1766-1847
Busnel de Montoray Henry-Marie-Joseph-Annibal de
Un officier chouan pendant la Révolution
Le comte de Busnel de Montoray est un descendant de trois familles propriétaires de domaines en Néant, Tréhorenteuc et Paimpont : Busnel de Montoray, de Bouëxis et de Farcy. Cet officier royaliste participe au débarquement de Quiberon en 1795 et à la chouannerie sous le commandement du général de Tinténiac.
Il fut colonel à l’armée catholique et royale de Bretagne, chevalier de Saint-Louis [...] il joua un rôle glorieux dans les guerres de la chouannerie.
La famille de Busnel
Henry-Marie-Joseph-Annibal de Busnel est né le 28 septembre 1766 « au diocèse de Saint-Malo » selon les archives 1. Il est le fils d’Henry Jacques François de Busnel du Bouëxis et d’Anne Augustine de Farcy de Saint-Laurent 2. Il a trois frères, Amador Félix Annibal, chevalier de Busnel (Paimpont 1771-Orléans 1858), Annibal-Jean-Marie (Augan 1769), et Louis-César-Annibal (Paimpont 1768-Vannes 1784).
Henry est l’ainé des Busnel. Il porte les titres de comte de Montoray, seigneur du Bouëxis, de Beauvais, de Rue-Neuve, de Rauco, de la Touche-Larcher.
Un officier de l’armée royale
Henry de Busnel a souvent été confondu par les biographes avec son frère Amador de Busnel, quelques éléments de la vie d’Amador ayant été prêtés à Henry et inversement.
Busnel de Montoray obtient son certificat de noblesse délivré par Bernard Chérin à Saint-Malo, le 26 avril 1783, lui permettant d’obtenir une sous-lieutenance dans un régiment d’infanterie de l’armée royale. — LA ROQUE, Louis de et BARTHÉLEMY, Edouard de, Catalogue des certificats de noblesse délivrés par Chérin, pour le service militaire, 1781-1789, Paris, Schlesinger Frères, 1864, Voir en ligne. p. 13 —
Il apparait comme lieutenant sous le nom de Busnel de Montoray au 15e régiment d’infanterie, basé au Havre en 1791 3. — TARRAGON, Marie Louis Adrien de, Historique du 15e régiment d’infanterie cidevant Balagny—Rambures—Feuquières—Leuville—Richelieu—Rohan—Crillon—La Tour du Pin—Boisgelin—Béarn, H. Charles-Lavauzelle, 1895, Voir en ligne. [page 439] —
Il embarque comme lieutenant au 2ème bataillon du 15ème régiment d’infanterie, parti pour Saint-Domingue en date du 16 octobre 1791. Il participe à la campagne contre la révolution dirigée par Toussaint Louverture 4 et devient capitaine-adjudant-major. Il est alors aide de camp du général Rouxel de Banchelande. Il débarque à Brest le 12 octobre 1792 puis émigre à Jersey. — CALAN, Charles de, « Notes sur quelques émigrés et royalistes bretons », Bulletin Archéologique et Agricole de l’Association bretonne, 1935. [page 7] —
Les guerres de chouannerie
Busnel de Montoray s’engage dans le Régiment du Dresnay 5 qui est entre autres chargé de la correspondance de France transitant par Jersey. Son frère, le chevalier Amador de Busnel, l’un des principaux agents de cette correspondance est peut être à l’origine de son incorporation dans ce régiment. Une lettre signée Théobald, nom de guerre de Cormatin 6 mentionne en effet le voyage du comte de Busnel en compagnie de Tinténiac, vers Jersey en novembre 1794 7.
Mr le chevalier de Tinténiac qui part pour Jersey pour une opération qui vous sera utile remettra cette lettre à Mr le Prince de Bouillon pour vous la faire tenir. Le Comte de Busnel, qui va vous joindre avec Mr de Saint Gilles, vous dira tout ce que le temps ne me permet pas d’écrire. Je vous dirai en gros que nos affaires vont de mieux en mieux et je vous répéterai que le sort de l’Europe est entre vos mains.
Le 27 septembre 1794, il épouse à Jersey Maclovie-Hyacinthe du Breil, marquise du Nevet, morte au château du Bouëxis en Néant (aujourd’hui Boissy) en 1814.
Le débarquement de Quiberon
À partir du 23 juin 1795, la flotte anglaise mouille à Quiberon avec six mille hommes et du matériel pour en équiper vingt mille. Busnel de Montoray est parmi les premiers officiers émigrés à débarquer, en compagnie de plusieurs régiments composés d’émigrés et de prisonniers républicains enrôlés de force. Les troupes royales commandées par Puisaye et d’Hervilly ont pour intention de rallier les chouans de Bretagne.
Le comte de Busnel, avec quelques officiers émigrés, se porte volontaire dans l’armée royale de l’intérieur comme aide de camp de Tinténiac (1764-1795) 8. Il rembarque le 11 juillet avec Georges Cadoudal et ses trois mille cinq cents chouans, puis débarque sur la presqu’île de Rhuys pour attirer les troupes du général Hoche en dehors de la presqu’ile de Quiberon. Cette armée de chouans, sous le commandement de Tinténiac, revêt les uniformes rouges de l’armée anglaise pour militariser les chouans et pour laisser aussi croire à une coalition avec l’armée anglaise (d’où le nom d’Armée rouge qui lui est donné). Le corps d’armée remonte ensuite vers les Côtes-d’Armor.
La mort de Tinténiac
Le 18 juillet 1795, l’armée de Tinténiac se dirige vers le château de Coëtlogon pour recevoir des directives de la part de La Vieuville, émissaire au service de l’Agence de Paris 9.
Après une série de succès, Tinténiac s’avança rapidement vers Josselin en balayant les forces que Hoche lui opposait. Après une perte de cinq heures, pour essayer de prendre cette ville, la colonne se remit en marche, toujours en contact avec la division Champeaux, qui avait reçu l’ordre de Hoche d’occuper Tinténiac, pendant que lui-même opérait sur Quiberon. Un combat d’avant poste fut livré entre Hélléan et Mohan [Mohon] ; à Mohan, Boschet étant de grand’garde repoussa une forte reconnaissance ennemie. Enfin la colonne arriva à Coëtlogon où les dames de Guernisac devaient transmettre des dépêches importantes de la part de la Vieuville. L’état major et les troupes venaient de finir leur repas ; les chefs sur la terrasse du château, les troupes dans l’avenue, lorsque débouchèrent à l’autre extrémité de cette avenue les compagnies de la division Champeaux. Ces troupes étaient en colonne de route c’est à dire sur deux rangs. Tinténiac, G. et J. Cadoudal et Lemercier [Mercier la Vendée] forcent les troupes de Troussier, de Boscher et de Bonays, à se jeter en tirailleur à droite et à gauche des deux côtés des talus de l’avenue. Le groupe principal chargea résolument à la baïonnette. La division Champeaux voulut passer de l’ordre en colonne, en une formation en ligne, selon la méthode appelée alors, en tiroir. Dans ce mouvement de changement, assaillie par les feux des tirailleurs, culbutée par l’élan de la charge, elle ne put réussir à se former. Sur certains points, la mêlée devint générale. Tinténiac, atteint d’un coup de feu, tomba à côté de son aide de camp ; un homme s’écria : « le général est tué ! » De Busnel, craignant que ce désastre ne jette le découragement parmi les royalistes, s’écrie : « qu’on lui jette un manteau. »
Quelques jours après ce combat, le château de Coëtlogon est détruit par les républicains.
À la mort de Tinténiac, George Cadoudal prend la tête de l’armée chouanne. — DUPUY, Roger, Les chouans, Paris, Hachette, 1997. [pages 124-125] —
La fin de la guerre active
Après l’échec, en juillet 1795, du débarquement de Quiberon, les officiers royalistes émigrés combattant en Bretagne voient leur horizon s’obscurcir. En juin 1796, le général Hoche, commandant des armées de l’Ouest propose l’armistice aux chefs chouans. Busnel en profite pour rejoindre Jersey, et arrête sa participation à la guerre active en Bretagne.
Le 27 septembre 1797, il baptise son fils, Hippolyte-Paul-Marie-Émile 10 à Jersey. — L’ESTOURBEILLON, marquis Régis de, Les Familles françaises à Jersey pendant la Révolution, V. Forest et E. Grimaud, 1886. [page 46] —
Le retour en Bretagne
Busnel de Montoray est de retour en Bretagne en 1799, année durant laquelle il publie un manuscrit à Rennes. — BUSNEL, Henry-Marie-Joseph-Annibal de, Recueil de remèdes simples et faciles, et qui peuvent être d’un grand secours surtout à la campagne. Accompagnés de secrets utiles et curieux, avec des mémoires pour faire des liqueurs de différentes espèces et qualités., Rennes, Plihon & Hervé, 1799. p. 172 — Il serait l’auteur d’un manuscrit inédit intitulé, Mémoires du comte de Busnel. — BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903. [page 257] —
Il aurait participé à la campagne de 1815 comme colonel aide-major, dans la division de Boishamon. — KERVILER, René et CHAUFFIER, Louis, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne. Livre premier. Les bretons. BROU-CARN, Vol. 7, Rennes, J. Plihon et L. Hervé, 1894, Voir en ligne. p. 172 — Une confusion est possible avec son frère Amador.
Il achète le château de la Touche-Larcher en Campénéac vers 1831. Il meurt le 12 septembre 1847 à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) 11. — BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903. [pages 255] —