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De Trohorenteuc à Tréhorenteuc

toponymie-étymologie

Toutes les formes anciennes du toponyme Tréhorenteuc sont précédées du préfixe tro-, qui peut signifier vallée : Trohorenteuc, Troherenteuc, Trohoarn, ou Trohanteux. Les formes modernes en « tré- », comme Tréhorenteuc ou Treharanteuc sont apparues à la fin du 18e siècle.

Trohorenteuc, l’ancien nom de Tréhorenteuc

1348 — Trohorenteuc

Trohorenteuc est la forme la plus ancienne désignant l’actuel Tréhorenteuc.
Selon un acte du Livre noir de Painpont daté de 1348, le seigneur du Bois de la Roche donne les dîmes de la paroisse au prieur de Trohorenteuc :

Accord fait entre Regnaud de Montauban chevalier seigneur du Bois de la Roche et dom Thomas de Montauban prieur des prieurés de st. Barthélémy et de Trohorenteuc pour raison des dixmes du d. lieu de Trohorenteuc.

—B.N.F. D.M.O. (Paris), fr.22322 Livre noir de Painpont, p. 478

1489 — Troherenteuc

On trouve aussi la forme Troherenteuc dans un acte daté de 1489 dans lequel la duchesse Anne de Bretagne décide de prendre certaines paroisses sous protection spéciale afin de les soustraire aux exactions des gens de guerre :

1489 - 27 octobre. Mandement s’adressant au Séneschal Allaire, alloué et procureur de Ploërmel, de prohiber et deffendre, de par la duchesse, au capitaine Nouel du Han, à présent estant au chasteau de Comper, de non contraindre les paroessiens contributiffs à fouaige des paroesses de Néant et Troherenteuc de non leur porter vivres sans les poier raisonnablement et auxdiz subgectz de non le faire, sur paine d’estre rebelles et désobéissans à la Duchesse et comme telz estre pugniz. Daté le XXVIIe jour d’octobre (signé) Salmon. Scellé à Rennes le 27e jour d’octobre 1489.

LA BORDERIE, Arthur le Moyne de, « Choix de documents inédits sur le règne de la Duchesse Anne (1488-1491) », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 4, 1866, p. 265, Voir en ligne. p. 265

1514 — Trohoarn

Trohoarn est une autre forme du toponyme, mentionnée dans un acte de 1514 :

Pierre Le Bouc tient la maison et la metayrie de Gaultro avecq une autre maison et metayrie appelé la metayrie de Quejau, estant en lesdicte parroisse de Trohoarn, franches et exemptes de fouages, pour ce que sont nobles, et y a joinct III journelz roturiers (…) Item tient ledict Hamon puix V ans une maison et hébergement situéz oudict bourc de Trohoarn, qu’il acquist, contenant par fonds in journelz de terre roturière de Jehanne Morel, femme de bas estat.

Dans le toponyme Trohoarn, le suffixe hoarn pourrait correspondre au celtique ancien isarnon signifiant « fer », qui a donné le vieux breton hoiarn, (aujourd’hui houarn) ; Trohoarn signifierait la « vallée du fer ». Les fouilles archéologiques des Mazeries, qui ont livré de nombreuses scories de fer, pourraient conforter cette interprétation.

1727 — Trohanteux

L’appellation vallée de Trohanteux, apparait sur une carte de la forêt de Brécilien, datée de 1727. — Plan général de la forest de Bressilien située dans la paroisse de Paimpont, carte de 1727. (Mairie de Paimpont). (Voir en ligne) —

Interprétation étymologique du préfixe « tro »

Jean-Marie Plonéis, spécialiste en toponymie celtique, explique :

tran, traou, treu, tro, tron, tre(n), etc. est, de loin, le terme le plus courant qui, en toponymie, rappelle la vallée, le fond, le bas […] dans tous les noms de lieu contenant un élément tre(v), celui–ci n’a pas systématiquement le sens de trève ; il peut s’agir, dans bien des cas, d’une variante atone de tro “vallée”

PLONÉIS, Jean-Marie, La toponymie celtique : l’origine des noms de lieux en Bretagne, Paris, Éditions du Félin, 1989.

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Cette interprétation correspond bien à la situation géographique de Tréhorenteuc. Tréhorenteuc est situé à la convergence de nombreux petits vallons, dont les principaux sont ceux de « la Grenouillère » et du « Val sans Retour ». Leur réunion forme une vallée entre les hauteurs des « Landes des Vignes » et du « Landier » au nord et celles des « Landes Rennaises » au sud. Après les « étangs de Tlohan et du Boissy », cette vallée aboutit à Néant (Nant=vallée, devenu Néant).

Extrait de la carte IGN sur Geoportail

Cependant une interprétation du préfixe tro, désignant primitivement un domaine ou groupement de population d’époque gallo-romaine (division territoriale, lieu habité et cultivé), n’est pas à écarter. Cette hypothèse peut être confortée par la présence de substructions gallo-romaines retrouvées proches du bourg, au lieu dit des Mazeries. Le passage du tro en tre, désignant la trève paroissiale, est relativement courant en Bretagne. Il n’apparait que tardivement à Tréhorenteuc.

Les formes récentes en « tre »

Les variantes en « tre- », comme Treharanteuc ou Tréhorenteuc sont des appellations récentes qui apparaissent à la fin du 18e siècle.

L’utilisation la plus ancienne de la forme Tréhorenteuc provient de la carte de Cassini, datée de 1783 pour la forêt de Brécilien.

Tréhorenteuc

La forme Treharanteuc, qui apparait dans des ouvrages du 19e siècle, semble en être une déformation assez peu usitée. —  CHEVALIER, Pierre-Michel-François, dit Pitre-Chevalier, « Voyage en Bretagne : le Morbihan », Musée des familles : lecture du soir, Vol. 14, 1846, p. 194, Voir en ligne. pp. 194 —


Bibliographie

CHEVALIER, Pierre-Michel-François, dit Pitre-Chevalier, « Voyage en Bretagne : le Morbihan », Musée des familles : lecture du soir, Vol. 14, 1846, p. 194, Voir en ligne.

LA BORDERIE, Arthur le Moyne de, « Choix de documents inédits sur le règne de la Duchesse Anne (1488-1491) », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 4, 1866, p. 265, Voir en ligne.

LAIGUE, René de, « La noblesse bretonne aux XVe & XVIe siècles », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, Vol. 85, 1953, p. 3-84, Voir en ligne.

PLONÉIS, Jean-Marie, La toponymie celtique : l’origine des noms de lieux en Bretagne, Paris, Éditions du Félin, 1989.