1961-1962
Le Réseau O.A.S. de l’Ouest
L’O.A.S. dans la région de Brocéliande
Le Réseau O.A.S. de l’Ouest se développe en 1961 autour d’un noyau de militaires du camp de Coëtquidan associés à des civils de la région de Brocéliande. Auteur de sept attentats dans le grand ouest, le réseau est démantelé en juillet 1962. Ses principaux membres sont jugés et condamnés à des peines de réclusion criminelle et envoyés au bagne de Saint-Martin-de-Ré.
En 1954, à Blida, dans l’un des trois départements français d’Algérie, un soulèvement populaire est réprimé par les forces de l’ordre. Cet évènement constitue le point de départ de la guerre d’Algérie, qui voit l’armée française affronter l’organisation indépendantiste du Front de Libération nationale (F.L.N.).
En réponse à l’incapacité des gouvernements successifs de la Quatrième République à rétablir la paix en Algérie, un coup d’état est organisé par le député Pierre Lagaillarde et les généraux Salan, Massu et Jouhaud le 13 mai 1958 à Alger. Le gouvernement général d’Algérie tombe aux mains des putschistes qui mettent en place un comité de salut public présidé par le général Salan. Le président Coty rappelle Charles De Gaulle au pouvoir. Dès 1959, ce dernier se prononce en faveur de l’autodétermination et lance une politique qui conduit à l’indépendance de l’Algérie, le 3 juillet 1962.
1961-1962 — L’O.A.S.
La création de L’O.A.S.
L’Organisation Armée Secrète (O.A.S.) est une organisation clandestine qui combat entre 1961 et 1962 pour le maintien de l’Algérie française. Elle naît de l’opposition des partisans de l’Algérie française à la politique du général De Gaulle. Une première organisation est créée en février 1961 à Madrid autour de Pierre Lagaillarde et de Jean-Jacques Susini, meneurs en exil du mouvement insurrectionnel des barricades - janvier 1960 - 1. Mais ce n’est qu’après l’échec du putsch des généraux - avril 1961 - et l’entrée en clandestinité d’un certain nombre de civils et de militaires, opposés au projet d’indépendance de l’Algérie, que l’O.A.S. est refondue en une nouvelle organisation dont les généraux Salan et Jouhaud prennent la tête.
L’O.A.S. n’est pas une organisation centralisée unifiée mais un regroupement de partisans de l’Algérie française, divisé en trois branches plus ou moins indépendantes, parfois rivales : l’« O.A.S. Madrid », l’« O.A.S. Alger » et l’« O.A.S. Métro » 2.
L’O.A.S. Métro
À partir de juin 1961, le capitaine Pierre Sergent (O.A.S.-Métro-Mission II) bientôt concurrencé par André Canal (O.A.S.-Métro-Mission III) tentent d’implanter l’O.A.S. et son organisation tripartite en France métropolitaine.
Après l’échec du putsch algérois d’avril 1961, l’O.A.S. charge le réseau métropolitain d’assassiner le général de Gaulle. Le chef de l’État est à leurs yeux doublement coupable :
- d’avoir renié ses engagements vis à vis des populations françaises d’Algérie et de l’armée française ;
- d’envisager la séparation de la France et de l’Algérie.
Outre Charles de Gaulle, un certain nombre d’hommes politiques sont l’objet de tentatives d’assassinats (Malraux, Messmer, Couve de Murville).
L’O.A.S. Métro organise également de nombreux attentats contre des cibles symboliques - institutions républicaines, presse, organisations communistes - sur l’ensemble de l’Hexagone. Ces actions terroristes visent à créer un chaos propice à une prise de pouvoir autoritaire, à même de maintenir l’Algérie Française.
Pour parvenir à ces fins, le territoire métropolitain est divisé en neuf régions militaires dont le Réseau O.A.S. de l’Ouest, auxquelles s’ajoute la zone autonome de Paris (Z.A.P.).
Cependant, deux raisons principales ne permettent ni au capitaine Pierre Sergent ni à André Canal de contrôler l’ensemble des réseaux activistes O.A.S.
- Les deux chefs s’opposent sur les méthodes à employer, Sergent condamnant les actions violentes et impopulaires de Canal.
- La deuxième difficulté tient dans l’assemblage hétéroclite des réseaux O.A.S. - Métro et des intérêts divergents qui en découlent.
L’essentiel du recrutement de l’O.A.S. Métro provient de trois milieux (outre des officiers en rupture d’armée ou des déserteurs) : des poujadistes façon Bouyer 3, des anciens combattants de l’Union française (A.C.U.F.) et de la droite traditionnelle des " châteaux " 4 (selon Nicolas Kayanakis 5).
Ces réseaux régionaux sont constitués - à l’image du Comité de salut public d’Alger - d’un mélange de militaires et de civils favorables à l’instauration d’un gouvernement nationaliste devant succéder à la République et maintenir l’Algérie Française
Très affaiblie par les répressions policières menées aussi bien en Algérie qu’en métropole, l’O.A.S. se dissout en juin 1962, quelques jours avant la proclamation de l’indépendance de l’Algérie. — CHARRIER, Emilie et RAMIN, Perrine, « Archives de la direction centrale des Renseignements généraux. Dossiers « OAS » (1955-1968) », Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales (France), 1974, Voir en ligne. —
Le réseau O.A.S. de l’Ouest
Le Réseau O.A.S. de l’Ouest est constitué de treize subdivisions départementales 6. Il est fondé en septembre 1961 par deux officiers basés au camp militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan (Guer), le capitaine Renault et le commandant Met. Il est commandé par Horace Savelli, compagnon de la Libération et maire de La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique).
Les attentats
Le Réseau O.A.S. de l’Ouest exécute sept attentats au plastic durant la « nuit bleue 7 de l’Ouest » dans la nuit du 10 au 11 février 1962. Trois d’entre eux ont lieu dans le Morbihan. — ORIOL, Marie-Louise, « Le réseau O.A.S. -Ouest devant ses juges », Ouest-France, 13 septembre, 1962. —
- À Lanester, le 11 février à 0h45, une charge de plastic explose dans le baraquement de l’Union des Femmes Françaises 8 causant d’importants dégâts matériels et faisant deux blessés légers.
- À Vannes, le 11 février à 2h55, une explosion fait d’importants dégâts aux locaux du journal Ouest-France. Le directeur de l’agence, sa femme et leurs enfants, résidant au dessus des locaux, sont fortement commotionnés.
- À Pontivy, le 11 février à 8h du matin, une charge de plastic explose à la sous-préfecture et à la mairie.
Les autres attentats ont lieu à :
- Torcé (Mayenne)
- Angers (Maine-et-Loire)
- Saint-Hilaire de Riez (Vendée)
- Nantes (Loire-Atlantique)
La découverte du réseau en février 1962
En février 1960, Xavier Barreau 9 revient à Ernée (Mayenne) après son service militaire en Algérie. En décembre 1961, il demande à sa tante, Léonie Barreau, âgée de 71 ans, de recevoir pour lui, sous double enveloppe, une correspondance intime. Elle accepte et transmet deux missives à son neveu. Le 10 février 1962, elle trouve surprenant de recevoir deux paquets volumineux, en ouvre un et constate qu’il contient des tracts de l’O.A.S. Affolée, elle communique aussitôt cette information au curé d’Ernée, qui ne sachant que faire des tracts remis par sa paroissienne, les porte à la gendarmerie.
Une paroissienne ayant reçu par poste un paquet contenant des tracts O.A.S., est venue au presbytère me confier son embarras et se démettre, entre mes mains, de l’ennuyeux colis. J’ai alors cru devoir, à mon tour, déposer ce paquet à la gendarmerie, après avoir ôté le nom et l’adresse de la destinataire. Quelques jours plus tard, un inspecteur de police vint me questionner et insista pour que je révèle l’identité de cette personne. Je m’y suis formellement refusé, estimant que j’étais lié sur ce point par une confidence.
La gendarmerie découvre que les tracts ont été postés à Plélan-le-Grand par Alain Bruneau, géomètre expert âgé de 36 ans, demeurant au château de Porcaro. C’est un parachutiste réformé et pensionné à 70 % depuis 1949. Interrogé par la gendarmerie, il déclare avoir été contacté en novembre 1961, par le capitaine Charles Renault, 36 ans, instructeur à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan afin de jouer le rôle de dépositaire et d’expéditeur des tracts du Réseau O.A.S. de l’Ouest.
Il révèle, de surcroit, qu’il est détenteur de documents dissimulés sous un plancher, comprenant notamment un plan de la prison de Tulle (Corrèze), destiné à organiser l’évasion du général Challe 10 et d’une lettre du capitaine Pierre Sergent, adressée le 9 février 1962 aux chefs régionaux de l’O.A.S., les invitant à passer à l’action directe. — OUEST-FRANCE, « La " IIIe région OAS Métropole" mardi devant le tribunal militaire », Ouest-France, 9 juillet, 1962, Voir en ligne. —
La structure du réseau démantelée
L’enquête permet bientôt d’établir l’existence du Réseau O.A.S. de l’Ouest et d’en déterminer les trois principaux responsables.
- Le lieutenant-colonel de réserve Horace Savelli (1906-1998), - exploitant agricole, maire de La-Chapelle-sur-Erdre, marié, père de famille, officier de la Légion d’Honneur, compagnon de la Libération, président national de l’U.N.C. (Union Nationale des Combattants) en 1962 - chef honorifique et caution symbolique du réseau.
- Le capitaine Charles Renault - instructeur à l’école de Coëtquidan, officier de la Légion d’Honneur, titulaire de huit citations - créateur, organisateur et chef du réseau.
- Le commandant Charles Met, 41 ans - en fonction à Saint-Cyr-Coëtquidan, célibataire, commandeur de la Légion d’Honneur - second du réseau.
Savelli, Met et Renault reconnaissent qu’ils ont ordonné sept attentats au plastic durant la « nuit bleue de l’Ouest » du 10 au 11 février 1962. Ils déclarent avoir agi à leur corps défendant, dans le cadre d’une action d’ensemble prescrite par l’échelon national, en exécution d’instructions impératives. L’approvisionnement en explosifs est assuré dans certains cas sur les stocks de l’école de Coëtquidan. — OUEST-FRANCE, « La " IIIe région OAS Métropole" mardi devant le tribunal militaire », Ouest-France, 9 juillet, 1962, Voir en ligne. —
Par ailleurs, Savelli, Met et Renault se sont assurés la collaboration active, pour le tirage et la diffusion des tracts, de :
- Jacques Aillet, 38 ans, capitaine instructeur à l’école de Coëtquidan
- Jehan de Linage, 27 ans, lieutenant à l’école de Coëtquidan
- Edgard Rose, 31 ans, maréchal des logis-chef à l’école de Coëtquidan
Le capitaine Renault, en sa qualité de chef d’état-major adjoint du Réseau O.A.S. de l’Ouest, est le centralisateur des rapports épistolaires entre la région et les douze subdivisions départementales. Il utilise comme boite aux lettres pour sa correspondance personnelle, maître Francis Huet, notaire à Mauron (Morbihan) et M. André Lapostolle, préparateur en pharmacie à Mauron.
Le procès de L’O.A.S. Ouest
Le samedi 17 septembre 1962, à 20h30, après quatre heures un quart de délibérations, le tribunal militaire de Paris rend son verdict.
La lecture du jugement fut écoutée par une salle haletante dans un silence total, fatiguée sans doute, par un procès épuisant.
Les inculpés condamnés
- Horace Savelli 11 et le capitaine Charles Renault à treize ans de réclusion criminelle.
- Le commandant Met à dix ans de réclusion criminelle.
- Le capitaine Des Rieux 12 à cinq de réclusion criminelle.
- Le capitaine Edmond Bigotte 13, le capitaine Louis Du Breil de Pontbriand 14, le capitaine Norbert Hery 15, M. Jacques de Villiers de Saintignon 16, à quatre ans de prison.
- M. Alain Bruneau 17, le capitaine Jacques Aillet 18 et M. Louis Le Gouvello de la Porte 19 à trois ans de prison.
- M. Christian Lobet 20 à trente mois de prison.
- Messieurs Louis Gourrier 21 et Hubert de la Massonais 22 à dix huit mois de prison.
- Le lieutenant Jehan de Linage 23 et M. Xavier Barreau 24 à un an de prison.
- M. Jean Millet 25 à cinq ans de prison avec sursis.
- Messieurs Yves de Monicault 26 et Joseph Juguin 27 à trois ans de prison avec sursis.
- Messieurs Francis Huet, Pierre Salomon de Saint Hernin, Mesdames Savelli, Gabrielle Noury et Renée Veteau 28 à deux ans de prison avec sursis.
- Le maréchal de logis chef Edgar Rose 29 et M. Georges Pin à un an de prison avec sursis.
- Par défaut, Bertrand de Charette de la Contrie est condamné à cinq ans de détention criminelle 30.
Dix des accusés sont acquittés
Mme Pierre de la Guérande, Messieurs Jean Claude Aubry 31, Claude Bulard 32, Jean Mazin 33, René de la Tullaye 34, André Lapostolle, Michel Jouannet 35, Daniel Jean 36, Yvon Le Fur 37 et Alphonse Thibaud 38.
— OUEST-FRANCE, « Le verdict du procès OAS Ouest », Ouest-France, 17 septembre, 1962, Voir en ligne. —
La réclusion à l’ile de Ré
Le réseau O.A.S. de l’Ouest s’est appuyé sur des officiers de l’école de Saint-Cyr-Coëtquidan, dont le capitaine instructeur Charles Renault, et le commandant Met, condamnés à 13 et 10 ans de réclusion criminelle. Les condamnés rejoignent le bagne de l’ile de Ré.
En 1962, la prison de Saint-Martin-de-Ré détient 426 détenus politiques pour des faits en relation avec les évènements d’Algérie, principalement des membres de l’O.A.S. Ils sont installés dans de nouveaux bâtiments cellulaires construits au sein de la caserne Thoiras. Jusqu’en 1962, des condamnés du FLN séjournent dans les nouveaux bâtiments cellulaires. Les détenus politiques sont donc à l’écart des relégués, qui au terme de leur peine principale, demeurent pendant trois années dans « le centre d’épreuve » établi dans la citadelle conçue par Vauban, avant l’octroi d’une libération conditionnelle ou d’un transfert dans un centre d’observation.
Les prisonniers de l’O.A.S. bénéficient du soutien d’une organisation, le SPES, qui apporte secours matériels et moraux aux détenus et à leurs familles. L’organisation mène campagne pour une amnistie, lançant plusieurs appels et des pétitions.
De 1962 à 1963, la réclusion est rythmée par les remises de peines, les grâces et les amnisties qui vident progressivement la détention. En avril 1965, le général de Gaulle gracie 111 condamnés. Ils sont 27 parmi les 157 prisonniers politiques de Saint-Martin-de-Ré à quitter la prison. En mars 1966, 32 activistes sont libérés parmi lesquels 28 détenus de Saint-Martin-de-Ré. — VIMONT, Jean-Claude, « Saint-Martin-de-Ré, prison politique. Les photographies d’Armand Belvisi », Carnet de recherche de Criminocorpus, 2014, Voir en ligne. —
Le capitaine Renault
Le capitaine Charles Renault est la pièce maitresse de la constitution et de l’organisation de l’O.A.S. dans l’Ouest.
La mise sur pied de ce réseau fut confiée au capitaine Renault. [...] Dans la hiérarchie de la 3e région O.A.S., le capitaine Renault était le troisième. En réalité, il fut l’âme du réseau.
Mai à octobre 1958 — Secrétaire du Comité de salut public Alger-Sahara
Le capitaine Renault fait partie des quinze militaires et des soizante-douze civils siégeant au Comité de salut public d’Alger-Sahara, créé au lendemain du coup d’état du 13 mai 1958 39 pour assurer la gouvernance de l’Algérie. Il en est le secrétaire.
Le 13 [juin 1958] M. Neuwirth, porte parole de Salan, déclara que celui-ci avait décidé de maintenir les militaires dans les C.S.P. [Comités de Salut Public]. « Les officiers, dit-il, sont en effet, l’ossature même des Comités, leur composante essentielle. Il ne saurait être question de retrait ». Le problème de l’indépendance de l’armée par rapport aux organisations semi-insurrectionnelles d’Alger était posé, quinze militaires siégeant au C.S.P. d’Alger-Sahara : les généraux Massu, Joubaud et Mirambeau ; les colonels Ducasse, Trinquier, Thomazo, Ezanno, Michelletti, Charles, Sebbano et Duval ; les capitaines Renault, Marion, Engels et Guilleminot.
Le 9 octobre 1958 le Général de Gaulle, ordonne aux militaires de démissionner des C.S.P. Le général Massu et les onze autres militaires s’en retirent au matin du 14 octobre malgré les protestations des activistes.
Le moment est venu où les militaires doivent cesser de faire partie de toute organisation qui revêt un caractère politique, quelles que soient les raisons qui, dans les circonstances qu’a traversé l’Algérie depuis le mois de mai, ont pu exceptionnellement motiver leur participation. Rien ne saurait plus désormais justifier leur appartenance à de telles formations. Je prescris qu’ils s’en retirent sans délai.
Officier de la Légion d’Honneur, titulaire de huit citations Charles Renault est muté en 1961 comme capitaine instructeur à Saint-Cyr-Coëtquidan.
L’O.A.S. - Ouest
Dès septembre 1961, le capitaine Renault est pressenti par un de ses anciens élèves de Saint-Cyr-Coëtquidan, le lieutenant Godot 40, l’un des dirigeants de « l’O.A.S. Métro ». Il accepte d’établir dans l’Ouest un réseau dont la structure est calquée sur celle de la 3e Région militaire et de mettre sur pied l’État-major. Il obtient l’adhésion du commandant Met, qui devient le chef d’État-major de ce réseau clandestin puis de son ami Horace Savelli, qui consent à prendre le commandement, après avoir été agréé par l’échelon national de l’O.A.S.
Le procès
Lors de son procès - le 12 septembre 1962 - le capitaine Renault s’exprime sur son engagement dans l’O.A.S.
Le capitaine Renault avait lui aussi des feuillets entre les mains, et il allait en lire la substance avec émotion et d’une voix un peu sèche : « Moi également, dit-il, j’assume toutes mes responsabilités. » Évoquant lui aussi 1940, il déclara que « la moralité d’un but doit parfois supplanter la loi » et rappelant le discours prononcé par le général de Gaulle à Mostaganem 41 et ses rapports personnels avec le général Massu, affirma : j’ai agi en homme de bien, loin de tout profit, loin de toute idée sordide, j’ai obéi à des impulsions sacrées, et je suis demeuré dans la note de l’honneur, dorénavant, je me refuse à toute déclaration complémentaire.
Le 16 septembre 1962, l’avocat général Trouiller insiste, lors de son réquisitoire, sur le rôle central joué par le capitaine Renault dans le réseau O.A.S. Ouest, chargé de créer un maquis en Bretagne
. Outre les sept plastiquages ordonnés par le triumvirat Renault, Met, Savelli
, le capitaine Renault reçoit des instructions en vue de préparer l’évasion éventuelle du sergent légionnaire Dovecar, assassin du commissaire Gavoury 42, lors de son transfert de la prison de la Santé à la prison de Caen.
L’avocat général l’accuse d’avoir sauté dans l’illégalité
afin de chercher à créer un climat de guerre civile.
L’avocat requiert pour le capitaine Renault une peine de réclusion criminelle sévère située entre 12 et 15 ans.
Le samedi 17 septembre 1962, à 20h30, le tribunal militaire de Paris condamne le capitaine Renault à treize ans de réclusion criminelle pour sa participation au « Réseau O.A.S. de l’Ouest ».
Des notables locaux impliqués dans l’O.A.S.
Le capitaine Renault a monté le Réseau O.A.S. de l’Ouest en impliquant des civils anti-gaullistes et favorables aux thèses conspiratrices. Les contacts entre le capitaine et ces notables locaux se sont noués dans les réseaux de chasse de la forêt de Paimpont.
Maître Francis Huet, notaire à Mauron
Lors de son procès - le 12 septembre 1962 - Francis Huet s’exprime sur sa participation à l’O.A.S.
Francis Huet (détenu) est notaire à Mauron, père de deux enfants. Il est veuf, sa femme s’étant suicidée en apprenant qu’il était mêlé dans cette affaire O.A.S. Interrogé à son tour, il déclare : « Le capitaine Renault m’a demandé de recevoir du courrier pour lui, je lui ai proposé d’utiliser à cet effet les services de mon ami André Lapostolle, gérant de pharmacie à Mauron. Nous connaissions ses sentiments. Aucune lettre reçue chez moi n’est parvenue au capitaine Renault. Dans nos conversations, jamais le mot O.A.S. n’a été prononcé. [...] Toutefois, je ne suis pas un gamin, je savais qu’il s’agissait de l’Algérie Française mais je répète que le mot O.A.S. n’a pas été prononcé. »
Lorsque le président du tribunal lui demande si le capitaine Renault l’avait mis au courant de son activité, Francis Huet répond : Jamais.
Le samedi 17 septembre 1962, à 20h30, le tribunal militaire de Paris condamne Francis Huet à deux ans de prison avec sursis pour sa participation au « Réseau O.A.S. de l’Ouest ».
André Lapostolle, gérant de pharmacie à Mauron
Le 12 septembre 1962, André Lapostolle se présente libre au tribunal, afin d’y être entendu pour son activité présumée dans le réseau O.A.S. Ouest.
Il reconnait que Francis Huet lui a proposé de recevoir du courrier pour le capitaine Renault.
J’ignorais absolument qu’il pouvait s’agir de l’O.A.S. Je croyais que c’était un courrier militaire qu’il ne pouvait pas recevoir à Coëtquidan même. J’ai fait cela seulement à titre amical.
Le tribunal militaire de Paris acquitte André Lapostolle, en compagnie de neuf autres prévenus.