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2002

Le meunier de Trompe-souris

Un conte sur l’origine du moulin de Trompe-souris

Trompe-Souris est un lieudit situé en bordure de forêt, dans la clairière de Telhouët (Paimpont). Ce toponyme a inspiré à Claudine Glot un conte paru en 2002.

À l’origine de Trompe-Souris

En 1886, Adolphe Orain publie une chanson intitulée Le gars Mathurin. Il mentionne à cette occasion le contexte dans lequel il l’a collectée.

Cette chanson, recueillie au village de L’Abbaye de Tallouet, est attribuée à un forgeron de Paimpont qui avait vu une fille d’auberge se rendre au moulin du gars Mathurin. Hélas ! ce moulin est aujourd’hui en ruines, et porte le nom de Trompe-Souris, parce que les souris n’y trouvent plus rien à grignoter.

ORAIN, Adolphe, Glossaire patois du département d’Ille-et-Vilaine, suivi de chansons populaires avec musique, The Internet Archive, Paris, Maisonneuve frères et Ch. Leclerc éditeurs, 1886, Voir en ligne.

Un ouvrage de 1967 mentionne lui aussi les origines du moulin de Trompe-Souris.

C’est le hameau de Trompe-Souris, dans la Basse-Forêt, qui doit son nom à un moulin qui n’avait ni farine ni son, car le meunier était pauvre. Aussi, toutes les souris crevèrent-elles de faim.

WEITZMANN, Henri, Légendaire de la Bretagne : les légendes, l’histoire, les hommes, Hachette, 1967. [page 146]

En 1979, le Guide touristique et culturel de Brocéliande mentionne une légende liée à Trompe-Souris.

A l’entrée en forêt, carrefour de Trompe-Souris. Ce nom est lié à la légende d’un meunier qui remplaça la farine par des pierres pour tuer des rongeurs.

COTTIN, Alain, Guide touristique et culturel de Brocéliande et annexes, 1982, Syndicats d’Initiative de Brocéliande, 1979, Voir en ligne.
Trompe-souris
Fond Geoportail IGN

Un conte écrit par Claudine Glot

Le toponyme de Trompe-Souris a inspiré à Claudine Glot un conte contemporain. —  GLOT, Claudine et TANNEUX, Marie, Contes et légendes de Brocéliande, Ouest-France, 2002, 248 p. [pages 179-181] —

Le récit du meunier de Trompe-Souris

Dans les villes comme dans les campagnes, les meuniers étaient gens forts enviés. Ils récoltaient le fruit du travail des champs sans s’échiner à labourer la terre et attisaient le désir des femmes qui souhaitaient épouser un riche parti.

Généralement. Car en Brocéliande, il était un malheureux meunier. Son moulin, déjà vieux, bâti de schiste pourpre et de quartz blanc, couronné d’ardoise fine, s’élevait au bord de la grande clairière de Telhouët. Un peuple entier de souris habitait ce moulin rongeant les grains qui auraient dû l’enrichir. Il avait tenté de lutter contre ce fléau mais les chats avaient fui devant l’ampleur de la tâche.

Il se désolait d’autant plus qu’il soupirait pour la blonde Jeanne-Marie, sa voisine. La belle lui avait promis de l’épouser dès qu’il aurait chassé les souris. Le meunier entreprit alors de réparer son moulin et d’en boucher tous les trous et fissures par lesquels les rongeurs circulaient.

Après une semaine d’intense labeur, le meunier satisfait de son œuvre se fit livrer plus de trente sacs d’un beau blé doré. La nouvelle se répandit chez les souris qui bientôt arrivèrent de tous les coins de la forêt. Quand la dernière souris fut entrée dans le moulin, le meunier en ferma toutes les issues et s’en alla en sifflotant.

À l’intérieur du moulin les souris étaient fort aise et savouraient le bon blé. Mais sous une mince couche de grain, les beaux sacs étaient pleins de pierres. Et lorsque les souris voulurent fuir par les fissures habituelles elle ne trouvèrent que des pierres neuves soigneusement scellées.

Quand le meunier revint huit jours plus tard, il ouvrit la porte du moulin et balaya calmement les milliers de petits corps gris. Les souris de Brocéliande avaient compris la leçon. Aucune d’entre-elles ne se risqua plus dans les parages. Le moulin y gagna le nom de Trompe-Souris et le meunier la main de la blonde Jeanne-Marie.

Une adaptation

Ce conte a été l’objet d’une adaptation par Jacky Ealet en 2015. —  EALET, Jacky et LARCHER, Guy, Paimpont en Brocéliande, Beignon, Les oiseaux de papier, 2015. [page 303] —


Bibliographie

EALET, Jacky et LARCHER, Guy, Paimpont en Brocéliande, Beignon, Les oiseaux de papier, 2015.

GLOT, Claudine et TANNEUX, Marie, Contes et légendes de Brocéliande, Ouest-France, 2002, 248 p.

ORAIN, Adolphe, Glossaire patois du département d’Ille-et-Vilaine, suivi de chansons populaires avec musique, The Internet Archive, Paris, Maisonneuve frères et Ch. Leclerc éditeurs, 1886, Voir en ligne.

WEITZMANN, Henri, Légendaire de la Bretagne : les légendes, l’histoire, les hommes, Hachette, 1967.