois-ci satisfaction de la part du Conseil municipal mais se heurtent à un refus de la préfecture.

Cinq ans plus tard, le 26 mai 1878, le conseil [municipal de Plélan-le-Grand] vote à la majorité l’érection du Thélin en commune. L’étude de cette délibération nous révèle que les dettes de la fabrique du Thélin sont évaluées à 1 422 francs 84 centimes, ses biens comprennent 5 hectares de terres dont une partie en lande et terrains rocailleux, 2 hectares de terres cultivables sur lesquels existe une charge. Cette seconde démarche n’aboutit pas [...]

JORET, Eric, « Le classement des archives communales de Plélan-le-Grand », Mairie de Plélan-le-Grand, 1986. [page 3]

Une dernière tentative est faite en 1907. Elle rencontre également un refus de la préfecture malgré l’avis favorable du commissaire enquêteur.

La République du Thélin : une invention du 19e siècle ?

1841 — Baron du Taya

Baron du Taya, reprenant une tradition locale, est le premier auteur à mentionner l’existence d’une « République du Thélin » dans son opuscule daté de 1841.

On a parlé d’une république de Thélin. Elle aurait eu jadis pour fondateur un seigneur des environs qui aurait fait (le dirais-je ?) un octroi rémunératoire à ses vassaux libérateurs et fidèles. Les républicains de Thélin n’ont pas dédaigné, dans les temps modernes, de se prévaloir de cette tradition ou d’un titre qui aurait prouvé si long-temps, d’un côté la reconnaissance bienveillante, d’une autre part la loyauté affectueuse, et de part et d’autre le bon accord transacteur du bon droit. En 1840, un habitant de Plélan m’écrivait : j’ai ouï dire que le seigneur propriétaire de l’ancien fief du Telain, ayant été fait prisonnier et racheté par ses vassaux, leur fit don par reconnaissance de sa propriété.

BARON DU TAYA, Aymé-Marie-Rodolphe, Le Thélin, recherches rétrospectives, Rennes, Imprimerie de Vatar, 1841.

La tradition évoquée selon laquelle un seigneur aurait fait don par reconnaissance de sa propriété est évidemment erronée puisque les Usements de 1467 et les aveux de 1687 établissent que les Thélandais possédaient leurs terres dans le cadre de la tenure et non en pleine propriété.

Dans une addition à son opuscule sur le Thélin, Baron du Taya indique que l’appellation populaire de « République du Thélin » est apparue après la Révolution.

La révolution transforma cet heureux fief en Franc-alleu soumis toutefois à de nouvelles charges. - La liberté a son prix ; - Et les possesseurs furent qualifiés populairement de « républicains du Thélin »

BARON DU TAYA, Aymé-Marie-Rodolphe, Le Thélin, recherches rétrospectives, Rennes, Imprimerie de Vatar, 1841.

1845 — Ogée-Marteville

Le dictionnaire d’Ogée-Marteville, paru quatre ans plus tard, reprend la tradition mentionnée par Baron du Taya en précisant le nom du seigneur qui serait à l’origine de la fondation de la République du Thélin.

Le camp du Thélin était assis sur une lande fameuse connue dans ce pays sous le nom de République du Thélin. On n’a rien de précis sur l’origine de cette petite république ; mais selon la tradition, un Mortemart, fait prisonnier en Italie vers 1520, fut racheté par ses vassaux de Bretagne. De retour en ses foyers, le seigneur de Mortemart, reconnaissant, donna à ses vassaux, en toute propriété, le fief du Thélin, avec certains droits, dans la forêt de Paimpont. Le Thélin fut donc transformé en République et administré par deux préfets élus chaque année à la fontaine de Bodine. Cette petite république avait sa chapelle où les citoyens Thélandais entendaient la messe le dimanche, son cimetière où seuls, ils pouvaient recevoir la sépulture, etc…

OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne : M-Z, Vol. 2, Réédition par A. Marteville et P. Varin, 1845, Rennes, Molliex, Libraire-éditeur, 1780, Voir en ligne. p. 284

Selon Guillotin de Corson, dont nous partageons l’analyse, la tradition relayée par Baron du Taya et le dictionnaire d’Ogée-Marteville, selon laquelle les Mortemart ou les Brieux auraient donné des terres aux Thélandais, est sans fondement.

On a quelquefois parlé de l’ancienne association des habitants du Thélin, fief dépendant de la seigneurie et de la paroisse de Plélan ; on lui a même donné le nom de « République du Thélin » prétendant qu’un seigneur de Plélan avait cédé en toute propriété les landes du Thélin à ses vassaux, et que ceux-ci étaient administrés par deux préfets élus par eux. [...] On ne sait quel seigneur de Plélan avait accordé ces privilèges aux gens du Thélin ; la tradition qui attribue ce don au sire des Brieux en 1525, ou au Duc de Mortemart en 1685, est évidemment erronée, puisque l’association du Thélin est antérieure à 1467.

Guillotin de Corson, abbé Amédée (1896) op. cit., p. 367

Le roman de la République du Thélin

Un roman reprenant la tradition de la « République du Thélin » est paru en 1898. Son auteur, qui signe sous le pseudonyme de Ernest Christian, est un homme politique et journaliste aux convictions monarchistes et catholiques nommé Christian de Villebois-Mareuil (1852-1902), député de la Mayenne de 1889 à 1893 et de 1906 à 1914. —  CHRISTIAN, Ernest, La République de Thélin : histoire d’hier et de demain, Paris, Tequi, 1898, 364 p. — 20

Il y a quelque temps que le journal le Moniteur a donné un ouvrage remarquable que l’auteur qui s’est caché sous un pseudonyme, et qui a si justement donné à son livre le titre d’Histoire d’hier et de demain, et la satire du roman. C’est, tout à la fois, l’étude d’un fait historique peu connu, l’épisode d’une guerre de François Ier en Italie, où, accompagné de ses seigneurs, il fut fait prisonnier avec eux, les vassaux fidèles rachetèrent leurs maîtres en payant leur rançon. L’un d’entre eux pour se reconnaître aliéna en leur faveur une partie de ses terres, et fit naître la division, au sujet du partage et du commandement. L’auteur appartenant au monde parlementaire a su par d’ingénieux rapprochements créer des comparaisons avec les événements de nos jours. Sans avoir l’air de vouloir le faire, il soulève les plus graves questions qui occupent le plus les esprits de notre temps. Ce livre est donc de nature à intéresser les penseurs au même titre que les autres catégories de lecteurs.

ANONYME, « Bibliothèques paroissiales : répertoire bibliographique », Semaine religieuse du Diocèse de Lyon, Vol. 6 / 41, 1899, Voir en ligne.

Une République du Thélin ?

La « République du Thélin » apparait comme une appellation populaire datant vraisemblablement du début du 19e siècle et les Thélandais n’ont certainement jamais formé une république à proprement parler. Les habitants du fief du Thélin ont cependant bénéficié de droits particuliers depuis le 13e siècle qui les ont différenciés des autres communautés paysannes de la région de Brocéliande. Ce statut particulier associé à une organisation originale a perduré durant au moins 700 ans durant lesquels les Thélandais ont défendu collectivement leurs intérêts.


Bibliographie

ANONYME, « Bibliothèques paroissiales : répertoire bibliographique », Semaine religieuse du Diocèse de Lyon, Vol. 6 / 41, 1899, Voir en ligne.

JORET, Eric, « Le classement des archives communales de Plélan-le-Grand », Mairie de Plélan-le-Grand, 1986.

BARON DU TAYA, Aymé-Marie-Rodolphe, Le Thélin, recherches rétrospectives, Rennes, Imprimerie de Vatar, 1841.

BRIARD, Jacques et CASSARD, Jean-Christophe, Des mégalithes aux cathédrales, Skol Vreizh, 1983, (« Histoire de Bretagne »).

COTTIN, Alain, « Le fief du Thélin », Bulletin Communal de Plélan-le-Grand, 1978.

COZIC, Nicolas, « La Motte Salomon : recherche documentaire sur le contexte historique du site », Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, 1993.

CHRISTIAN, Ernest, La République de Thélin : histoire d’hier et de demain, Paris, Tequi, 1898, 364 p.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896.

OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne : M-Z, Vol. 2, Réédition par A. Marteville et P. Varin, 1853, Rennes, Deniel, succ. Molliex Libraire-Editeur, 1780, Voir en ligne.

PICHOT, Daniel, Le Village éclaté : Habitat et société dans les campagnes de l’Ouest au Moyen Âge, 2015, Presse Universitaire de Rennes, 2001, (« Histoire »), Voir en ligne.

TIGIER, Hervé, Terroir de Paimpont, Auto-édition, 2016.

TONNERRE, Noël-Yves, « Contribution à l’étude de la forêt bretonne : la forêt dans la région de Redon à l’époque carolingienne », in Enquêtes et documents - Centre de recherches sur l’histoire de la France Atlantique, Université de Nantes, Nantes, 1975, p. 59-75.


↑ 1 • Au 9e siècle, selon l’historien Noël-Yves Tonnerre, la paroisse de Plélan, comprenant le territoire actuel des paroisses de Plélan, Treffendel, Maxent. —  GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 5, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 470 —, est couverte par une forêt appartenant au domaine royal breton du Poutrecoët —  TONNERRE, Noël-Yves, « Contribution à l’étude de la forêt bretonne : la forêt dans la région de Redon à l’époque carolingienne », in Enquêtes et documents - Centre de recherches sur l’histoire de la France Atlantique, Université de Nantes, Nantes, 1975, p. 59-75. —. Elle s’étend alors au sud jusqu’à Guer, englobant l’actuel village du Thélin. Cette partie de la forêt est cependant déjà soumise aux défrichements de la colonisation par les bretons insulaires. —  BRIARD, Jacques et CASSARD, Jean-Christophe, Des mégalithes aux cathédrales, Skol Vreizh, 1983, (« Histoire de Bretagne »). [page 181] —

Les forêts de la région de Redon au 9e siècle
TONNERRE, Noël-Yves, « Contribution à l’étude de la forêt bretonne : la forêt dans la région de Redon à l’époque carolingienne », in Enquêtes et documents - Nantes, 1975

↑ 2 • S’agit-il du même texte : Comptes et receptes de la forest de Brecelian et de la chastellenie de Plelan pendant l’année 1419, rendu à Vitré, le 12 juin 1420. —  L’ESTOURBEILLON, marquis Régis de, « Les revenus de la forêt de Brocéliande aux XVe et XVIe siècles », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1893, p. 121-133, Voir en ligne. pp. 122-123 —

↑ 3 • Mort-bois et bois morts : le bois mort est celui qui est séché sur le pied et qui n’a plus de sève, ou qui étant coupé et abattu, est gisant sur terre. Le mort-bois est un bois qui, quoique vert et sur pied, est ainsi appelé par corruption pour maubois, ou mauvais bois, qui n’a ni fruit ni graine. —  FERRIÈRE, Claude-Joseph de et D’ARGIS, Antoine Gaspard Boucher, Dictionnaire de droit et de pratique : contenant l’explication des termes de droit d’ordonnances, de coutumes & de pratique. Avec les jurisdictions de France, Vol. 1, Babuty, 1762, 1090 p., Voir en ligne. p. 289 —

↑ 4 • 

↑ 5 • Dans les Usements de Brécilien transcrits par Aurélien de Courson, les [communiers] doivent estre à la hue es foiz et quant on chace en ladicte forest de Loheac. Puton traduit ce passage par : Les susdits communiers doivent assister à la battue (hue) au loup chaque fois qu’on chasse dans la forêt de Lohéac. Puton ajoute la mention du loup qui ne figure pas dans les usements.

↑ 6 • Texte original : Les comptes des communans du Tellent se doyvent randre des dits communs

↑ 7 • 

Aurélien de Courson (1863) op. cit., p. CCCLXC

↑ 8 • Un document des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine montre les tractations entre les seigneurs de Plélan et les nouveaux propriétaires de la forêt de Brécilien concernant les droits d’uasges des vassaux du Thélin : Liasses d’écrits, mémoires et procédures pour et contre le droit d’usage dans la forêt de Brecilien, le seigneur de Montigny à cause de ses vassaux des frairies de Gaillarde et la Ville Danet, de ceux de la seigneurie de Plelan au fief du Tellain, Castonnet en Loheac et de la Riviere en Plélan. . — A.D.I.V. 20 J 40 —

↑ 9 • Nicolas Cozic mentionne par ailleurs "la République du Thélin" en italique et guillemets comme s’il s’agissait d’un extrait du document d’archive de 1780 (Projet de construction par le chevalier de Montigny, seigneur de Plélan d’une halle et d’une prison et auditoire. Projet de transfert des foires et marchés du Gué et du Thélin en Plélan). Cela semble étonnant, car il s’agirait là de la seule mention attribuée à cette époque à l’association des Thélandais sous cette forme.

↑ 10 • 

Augrain Jean-Baptiste. Greffier de la municipalité. Plélan. Les audiences des 6 et 13 février 1806 concluent à tarder à faire droit jusqu’à ce que la question de la propriété du chêne abattu dans la chênais du Bodo et revendiqué par la communauté du Thelen soit tranchée au civil.

Plélan 1806 Minutes in TIGIER, Hervé, Mauvais coups et Coups du sort de Paimpont et du canton de Plélan au Tribunal de Montfort, Auto-édition, Paimpont, 2012, Voir en ligne. p. 269

↑ 11 • 

Procuration des 145 propriétaires indivis des terres de l’ancien fief du Tellain dont les noms au moins sont précisés (67 ne sachant signer ou ne signant pas sans modèle), à deux d’entre-eux pour présenter une requête au conseil de préfecture en vue d’autoriser la commune de Plélan à venir en justice dans l’instance qu’ils ont l’intention d’ouvrir contre elle [sauf contre-sens...].

4 E 21 46- 7 juillet 1817 in TIGIER, Hervé, Terroir de Paimpont, Auto-édition, 2016.

↑ 12 • 

Assemblée des tenanciers du Tellain en Plélan, « sur l’observation des tenuyers et habitants de la Bourgoulière que depuis environ trois ans, messieurs les propriétaires ont fait elever des talus au-dessous de leur forge jusque près les fosiers ?, et enclos une grande partie d’un terrain précieux dependant de la ditte tenue ; que cet enclos leur préjudicie essentiellement par la privation du paturage pour leurs bestiaux et des litières qu’ils y etrepaient ; que ne pouvant souffrir plus longtems une semblable usurpation, ils invitent l’assemblée ... ». Il est décidé que trois commissaires seront désignés pour examiner aux forges les titres « si aucun ils ont pour s’être permis de faire la cloture du terrein dont il s’agit » : Mr Denis avocat à Guer, Mr. Joubaire juge de paix et « Allaire nous notaire ».

3 U 1013- 29 décembre 1820 in TIGIER, Hervé, Terroir de Paimpont, Auto-édition, 2016.

↑ 13 • 

Entre le bourg de Plélan-le-Grand et le Gué, un lieu est communément appelé « Les Mottes ». En 1827, il n’est qu’une lande appelée aussi « Les Mottes » (n°132), appartenant, tout comme la place du château aux procurateurs du Thélin.

COZIC, Nicolas, « La Motte Salomon : recherche documentaire sur le contexte historique du site », Service Régional de l’Archéologie de Bretagne, 1993. [page 24]

↑ 14 • 

Après l’audience de la veille, le Sr Augustin Allaire et René Daniel, charpentier à la Vieille Ville en Plélan, agissant comme procurateurs des copropriétaires du Tellain en Plélan et opposants à une saisie-exécution, d’une part, et Joseph Marie Vincent Jehanne de Quehelec, propriétaire à Plélan, créancier saisissant, sont renvoyés devant la cour royale de Rennes, après avoir jointes les deux oppositions, l’arrêt de cette cour du 7 mai dernier n’ayant ni confirmé ni infirmé le jugement du tribunal de Montfort.

3 U2 10 15 - 14 novembre 1823 in TIGIER, Hervé, Terroir de Paimpont, Auto-édition, 2016.

↑ 15 • 

Julien Lefeuvre, René Daniel et Augustin Allaire, propriétaire et marchand au Gué reconnaissent avoir reçu de Me Pierre pascal Vallée, notaire, 2252 francs comme procurateurs de la tenue du Tellain, prix de la vente d’arbres qu’il rapporta par acte du 21 avril dernier.

4 E 21 49- 20 mai 1824 in TIGIER, Hervé, Terroir de Paimpont, Auto-édition, 2016.

↑ 16 • 

Payé au procurateur du Thélin, 2 années de rente foncière échues le 4 décembre 1838 : 51.00

Compte des recettes et dépenses des forges de Paimpont Du 1er juin 1838 au 1er juin 1839 in Archives du S.I.V.U. « Forges et Métallurgie en Brocéliande »

↑ 17 • 

Joubaire Armand Godefroy, 50 ans, notaire. Plélan. Renvoyé hors d’action le 19 juillet 1839 l’adjoint au maire n’étant plus dans l’exercice de ses fonctions, mais se mêlant des affaires de l’assemblée du fief du Thélin (ledit Joubaire étant "détenteur des fonds du Thélin" et devant rendre des comptes comme les procurateurs "pour vente d’arbres"), quand il a été insulté.

Plélan 1839 - Dossiers correctionnels in TIGIER, Hervé, Mauvais coups et Coups du sort de Paimpont et du canton de Plélan au Tribunal de Montfort, Auto-édition, Paimpont, 2012, Voir en ligne. p. 345

↑ 18 • L’usage du terme de « fief » persiste dans les actes administratifs et dans le langage de la population. Ce terme est un marqueur de l’identité locale.

↑ 19 • Liste des témoins à l’affaire du 7 juillet 1839 à la fontaine de Bodine :

Témoins : Mansuy Marie LEDALL 45 ans gendarme ; Pierre GAUTIER 42 ans gendarme ; François Michel MOCUDE 72 ans propriétaire ; Charles THOMAS 59 ans marchand ; Julien ALLAIRE 66 ans aubergiste ; Hyacinthe ALLAIRE 36 ans marchand ; Jean ROLLAND 37 ans à l’Eclardais ; Joseph BOUREE 39 ans à Perquis ; Joseph CRAMBERT 39 ans à Perquis ; Augustin THOMAS 39 ans à l’Eclardais ; Jean COIGNARD 60 ans à l’Eclardais ; Augustin COCHET 45 ans à la Rue ; Pierre CHOUAN 54 ans à Perquis ; Amand JOLIVE 33 ans cordier ; François JOSSET 65 ans à la Vieille Ville ; Jean Marie THOMAS 43 ans à la Haute Haie ; Joseph PAMBOUR 40 ans au Pont Guérin ; Alain DETOC 69 ans à la Vallie ; Julien SAUVAGE 43 ans à la Haute Haye ; François THOMAS 45 ans à la Haute Haie. PLÉLAN.

Plélan 1839 - Dossiers correctionnels in TIGIER, Hervé, Mauvais coups et Coups du sort de Paimpont et du canton de Plélan au Tribunal de Montfort, Auto-édition, Paimpont, 2012, Voir en ligne. p. 345

↑ 20 • Ce roman a fait l’objet d’une seconde édition en 1899 chez un autre éditeur parisien. —  CHRISTIAN, Ernest, La République de Thélin : histoire d’hier et de demain, Paris, Douniol, 1899, 364 p. —