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La Fontaine de Barenton chez les chroniqueurs médiévaux

Témoignages de quelques auteurs célèbres

La Fontaine de Barenton est devenue célèbre grâce au Roman de Rou du clerc anglo-normand Wace. Chrétien de Troyes, dans Le Chevalier au Lion, la fait entrer dans l’univers arthurien qui connait une vogue considérable dans toute l’Europe occidentale jusqu’à la fin du Moyen Âge. Sortie du cadre littéraire, le prodige de la fontaine interpelle, et d’importants personnages, voire des scientifiques de cette époque, font part de la fontaine dans leurs œuvres sans toujours connaitre son nom.

Voici quelques auteurs célèbres qui rapportent le prodige de la Fontaine de Barenton décrit par Wace dans son Roman de Rou en 1160. —  WACE,, PLUQUET, Fréderic, LE PRÉVOST, Auguste, [et al.], Le Roman de Rou et des ducs de Normandie, Vol. 1, Rééd. 1827, Rouen, Edouard frères éditeurs, 1160, Voir en ligne. —

Giraud de Barri

Appelé aussi Giraud de Cambrie 1, Giraud de Barri (1146 - 1223) est membre d’une famille de l’aristocratie normande du sud du pays de Galles. C’est un ecclésiastique gallois qui fréquente assidûment la cour d’Henri II Plantagenêt. Giraud de Barri écrit d’importants ouvrages dans lesquels il intègre le merveilleux. Contemporain à la fois de Wace (†1183) et de Chrétien de Troyes († v. 1190), il n’est pas sans connaître le prodige de la fontaine. En 1188 il en fait part dans Topographia Hibernica (Topographie d’Irlande) :

Il y a, dans la Bretagne-Armorique, une fontaine ; si, de ses eaux, puisées avec une corne de buffle, tu arroses par hasard la pierre qui est toute proche, aussi serein et peu propice à l’orage que soit le temps, tu ne saurais échapper aux pluies qui aussitôt se mettent à tomber.
(Texte traduit du latin)

COLLECTIF, Classical Mythology And Arthurian Romance, Slatkine, 1974, Voir en ligne. p. 49

(Voir texte original 2)

Alexandre Neckam

Latiniste anglais né à St Albans près de Londres, Alexandre Neckam (1157 - 1217) est un éminent lettré de la Renaissance du 12e siècle. Après un passage à Paris vers 1180, où il étudie la philosophie et la théologie à l’école du Petit-Pont, il revient en Angleterre enseigner les arts libéraux. Après avoir rejoint l’ordre de saint Augustin en 1197, il entre au monastère de Circencester 3 dont il devient abbé en 1213. Spécialiste des sciences de la nature, son ouvrage le plus célèbre est De naturis rerum qui regroupe l’ensemble des connaissances scientifiques de son temps : une véritable encyclopédie vraisemblablement composée dans la première décennie du 13e siècle. Comme Giraud de Barri, Neckam relate le prodige de la fontaine. Il est probable que les deux hommes se sont côtoyés à la cour du roi d’Angleterre.

Asserunt esse fontem de quo hausta aqua si projiciatur super lapidem illi fonti vicinum, oriri videtur tempestas ex ipso lapide. Constat autem multam oriri pluviam cum grandine et vento vehementi. Sed unde generetur haec tempestas quis definire praesumet ?

NECKAM, Alexander, De naturis rerum libri duo ; with the poem of the same author De Laudibus divinae sapientiae, London, Longman, Green, Longman, Roberts, and Green, 1863, Voir en ligne. pp. 130-131

Guillaume le Breton

Né vers l’an 1165 dans le diocèse de Léon (Finistère), Guillaume le Breton (v. 1165 - ?) est un clerc, chapelain du roi Philippe Auguste. Précepteur royal, chroniqueur officiel, il écrit en latin, entre 1214 et 1219, la Philippide, une chronique en vers divisée en douze chants célébrant les grands évènements du règne de ce roi de France. Guillaume Breton de l’Armorique, comme il se nomme dans sa dédicace, énumère le « prodige étonnant » de la fontaine : « Brecelianensis monstrum admirabile fontis » (vers 536). Deux versions du nom de la forêt apparaissent selon les manuscrits 4 : Brecelianensis et Breceliacensis. Selon Charles Foulon, Guillaume le Breton :

[...] n’a pas parlé de Brocéliande ; il a écrit Brecelianensis (monstrum admirable fontis) – dans le Ms. V ; ou Breceliacensis – dans les Mss. L et P. C’est donc que le premier nom de la forêt (de Paimpont) était Brécilien ou Bréchéliant. Nous devons savoir gré à Chrétien de Troyes d’avoir, dans son roman d’Yvain ou le Chevalier au Lion, très harmonieusement créé le nom de Brocéliande.

FOULON, Charles, « Brocéliande et sa fontaine dans la littérature latine médiévale », in Au Miroir de la Culture Antique : Mélanges offerts au président René Marache, Rennes, P.U.R., 1992. [pages 234-235]

Traduction de l’extrait de la Philippide se rapportant à la fontaine.

[...] Vous qui avez le pouvoir de connaître les transformations cachées de la nature ; cherchez, vous qui, tandis que les esprits des mortels ne sont accoutumés qu’à une muette stupeur, savez, ayant une intelligence divine, soumettre tous les faits à des causes précises ; cherchez, vous qui dites que, grâce à la science physique, vous connaissez clairement quelle rencontre de circonstances ou quelle combinaison de faits, entraîne le prodige étonnant de la fontaine de Brocéliande ; car si quelqu’un, d’une légère aspersion, arrose de son eau la pierre couchée près d’elle, immédiatement l’air se transforme en nuages énormes, mêlés de grêle, et se trouve contraint de mugir des grondements soudains du tonnerre, et de s’épaissir en ténèbres aveugles. Et ceux qui sont présents, et qui auparavant demandaient à être témoins du fait, préféreraient déjà que la chose leur fût cachée comme avant ; si grande est la stupeur qui pénètre leur cœur, si grande est la défaillance qui s’empare de leurs membres !
Chose étonnante en vérité, et pourtant vraie et garantie par de nombreux témoins ! Heureux qui a pu connaître les causes de ce phénomène, que Dieu a voulu laisser ignorer aux mortels ! S’il est permis de donner le nom d’homme à celui que tant de science élèverait au-dessus des choses humaines ! Pour nous qui vivons courbés sous l’humaine destinée, c’est assez de savoir l’existence du fait, qu’on nous permette d’en ignorer la cause 5.

Foulon Charles (1992) op. cit., p. 235

Jacques de Vitry

Chanoine régulier au monastère de Saint-Nicolas d’Oignies (Pas-de-Calais), Jacques de Vitry (v. 1160 - 1240) participe à l’organisation de la cinquième croisade de 1217 et s’installe en Orient. Nommé par le pape Honorius III, évêque de Saint-Jean d’Acre jusqu’en 1228, il compose son Histoire des croisades. Dans le livre I, il énumère de nombreux phénomènes en Occident dont celui de la fontaine de Barenton :

On rapporte qu’il y a dans la petite Bretagne une fontaine dont les eaux tombant sur la pierre voisine, provoquent, à ce qu’on assure, la pluie et les tonnerres.

DE VITRY, Jacques, Histoire des croisades, par Jacques de Vitry, avec une introduction, des supplémens, des notices et des notes par M. Guizot, Guizot, François, éditeur scientifique, Paris, J.-L.-J. Brière, 1825, Voir en ligne. p. 225

Vincent de Beauvais

Religieux de l’ordre dominicain, Vincent de Beauvais (v. 1190 - 1264) est un intellectuel très proche de Louis IX. Avec l’appui du roi, il rédige le Speculum Majus (Grand Miroir), une oeuvre encyclopédique considérable qui eut une importante diffusion. Elle comporte trois parties : Speculum naturale (Miroir de la nature), Speculum doctrinale (Miroir des sciences) et Speculum historiale (Miroir de l’histoire) qui vont exister séparément (chaque livre est divisé en chapitres). Dans le Speculum naturale, Vincent de Beauvais fait part lui aussi d’une fontaine se trouvant en petite Bretagne dont le prodige rapporté est celui décrit par Wace.

En petite Bretagne on affirme qu’il existe une fontaine : si l’on projette de l’eau sur la pierre près de la fontaine, semblent surgir tout d’un coup la pluie de la grêle et le vent fort. (Texte traduit du latin)

BEAUVAIS, Vincent de, Speculum Naturale, C. XXX, Hermannus Liechtenstein, 1494, Voir en ligne. p. 54 (Voir texte original 6)
Speculum naturale Neckam (Fontaine de Barenton)

Gossuin ou Gautier de Metz

Ce clerc compose en 1246, Image du monde, la première encyclopédie médiévale dont les textes sont les plus répandus au Moyen Âge. Cette vaste compilation de plus de 6000 octosyllabes a été écrite en langue vernaculaire (en parler lorrain). Image du monde traite de cosmogonie et de théologie pour expliquer le fonctionnement du monde à travers les sciences du 13e siècle. Le but est avant tout pédagogique. Il s’agit d’adapter le savoir traditionnel clérical pour le mettre à la portée d’un public non scolarisé et donner aux laïcs la possibilité d’atteindre Dieu par une somme de connaissances. Dans cette œuvre gigantesque, quatre vers sont consacrés aux prodiges de la Fontaine de Barenton et à son perron.

En Bretaigne a ce trouve lon
Une fontaine et 1 perron
Quant l’on gete l’eve de sus
Si vente et tonte (tonne) et resplent ius (en bas)

MAILLET, Dominique, Description, notices et extraits des Manuscrits de la bibliothèque publique de Rennes, Rennes, Imprimerie d’Amb. Jausions, 1837, Voir en ligne. p. 116

Thomas de Cantimpré

D’abord chanoine régulier de Cantimpré (près de Cambrai), Thomas de Cantimpré (v. 1200 - v. 1270) va en 1232 chez les Dominicains au couvent de Louvain. Ses études l’amènent auprès de Thomas d’Aquin à Cologne et d’Albert le Grand à Paris. Il finit ses jours au couvent de Louvain vers 1270-1272. C’est un auteur très important dont les livres traitent de plusieurs domaines. Il écrit plusieurs Vitae de saintes femmes du diocèse de Flandre. Il rédige vers 1237-1240, Liber de Natura Rerum qui traite des sciences naturelles et Bonum universale de apibus, ouvrage de vulgarisation écrit entre 1256 et 1263 qui contient Le livre des Abeilles. Une foule de récits est proposée dans le contexte d’un développement allégorique sur les abeilles. Sous le titre Tempestes excitez par les diables, & des merveillenses illusions, Thomas de Cantimpré décrit un phénomène sur une fontaine bretonne dont il ne connaît pas le nom et qui lui est rapporté.

Nous avons tres certaines attestations, des histoires suivantes. Le tres-sçavant & saint Pere Henry de Coulogne, Le Docteur en Théologie cy-dessus mentionné, me raconta avec attestation de Religieux tesmoins oculaires ; qu’un certain Novice, noble & riche, Breton, dans nostre Ordre à Lion, avant sa professio, en chemin avec son Prieur, pour en son païs disposer de ses possessions ; parvenu és deserts, ou landes de Bretagne, luy demanda, s’il vouloit voir l’ancien prodige miraculeux de Bretagne : Le Pere Prieur est content : & le Novice le meine voir une tres-claire fontaine, couverte d’une pierre, porté de quatre colomnes de marbre, qui estoit comme un Autel, & puis, espandit de l’eau dessus ; & aussitost, voilà le Ciel obscure les nuës se ramassent, le tonnaire mugit, les pluiës fondent, les foudres esclattent, & à mesme temps se void si grande inondation d’eau, en l’estendu d’une lieüe aux environs, qu’il sembloit que ce fut un nouveau deluge. Ce que Pere Prieur ayant admiré ; en raconta depuis, l’histoire au Pere General, le B. Jean Evesque de Bonne, & à plusieurs autres Religieux. Et moy, j’ay oüy de cette merveille passé quarante ans de mon Pere, qui porta les armes en ce païs, sous le Roy d’Angleterre Richard. Ce que depuis, le susdit Pere Hëry me racontant en presence de plusieurs autres Religieux, je demanday la cause de ce prodige ; & il me respondit : que c’estoit par art magique : maintenant inconnu aux hommes : & que les diables peuvent bien autant sur l’air & les autres elemens, Dieu par les secrets inscrutables de ses jugemens le permettant.

CANTIMPRÉ, Thomas de, Le Bien Universel ou les Abeilles mystiques, Bruxelles, J. Venden Horicke, 1650, Voir en ligne. pp. 425-426

Noël du Fail

Juriste, conseiller au parlement de Bretagne en 1571, Noël du Fail écrit la préface du Demosterion de Roch le Baillif, livre de médecine composé en 1578. Il y dresse l’éloge de la Bretagne. Parmi les nombreux lieux qu’il décrit

[se trouvent] aussi les beautés de la forest de Bresselian, appartenante au seigneur Comte de Laval, où se void encore le Perron Merlin, l’ancien plaisir des Chevaliers errans (que quelques ignorans ont voulu dire estre fables en tout, et histoires faictes à plaisir) et la fontaine de Balanton, en laquelle se baignait la beste glatissant, qui estait la proye, comme une autre bouteille de S. Greal, que par figures philosophiques lesdits Chevaliers si ardement poursuyvaient 7.

ROCH LE BAILLIF, Le Demosterion, edelphe medecin spagiric, auquel sont contenuz trois cens Aphorismes latins et français. Sommaire véritable de la médecine Paracelsique, extraicte de luy en la plus part par ledict Baillif, Rennes, P. Le Bret, 1578, Voir en ligne. p. 13 (préface)

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Bibliographie

BEAUVAIS, Vincent de, Speculum Naturale, C. XXX, Hermannus Liechtenstein, 1494, Voir en ligne.

CANTIMPRÉ, Thomas de, Le Bien Universel ou les Abeilles mystiques, Bruxelles, J. Venden Horicke, 1650, Voir en ligne.

COLLECTIF, Classical Mythology And Arthurian Romance, Slatkine, 1974, Voir en ligne.

DE VITRY, Jacques, Histoire des croisades, par Jacques de Vitry, avec une introduction, des supplémens, des notices et des notes par M. Guizot, Guizot, François, éditeur scientifique, Paris, J.-L.-J. Brière, 1825, Voir en ligne.

FOULON, Charles, « Brocéliande et sa fontaine dans la littérature latine médiévale », in Au Miroir de la Culture Antique : Mélanges offerts au président René Marache, Rennes, P.U.R., 1992.

LE BRETON, Guillaume, Philippide : chant VI, Vol. 12, 1825 - Guizot, François, Paris, J.-L.-J. Brière, 1825, (« Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, depuis la fondation de la monarchie française jusqu’au 13e siècle »), Voir en ligne.

MAILLET, Dominique, Description, notices et extraits des Manuscrits de la bibliothèque publique de Rennes, Rennes, Imprimerie d’Amb. Jausions, 1837, Voir en ligne.

NECKAM, Alexander, De naturis rerum libri duo ; with the poem of the same author De Laudibus divinae sapientiae, London, Longman, Green, Longman, Roberts, and Green, 1863, Voir en ligne.

ROCH LE BAILLIF, Le Demosterion, edelphe medecin spagiric, auquel sont contenuz trois cens Aphorismes latins et français. Sommaire véritable de la médecine Paracelsique, extraicte de luy en la plus part par ledict Baillif, Rennes, P. Le Bret, 1578, Voir en ligne.

WACE,, PLUQUET, Fréderic, LE PRÉVOST, Auguste, [et al.], Le Roman de Rou et des ducs de Normandie, Vol. 1, Rééd. 1827, Rouen, Edouard frères éditeurs, 1160, Voir en ligne.


↑ 1 • Giraud de Barri en français ou Giraud de Cambrie (Cambrie étant l’ancien nom du Pays de Galles)

↑ 2 • 

Est fons in Armorica Britannia, similis hujus ex parte naturae. Cujus ex aquis in cornu bubali haustis, si petram ei proximam forte perfuderis, tempore quantumlibet sereno et a pluviis alieno, pluviam incontinenti non evadeas »

↑ 3 • ville anglaise, dans le comté de Gloucestershire

↑ 4 • Trois manuscrits nous ont transmis le texte de la Philippide de Guillaume le Breton :

  • Le Ms de Londres (Brit. Mus. Add. 21212) : Sigle L
  • Le Ms de Paris (B.N. Lat. 5952) : Sigle P
  • Le Ms du Vatican (Christine 1383) : désigné habituellement par le sigle V.
    Charles Foulon a préféré la version donnée par V. (p. 236)

↑ 5 • Le texte en latin de Guillaume le Breton est le suivant :

Querite, vos quibus est occultos scire potestas 530
Naturae cursus ; qui, cum mortalia tantum
Corda stupere solent, divinum pectus habentes,
Omnia novistis sub certas ponere causas,
Esse patens vobis physica qui dicitis arte,
Quis concursus agat, vel que complexio rerum,
Brecelianensis monstrum admirabile fontis,
Cujus aqua, lapidem qui proximus accubat illi
Si quacumque levi quivis aspergine spargat,
Protinus in nimios commixta grandine nimbos
Solvitur, et subitis mugire tonitribus ether 540
Cogitur, et cesis se condensare tenebris ;
Quique assunt, testesque rei prius esse petebant,
Jam mallent quod eos res illa lateret, ut ante ;
Tantus corda stupor, tanta occupat extasis artus !
Mira quidem res, vera lâmen multisque probata !
Felix qui rerum has potuit cognoscere causas,
Quas Deus ignotas, voluit mortalibus esse !
Si fas est hominis censeri nomine talem,
Sublevat bumanis quem tanta scientia rebus.
Nobis humanam qui sortem vivimus infra, 550
Rem satis est sciri, nesciri causa sinatur.

Vers 530-551— LE BRETON, Guillaume, Philippide : chant VI, Vol. 12, 1825 - Guizot, François, Paris, J.-L.-J. Brière, 1825, (« Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, depuis la fondation de la monarchie française jusqu’au 13e siècle »), Voir en ligne.

↑ 6 • 

In Britania minori asserunt esse fontem de quo aqua hausta si projiciatur super lapidem vicinum illi fonti, videtur oriri pluvia repente cum grandine et vento vehementi

↑ 7 • L’histoire de la « beste glatissant » apparaît dans les Continuations du Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Cet animal qui porte dans son ventre des chiens qui aboient est à la fois mi-merveilleux et mi-monstrueux, il est, chaque fois, lié au thème du Graal, ce rapport le rend mystérieux. Si dans le Perlesvaus la bête symbolise le christ sacrifié en corrélation avec le thème chrétien du Graal, elle va changer d’aspect au fil du temps. La symbolique va perdre de son originalité dans la quatrième Continuation de Gerbert de Montreuil la « beste glatissant » sera dévorée par sa portée. Par la suite, dans Perceforest (entre 1314 et 1323), avec le fantastique de l’aventure, la Beste va prendre un aspect monstrueux pour devenir une créature qui symbolise le mal.