1953-1955
Delpech, Jean
Un illustrateur inspiré de l’oeuvre de l’abbé Gillard
Entre 1953 et 1955, Jean Delpech (1916-1988) réalise les gravures de quatre des opuscules de l’abbé Gillard ainsi que le dessin de la mosaïque du Cerf Blanc de l’église de Tréhorenteuc.
Éléments biographiques
Jean Delpech (1916-1988) est né à Hanoï. Après le baccalauréat, il intègre l’École des beaux-arts de Hanoï, où il étudie la laque et suit les cours du peintre Joseph Inguimberty (1896-1971). Il vit en Indochine jusqu’en 1936, année de son inscription à l’École Nationale des Beaux-arts de Paris pour étudier dans l’atelier Roger.

Mobilisé en 1939, il passe les années de guerre à Paris. En 1946, il se marie avec Micheline Collard. En 1948, il obtient le « Premier grand Prix de Rome de gravure en taille douce » qui lui permet de passer quatre années à la Villa Médicis.
De 1952 à 1983, Jean Delpech enseigne le dessin, la peinture et la gravure.
- à partir de 1952, à l’École des Beaux-Arts de Rennes
- de 1974 à 1983 aux cours du soir de la ville de Paris
- de 1976 à 1981 à l’École Polytechnique
Au cours de ces années d’enseignement il forme de nombreux graveurs, dont certains sont parvenus à la notoriété, comme Philippe Mohlitz, François Houtin, Éric Desmazières ou Fernand Teyssier.
Grâce aux nombreux moyens d’expression que lui offre sa maitrise du dessin, de la peinture et de la gravure, Jean Delpech laisse une œuvre abondante et éclectique alliant travail de commande et expression personnelle.
- dessins 1
- timbres-postes 2
- illustrations pour des livres et magazines 3
- décors de théâtre 4
- médailles pour la monnaie de Paris
- fresques 5
- vitraux 6
- céramiques pour Christofle
- publicité graphique, affiches, cartes de vœux
Entre 1944 et sa mort le 30 mai 1988 à Sens (Yonne), ses œuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions et acquisitions par des musées français et étrangers.

De nombreuses reproductions de ses œuvres sont visibles sur deux sites.
- — FACEBOOK, « Jean Delpech », sans date, Voir en ligne. —
- — FAMILLE DELPECH, « Jean Delpech », sans date, Voir en ligne. —
1953-1955 — Jean Delpech, graveur pour l’abbé Gillard
Au début de l’année 1953, l’abbé Gillard achève l’écriture des Mystères de Brocéliande, synthèse toute personnelle sur les merveilles cachées de la forêt de Paimpont.

L’abbé, en quête d’un illustrateur de talent, contacte Jean Delpech, professeur de dessin fraichement arrivé à l’École des Beaux-Arts de Rennes.— BLOT, Roger, L’abbé Gillard et les artistes de Tréhorenteuc, Josselin, Association pour la Sauvegarde des Oeuvres de l’Abbé Gillard, 2019, n.p. p. —
La rencontre avec l’abbé Gillard débouche sur une collaboration. Jean Delpech, touché par l’abbé et sa perception du monde, signera les gravures de quatre de ses publications parues entre 1953 et 1955.
L’ensemble de ses brochures révèle une recherche tenace, intelligente et intuitive, pour saisir sous l’aspect fragmenté, chaotique du Monde, la Vérité, l’étonnante perfection géométrique d’une organisation divinement articulée.
Les gravures des Mystères de Brocéliande
Dans ce premier opuscule publié en 1953, Jean Delpech réalise ses plus belles gravures pour l’abbé Gillard. — GILLARD, abbé Henri et DELPECH, Jean, Les Mystères de Brocéliande, Ploërmel, les Éditions du Ploërmelais, 1953, 46 p., (« Le recteur de Tréhorenteuc »), Voir en ligne. —

[page 5] —

[page 22] —

[page 33] —
La Statue de la Rose Mystique sera la réplique à Tréhorenteuc de la Statue de Notre-Dame de Paimpont et elle sera le rétablissement, dans une même dévotion, de deux paroisses qui ont eu à leur tête les mêmes abbés et qui malgré la différence de Diocèses, restent toujours unies. [...] La Statue est promise par l’État, Elle doit représenter l’enlèvement de la rose. Le motif fourni par l’ange est porté sur le mur : Elle ne repose qu’en des mains pures.

[page 35] —
1955 — Les gravures de Néant-sur-Yvel
Jean Delpech réalise dix gravures de moindre importance pour l’opuscule de l’abbé Gillard intitulé Néant-sur-Yvel.— GILLARD, abbé Henri, Néant-sur-Yvel, Vol. 6, 1955, Josselin, Abbé Rouxel, 1980, 48 p., (« Œuvres complètes : le recteur de Tréhorenteuc »). —

[page 1] —
- Statue de Saint-Louis de Kermagaro
- Un Hospitalier de Saint-Jean
- Saint Guillaume
- Tombeau de Philippe de Montauban

[page 24] —
- Château du Bois-de-la-Roche
- Anne Toussainte de Volvire sur son âne
- Statue de Sainte-Anne de Beuves
- Chapelle de Kernéant

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1955 — Les gravures de Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont
En 1951, l’abbé Gillard publie Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont aux Éditions du Ploërmelais. Les illustrations en noir et blanc qui figurent dans cette première version de la brochure sont des reproductions des tableaux de Karl Rezabeck ainsi que des photographies de Ouest-France reproduites gracieusement.— GILLARD, abbé Henri et DELPECH, Jean, Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont : en Bretagne sur le 48e parrallèle, Ploërmel, les Éditions du Ploërmelais, 1951, 48 p., (« Le recteur de Tréhorenteuc »). —

En 1955, une deuxième version de Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont paraît aux Éditions du Ploërmelais. L’édition assez fortement remaniée intègre des gravures de Jean Delpech en remplacement des photographies de Ouest-France de 1951.— GILLARD, abbé Henri et DELPECH, Jean, Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont : en Bretagne sur le 48e parrallèle, Ploërmel, les Éditions du Ploërmelais, 1955, 55 p., (« Le recteur de Tréhorenteuc »). —

Le texte passe de 48 à 55 pages, des chapitres sont modifiés, d’autres sont supprimés ou ajoutés 7.
Jean Delpech réalise cinq gravures pour cette réédition de la brochure.

[page 22] —

[page 49] —
Saint Mathurin, assure-t-on, est le guérisseur de la folie. Et c’est vrai. Mais s’est-on jamais demandé de quelle folie il guérit ? Dans toutes les églises où il se trouve, il est représenté avec un rituel et un goupillon et dans la tenue où tout prêtre doit se trouver pour célébrer un mariage. Il invite les Jeunes Gens à se marier et il rappelle aux Anciens les engagements qu’ils ont pris. Si ceux qu’il vise comprenaient, ils guériraient instantanément ; mais on dit que celui qui est fou ne s’imagine pas qu’il est malade !
1955 — Les gravures de La Mystique des Nombres dans les Beaux-Arts
L’abbé Gillard fait à nouveau appel à Jean Delpech pour les gravures de La Mystique des Nombres dans les Beaux-Arts. La brochure comporte une vingtaine de gravures allant du dessin schématique intégré au texte à la composition élaborée pleine page. Les trois principales gravures portent la signature de Jean Delpech - JD - deux d’entre elles, les deux faces de la bannière de Tréhorenteuc précisent l’année d’exécution - 1954. — GILLARD, abbé Henri, HAUTECCOEUR, Louis et DELPECH, Jean, La Mystique des Nombres dans les Beaux-Arts, Ploërmel, Les Éditions du Ploërmelais, 1955, 65 p., (« Le recteur de Tréhorenteuc »). —

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[page 41] —

[page 43] —
- Porte d’armoire de Tréhorenteuc
- Confessionnal de Tréhorenteuc
- Confessionnal du Bois de la Roche et armoire
- Panneau d’armoire et puits de Tréhorenteuc
- Porte de cimetière
- Confessionnal de Josselin
- Porte de Josselin

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[page 63] —
La mosaïque du Cerf Blanc de l’église de Tréhorenteuc
Jean Delpech est l’auteur du dessin de la mosaïque du Cerf Blanc de l’église de Tréhorenteuc. Il réalise la première version de cette œuvre pour une brochure de l’abbé Gillard publiée en 1953.
Le sujet doit un jour être réalisé sous la forme de mosaïque et il doit représenter un grand cerf blanc portant un collier d’or, entouré de quatre lions et apparaissant auprès de la fontaine de Barenton. En vérité, ce n’est pas une apparition, mais une figuration de Jésus et des quatre évangélistes créée au Moyen-Age par la littérature. La légende du Moyen-Age aboutit à une conclusion qui certainement a son charme. Mais l’intérêt ici portera sur le collier. Ce collier, c’est l’attelage antique, c’est le harnais du vieux temps, c’est le joug dont Jésus parle dans les Évangiles, c’est la chaîne que portent sur eux les Évêques et dont tout fidèle doit se croire revêtu à l’effet de porter chrétiennement son fardeau.

[page 31] —
La gravure du livre n’est pas la copie inversée de la mosaïque. C’est au contraire la matrice de la gravure qui a servi de point de départ à la composition de Jean Delpech pour la mosaïque.
Fidèlement aux vœux de l’abbé Gillard, la mosaïque est réalisée un an plus tard par l’atelier Odorico de Rennes et son contremaitre Galiano Sefarini. Le premier morceau de la mosaïque réalisé à partir du carton de Jean Delpech est posé le 23 juillet 1954 à 13h.— Blot, Roger (2019) op. cit. —
1960 — La chapelle Saint-Gildas de Guégon
En 1960, l’abbé Gillard, originaire de Guégon (Morbihan), propose à Jean Delpech de réaliser les cartons de deux vitraux de la chapelle Saint-Gildas.


1987 — Une préface en hommage à l’abbé Gillard
En 1986, l’abbé Rouxel retrouve l’adresse de Jean Delpech, le contacte, l’interroge sur ses rapports avec l’abbé Gillard et lui propose d’écrire une préface au volume 20 des Œuvres complètes : le recteur de Tréhorenteuc.
Après une recherche minutieuse, nous avons retrouvé l’adresse de M. Jean Delpech, artiste-graveur de premier plan. Nous avons fait connaissance en décembre 1986, au cours de plusieurs heures d’entretien dans la salle qui lui servait d’atelier et au cours d’un déjeuner chez lui. À cette occasion, nous lui avions remis les brochures de l’abbé Gillard dans leur nouvelle présentation. Il jouissait d’une paisible mais active retraite, après avoir professé à Rennes, puis à la Ville de Paris et à l’École Polytechnique. Lorsqu’il eut repris connaissance des écrits de l’abbé Gillard, il m’écrivit ceci :« Veuillez trouver ci-joint un petit texte, (il s’agit de la préface du n°20) inspiré par ce trait d’humanité du recteur Gillard, un peu l’aventure de Vincent de Paul chez les galériens (cf. le film remarquable : « Monsieur Vincent » avec Pierre Fresnay), et le témoignage bouleversant du malheureux prisonnier qui recommence à manger (cf. aussi le film : « Balade Berlinoise » qui est une satire triste, terrifiante, à la Brecht) et la lettre de sa femme réduite à la mendicité par le vainqueur U.S. C’est bien de votre part de les avoir publiées. »
Un an plus tard, la préface de Jean Delpech paraît dans l’ouvrage réalisé en mémoire de l’abbé Gillard.
L’abbé Rouxel a eu l’idée de rechercher certains des premiers collaborateurs de l’abbé Gillard, spécialement ce peintre allemand, auteur du Chemin de Croix de l’église de Tréhorenteuc.
Deux lettres - une de l’Artiste, l’autre de sa femme - sont maintenant publiées - texte original et traduction française, ainsi un double public peut en prendre connaissance.
Documents terribles sur l’injustice des guerres, réactions en chaîne catastrophiques déclenchées par des irresponsables qui y survivent d’ailleurs très bien, s’arrangeant pour en faire subir les désastres par les gens du commun, piétaille qui subsiste comme elle peut à travers la tourmente ; et ceux qui ont connu cette période (guerre 39-45 immédiate après guerre qui vit tant de représailles, de vengeances, tout le monde était fou par excès de misère) ces survivants, donc, ne peuvent qu’admirer la tranquille honnêteté, la droiture du Recteur Gillard allant chercher un artiste dans le bagne où croupit l’armée ennemie vaincue, le tirant de la déchéance, du désespoir, le traitant d’égal à égal, comme un frère.
L’ensemble de ses brochures révèle une recherche tenace, intelligente et intuitive, pour saisir sous l’aspect fragmenté, chaotique du Monde, la Vérité, l’étonnante perfection géométrique d’une organisation divinement articulée.
Mais tout ceci serait peu de chose sans ce trait de Charité humaine et chrétienne.
1988 — un don à l’église de Tréhorenteuc
À la mort de Jean Delpech en 1988, sa femme fait don à l’église de Tréhorenteuc de deux gravures, dont une du sujet qu’il présente en 1948 pour obtenir le « Grand Prix de Rome de gravure en taille douce ».— ROUXEL, Abbé, NIZAN, Edouard et MARKALE, Jean, L’abbé Henri Gillard : recteur de Tréhorenteuc (1942-1962), Saint-Léry (56), éditions de l’église de Tréhorenteuc, 1990, 175 p. [page 96] —