Nogues Boisselaye, Pierre
Nogues Boisselaye, Pierre (1753- ?) : Procureur fiscal de Saint-Maugan en 1789 - meneur de révoltes agraires en janvier 1790
Pierre Nogues Boisselaye, Sieur de la Ville-ès-Chevalliers, est procureur fiscal de Saint-Maugan en 1789, vivant au Closel, à Bléruais, de ses rentes (quatre métairies relevant de la seigneurie de la Chasse).
Félix Roumain de la Rallaye (1752-1827), colonel de la Garde nationale de Saint-Méen, écrit dans ses mémoires que Pierre Nogues est l’un des meneurs des révoltes agraires de janvier 1790.
Dans le même temps, Nogues Boisselay de St Malo, Broussays de Plélan, et autres ardens de Paimpont et Plélan, couraient les châteaux de ce pays là, brulaient les titres de la féodalité, escortés par des attroupements dont ils se faisaient les chefs, ils vivaient au dépens des propriétaires de ces châteaux ; tous les jours on parlait de leurs exploits.
Toujours selon Félix Roumain de la Rallaye, il aurait eu le projet d’attaquer le château de Comper en Concoret.
Nous fûmes instruits que les bandes de Nogues [...] avaient le projet d’aller piller le château de Comper. Nous résolûmes de leur ôter le prétexte de brûler les titres féodaux, et d’enlever deux petits biscayens 1 ou pierriers, anciennes armes restées dans le château après les guerres de la ligue.
Il est également accusé par Georges Rozé, 44 ans, sénéchal de Saint Maugan, procureur fiscal de Bléruais et homme d’affaires des Demoiselles de Landal, d’avoir mené des troupes de paysans lors des révoltes agraires de janvier 1790. Selon ce dernier, il aurait participé à l’attaque du château de la Chasse en Iffendic le 29 janvier 1790. Le 4 février 1790, il aurait aussi mené 250 à 300 hommes lors de l’attaque du château de Bléruais au cours de laquelle les papiers et archives de Georges Rozé sont détruits. Pierre Nogues est interrogé à ce sujet par le Présidial de Rennes le 19 mars 1790.— A.D.I.V. 2B 1214 in TIGIER, Hervé, Terroir de Paimpont, Auto-édition, 2016. —
Interrogé où il etoit le vendredy vingt neuf janvier dernier environ les huit heures du matin. Repond que des particuliers qui lui dirent venir de Compair, furent chez lui environ l’heure dont nous lui parlons et le forcerent de les suivre à la Chasse, ou qu’ils alloient bruler sa maison ; qu’ils pretendoient que tous ceux qui n’y iroient pas s’en repentiroient ; que craignant l’effet de leurs menaces, il les suivit... qu’il n’en fut chez lui que douze ou quinze, mais que chemin faisant plusieurs se joignirent à eux...
Une pétition de la municipalité de Saint Maugan datée du 6 avril 1790 confirme ses dires.
[Pierre Nogues est un] bon et paisible citoyen [...] il est indubitable que ce furent les enemis de Comper qui le forcerent de meme que quelques personnes de nos environd dassister à ses incendies où il fut très utile puisque sans luy qui apesa toujours ces chastaux ussent pu estre brullés [...]
Pierre Nogues est libéré sous caution le 2 juin 1790 et M. Rozé est l’objet d’un décret d’ajournement pour subornation de témoins et pour l’avoir calomnié (interrogatoire les 7 et 8 juillet).
Il est nommé juge de paix à Gaël en 1790 puis administrateur du District de Montfort en 1791.— CRESSARD, Jacques et BERNARDIN, Jean-Marie, « Un notable du département d’Ille-et-Vilaine sous la Révolution : François-Félix Roumain de la Rallaye », Bulletin de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, XCII, 1990, p. 83-180. [Page 124-126] —