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320-49 av. J.-C.

L’obole massaliote de Paimpont

Une pièce de monnaie massaliote (320-49 av. J.-C.) a été découverte à Paimpont dans la deuxième moitié du 19e siècle. La présence de cette monnaie « exotique » en forêt de Paimpont interroge.

La découverte de l’obole massaliote de Paimpont

Une petite obole 1 massaliote a été découverte à Paimpont dans la deuxième moitié du 19e siècle. Cette monnaie frappée à Massalia (Marseille) a eu cours entre 320 et 49 av. J.-C. Elle est mentionnée par Pascal-Louis Lemière (1818-1887), pionnier de la numismatique gauloise armoricaine, dans un opuscule inédit daté de 1873 2. P.-L. Lemière en donne une reproduction planche 17, n°12 de son manuscrit. —  COLBERT DE BEAULIEU, Jean-Baptiste, « Notices de numismatique celtique », Annales de Bretagne, Vol. 44 / 1, 1957, p. 24-45, Voir en ligne. [page 32] - PROVOST, Alain et LEROUX, Gilles, Carte archéologique de la Gaule : 35. Ille-et-Vilaine, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990, 304 p. [page 170] —

Les monnaies massaliotes en Bretagne

La découverte d’une pièce de monnaie massaliote en Bretagne est rarissime. Il n’existe en dehors de l’obole de Paimpont qu’une découverte similaire, la drachme massaliote en argent (220-218/49 av. J.-C.) à Plouguerneau (Finistère) 3 —  BOUSQUET, Jean, « Deux monnaies grecques : Massalia, Sestos », Annales de Bretagne, Vol. 75 / 1, 1968, p. 277-279, Voir en ligne. —.

Obole massaliote trouvée à Plouguerneau

La présence d’une drachme massaliote à Plouguerneau a été rapprochée du commerce de l’étain suggérée par le voyage du massaliote Pythéas 4 en Armorique entre 325 et 300 av. J.-C. Il est vrai qu’une des routes antique de l’étain passait vraisemblablement par le massif forestier de Paimpont.

Pour gagner les rives de la Manche et par Jersey la Bretagne insulaire la route la plus courte et la plus facile pour les marchands vénètes était d’emprunter le territoire coriosolite vers la Rance et ses ports, une route terrestre directe joint Redon sur la Vilaine à la Rance à travers le territoire de ce peuple ; il y aurait eu alors une alliance étroite et des rapports privilégiés de part et d’autre d’une longue frontière commune, le cours moyen et inférieur de l’Oust.

GIOT, Pierre-Roland, BRIARD, Jacques et PAPE, Louis, Protohistoire de la Bretagne, Rennes, Editions Ouest-France, 1995. [375]

Mais dans le cas de la drachme de Plouguerneau comme dans celui de l’obole de Paimpont, trouvées en dehors de tout contexte archéologique, les interprétations sur l’origine de leur présence peuvent être nombreuses.

Faut-il voir dans ces pièces méditerranéennes [...] des témoins d’une "circulation secondaire", monnaies transportées, utilisées dans un contexte de pénurie monétaire et perdues par des soldats romains ou des auxiliaires barbares venus en Armorique lors des campagnes militaires de la Conquête, ou plus tard, comme à Aulnay-de-Saintonge ? [...] Cependant, quels hommes et quelles époques privilégier parmi de nombreuses possibilités ? Le marin contemporain de Pythéas, le marchand sur la route de l’étain, le mercenaire gaulois de retour dans ses foyers, le légionnaire romain changeant de garnison, et tant d’autres, jusqu’au marin breton des conquêtes d’Afrique du Nord, sans oublier le collectionneur aux poches percées ! Pourquoi s’interdire de penser que certaines de ces monnaies - notamment celles en or ou en argent - aient pu parvenir en Armorique à l’époque de leur plus grande utilisation dans leur aire principale de diffusion ?

SANTROT, Jacques et AUBIN, Gérard, « Les monnaies antiques « exotiques » de Darun, en Nivillac (Morbihan) », Revue Archéologique de l’Ouest, Vol. 19 / 1, 2002, p. 219-229, Voir en ligne.

Bibliographie

ABOLLIVIER, Philippe et COATIVY, Yves, « Un manuscrit inédit de Pascal-Louis Lemière (1818-1887) pionnier de la numismatique gauloise armoricaine », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 110 / 2, 2003, p. 7-42, Voir en ligne.

BOUSQUET, Jean, « Deux monnaies grecques : Massalia, Sestos », Annales de Bretagne, Vol. 75 / 1, 1968, p. 277-279, Voir en ligne.

COLBERT DE BEAULIEU, Jean-Baptiste, « Notices de numismatique celtique », Annales de Bretagne, Vol. 44 / 1, 1957, p. 24-45, Voir en ligne.

GIOT, Pierre-Roland, BRIARD, Jacques et PAPE, Louis, Protohistoire de la Bretagne, Rennes, Editions Ouest-France, 1995.

PROVOST, Alain et LEROUX, Gilles, Carte archéologique de la Gaule : 35. Ille-et-Vilaine, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1990, 304 p.

SANTROT, Jacques et AUBIN, Gérard, « Les monnaies antiques « exotiques » de Darun, en Nivillac (Morbihan) », Revue Archéologique de l’Ouest, Vol. 19 / 1, 2002, p. 219-229, Voir en ligne.


↑ 1 • Une obole massaliote est une division monétaire de la drachme massaliote (monnaie très courante). Elle équivaut à 1/6 de drachme (0,73 g).

↑ 2 • Des documents datés de 1873 et retrouvés par Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, prouvent que Pascal Louis Lemière travaille sur une suite à son Essai sur les monnaies gauloises de la Bretagne armoricaine, constituée de nombreux documents inédits, illustrés de 14 planches numérotées de IV à XVII représentant au moins 250 figures, le Manuscrit de Kerviler, du nom de l’archéologue et numismate René Kerviler qui l’a possédé. Ce manuscrit a été retrouvé aux Archives Départementales des Côtes-d’Armor dans le fonds 133 J 2 par Philippe Abollivier et Yves Coativy. —  ABOLLIVIER, Philippe et COATIVY, Yves, « Un manuscrit inédit de Pascal-Louis Lemière (1818-1887) pionnier de la numismatique gauloise armoricaine », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 110 / 2, 2003, p. 7-42, Voir en ligne. —

↑ 3 • Deux autres monnaies massaliotes on été trouvées dans le grand-ouest. Une obole et une drachme massaliotes on été découvertes à Allones (Sarthe) en 1982. Deux drachmes et un bronze massaliotes ont été découverts à la Roche-sur-Yon en 1982.

↑ 4 • Pythéas (v. 380 av. J.-C. - v. 310 av. J.-C.) est un explorateur grec originaire de Massalia (Marseille). Il a effectué un voyage dans les mers du Nord de l’Europe. Il est le plus ancien auteur de l’Antiquité à avoir décrit, notamment, les phénomènes polaires, les marées ainsi que le mode de vie des populations de la Grande-Bretagne et des peuples germaniques des rives de la mer du Nord, voire de la mer Baltique.