Les matériaux de construction de l’abbaye de Paimpont I
Les grandes étapes de la construction de l’abbaye
Construite au 13e siècle, l’église abbatiale connaît d’importants remaniements aux 15e et 17e siècles.
Mais si l’on inclut les dépendances, la construction de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont s’étale en réalité sur une beaucoup plus longue période, allant du 13e au 20e siècle.
L’église abbatiale Notre-Dame de Paimpont, édifiée au 13e siècle, fait l’objet d’importants remaniements aux 15e et 17e siècles.
L’édifice est destiné à des usages monastiques et paroissiaux dès son édification par l’ordre des chanoines réguliers de saint Augustin dans la première moitié du 13e siècle.
La représentation 3D d’après la photo aérienne (Figure 2) rend compte des périodes successives de construction de l’abbaye et de ses dépendances.
Sur la Figure 3 sont représentés en pointillés deux bâtiments construits au 17e siècle et détruits à la fin du 18e ou au début du 19e siècle, faute de moyens pour les entretenir. Ces bâtiments figurent sur une gravure de l’abbaye de Paimpont dédiée à l’abbé Charles de Rosmadec (1649-1671).
- le Bâtiment neuf est une extension perpendiculaire au Vieux Bâtiment ou Grand logis. Ce bâtiment était desservi par le grand escalier du Vieux Bâtiment .
- Les Appartements des Dames 1 et écuries ferment le cloitre ou cour intérieure au couchant des bâtiments abbatiaux.
Jacques Priou, ingénieur des ponts et chaussées de Bretagne, signale dans un procès verbal daté de 1783, l’état de ces deux bâtiments et l’ensemble des travaux nécessaires à leur remise en état ainsi que l’estimation de leur coût. — PRIOU, Jacques, « Procès verbal d’estimation des terres et dépendances de l’abbaye de Paimpont du 6 février au 4 aout 1783 par Jacques Priou, ingénieur des ponts et chaussées de Bretagne. », Paimpont, Abbaye de Paimpont, 1783, p. 189, Voir en ligne. —
L’église abbatiale
Au 13e siècle
C’est entre 1199 et 1211 que le prieuré bénédictin de Penpont devient abbaye de chanoines réguliers de saint Augustin.
Les chanoines qui disposaient déjà d’une chapelle durent prendre leur temps pour bâtir leur église abbatiale. […] Il est vraisemblable que la construction s’échelonna de 1220 environ au-delà de la moitié du XIIIe siècle. On repère d’ailleurs nettement une interruption des travaux dans le mur sud de la nef et une évolution dans la forme des fenêtres.
La nef, le chœur, les transepts nord et sud et le porche ouest (noté [1] sur la Fig. 2) de l’église abbatiale datent de cette époque.
Au 14e siècle
Durant le 14e siècle, l’abbaye souffre des conséquences de la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1364), corrélative à la guerre de Cent Ans. Une chapelle aujourd’hui disparue est construite en 1375 côté sud de la nef. Il en reste un porche en ogive sur le mur sud de la nef et une plaque historiée 2.
Ceci est l’oratoire où Jean Magne, seigneur de Irodoire et Jehanne de Belosac, dame de la Rivière, son épouse, ont doté une chapellenie d’une messe au jour que l´on voudrait, l´an du Seigneur 1372 et firent faire ce travail, l’an du Seigneur 1375. — Traduction de la plaque historiée —
Au 15e siècle
L’église est restaurée. La reconstruction en pierre des voûtes du transept et du chœur entraîne la consolidation des murs par de nouveaux contreforts.
De cette époque date aussi l’ossuaire [2] transformé en chapelle au 18e siècle, utilisée aujourd’hui comme baptistère.
Le clocher de l’église du 13e siècle était vraisemblablement placé sur le mur extérieur du transept nord. Ce n’est qu’à partir du 15e siècle, lors des travaux de voûtement en ogive du chœur et du transept, qu’un clocher surmontant la croisée du transept aurait été construit.
Le clocher actuel [3] n’est pourtant pas celui du 15e siècle ; la gravure de l’abbaye de Paimpont de 1670, représente un clocher en forme d’aiguille. Sa forme actuelle, avec le toit en impériale, lui sera donnée en 1834.
Au 18e siècle
Avec l’arrivée à Paimpont en 1649 de la réforme de Sainte-Geneviève, l’église abbatiale subit pendant un demi-siècle de profonds remaniements.
En 1710 - Le cloître médiéval côté nord, et la chapelle de Bonne-Encontre, côté sud, contigus aux murs de la nef, sont rasés et remplacés par des chapelles aux toits en appentis, qui entament les baies médiévales des murs de l’église (visibles sur les photos ci-dessous).
— Côté sud - La chapelle prend le nom de chapelle de la Miséricorde. Elle devient plus tard salle des « Écrouettes » [4], actuelle salle d’exposition. Les moellons sont en grande partie repris de la chapelle du 14e siècle.
— Côté nord - La chapelle construite à la place du cloître médiéval est appelée cloître nord [4bis].
La façade du portail, aujourd’hui aveugle, était surmontée d’une fenêtre attestée en 1783. La reconstruction de la partie haute de la façade occidentale [5], au-dessus du porche, a été réalisée entre 1783 et 1791.
Les autres bâtiments abbatiaux
Au 17e siècle
« Le Vieux Bâtiment ou Grand Logis » [6]
Les anciens bâtiments conventuels (dont le cloître médiéval) sont rasés et remplacés par le « Grand Logis », édifié dans le prolongement du transept nord de l’abbatiale (1650 à 1670). Il abrite aujourd’hui le presbytère, la mairie et la médiathèque.
Le manoir abbatial et le logis monastique - nommés respectivement « Bâtiment neuf » et « appartement des Dames et écuries » sur la Figure 3 - formaient une cour carrée servant de cloitre au cœur de l’abbaye. Ils sont détruits en 1783 en raison de leur état de délabrement.
On peut voir sur la photo ci-dessus l’emprise du Bâtiment Neuf sur les murs du Grand Logis - de la troisième à la cinquième ouverture en partant de la droite (pointillés) - La délimitation entre les deux bâtiments est marquée par un raccord dans le mur ainsi que par un changement du type de lucarne (flèches) dans la toiture.
Les dépendances [7]
Au 18e siècle
Le Manoir ou Logis abbatial [8]
Le Manoir abbatial est construit au 18e siècle dans le prolongement de la nef de l’église. Les murs de ce bâtiment présentent de nombreuses reprises.
- Un collage dans la maçonnerie de la façade sud (détail ci-dessus) révèle l’angle des anciens Appartements des Dames et écuries. Le manoir abbatial a été édifié perpendiculairement à ce bâtiment détruit fin 18e - début 19e. La trace de ce collage se retrouve de l’autre côté du bâtiment, sur sa façade nord.
- Une ancienne ouverture en arc voûté en schiste pourpre est visible sur les murs sud et nord. Ce passage autrefois appelé Chemin des Pélerins permettait d’accéder de la fontaine Notre-Dame des Chesnes à la place des litières en passant par l’ancienne Chaussée des moines. Il a été obturé au 19e siècle. — GERVY, abbé Louis, « Un grand pèlerinage et un charmant pays (1) », Revue de Bretagne, Vol. 37, 1907, p. 344-370, Voir en ligne. p. 365 —
Un blason en partie effacé est encore visible sur la façade sud du Manoir abbatial.
Les autres bâtiments autour de l’abbaye
Fin 18e siècle
Les étals commerçants [9]
Des étals marchands - aujourd’hui disparus - de la place des Litières sont mentionnés en 1792 comme possession de la commune de Paimpont. Ils sont encore visibles sur des cartes postales du début du 20e siècle.
Au 19e siècle
Extension des bâtiments de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint Louis de Vannes. [10]
Les maisons d’habitations [11] — Milieu du 19e (voir Bourg de Paimpont)
Vers 1846, deux maisons, construites par MM. Robert et Nevot, coupent en deux la place des Litières. Un plan de 1854 indique la présence de ces deux maisons (notées B et C sur le plan). Sur ce plan figurent également les étals marchands (échoppes).
Une partie de ces habitations est occupée depuis 2012 par la Porte des Secrets.
Au 20e siècle
Construit à la fin du 19e siècle en remploi d’éléments du 17e siècle, ce bâtiment a servi de syndicat d’initiative [12] jusqu’à la fin du 20e siècle.
A suivre : Le contexte topographique et géologique de l’abbaye