Le menhir de Saint-Jouan
Un menhir détruit en Saint-Malon
Le « Menhir de Saint-Jouan », aussi appelé « Pierre drete », situé à proximité de la chapelle Saint-Jouan en Saint-Malon-sur-Mel est un mégalithe vraisemblablement détruit vers 1935. Félix Bellamy l’a mesuré et photographié en 1887. Le bloc principal était en poudingue de quartz blanc. D’autres blocs de poudingue, à même le sol à quelques pas, auraient pu faire partie du même ensemble mégalithique.
1858 — La première mention
Nous devons la première mention du menhir de Saint-Jouan 1 à l’abbé Oresve, antiquaire de la région de Montfort, qui recense trois mégalithes dans la paroisse de Saint-Malon.
1° Au nord-ouest de la chapelle Saint-Jouan, il existe un gros peulvan de trois mètres d’élévation qui fait la limite de Saint-Malon et de Muel.
1883 — L’inventaire de Paul Bézier
Le menhir de Saint-Jouan apparait dans le premier inventaire mégalithique d’Ille-et-Vilaine daté de 1883.
Sur la lande de Saint-Jouan, près de la chapelle du même nom, à 4 kilomètres à l’Ouest du bourg. Il est planté dans le sol naturel, sur le point culminant de la lande. Hauteur : 2m 30 ; largeur : 1m 80 ; épaisseur : 0m 90. Forme d’un tronc de pyramide oblique à quatre faces, dont les plus larges regardent vers l’Est et l’Ouest. Schiste quartzeux, roche locale. Il ne parait pas avoir été fouillé et l’on ignore à quelle profondeur il s’enfonce dans la terre.
1896 — La description de Félix Bellamy
Dans la seconde moitié du 19e siècle, Félix Bellamy donne une description du menhir de Saint-Jouan, qu’il nomme aussi la « Pierre drete » 2.
À quatre ou cinq minutes de marche, au nord de la chapelle [Saint-Jouan], se dresse un menhir colossal planté au sommet de la lande. On l’appelle la Pierre drete (droite). Elle est sur le bord d’un fossé et fait partie du talus. Ce menhir est d’une forme inusitée. Il est large comme un pan de muraille ; une des faces regarde au nord et l’autre au sud ; l’un des côtés à l’est et l’autre au couchant ; elle est bien verticale.
Voici ses dimensions : hauteur 2m 70 au-dessus du sol ; épaisseur 1m 20 côté occident, 1m 30 côté est ; largeur 2m 90 face sud à 1m 20, 3m 40 face nord à 1m 40, au-dessus du sol.
Le sommet est tronqué obliquement, le côté orient est moins haut que l’autre ; il a environ 2 mètres. Cette pierre n’est pas dans un bloc taillé et régulier dont on puisse prendre les dimensions avec une extrême précision ; cependant, celles que je donne ne doivent pas s’écarter beaucoup de la réalité ; elles sont plutôt au-dessous qu’au-dessus.
Félix Bellamy, qui a pris une précieuse photographie du menhir, mentionne la description de Paul Bézier, différente des mesures qu’il a constatées.
Ce menhir a déjà été décrit ; les mesures que l’on en a données diffèrent notablement de celles que j’ai relevées, ce qui s’explique suffisamment par l’irrégularité des contours ; mais c’est évidemment par erreur que sa largeur n’a été évaluée qu’à 1m 80.

Ce bloc est en poudingue de quartz blanc et de schiste rouge ; il est recouvert de cryptogrammes grisâtres ; quand on le voit de loin, pour la première fois, la largeur de ses faces le fait prendre pour une ruine : le mur en terre de quelque cabane démolie.
Félix Bellamy rapproche le « Menhir de Saint-Jouan » de deux ensembles mégalithiques situés à peu de distance : celui du « menhir de la Prise », ainsi que celui de la « Pierre Drète » lui aussi dans le bois de Comper.
Bellamy évoque aussi la persistance d’un culte autour de ce menhir voisin de la chapelle Saint-Jean, consistant en une procession le premier dimanche de mai. Il indique qu’un homme de 78 ans du village voisin du « Buisson » en Paimpont nommait ce menhir la pierre des Lolos, et que bien avant la venue de Jésus-Christ, les gaulois s’y réunissaient pour l’adorer.
— Bellamy, Félix (1896) op. cit., p. 696 —
Le menhir de Saint-Jouan dans la première moitié du 20e siècle
1929 — Paul Banéat
Le menhir de Saint-Jouan est mentionné en 1929 par Paul Banéat sous le nom de Pierre Drette.
Menhir de la Pierre Drette, à 200 m. au nord-ouest de la chapelle. Il est en brèche de Montfort et à 2 m. 70 de hauteur, 3 m. de largeur et 1 m. 20 d’épaisseur. Il pourrait n’être que la partie inférieure d’un menhir plus élevé.
1931 — Léon Collin
Le menhir a fait l’objet d’un examen archéologique publié en 1931, remettant en cause l’idée d’un alignement.
Menhir de la lande de Saint-Jouan. Il est situé à 3 km. 500 à l’Ouest-Nord-Ouest et à vol d’oiseau du clocher de Saint-Malon, sur la lande de Saint-Jouan, et à 200 mètres au Nord-Ouest de la chapelle du même nom, près de la cote 113. C’est un gros bloc de pierre ayant à peu près la forme d’un tronc de prisme dont la plus grande arête a 2 m 50 de hauteur, sa largeur est de 2 mètres et son épaisseur de 1 m 50 . À mon avis c’est la base d’un menhir brisé qui devait être certainement plus élevé. Ses grandes faces sont aspectées Nord-Est-Sud-Ouest et par conséquent sa direction est Nord-Ouest-Sud-Est. Il est en « brèche de Montfort ». Les morceaux de quartz qui entrent ici dans la composition de cette brèche sont assez volumineux et plusieurs d’entre eux atteignent 10 centimètres de longueur. Lorsque la brèche de Montfort contient des morceaux de cette taille, elle est particulièrement belle. Cette roche affleure à l’Est et au Sud-Est du menhir et c’est elle qui forme la pente qui fait faille au Nord-Est en bordure de la plaine de Rennes. La pierre qui a servi à faire ce menhir a donc été prise sur place, il n’y a donc eu que le travail d’extraction, peut-être le travail de taille qui, ici, était simplifié, puisque cette brèche de Montfort se trouve en bancs parallèles, mais il n’y a certainement pas eu de transport. Le menhir de Saint-Jouan étant au point culminant de la crête, domine la plaine de Rennes ainsi que les vallées du Meu et de ses affluents. De nombreux blocs épars de petite taille se montrent alignés dans les environs de ce menhir, mais ne sont pas des menhirs, ce sont simplement des fragments restés sur place des bancs de la brèche de Montfort qui, à cet endroit, ont une direction Nord-Ouest-Sud-Est.
Le menhir de Saint-Jouan et l’archéologie contemporaine
Le menhir est mentionné dans un inventaire archéologique inédit de 1971 — HENRY, Paul, Les menhirs des arrondissements de Rennes et Saint-Malo, Mémoire de maitrise, Université de Haute-Bretagne, 1971, 277 p. [page 211-213] —
Il a été détruit en 1935, selon l’archéologue Jacques Briard qui le mentionne dans l’inventaire des mégalithes d’Ille-et-Vilaine publié en 2004.
Menhir détruit (Pierre Drette). Saint-Jouan. En poudingue pourpré local, il avait la forme d’un tronc de pyramide à quatre faces (fig. 111). Ses grandes faces étaient orientées à l’est et à l’ouest (h=2,50 m, l=2,70 m, e= 0,90m). Il a été détruit en 1935
Hypothèse sur la localisation d’un menhir détruit
Le menhir de Saint Jouan est encore signalisé sur la carte IGN sous l’appellation « Pierre Drette ». Il est pourtant aujourd’hui introuvable à cet emplacement où dans les environs immédiats.
Le recoupement des sources bibliographiques permet cependant d’approcher au plus près de sa localisation initiale.
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Au nord-ouest de la chapelle Saint-Jouan, il existe un gros peulvan de trois mètres d’élévation qui fait la limite de Saint-Malon et de Muel
. — ORESVE, abbé Félix Louis Emmanuel, Histoire de Montfort et des environs, Montfort-sur-Meu, A. Aupetit, 1858, Voir en ligne. p. 73 — -
Il est sur le bord d’un fossé et fait partie du talus.
— BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne. pp. 695-696 — -
Il est situé à 3 km. 500 à l’Ouest-Nord-Ouest et à vol d’oiseau du clocher de Saint-Malon, sur la lande de Saint-Jouan, et à 200 mètres au Nord-Ouest de la chapelle du même nom, près de la cote 113.
— COLLIN, Léon, « Quelques monuments mégalithiques de l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 57, 1931, p. 9-41, Voir en ligne. p. 31 —
Aucun bloc de poudingue de la taille du menhir de Saint-Jouan - debout ou couché - n’est actuellement visible à l’emplacement désigné par la carte. Une dizaine de gros blocs de poudingues posés sur le sol sont cependant encore visibles, à une cinquantaine de mètres, au nord ouest du vallon de la Ville Gâte. Ils pourraient s’agir des vestiges du menhir détruit de Saint-Jouan.

D’autre blocs de poudingue situés tout près
du menhir de Saint-Jouan pourraient faire partie du même ensemble mégalithique. C’est en tous cas ce que suggère Félix Bellamy.
Tout près, au bord d’un chemin landier, en allant vers le couchant, on trouve gisants sur la terre un assez grand nombre de blocs fort volumineux du même poudingue. Je serais donc bien porté à penser que ce sont là les vestiges et l’emplacement d’un monument mégalithique considérable, dont le menhir de Saint-Jean n’était qu’une partie
Félix Bellamy n’indique pas à quelle distance exacte se trouvent ces blocs de poudingue. S’agit-il d’une partie des blocs que nous interprétons comme des vestiges du menhir (photos au dessus) ou des blocs encore visible à 250 mètres à l’ouest en suivant la crête à partir du vallon de la Ville Gâte.
L’emplacement de ces blocs correspond à la localisation d’un groupe de menhirs découvert en 1987 de manière fortuite par Olivier Bricaud dans la lande de Saint-Jean en Muel. Cette découverte, est inscrite sur la carte archéologique depuis 2002.