1771-1858
Busnel chevalier Amador Félix Annibal de
Un officier royaliste dans la chouannerie
Amador de Busnel, né à Paimpont en 1771, est un officier royaliste qui s’engage dans la lutte armée contre la République en 1793. D’abord actif dans la division de Dinan, il rejoint l’état-major de Joseph de Puisaye en 1794, puis prend la tête des chouans d’Ille-et-Vilaine. Il quitte la lutte armée en 1797 mais participe activement à la chouannerie de 1815.
L’insurrection de la Bretagne, tentée par le marquis de la Rouërie dès la fin 1792, n’eut lieu de fait, dans cette province, qu’après la défaite à Savenay de l’armée vendéenne, le 24 décembre 1793. Elle eut pour organisateur et pour premier chef le comte de Puisaye, qui avait pour aide de camp le chevalier Busnel, châtelain du Bouexy, en Néant, et de Rue-neuve, en Tréhorenteuc.
La famille de Busnel
Amador Félix Annibal, chevalier de Busnel est né le 17 février 1771 au château de « Beauvais » en Paimpont. Il est le fils d’Henry Jacques François de Busnel du Bouëxis et d’Anne Augustine de Farcy de Saint-Laurent 1 Il a trois frères, Annibal-Jean-Marie (Augan 1769), Louis-César-Annibal (Paimpont 1768-Vannes 1784) et Henry-Marie-Joseph-Annibal (Paimpont 1766- Campénéac 1847) 2.
Amador de Busnel a souvent été confondu par les biographes avec son frère Henry-Marie-Joseph-Annibal de Busnel, quelques éléments de la vie d’Henri ayant été prêtés à Amador.
Les premières armes dans l’armée royale
En 1788, âgé de 17 ans, Amador de Busnel se porte volontaire au régiment de Béarn 3 où son frère Henry-Marie-Joseph-Annibal officie en qualité de lieutenant.
Le chevalier Amador de Busnel émigre en 1791 à Coblence. Il fait la campagne de 1792 dans l’armée des princes sous le commandement du vicomte de Kermadec. — KERVILER, René et CHAUFFIER, Louis, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne. Livre premier. Les bretons. BROU-CARN, Vol. 7, Rennes, J. Plihon et L. Hervé, 1894, Voir en ligne. p. 173 —
L’entrée dans le corps d’armée du Dresnay
Il entre ensuite dans le corps levé en 1793, par le marquis du Dresnay, pour être employé en Bretagne 4. Il a pour mission d’organiser la division de Dinan avec Malo Collas de La Baronnais (1769-1795).
Malo Collas de la Baronnais [...] forma, de concert avec M. Busnel, sur le littoral de Saint-Malo, au cap Fréhel, la division dite de Dinan, qui confinait à celle du Clos-Poulet, à celle de la Rance (dite aussi de Guenroc et de Saint-Méen), et à celle de l‘Arguenon. Une des premières affaires qu’elle eut à soutenir eut lieu dans le bourg de Saint-Briac, où M. Busnel se fit jour au milieu des républicains pour délivrer un prêtre exposé aux décharges de plusieurs soldats. M. Busnel fit des prodiges de valeur, mais il tomba grièvement blessé, et fut réduit à se traîner, à la faveur de la nuit, dans une douve où il resta près de vingt-quatre heures dans la neige. Une pauvre femme, l’ayant trouvé presque expirant, le chargea sur ses épaules, et le porta chez elle au bourg de Saint-Briac, où elle le soigna de son mieux. Informé de la situation de son compagnon, La Baronnais, secondé par ses frères et par M. de la Reignerais, enleva M. Busnel de la maison qui lui servait d’asile, ce qui était d’autant plus périlleux qu’elle était contiguë à un corps-de-garde établi par les républicains. Transporté à Dinard, où il guérit de ses blessures, M. Busnel resta encore quelques mois dans cet arrondissement ; mais la division s’étant renforcée, il en détacha une partie avec laquelle il forma le noyau d’une nouvelle division qui se porta sur les limites du Morbihan, et laissa le commandement de celle de Dinan à Malo de la Baronnais [...]
À partir de cette époque, il a pour mission, avec Vincent de Tinténiac (1764-1795) 5, Noël Prigent, Bertin, de renseigner le comte d’Artois (futur Charles X) sur l’état réel des forces insurgées, tout en acheminant la correspondance du gouvernement anglais et du comte d’Artois avec les armées de la Vendée et des chouans. — MENÈS, Jean-Claude, « Contre-Révolution et correspondance avant Quiberon », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, Vol. 58-59, 1981, p. 197, Voir en ligne. [page 208] —
Le chevalier de Busnel s’étant acquitté de sa mission dans la division de Dinan, il est chargé par le comte d’Artois et le gouvernement anglais de rejoindre l’état-major de Joseph de Puisaye, afin de l’aider à unifier la chouannerie bretonne. Une lettre de Dresnay au comte de Talhouët, trouvée sur lui lors du débarquement de Quiberon (16 juillet 1795) 6 atteste de son remplacement dans le corps d’armée de Dresnay.
Londres, le 10 juin, [...] M. de Busnel m’ayant donné sa démission, j’ai proposé ce matin pour la sous-lieutenance vacante, M. Dutaya et le ministre y a sur le champ donné son agrément.
Il revient en Bretagne vers le mois de juillet 1794, avec le titre de lieutenant-colonel, pour coopérer à l’insurrection de cette province.
1794-1795 : l’aide de camp de Puisaye en Ille-et-Vilaine
Le chevalier de Busnel est chargé de rejoindre l’état-major de Joseph de Puisaye en Ille-et-Vilaine, en qualité d’aide de camp. Par ailleurs, il est nommé par celui-ci adjudant-général de l’Armée catholique et royale de Bretagne.
Le Chevalier de Busnel, depuis officier supérieur dans l’armée, m’avoit été envoyé par Mylord Balcarras, et par le Marquis du Dresnay.
L’arrivée de Busnel, mandaté par les princes français et le gouvernement britannique, permet à Puisaye de trouver une légitimité qu’il espérait depuis les débuts de son engagement dans la chouannerie bretonne en 1793.
Ce ne fut qu’à force de persévérance et d’efforts, que Puisaye parvint à leur donner les formes d’une confédération armée. L’arrivée du chevalier de Busnel, envoyé directement à Puisaye par milord Balcaras et par le marquis Dudresney ; les dépêches dont il était porteur, au nom du gouvernement britannique, accoutumèrent les différens chefs à voir dans Puisaye l’âme du parti et leur intermédiaire auprès du cabinet de Saint-James.
Dès son arrivée dans l’état-major, il prend une part active aux actions de l’Armée catholique et royale de Bretagne. Le 22 juillet 1794, son nom apparait dans un document officiel de l’armée de Puisaye.
Nous soussignés habitants des païs ci-devant insurgés, certifions parfaitement connaître le nommé Constant-Hubert Morisson, natif de Saint-Julien, département de la Vendée, âgé de vingt-deux ans, taille de cinq pieds un pouce, front bas, yeux roux, nez aquilain, bouche moyenne, lèvres ordinaires, menton rond, cheveux et sourcils noirs et attestons que le dit Constant-Hubert Morisson a toujours demeuré dans le païs insurgé depuis le commencement de la guerre, qu’il a passé la Loire avec les armées dites Vendéennes et que depuis leur défaite au Mans, il a successivement habité différentes paroisses du païs dit des Chouans jusqu’à l’époque du deux Mesidor à laquelle il a remis ses armes. En conséquence nous lui avons délivré le présent pour suppléer aux formalités exigées pour les certificats de résidence qu’il serait impossible de remplir eu égard à l’état du païs dans lequel il a vécu depuis l’insurrection.
Ce 4 thermidor, 4e année de la République française.
Signé : Harnoux, Amédée Béjarry, Louis Chantereau, Amador Busnel, Menager, Gourlet, Joseph Boishamon, Leduc, Goudard.
Il signe les proclamations du 26 juillet et du 20 août 1794. — PUISAYE, comte Joseph de, De par le Roi. Les généraux et chefs de l’armée catholique et royale de Bretagne, aux François, 1794, Voir en ligne. —
Au mois de septembre 1794, Joseph de Puisaye, accompagné du chevalier de Busnel, part en Angleterre afin de se mettre en accord avec les princes et les ministres anglais sur un débarquement de troupes en Bretagne. Au retour de Busnel sur les côtes bretonnes, le général Hoche a été nommé à la tête des forces républicaines. Il déploie et renforce ses troupes pour mettre fin à la correspondance entre les chouans et les émigrés. Le comte de Beauchamp relate le débarquement tumultueux de Busnel à Saint-Briac (Ille-et-Vilaine) à l’automne 1794.
La surveillance était telle que le chevalier de Busnel, expédié d’Angleterre, fut surpris par un détachement, dans une maison de dépôt sur la côte de Saint-Briac, où il venait de débarquer. Cormatin 7, qui s’y trouvait, lui sixième, se fit jour le pistolet au poing ; mais d’Argentière, La Palme et Oleron, officiers royalistes, furent massacrés. Le comte de Bellevue eut la cuisse cassée d’un coup de fusil, et le chevalier de Busnel, atteint lui-même d’un coup de feu dans les reins, ne put sauver sa personne qu’en abandonnant à l’ennemi beaucoup d’or, un million cinq cents mille francs en faux assignats, des armes, des munitions anglaises et la correspondance de Puisaye avec le conseil des Chouans.
En l’absence de Puisaye, Busnel prend le commandement en chef de l’Armée catholique et royale d’Ille-et-Vilaine et signe en cette qualité le traité de La Mabilais (aujourd’hui à Rennes) le 20 avril 1795, qui instaure une trêve de quelques mois entre chouans et républicains.
Enfin, les conférences avec les chefs des chouans furent fixées au 10 germinal (30 mars 1795). Le château de La Prévalaye et celui du Haut-Bois furent assignés comme résidence aux parlementaires royalistes, au nombre de trente-deux officiers, parmi lesquels figuraient, en première ligne, le major-général commun ; Boishardy, commandant en chef des Côtes-du-Nord, Desils et de Busnel, exerçant les mêmes fonctions, l’un dans le Morbihan, l’autre dans l’Ille-et-Vilaine ; un délégué du général Charrette, et l’aide-major - général Solilhac. Le département se chargea de meubler les deux résidences et de fournir la table aux parlementaires.
Le débarquement de Quiberon
Le débarquement de Quiberon marque la fin de « la paix de La Mabilais » et le début de la seconde chouannerie. Une puissante flotte anglaise participe au débarquement de plusieurs régiments composés d’émigrés et de prisonniers républicains enrôlés de force. À partir du 23 juin 1795, six mille hommes débarquent à Quiberon avec du matériel pour en équiper vingt mille. Les forces royales commandées par Puisaye et d’Hervilly ont pour projet de rallier les troupes chouannes du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine.
Le 2 juillet 1795, les troupes de Busnel sont signalées à Bécherel (Ille-et-Vilaine).
Le 2 juillet [1795], une colonne de Busnel disperse l’escorte d’un convoi de farine et s’en empare aux portes de Bécherel, gros bourg perché sur une colline escarpée, véritable observatoire à l’entrée des Côtes-du-Nord.
Amador est chargé avec d’autres chefs chouans de harceler les troupes du général Hoche pour les empêcher d’intervenir sur la presqu’ile de Quiberon, tandis que son frère Henry Busnel de Montoray débarque avec l’armée des émigrés.
Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1795, des républicains introduits dans le fort Penthièvre, sous l’uniforme du régiment d’Hervilly, se joignirent aux soldats de ce même régiment, délivrèrent les prisonniers faits les jours précédents, et au moment de l’attaque, tuant ou jetant pardessus les palissades les officiers, sous-officiers ou volontaires, ils livrèrent le fort à l’armée que commandait le général Hoche, et qui bien loin d’être en état de l’attaquer de vive force, se trouvait dans une position critique ; elle avait derrière elle un corps de Bretons commandé par le chevalier de Busnel, et échelonné de divisions en divisions, jusqu’à Fougères, où était le général du Boisguy.
Les chouans d’Ille-et-Vilaine auraient pu s’opposer à l’arrivée des troupes républicaines de Hoche, mais des instructions venues de l’abbé André-Charles Brotier 8 leur ordonnent de ne pas se soulever avant d’en avoir reçu l’ordre 9.
À la suite de la défaite des royalistes à Quiberon le 17 juillet 1795 et les massacres qui suivent la défaite de l’Armée catholique et royale de Bretagne, Puisaye réorganise la chouannerie en Ille-et-Vilaine. Les combats entre chouans et républicains s’intensifient. Le chevalier de Busnel se signale aux combats de Piré-sur-Seiche, de Mordelles, de Saint-Hilaire (Ille-et-Vilaine).
Il est breveté maréchal de camp par le comte d’Artois à l’ile dYeu, puis reçu chevalier de Saint-Louis. L’expédition de l’île d’Yeu 10 a lieu du 26 août 1795 au 21 novembre 1795. Il est breveté colonel en 1796.
En février 1796, Charles de Cintré et Alexandre Apuril de Lourmay se réunissent, commandés par le chevalier de Busnel et attaquent avec succès sur la route de Rennes à Mordelles un convoi républicain escorté par cent cinquante hommes d’infanterie et un détachement de hussards.
La division de Mordelles 11 fut organisée en 1794 par Jean Joseph Ruault de La Tribonnière. Vers la fin de juillet 1795 le chevalier Amador de Busnel, qui avait organisé en 1793 la division de Dinan avec Malo de La Baronnais voulut former un corps particulier. Il constitua une compagnie dont il donna le commandement à Joseph du Boishamon, avec dix-sept anglais et huit déserteurs. [...] Joseph du Boishamon et le chevalier de Busnel attaquèrent avec succès sur la route de Rennes à Mordelles un convoi de cent-cinquante hommes d’infanterie et d’un détachement de hussards. Les hussards furent tués, les fantassins se noyèrent dans la rivière du Meu. Cinq d’entre eux se rendirent à une servante. Le convoi fut pris et distribué, mais Péan de Saint-Gilles, capitaine des cavaliers catholiques fut tué.
Au début de janvier 1796, Busnel décide d’attaquer le bourg de Guer 12.
Combat de Guer— Après Quiberon, Puisaye organisa une compagnie dite les « chevaliers catholiques » 13 dont firent partie entre autres, MM. Constant et Charles Huchet de Cintré, Jean-Louis Joulneaux de Breilhoussoux, Ferdinand de Sagazan, Joseph de Porcaro, Ruault de la Tribonnière, Joseph le Provost de la Voltais, le chevalier de Busnel, trois de Farcy. Cette troupe d’élite résolut d’attaquer la garnison de Guer qui pillait et incendiait tout le pays environnant. Elle entra à Guer le matin du 10 janvier 1796, refoulant les républicains qui s’enfermèrent dans l’église où ils se retranchèrent et d’où ils firent un feu meurtrier sur les Royalistes. M. Alexandre Apuril de Lourmay réussit à s’établir avec une dizaine d’hommes dans une maison voisine de l’église, du grenier de laquelle il tua beaucoup de Bleus qui cependant se défendirent toujours. Lassé de cette résistance, M. Auguste de la Blairie entreprit avec quelques autres, de briser à coup de hache la porte de l’église. Ce que voyant, les Républicains ouvrirent subitement cette porte et firent un feu de salve sur les assaillants. M. de la Blairie reçut une blessure dont il mourut une heure après. Il n’avait que dix-neuf ans. M. de la Tribonnière, le voyant tomber, l’avait pris dans ses bras et porté dans une maison voisine. Étant sorti lui-même quelques instants après, il fut frappé d’une balle à l’œil gauche qui le tua raide. Près de lui périt un sergent nommé Castellan qui avait échappé au désastre de Quiberon, et plusieurs Chouans furent blessés en relevant le corps de leur chef. Ces pertes décidèrent les Royalistes à se retirer et, emmenant leurs morts et leurs blessés, ils gagnèrent la Chapelle-Bouexic, puis le château de Bréquigny. Après leur départ, les Républicains mirent le feu à l’église qui fut en partie détruite.
Une lettre du général Hoche au général Hédouville, datée du 4 messidor an IV (22 juin 1796) montre en quelle estime le chef d’état-major des armées de l’Ouest tient le chevalier de Busnel.
BUSNEL a émigré au moins dix fois ; veuillez bien le faire partir pour la Suisse ou pour l’Angleterre : cet homme est bien le plus impudent petit coquin que je connaisse ; il faut qu’il parte ou qu’il meure.
En 1797, comme de nombreux officiers royalistes, Busnel dépose les armes après la fin de la seconde chouannerie.
Le mariage à Nantes
En l’an IV 14, Amador de Busnel épouse à Couëron, près de Nantes (Loire-Atlantique), Ursule-Françoise Poullain des Dodières, fille d’un officier, Jean-René-François Poullain des Dodières, et de Suzanne Rose Charette.
Deux fils naissent de leur union : Amador Marie René Louis de Busnel, né à Nantes le 6 mars 1803 et Édouard Léonard Louis Annibal de Busnel, né à Couëron (Loire-Atlantique) le 7 décembre 1803 (?). — LEVOT, Prosper, Biographie Bretonne, Vol. 2, Vannes, Cauderan, 1857, Voir en ligne. —
1815 — Les Cent-Jours
Durant les Cent-Jours (du 1er mars au 7 juillet 1815), Busnel participe activement à la « petite chouannerie ». Cette guerre oppose royalistes et bonapartistes à la suite du soulèvement des paysans de Vendée, de Bretagne, d’Anjou et du Maine contre Napoléon Ier.
Début mars 1815, le chevalier de Busnel est à Paris. Il fait partie de ces nombreux officiers émigrés qui sollicitent du service ou la confirmation de leur grade. L’empereur qui s’est évadé de l’ile d’Elbe menace le régime monarchique revenu au pouvoir en mai 1814. Louis XVIII veut provoquer un soulèvement populaire pour l’aider à lutter contre les forces impériales. Le 10 mars, le chevalier de Busnel est convoqué avec d’autres officiers royalistes chez le comte de la Trémoille qui le charge d’une mission auprès du duc Louis VI Henri de Bourbon-Condé.
Boisguy, Pontbriand et Busnel sont délégués pour aller offrir le commandement au duc de Bourbon qui l’accepte le 12 mars. Louis XVIII ratifie ce choix, et le prince part aussitôt pour le bocage [la Vendée].
Fin mars, il suit à Angers le duc de Bourbon, chargé par Louis XVIII de soulever les départements de l’Ouest. Cette tentative se solde par un échec : les paysans refusent de se révolter et les rares personnes qui acceptent de prendre les armes se plaignent rapidement de ne pas avoir touché la solde promise. Finalement le duc de Bourbon renonce et se réfugie en Espagne.
Le chevalier de Busnel rejoint alors les Côtes-d’Armor pour appuyer les royalistes opposés aux forces impériales du général Fabre. Il entre au service du colonel de Pontbriand 15 qui a reçu du prince de La Trémoille l’autorisation de lever des troupes dans les Côtes-d’Armor. Pontbriand organise ses troupes en huit cohortes et prend comme second le lieutenant-colonel de Chappedelaine.
En mai 1815 il est affecté avec 126 officiers à la compagnie d’élite commandée par le Comte Lahaie de Plouër dans la région de Dinan. — CRÉTINEAU-JOLY, Jacques, Histoire de la Vendée Militaire, Vol. 4, Paris, Plon, 1850, Voir en ligne. p. 266 —
Le 15 mai 1815, jour fixé pour le soulèvement général des forces royalistes, Amador de Busnel est à Rennes comme agent de liaison.
Le lundi de la Pentecôte fut fixé pour le soulèvement général de la Vendée. On assura les moyens de correspondance, et on les étendit de proche en proche, par une filière non interrompue. Les comtes de Suzannet et de Chasseloire, les entretenaient de Nantes, avec les chefs Vendéens, à Thouars, par l’intermédiaire de M. l’abbé Jagault ; à Rennes, par celui du chevalier Busnel, et dans les départemens circonvoisins, par l’entremise des commissaires extraordinaires du Roi.
Il prend alors le commandement des troupes royalistes d’Ille-et-Vilaine.
Dans la même unité d’action, messieurs Pillet, de Boishamon, Bouteville de Keraramais et Duval, organisaient, dans Ille-et-Vilaine, d’après les ordres du chevalier de Busnel, ancien adjudant-général du grand état-major des armées de Bretagne.
Napoléon abdique le 22 juin 1815, mais la confrontation entre les armées chouannes et impériales perdure jusqu’en juillet. Les troupes prussiennes ont envahi la France en réaction au retour de Napoléon. Les forces royalistes mobilisées pour lutter contre les armées impériales restent aux aguets. Un accord, signé entre les prussiens et différents chefs chouans de Bretagne, limite leur présence. À Nantes, des altercations violentes, opposant des chouans et des impériaux aux forces prussiennes, amènent le pouvoir royal à mobiliser un corps d’armée qui pourrait s’opposer à la présence des prussiens. En août et septembre 1815, le chevalier de Busnel est à Nantes dans l’entourage du comte de Labesse 16, nommé par Louis XVIII pour organiser cette armée, nommée légion de Loire-Inférieure (aujourd’hui Loire-Atlantique). — ANONYME, « Mémoires d’un Nantais », Revue de Bretagne, de Vendée et d’Anjou, Vol. 20, 1898, p. 357-, Voir en ligne. —
Les forces prussiennes quittent l’Ouest en novembre 1815. Les dernières troupes chouannes et vendéennes sont alors désarmées.
L’après chouannerie
Amador de Busnel fait partie des officiers royalistes qui ont combattu activement durant la chouannerie et ne sont que partiellement reconnus par le régime de Louis XVIII. La commission de 1816 ne lui reconnait qu’une pension de colonel pour prendre le rang de 1800.
En 1817, il fait partie d’une société secrète ultra-royaliste, la Société des Chevaliers de la Couronne 17 qui soutient le comte d’Artois, futur Charles X contre son frère Louis XVIII.
Le préfet mettait en garde ses administrés contre les émissaires de ces sociétés qui abusent du nom du Roi. Dès lors et avant même, la police a les yeux fixés sur tous ceux qu’elle soupçonne. Le ministre de la police, en novembre 1817, signalait au Préfet d’Ille-et-Vilaine, les agissements des nommés Busnel et Rialant, « surveillants » de la Société des Chevaliers de la Couronne.
Il apparait (ou peut-être s’agit-il de son frère le comte de Busnel ?) dans la liste des souscripteurs à l’érection, le 10 juillet 1819, d’un monument à la gloire des combattants du « combat des trente » entre Josselin et Ploërmel. — CRAPELET, Georges Adrien, Le combat de trente bretons contre trente anglois, Paris, G. A. Crapelet éditeur, 1827, Voir en ligne. p. 96 —
Amador de Busnel meurt le 25 février 1858 à Orléans.
Un portrait d’Amador de Busnel ?
La biographie bretonne de Kerviler nous indique l’existence d’un portrait au physionotrace 18 d’Amador de Busnel par Edme Quenedey. La vraisemblance de ce portrait est cependant contestable car les éditeurs du portrait indiquent qu’il a été réalisé en 1792, or la personne représentée a une cinquantaine d’années alors qu’Amador de Busnel n’en avait que 21 à l’époque. — HENNEQUIN, René, « Catalogue alphabétique par nom de personnes des portraits au physionotrace dessinés et gravés par Edme Quenedey », Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts du département de l’Aube, Vol. 93, 1930, p. 19-166, Voir en ligne. pp. 41-42 —