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Suites de la Guerre de Succession de Bretagne

vendredi 6 février 2015

Entre 1341 et 1364, une guerre civile oppose en Bretagne les partisans de Charles de Blois et de Jean de Montfort. La bataille d’Auray y met fin le 12 avril 1364. La gouvernance de la Bretagne revient au vainqueur, le fils de Jean de Montfort, Jean IV. L’année qui suit, la signature du premier traité de Guérande permet de tourner une page douloureuse et ruineuse pour la Bretagne, mais le nouveau duc en a décidé autrement. Alors que la France s’enferme dans la longue guerre de Cent Ans, Jean IV, qui est vassal du roi Charles V, va malgré tout poursuivre une alliance secrète avec le roi d’Angleterre.

Jean IV ne tarde pas aussi à se faire des ennemis. L’historien Jean-Pierre Leguay explique qu’il mène une politique visant à faire de la Bretagne un état moderne en la dotant « de ressources fiscales indispensables pour créer et fortifier une politique indépendante ». Mais Jean IV use pour cela d’une autorité qui empiète sur les domaines et les prérogatives des barons et des prélats bretons, ce qui crée une opposition dont Olivier de Clisson devient le chef de file. Les Bretons dans leur ensemble se sentent de plus en plus oppressés par la lourdeur des impôts. Ce mécontentement amène des affrontements dans diverses villes. Pour y faire face, Jean IV, qui est très ami avec Édouard III, s’appuie sur ses amis anglais. Toutefois, selon l’historien Jean-Pierre Leguay, ce favoritisme n’apparait pas d’une grande ampleur :

Et, de ce fait, des officiers anglais qui l’ont servi pendant les dernières années de lutte conservent des forteresses et des terres qu’ils exploitent à leur profit et où ils s’incrustent. […] Mais il ne faut pas exagérer le nombre et l’importance des bénéficiaires qui sont loin d’occuper toutes les places fortes bretonnes. LEGUAY, Jean-Pierre et MARTIN, Hervé, Fastes et malheurs de la Bretagne ducale 1213-1532, Rennes, Editions Ouest-France, 1982, 450 p. [pages 122]

En 1369, Jean IV refuse à Charles V sa mobilisation contre les Anglais. Il laisse ainsi ses sujets s’enrôler en masse dans les armées françaises sous la conduite de Du Guesclin, devenu connétable, et d’Olivier de Clisson qui lui succédera.

En 1372, un événement va détériorer les relations avec le royaume de France. La duchesse de Bretagne et son escorte se font surprendre par les soldats du roi de France aux environs de Gaël. Dans ses bagages, ces derniers trouvent l’original d’un traité d’alliance secret avec Édouard III dans lequel il est prévu entre autres, l’envoi en Armorique de contingents britanniques et la participation ducale à une offensive anglaise sur le continent. La découverte rendue publique

plonge la province dans la consternation devant tant de félonie et pousse la plupart des barons et des citadins dans la voie de la rébellion [...] La coupe est pleine. Elle déborde avec l’annonce du débarquement à Saint-Malo de 4000 mercenaires d’Outre-Manche, qui doivent prêter main forte à leur allié. Leur venue est ressentie comme un affront, une ingérence étrangère, une ultime trahison ; elle donne le signal d’un soulèvement de la population qui fait appel au roi. Leguay Jean-Pierre ; Martin Hervé (1982). op. cit., p. 125

L’appel des Bretons au roi de France pour les libérer des Anglais est un échec pour Jean IV qui part s’exiler en Angleterre. En mars 1373, Du Guesclin, alors connétable de France, est envoyé par Charles V pour mener une campagne militaire contre les Anglais.