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La Pierre Longue

Un menhir en Iffendic

Le menhir de Pierre Longue est situé au lieu dit « le Vau Savelin » sur la commune d’Iffendic. Il est en poudingue de Montfort et mesure 4,12 m de hauteur pour 1,45 m de largeur.

1837 — Les fouilles de l’abbé Oresve

La première mention du menhir de Pierre Longue en Iffendic date de 1843. On y apprend que le mégalithe a été l’objet d’une fouille quelques années plus tôt.

M. l’abbé Oresve nous décrit un monument druidique que l’on voit, dit-il, à 2000 m au sud du bourg, près du village de Vausavélin. C’est un menhir de 4 m.50 à 5 m. de hauteur. On a fouillé au pied de cette pierre en 1837 mais on n’y a rien trouvé.

OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne. R-Z, Vol. 4, Nantes, Vatar, 1780, Voir en ligne. pp. 357-358

L’abbé Oresve donne des précisions sur son intervention dans son ouvrage sur la région de Montfort paru en 1858. L’antiquaire, qui classe ce mégalithe dans la catégorie des monuments celtiques, propose une interprétation fantaisiste, dans le goût de son époque, concernant le culte des menhirs.

En Iffendic, au sud du bourg, à un fort kilomètre, près du village de Vausavelin, il y a un menhir bien conservé, qui se nomme dans le pays pierre longue, traduction française de menhir. Il peut avoir quatre à cinq mètres d’élévation. Nous avons fait fouiller au pied dans le mois d’octobre 1837, et on y trouva des pierres plus grosses que le poing, disséminées autour de sa base. Avant d’être parvenu à un mètre de profondeur, on rencontra le tuf où elle avait son assiette. Nous ne pensons pas que ce fut un tombeau, car rien ne l’indique ; cette pierre doit être regardée au contraire comme un objet d’adoration, ou pierre huilée, qui recevait un culte et que l’on appelait Baïtel, ainsi que nous l’apprend D. Arnobe : « Quand j’apercevais une pierre huilée, a dit-il, j’allais la baiser, comme si elle eut « renfermé quelque vertu divine et je lui parlais. ».

La Pierre Longue dans les inventaires mégalithiques du 19e siècle

1862 — L’abbé Brune

Le premier inventaire du patrimoine archéologique du département d’Ille-et-Vilaine est l’œuvre de l’abbé Brune 1 en 1862. L’érudit de la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine ne relève qu’un seul mégalithe pour l’ensemble des cantons de Montfort, Plélan et Montauban de Bretagne.

IFFENDIC. — Époque celtique : Un menhir placé sur une éminence au sud-ouest du bourg, près du village de Vausavelin.[...]

BRUNE, abbé Marie-Joseph, « Répertoire archéologique du département d’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société Archéologique du Département d’Ille et Vilaine, Vol. 1, 1862, Voir en ligne. p. 79

1882 — Adolphe Orain

Adolphe Orain, qui donne quelques indications sur les monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, mentionne la Pierre Longue en 1882.

Près du village du Vausavelin et un menhir de 4 mètres de haut sur 2m30 d’épaisseur. Il est en schiste rouge, mélangé de quartz.

ORAIN, Adolphe, Géographie pittoresque du département d’Ille-et-Vilaine - Histoire et Curiosités des 357 communes - Personnages célèbres, Littérateurs, Poètes, Artistes, etc. - Agriculture, Commerce, Industrie.., Rennes, Imprimerie Alph. le Roy fils, 1882. [page 375]
Iffendic la Pierre Longue
Editions Mesny (Editeur) ; Rennes.
Musée de Bretagne

1883 — Paul Bézier

Il apparait enfin dans l’inventaire mégalithique de Paul Bézier paru en 1883.

Menhir dit Pierre-Longue - A deux kilomètres au Sud-Est du bourg et à 200 mètres du village de la Barre, dans le champ de Pierre-Longue. Il est dans le sol naturel et a la forme assez régulière d’un tronc de pyramide oblique à quatre faces. Hauteur : 4 mètres ; largeur : 2m 45 ; épaisseur : 0m 76 Grandes faces à l’Est et à l’Ouest. La quantité dont il est enfoncé en terre m’est inconnue et il n’est pas probable qu’il ait été fouillé. Quartzite, roche locale.

BÉZIER, Paul, Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ch. Catel, 1883, Voir en ligne. p. 222
La Pierre-Longue d’Iffendic au début du 20e siècle
Carte postale n°3953
Mary-Rousselière Edit. Rennes

Description du Menhir au début du 20e siècle

1928 — Paul Banéat

Le menhir de la Pierre Longue est mentionné en 1928 par Paul Banéat. La description empruntée à Paul Bézier est accompagnée d’une gravure de F. Bourges.

Menhir de la Pierre Longue, à 2 km du bourg, à l’ouest de la route, près des villages de La Barre et du Vausavelin. Il est en brèche de Montfort (schiste rouge avec fragments de quartz non roulés). Il mesure 5 m. de hauteur, 2 m. 45 de largeur et 0 m. 76 d’épaisseur.

BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 2, Rééd. 1973, Paris, Librairie Guénégaud, 1928. [page 202]
Gravure de la Pierre Longue d’Iffendic
Paul Banéat

1931 — Léon Colin

Le menhir a fait l’objet d’un examen archéologique publié en 1931.

Ce menhir a 5 mètres de hauteur, 2 m. 50 de largeur et 0 m. 80 d’épaisseur, c’est une dalle subprismatique étroite de brèche de Montfort, c’est-à-dire des schistes pourprés avec fragments de quartz à arêtes vives, ici les morceaux de quartz sont petits (1 à 2 centimètres de long) cette roche appartient donc aux couches de bases de l’assise que nous avons décrite dans l’aperçu géologique de la région. Il est orienté sensiblement Nord (magnétique)-Sud, et ses grandes faces sont Est-Ouest. Un fragment de 0 m. 20 d’épaisseur, de 2 mètres de haut et de 0 m. 50 de largeur s’en est détaché, parait-il, dernièrement, et une fente importante le traverse presque en son milieu de haut en bas. Il est à 2 kilomètres au Sud-Est d’Iffendic, à 250 mètres de la ferme de la Petite-Barre, dans le champ de la Pierre Longue, en plein Sud-Ouest de la croix qui se trouve sur la route de Monterfil à Iffendic, auprès de la ferme du Tertre. Il se trouve sur le versant Nord d’un éperon situé entre deux petits ruisseaux qui se jettent dans le Meu et qui s’écoulent, l’un de l’étang de Trémelin sur les schistes pourprés, l’autre d’un étang situé bien plus au Sud, à 3 kilomètres au Nord de Saint-Péran. Il est implanté dans les schistes briovériens de la plaine de Rennes et par conséquent n’est pas sur un sol de même roche que lui. Les affleurements de brèche de Montfort qui sont les plus rapprochés de ce menhir se trouvent à environ 800 mètres au Sud-Ouest et sont en bordure du synclinal de Paimpont ; d’autres affleurements de ces brèches de Montfort se trouvent dans les environs mais plus éloignés (cette distance de 800 mètres ne peut, bien entendu, être prise que comme transport minimum. On pourrait admettre un travail humain assez sérieux pour le transport de cette masse de schiste brèchoïde jusqu’à 800 mètres des affleurements mais il faut remarquer que dans les environs d’Iffendic on trouve sur les schistes briovériens de la plaine de Rennes de nombreux blocs isolés des schistes pourpres. Comment ces blocs se trouvent-ils si éloignés des affleurements ? Il est probable qu’ils proviennent de la désagrégation par érosion de la bordure du synclinal de Paimpont, bordure qui s’étendait plus loin vers le Nord. Nous ne devons donc considérer avec certitude comme travail humain que celui qui a consisté à ériger ce menhir sur place. Il ne présente aucune trace d’ornementation ni en creux, ni en relief. Il penche fortement vers l’Ouest il est probable que des fouilles ont dû être pratiquées à sa base.

COLLIN, Léon, « Quelques monuments mégalithiques de l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 57, 1931, p. 9-41, Voir en ligne. pp. 29-31
La Pierre-Longue d’Iffendic en 2014

La Pierre Longue et l’archéologie contemporaine

Le menhir mentionné dans un inventaire archéologique inédit de 1971 —  HENRY, Paul, Les menhirs des arrondissements de Rennes et Saint-Malo, Mémoire de maitrise, Université de Haute-Bretagne, 1971, 277 p. [pages 46-48] —, a été décrit par Jacques Briard.

Menhir en schiste pourpré, de forme parallélépipédique à quatre faces (h= 4,12 m, l= 1,45 m et e= 0,80 à 0,98 m) (fig. 21 et 22). Ses grandes faces sont orientées à l’est et à l’ouest. Il est incliné de 84° vers l’ouest.

BRIARD, Jacques, LANGOUËT, Loïc et ONNÉE, Yvan, Les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Institut Culturel de Bretagne - Skol-uhel ar vro - Laboratoire d’anthropologie - Préhistoire (U.P.R. 403 C.N.R.S.) Université de Rennes I, 2004. [page 39]
Croquis de la Pierre Longue d’Iffendic

Bibliographie

BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 2, Rééd. 1973, Paris, Librairie Guénégaud, 1928.

BÉZIER, Paul, Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ch. Catel, 1883, Voir en ligne.

BRIARD, Jacques, LANGOUËT, Loïc et ONNÉE, Yvan, Les mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Institut Culturel de Bretagne - Skol-uhel ar vro - Laboratoire d’anthropologie - Préhistoire (U.P.R. 403 C.N.R.S.) Université de Rennes I, 2004.

BRUNE, abbé Marie-Joseph, « Répertoire archéologique du département d’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société Archéologique du Département d’Ille et Vilaine, Vol. 1, 1862, Voir en ligne.

COLLIN, Léon, « Quelques monuments mégalithiques de l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 57, 1931, p. 9-41, Voir en ligne.

HENRY, Paul, Les menhirs des arrondissements de Rennes et Saint-Malo, Mémoire de maitrise, Université de Haute-Bretagne, 1971, 277 p.

OGÉE, Jean-Baptiste, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, dédié à la nation bretonne. R-Z, Vol. 4, Nantes, Vatar, 1780, Voir en ligne.

ORAIN, Adolphe, Géographie pittoresque du département d’Ille-et-Vilaine - Histoire et Curiosités des 357 communes - Personnages célèbres, Littérateurs, Poètes, Artistes, etc. - Agriculture, Commerce, Industrie.., Rennes, Imprimerie Alph. le Roy fils, 1882.

ORESVE, abbé Félix Louis Emmanuel, Histoire de Montfort et des environs, Montfort-sur-Meu, A. Aupetit, 1858, Voir en ligne.


↑ 1 • L’abbé Brune est l’un des fondateurs de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine en 1844. Président de la Commission des édifices religieux du diocèse, il participe activement aux débats de son temps sur l’architecture religieuse médiévale