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La Grosse Roche de Monterfil

Un affleurement naturel

La Grosse Roche de Monterfil, considérée comme un site mégalithique dans l’inventaire de 1883 est classée en tant qu’affleurement naturel dans l’inventaire de 1931. Elle n’est dès lors plus recensée sur les inventaires de mégalithes d’Ille-et-Vilaine.

1883 — Paul Bézier

Paul Bézier mentionne la Grosse Roche de Monterfil dans son inventaire des mégalithes d’Ille-et-Vilaine paru en 1883 —  BÉZIER, Paul, Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ch. Catel, 1883, Voir en ligne. —

Monterfil — Pierre à légende dite Grosse Pierre et pierres diverses. Il existe à 2.500 mètres au Sud du bourg, sur la lande de « Grosse-Roche », section C n°716 du plan cadastral, près le hameau des Rochelles, un groupe de pierres assez remarquables, et dont la plus volumineuse a été, dit une croyance locale, déposée par deux fées qui l’apportaient de loin, la soutenant à chaque bout à l’aide de leur « devantières ».

Ce sont des blocs de quartzite avec traces de fer, reposant à la surface du sol. On ne rencontre le quartzite sur aucun autre point de la commune. Autour de ces blocs et dans un rayon d’une centaine de mètres on distingue de nombreux et parfois assez importants affleurements de cette roche. Partout ailleurs c’est le schiste violacé qui se montre.

La Grosse-Roche est une sorte de coin colossal de 6 mètres de long, de 3 m 50 de large et 3 mètres de haut, couché dans la ligne N-S.

BÉZIER, Paul, Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ch. Catel, 1883, Voir en ligne. Pages 232-233
Carte postale de la Grosse Roche de Monterfil

Paul Bézier mentionne la présence d’une fontaine sur la face supérieure de la Grosse Roche.

Sur la face supérieure est « une fontaine qui ne tarit jamais », disent les gens du pays. C’est un bassin en forme de siège de 0m55 de long, de 0m45 de large et de 0m40 de profondeur. dont le fond porte une autre excavation circulaire de 0m15 de diamètre et de profondeur. En avant du siège et du bord est un autre petit bassin. Il est fort possible que ces excavations ne soient dues qu’à la disparition d’un rognon ferrugineux. Deux autres cavités coniques importantes, visibles sur la face Sud de la pierre et pénétrant la roche dans le sens de sa longueur, tiennent assurément à cette cause naturelle.

Il signale enfin l’existence d’autres blocs de roches situés à proximité, pouvant être des mégalithes.

Parallèlement à cette pierre, à l’Est, sont quatre blocs, qui semblent avoir été posés à dessein à la surface de la lande. Ce sont de grossières pyramides de 2 à 3 mètres de long, 1m50 de large et 1m60 de haut. L’un de ces blocs ne touche pas au sol ; il est supporté par trois petites cales, dont la plus volumineuse est de 0m30 à 0m40 de côté. La face supérieure de cette pierre est fortement inclinée à l’Ouest.

A 50 mètres à l’Ouest-Sud-Ouest de ce groupe, un petit sentier est bordé des deux côtés, sur une longueur de 100 mètres, par des pierres provenant pour la plupart des travaux de défrichement de la lande, mais dont quelques-unes, de 0m80 à 1 mètre de hauteur, ont tout à fait l’allure de menhirs réguliers.

1928 — Paul Banéat

Paul Banéat mentionne la Grosse Roche en 1928. Il fait référence à Paul Bézier.

A 700 m. à l’est du village [de la Bouëxière], sur la lande de Grosse Roche, près du village des Rochelles, se voit un bloc de grès dur appelé Grosse Roche qui semble être simplement un affleurement ; les fées, dit la tradition, l’ont apporté en cet endroit ; il présente des bassins naturels et mesure 6 mètres de longueur, 3 m 50 de largeur et 3 mètres de hauteur. La légende y voit aussi un caillou que Viviane portait dans son tablier et qu’elle laissa tomber pour échapper à la poursuite de Merlin.

BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 2, Rééd. 1973, Paris, Librairie Guénégaud, 1928.

1931 — Léon Collin

En 1931, Léon Collin fait paraitre un inventaire des mégalithes d’Ille-et-Vilaine dans lequel il recense sept monuments du massif forestier de Paimpont dont la Grosse Roche en Monterfil. Léon Collin reprend le travail de Paul Bézier qu’il assortit de commentaires. Après analyse géologique, il en conclut que la Grosse Roche n’est pas un mégalithe mais un affleurement rocheux.

Pierre à légende dite Grosse-Roche, près de Monterfil. Dans « L’inventaire des Monuments mégalithiques de l’Ille-et-Vilaine », P. Bézier indique que à 2.500 mètres au Sud du bourg de Monterfil, et sur la lande de Grosse-Roche, près du hameau des Rochelles, existe un groupe de pierres remarquables dont la plus volumineuse serait désignée sous le nom de Grosse-Roche.

P. Bézier ajoute que « Ce sont des blocs de quartzite avec traces de fer, on ne rencontre le quartzite sur aucun autre point de la commune. Autour de ces blocs et dans un rayon d’une centaine de mètres on distingue de nombreux et parfois assez importants affleurements de cette roche. Partout ailleurs c’est le schiste violacé qui se montre. » La description que donne P. Bézier de Grosse-Roche est exacte « Sorte de coin colossal de 6 mètres de long, de 3 m. 50 de large, 3 mètres de haut, couché dans la ligne Nord-Sud. »

Grosse-Roche est en effet un gros bloc de quartzite ou plutôt un bloc de grès dur non homogène, la texture de ce grès est identique à celle du grès armoricain que l’on extrait des carrières situées à 100 mètres à l’Est du village des Rochelles.

A mon avis Grosse-Roche est simplement un affleurement de grès armoricain de la bande de grès formant l’extrémité d’un synclinal de grès armoricain de la forêt de Paimpont. Il n’y a pas lieu de considérer cet affleurement comme étant un monument mégalithique.

P. Bézier parle aussi dans son inventaire d’une roche posée sur trois supports et située très près de Grosse-Roche. On aurait pu penser qu’on avait affaire à un dolmen. En réalité c’est simplement un éboulis de grès provenant de l’affleurement de Grosse-Roche et l’on voit nettement que ce n’est pas un monument mégalithique.

COLLIN, Léon, « Quelques monuments mégalithiques de l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 57, 1931, p. 9-41, Voir en ligne.Pages 34-35

Depuis son classement en tant qu’affleurement naturel par Léon Collin, la Grosse Roche, n’est plus considérée comme un site mégalithe.

La Grosse Roche - Approche géologique

La Grosse-Roche est un gros bloc de grès dur non homogène, le grès de Courouët (Paléozoïque), grès-quartzite gris clair à filonnets de quartz blanc.

Sortie géologique du 19/02/2016
R. Barrat
Alain Bellido@2020

Le grès de Courouët a été exploité dans la carrière des Rochelles voisine, actuellement envahie par la végétation. Cette carrière est remarquable car des bancs calcaires gris-noir affleurent sous ces grès. Il s’agit d’un calcaire briovérien (anté-paléozoïque) très dur.

Ce site a été visité, lors d’une sortie géologique le 19/02/2016, par les encyclopédistes sous la direction d’Yves Quété.

Vue de Monterfil depuis la Grosse Roche
Alain Bellido@2020

Bibliographie

BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 2, Rééd. 1973, Paris, Librairie Guénégaud, 1928.

BÉZIER, Paul, Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ch. Catel, 1883, Voir en ligne.

COLLIN, Léon, « Quelques monuments mégalithiques de l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 57, 1931, p. 9-41, Voir en ligne.