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Le château et le bois de Ranlou

Situé sur la commune de Saint-Malon, Ranlou était une maison noble appartenant à la famille de Saint-Malon aux 15e et 16e siècles. Le château et les terres sont achetés au début du 17e siècle par les seigneurs de la Chasse.

Étymologie

En 1858, l’abbé Oresve propose une première étymologie de Ranlou.

Nous croyons que le nom de Ranlou, dont il est ici parlé, vient de deux mots celtiques : Ran, qui signifie portion, héritage, et Louch qui signifie : maison dans un bois. Ranlou, maison qui a une portion de bois.

Rann procède en effet du vieux breton « part, portion » et a toujours le même sens en breton moderne. —  LE MOING, Jean-Yves, Les noms de lieux bretons de Haute Bretagne, Spezet, Coop Breizh, 1990, 480 p. [pages 182 ; 388] —

Dans le Cartulaire de Redon, le mot ran désigne l’ensemble des terres nécessaires à une cellule familiale, l’unité d’exploitation agricole de base. La traduction habituelle du mot est pars terrae « lot de terre ».

Dans ce recueil d’actes on trouve cent vingt noms composés, formés avec le mot ran dont un ranloudinoc alias villa Loutinoc (Lodineu en Ruffiac, Morbihan). Dans la plupart des cas, les ran sont identifiés par un nom de personne et plus rarement par celui de leur occupant. —  CHÉDEVILLE, André, GUILLOTEL, Hubert et TANGUY, Bernard, Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, Rennes, Association des Amis des Archives Historiques du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo, 1998, 472 p. [pages 60 ; 67 ; 68 ; 69] —

Même s’il semble vraisemblable que le suffixe « Lou » soit lié à un patronyme, d’autres hypothèses sont possibles.

En vieux breton, la forme lou/leu signifie « lumière, brillance » et par extension clairière. La forme loch désigne quant à elle un « Étang ou marais ». —  FLEURIOT, Léon, Dictionnaire des Gloses en Vieux Breton de Léon, 1964, Toronto, Procorp Limited, 1985, (« Dictionnaire du Vieux Breton »), Voir en ligne. —

Le breton loch au masculin ou lochenn au féminin désigne aussi - comme l’abbé Oresve l’avait mentionné - une baraque, une cabane ou une cahute, vraisemblablement construite en bois.

Le château de Ranlou

Dénommé maison du Vieux-Ranlou en 1630 1 puis château de Ranloup en 1727, le manoir était bordé d’une chapelle privative, aujourd’hui disparue.

La chapelle est détruite, et du manoir, il reste un beau corps de bâtiment qui a dû être un commun. Il possède un beau porche d’entrée accolé d’une petite porte ; l’un et l’autre en plein cintre, de granit, et comportant aux deux claveaux un écusson peu saillant orné de trois lionceaux.

DUVAUFERRIER-CHAPELLE, Clotilde-Y., Saint-Méen le Grand : coeur de la Bretagne historique, profonde, mystèrieuse, au Pays de Montfort en Brocéliande, 1985, 470 p. [page 313]
Portail du manoir de Ranlou
—  DUVAUFERRIER-CHAPELLE, Clotilde-Y., Saint-Méen le Grand : coeur de la Bretagne historique, profonde, mystèrieuse, au Pays de Montfort en Brocéliande, 1985, 470 p.
[page 312] —

1410-1513 — La famille de Saint-Malon

La famille de Saint-Malon est la propriétaire attestée de Ranlou de 1410 à 1513.

Selon Guillotin de Corson, cette famille n’a jamais possédé la châtellenie de Saint-Malon. Portant dès 1398 d’argent à trois écureuils rampants de gueules, elle habitait en 1445 et 1513 le manoir de Plessix, relevant de la seigneurie de Saint-Malon.—  GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896. —

Blason des Saint-Malon
—  POTIER DE COURCY, Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, Vol. 2, 1862, Mayenne, Editions régionales de l’ouest, 1993, 677 p. —
  • En 1410, le château de Ranlou appartient à Charles de Saint-Malon. —  OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne : D-M, Vol. 2, Rennes, Vatar, 1779, Voir en ligne. p. 521 —
  • En 1445, Ranlou est propriété de la famille de Saint-Malon. —  BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 4, Rééd. 1973, Librairie Guénégaud, 1929. [page 12] —
  • En 1467, le seigneur de Raulo, cité dans les Usements de Brécilien, possède des droits d’usage dans le quartier de Lohéac.

Le seigneur de Raulo a droit d’usage dans le quartier de Lohéac, pour les bêtes qui lui appartiennent et pour son métayer demeurant en ce lieu sans les inscrire, ni rien payer. Quant à son chauffage, il ne peut user que de mort bois comme le bouleau (boul) et le charme (charmier) sans pouvoir abattre aucun autre bois.

COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne. p. 377
  • En 1480 Ranlou appartient à Guillaume de Saint-Malon.
  • En 1513 le manoir est toujours attesté en tant que propriété des Saint-Malon. —  BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 4, Rééd. 1973, Librairie Guénégaud, 1929. [page 12] —

1626-1630 — La vente du fief de Saint-Malon

Le 4 février 1626, François d’Andigné, seigneur de Kermagaro 2 et de la Chasse en Iffendic, achète la châtellenie de Saint-Malon à Henri de la Trémoille. —  IMBERT, Hugues, « Mémoire de Marie de la Tour-d’Auvergne, duchesse de la Trémoille (1664) », Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, Vol. 31, 1867, p. 95-129, Voir en ligne. p. 97  —

Lorsque en 1653, Louis XIV érige en châtellenie la seigneurie de Saint-Jean en Saint-Malon, Jean-Baptiste d’Andigné, seigneur de la Chasse et de Saint-Malon s’oppose à cette décision qu’il considère comme une atteinte portée à son autorité. En 1655, il obtient par lettres patentes du roi l’érection de la Seigneurie de Saint-Malon en châtellenie. En 1707, les seigneuries de la Chasse, de Cahideuc et de Saint-Malon sont unifiées. —  GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896. —

1711 — Le seigneur de la Chasse

En 1711, le seigneur de la Chasse en Iffendic fait poursuivre des malfaiteurs qui avaient pillé la chapelle de Ranlou ainsi que le manoir, brisé la porte de la chapelle dudit lieu, enlevé les ornements, brisé le crucifix et fait beaucoup d’autres désordres. — Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, C, 2606 in GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 6, Rennes, Fougeray éditeur, 1896, Voir en ligne. p. 154 —

1727 — Le château de Ranloup

Le château de Ranloup est cité sur le Plan général de la forest de Bressilien daté de 1727. Il est bordé au nord par une allée d’arbres et à l’ouest par un étang.

Château de Ranloup sur le plan de 1727
—  ANONYME, « Plan général de la forest de Bressilien », Paimpont, 1727, Voir en ligne. —

La légende du plan indique :

  • YY. La maison de Ranloup, taille et futaye, contenant 172 arpents.
  • 15. Les landes autier et Ranloux contenant environ 79 arpents.

1826-1836 — La métairie de Ranlou

En 1826, Jean Lefrère est fermier de la métairie de Ranlou — 2U 574 - Audition du 9 mars 1826, justice de paix in TIGIER, Hervé, Paimpont en 1820 : les Paimpontais du Bourg, des Forges et du Gué, auto-édition, 2022, 789 p., (« Les terroirs de Paimpont »). [page 177] —

Ranlou est mentionné en tant que ferme sur le cadastre de Saint-Malon de 1836.

Ranlou sur le cadastre de Saint-Malon de 1836
3 P 5515 - Tableau d’assemblage
Ranlou sur le cadastre de Saint-Malon de 1836
3 P 5515 - Section C3 de Sur la Landelle. Parcelles 576-1156

Le bois de Ranlou

Bien qu’attenant au château, le bois de Ranlou est situé sur la commune de Paimpont. Propriété du seigneur de Ranlou, il est loué jusqu’en 1881 par les propriétaires de la forêt pour les besoins d’alimentation en charbon de bois de l’usine des Forges.

Landes du bois de Ranlou

1791 — Le mesurage du Bois de Ranlou

En 1791, le Bois de Ranlou est mesuré et borné pour le compte de M. de Bavalent et des Sieurs propriétaires des forges de Brecilien.

Procès verbal de mesurage et bornement du bois de Ranlou à la requête de M. Jehanne, faisant pour M. de Bavalant et les Sieurs propriétaires des forges de Brecilien. Broussais et Allaire arpenteurs. — 3Q 27 1 - 12 août 1791 in TIGIER, Hervé, Paimpont en 1820 : les Paimpontais du Bourg, des Forges et du Gué, auto-édition, 2022, 789 p., (« Les terroirs de Paimpont »). [page 177] —

1855 — Les gardes du bois de Ranlou

En 1855, la garderie du Bois de Ranlou est sous la responsabilité des gardes de la maison forestière du Buisson.

N° 398 - Pierre Laumailler, 34 ans, et Mathurin Chevalier, 39 ans, demeurant au Buisson, sont agréés par le sous-préfet en tant que gardes des bois taillis de Ranlou, en Paimpont et Saint Malon— 2 Z 6 - 27 déc. 1855 in TIGIER, Hervé, Paimpont en 1820 : les Paimpontais du Bourg, des Forges et du Gué, auto-édition, 2022, 789 p., (« Les terroirs de Paimpont »). [page 605] —

1867 — Le plan du domaine de Paimpont

Le bois de Ranlou apparait sur le plan du domaine de Paimpont de 1867 comme un canton spécifique exploité pour les Forges.

Bois de Ranlou sur la carte de 1867

1881— Le rachat du bois de Ranlou

Propriétaire des Forges et de la forêt de Paimpont à partir de 1874, Louis Auguste Levesque s’efforce de supprimer les enclaves de son domaine. Entre 1877 et 1887, il réalise vingt-deux opérations d’acquisition ou d’échange.

En 1881, il acquiert le bois de Ranlou (48 ha) à M. de Kerdreux. —  LEVESQUE, Jérôme, Les Levesque de la fin du XVIIe siècle à nos jours, Les Forges de Lanouée, 2004. [page 112] —


Bibliographie

BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 4, Rééd. 1973, Librairie Guénégaud, 1929.

CHÉDEVILLE, André, GUILLOTEL, Hubert et TANGUY, Bernard, Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, Rennes, Association des Amis des Archives Historiques du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo, 1998, 472 p.

COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne.

DUVAUFERRIER-CHAPELLE, Clotilde-Y., Saint-Méen le Grand : coeur de la Bretagne historique, profonde, mystèrieuse, au Pays de Montfort en Brocéliande, 1985, 470 p.

FLEURIOT, Léon, Dictionnaire des Gloses en Vieux Breton de Léon, 1964, Toronto, Procorp Limited, 1985, (« Dictionnaire du Vieux Breton »), Voir en ligne.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 6, Rennes, Fougeray éditeur, 1896, Voir en ligne.

IMBERT, Hugues, « Mémoire de Marie de la Tour-d’Auvergne, duchesse de la Trémoille (1664) », Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, Vol. 31, 1867, p. 95-129, Voir en ligne.

LE MOING, Jean-Yves, Les noms de lieux bretons de Haute Bretagne, Spezet, Coop Breizh, 1990, 480 p.

LEVESQUE, Jérôme, Les Levesque de la fin du XVIIe siècle à nos jours, Les Forges de Lanouée, 2004.

OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne : D-M, Vol. 2, Rennes, Vatar, 1779, Voir en ligne.

ORESVE, abbé Félix Louis Emmanuel, Histoire de Montfort et des environs, Montfort-sur-Meu, A. Aupetit, 1858, Voir en ligne.

POTIER DE COURCY, Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, Vol. 2, 1862, Mayenne, Editions régionales de l’ouest, 1993, 677 p.

TIGIER, Hervé, Paimpont en 1820 : les Paimpontais du Bourg, des Forges et du Gué, auto-édition, 2022, 789 p., (« Les terroirs de Paimpont »).


↑ 1 • En 1630 le duc de La Trémoille vend à Jean Madicq, sieur des Maisons-Neuves, fils d’Antoine et de Henriette Le Baillif, (fille de Roch Le Baillif), dix journaux de terres en forêt de Brécilien.

A écuyer Jean Madicq, sieur des Maisons-Neuves, par deux contrats du 28 mai 1630 au rapport des dits Régnier et de Guillemot, notaires, par le premier en forme d’afféagement le fond de dix journaux de terre en la dite forêt de Brécilien, près de la maison du Vieux-Ranlou pour la somme de 75 livres, et par l’autre, le bois étant sur les dits journaux pour la somme de 195 livres.

AN P1715 Rennes (Ille-et-Vilaine, Bretagne, France) (1676 -1682) pp. 381-382

↑ 2 • François d’Andigné est nommé Monsieur de Quermagarot dans Mémoire de Marie de la Tour-d’Auvergne.