Baronnies de Bretagne
En 1408, les États de Bretagne assemblés à Malestroit sont les derniers où le titre de baron est donné à tous les seigneurs présents. Par la suite la réunion des États est souvent empêchée par les guerres. Dès son accession au duché, le 25 mai 1451, le duc Pierre II profite du calme qui règne en Bretagne pour convoquer les États à Vannes. Il entend régulariser la tenue des États en valorisant les baronnies anciennes. Une tâche difficile compte tenu que le titre de baron est hérité d’une histoire nobiliaire pour le moins confuse.
Tandis que le nom de Baron fut générique et ne signifia autre chose que Magnates, Proceres, Optimates, les Barons n’eurent au-dessus d’eux que les Rois, les Princes et les Prélats. Mais depuis qu’on a regardé comme Baron le Seigneur d’un fief considérable, les Comtes ont eu le pas sur les Barons. Après l’extinction des Maisons Comtales les Vicomtes eurent la même préséance : mais quelque attention qu’ils aient eu d’exprimer leur qualité de Vicomte dans les actes, insensiblement on les a confondus par erreur avec les Barons et leurs Vicomtés avec les simples Baronnies. Soit par affectation, soit par négligence les Greffiers et les Notaires n’ont observé aucun ordre dans le dénombrement qu’ils ont fait des Barons qui étaient présents à leurs actes. Les chronologistes et les historiens ont fait la même faute ; et tout est dans une si grande confusion avant le XVe siècle, qu’il n’est pas possible de savoir quel était le rang que les Barons observaient entre eux. […] MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne., Vol. 2, Paris, Charles Osmont, 1744, Voir en ligne.
Pierre II veut désormais donner le titre de baron aux premiers vassaux de la couronne considérés comme les Pairs du Duché. Il décide la création de neuf baronnies dans le but de hiérarchiser la noblesse bretonne de manière officielle en son parlement. Ainsi les barons s’inscrivent au sommet de la hiérarchie des titres de noblesse. Lors de la session des États, ils siègent à la gauche du duc, les prélats siégeant à droite. Dès lors, le classement des dignités s’établit ainsi : prélats, barons, chapitres, gens d’église, bannerets, bacheliers, chevaliers, écuyers, bourgeois et marchands du duché. Toutefois des voix s’élèvent chez certains nobles mécontents de la place qui leur est donnée dans cette assemblée.
[…] Cependant il est difficile de croire que des Seigneurs aussi puissans n’ayant eu pendant plusieurs siècles aucun rang entr’eux dans les Parlemens, & qu’il ne s’en soit trouvé aucun qui ait eu l’ambition de dominer sur les autres.[…]Morice, Pierre-Hyacinthe (Dom) (1744) op. cit. p. XXVIIJ (Voir en ligne)