Le hêtre de la Gelée en Paimpont
Un Arbre remarquable disparu
Le hêtre de la Gelée était un Arbre remarquable situé au lieu-dit « la Gelée » à quinze cents mètres du bourg de Paimpont, sur une ligne forestière menant à la maison de garde éponyme. Malade, il a été abattu à la fin du siècle dernier.
Deux descriptions anciennes
Le hêtre de la Gelée a fait l’objet de deux descriptions dans la première moitié du 20e siècle. La plus ancienne est l’œuvre d’Édouard Aubrée 1, en 1907, qui le mentionne comme l’un des quatre plus beaux arbres d’Ille-et-Vilaine.
Le hêtre de la Gelée, dans la forêt de Paimpont, domine un tournant de la voie charretière conduisant du chemin de Trudeau à la loge forestière de la Gelée, à 150 mètres de la route de Plélan à Paimpont et à un peu plus d’un kilomètre à l’est de ce bourg. Tout près se blottit la maison du garde en retrait d’anciennes et profondes carrières depuis longtemps abandonnées, où la forêt a glorieusement repris ses droits. Ce coin est charmant, mais son hêtre, en dépit de la valeur d’un maître chêne joignant la cour, en est le plus bel ornement. Suivant qu’on le mesure à un ou deux mètres de sa base, il donne 1 mètre 37 et 1 mètre 29 de diamètre. Sa bille, à une hauteur de près de quatre mètres, se divise en deux principales branches ou mieux en deux troncs secondaires qui se dressent à la façon des hêtres, atteignent vingt mètres et plus, et dont les ramifications s’étendent sur 24 mètres en tous sens, encadrant quatre ares cinquante.
L’académicien Charles le Goffic (1853-1932) le décrit longuement dans son dernier ouvrage publié en 1932.
C’est là. L’ancêtre vous attend au coin du talus qui le porte et qu’il consolide. Quelle puissance, quelle harmonie et quand on ne s’y attend pas, quelle découverte ! Les racines, en parties visibles, répondent à l’envergure des rameaux. Dans l’opulence printanière de la feuillée, à peine s’entrevoient deux ou trois branches mortes qui ne verdoient plus. Tout le reste est d’une vitalité magnifique. O bienveillante magnificence qui dispense l’ombre et accueille les nids. Il y a un grand concert dans cette verdure. J’évoque le hêtre italien sous lequel Tityre s’allongeait, une flûte aux lèvres, chantant Amarillys et gardant son troupeau. Mais le hêtre de la Gelée, frissonnant de toutes ces feuilles autant que l’exige ce nom bizarre, est un arbre breton. Je veux dire, non pas seulement un arbre poussé en Bretagne, mais breton encore par son enracinement, son déploiement, son attitude et, si j’ose dire, son langage.
La fin de l’arbre
Jusqu’à ses dernières années, le hêtre de la Gelée a continué d’exercer son pouvoir d’attraction sur les hommes. Il est décrit et dessiné dans un article de la revue de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay paru en 1984.
[...] Le mètre en main, à hauteur comparable, le hêtre de la Gelée affiche 5,14 mètres de circonférence. Si la grosseur peut paraitre modeste en comparaison des chêne précités, cet arbre comme les autres hêtres qui nous ont attirés, dégage une impression que les mots peuvent difficilement exprimer. C’est la forêt tout entière, c’est son visage le plus profond qui nous est offert.
En 1992, un article sur les arbres remarquables parait dans la revue de l’Écomusée de Montfort à l’occasion du début de l’inventaire des arbres remarquables d’Ille-et-Vilaine. De nombreux arbres y sont mentionnés dans la région de Montfort-sur-Meu et sur le massif forestier de Paimpont, parmi lesquels le hêtre de la Gelée.
Le Hêtre de la Gelée [est] remarquable par son tronc divisé en deux et surtout son faisceau de racines moussues grimpant sur le talus.
Il a été référencé en tant qu’arbre remarquable dans l’inventaire départemental de 1997 initié par La Maison de la Consommation et de l’Environnement de Rennes. — AMIOT, Christophe, LEBOUC, Yves, LE BOURDELLÈS, Joël, [et al.], Arbres remarquables en Ille-et-Vilaine, Rennes, Apogée, 1997, 157 p. [page 124] —
Il a été abattu autour de l’an 2000.
Hélas, le hêtre de la Gelée s’est tu avec la fin du siècle écoulé. Rongé, gangréné de l’intérieur par un champignon ravageur, le géant, condamné par la maladie, était devenu dangereux. Il a été abattu.