1926-2022
Radiesthésie et géobiologie en forêt de Brocéliande
Approche historique d’un fait de société
Conceptualisées entre 1920 et 1960, la radiesthésie et la géobiologie sont des disciplines sans assise scientifique postulant l’existence de réseaux cosmotelluriques à la surface de notre planète. Les premiers ouvrages appliquant leurs principes en forêt de Paimpont n’apparaissent qu’au début des années 1980. Quarante ans plus tard, l’intérêt pour les approches énergétiques, véritable phénomène de société, est devenu un des lieux communs du discours sur la forêt de Brocéliande.
Cet article n’a pas pour objet de nier l’existence des perceptions sensorielles « énergétiques » revendiquées par les sourciers, radiesthésistes, magnétiseurs et géobiologues. Il se propose de montrer :
- Comment, au cours du 20e siècle, le néodruidisme s’est approprié le discours sur le « cosmotellurisme » et la « géobiologie » associé aux mégalithes,
- Comment ce courant a produit un discours sur la forêt de Brocéliande,
- Quelle place ce discours occupe actuellement sur le massif forestier de Paimpont.
Cosmotellurisme et mégalithes
L’invention de la radiesthésie
La « radiesthésie » est un terme inventé par l’abbé Bouly (1865-1958) 1 et pour la première fois employé en 1926.— BOTROT, Jean, « La radiesthésie, ou l’art peu commun de découvrir les filons », Le Journal, 30 octobre, 1926, p. 1, Voir en ligne. —
Composé du latin radius signifiant « baguette » et du suffixe grec -esthésie, signifiant « sensation », « perception », la radiesthésie est la faculté de percevoir les radiations qu’émettraient certains corps
, ainsi que le procédé de détection fondé sur cette faculté
.— CNRTL, « Radiesthésie », 2012, Voir en ligne. —
Présentée par son inventeur comme une continuité de l’art du sourcier, la radiesthésie est à sa création considérée comme objet d’étude par des membres importants de la communauté scientifique 2. — ARCHIVES DU PAS DE CALAIS, « Naissance de l’abbé Bouly, radiesthésiste, à Condette », 2023, Voir en ligne. —
Précurseurs du cosmotellurisme
En 1933, Louis Merle (1890-1973), sourcier passionné par l’archéologie, publie un ouvrage dans lequel il cherche à poser les bases d’une correspondance entre l’existence de courants souterrains et l’emplacement des mégalithes.
Je crois être le premier à avoir eu cette révélation des rapports qui existent entre les monuments mégalithiques et les influences souterraines. Ce fait constitue une découverte dont personne ne niera l’importance au point de vue préhistorique. Mais comme il s’agit là de données inédites, je n’ai que peu ou pas de termes techniques , ou seulement consacrés par l’usage, à ma disposition. Je vais donc tâcher d’expliquer de mon mieux et à ma façon le résultat de mes observations. J’entends par courant tellurique ou influence souterraine non seulement l’eau, mais toute matière dégageant des radiations ; et par ligne tellurique toute ligne d’influence que projette un courant souterrain. [...]
Les théories de Louis Merle sur les liens entre courants souterrains et archéologie des mégalithes rencontrent un écho immédiat dans le monde du néodruidisme, puis à partir de la fin des années 1950 dans celui de la géobiologie.— BONVIN, Jacques, Mégalithes : lieux d’énergie, Mosaïque éditions, 1995, 284 p. [pages 133-149] —
Atlantes, druides et cosmotellurisme
En 1942, Paul Bouchet (1897-1979) 3, crée le Collège des Druides, Eubages, Bardes et Ovates des Gaules dont il s’institue « Grand Druide » sous le nom de Bod Koad. Auteur de théories marquées par différents courants ésotériques, il devient un vulgarisateur important des associations entre druidisme, mégalithisme et cosmotellurisme dans les années soixante.
Le Grand Druide Paul Bouchet écrivit plusieurs ouvrages de vulgarisation des connaissances du « Collège Druidique des Gaules » et c’est sans doute en faisant cela qu’il était le plus antitraditionnel, les connaissances ne devant être transmises que par oral. Il insistait beaucoup sur la notion de courants telluriques qui jalonnent, selon lui, les dolmens et les divers édifices religieux anciens.
Dans Les derniers atlantes - roman publié en 1959 - ainsi que dans Science et philosophie des druides - essai publié en 1968 - il développe une théorie axée sur la continuité entre la civilisation de l’Atlantide et la civilisation celtique. Il y affirme notamment que les druides, héritiers des pouvoirs parapsychiques des Atlantes, auraient érigé les mégalithes sur des courants telluriques.— BOUCHET, Paul et DRUIDE BOD KOAD, Science et philosophie des druides, Blainville-sur-Mer (Manche), L’amitié par le livre, 1968, 190 p. —
Les théories de Paul Bouchet, longtemps restées dans un relatif anonymat, rencontrent le succès durant les années 1970. Son ouvrage le plus important, Les Druides Science et Philosophie, réédité chez Laffont en 1976 - vendu à 100 000 exemplaires - exerce son influence sur de nombreux auteurs des années 1980-1990 4.— BOUCHET, Paul et BOUCHET, René, Science et philosophie des druides, 1968, Paris, Laffont, 1976, 281 p. —
1937-1961 — Naissance de la géobiologie
La géobiologie 5, discipline issue de la radiesthésie, peut être définie comme l’étude de l’ensemble des influences de l’environnement sur le vivant, et notamment des ondes liées aux champs magnétiques et électriques, courants d’eau souterrains, réseaux métalliques, failles géologiques, etc.
Cette discipline sans fondement scientifique postule l’existence de courants telluriques couvrant l’ensemble de la surface du globe terrestre.
En 1947, l’un de ses précurseurs, le docteur Peyré de Bagnoles-de-l’Orne, évoque l’existence d’un réseau magnétique s’entrecroisant et se répartissant symétriquement à la surface de la planète. 6
— PEYRÉ, docteur, Radiations Cosmotelluriques. (Rayons Peyré) : Leur topographie sur toute la planète, leur rapport possible avec la pathologie humaine, animale, végétale et notamment avec le cancer., R. Martinet, 1947, 112 p. —
Dans les années 1950, le docteur Ernst Hartmann (1915-1992) - fondateur de la géobiologie - postule l’existence d’un réseau constitué de croisements de radiations telluriques, présent sur tous les continents et portant le nom de réseau Hartmann ou réseau H.
A partir de 1951, il diffuse ses thèses au cours de colloques et séminaires et fonde en 1961 le « Cercle de recherche en géobiologie » qu’il préside jusqu’à sa mort en 1992. — BONVIN, Jacques, Mégalithes : lieux d’énergie, Mosaïque éditions, 1995, 284 p. [pages121-131] —
Les thèses du docteur Hartmann ont conquis de nombreux adeptes, faisant de la géobiologie un courant du New Age particulièrement influent.
Non seulement, les géobiologues reconnaissent de façon unanime que notre monde est traversé par des ondes énergétiques telluriques ou cosmiques dont l’influence est positive ou négative ; mais ils exposent aussi des théories sur la répartition des courants telluriques. Ils considèrent qu’il existe un quadrillage particulier de ces courants (réseau de Hartmann et réseau de Curry). Les points de croisement de ce maillage peuvent provoquer des problèmes aux êtres vivants qui séjournent trop longtemps sur ces lieux.
Cosmotellurisme et néodruidisme en Brocéliande
1981-1985 — Premiers écrits
Les premiers écrits évoquant l’existence de courants telluriques
en forêt de Paimpont datent du début des années 1980. Ils sont l’œuvre d’auteurs d’audience marginale. Liés au courant de pensée initié par Paul Bouchet, ces écrits prêtent aux druides de l’antiquité, voire aux Atlantes, la faculté de percevoir et d’utiliser les énergies des courants telluriques.
1981-1983 — Alan-Morvan Chesneau
En 1981, dans un article de la revue Armor dédié au conteur Patrick Lebrun, Alan-Morvan Chesneau est le premier auteur à évoquer le tellurisme ambiant
de la Celte Sylve de Brec’hallean
.
Si vous savez ouïr et garder précieusement ce qu’il faut ouïr, dedans le conte messager et transmetteur, alors avec Patrick, ou tout autre « intermédiaire nécessaire », vous pourrez participer de ce « tellurisme ambiant », issu tout droit des tertres nocturnes de la forêt.
En 1983, il participe à un ouvrage collectif consacré aux abbayes bretonnes publié chez Fayard. En charge du chapitre consacré à l’abbaye de Paimpont, Alan-Morvan Chesneau avance des références au druidisme, à l’ésotérisme, au New Age et au tellurisme pour narrer l’origine par lui supposée de l’abbaye.
L’abbaye de Notre-Dame de Paimpont, située sur un lieu jadis druidique, jouit assurément des protections magiques de l’endroit. Les quatre éléments plus la mystérieuse « Farine de l’air » ! Et voici l’osmose chère à nos Bardes, ainsi réalisée en vénérable Celtie. Puisant ses énergies en la terre-matrice, réchauffée sans répit par le tellurisme sous-jacent de son promontoire, à son tertre cultuel, rassurée par ses frondaisons massives de la haute-forêt toute proche, coiffée d’un ciel clément, l’abbaye attend son heure transumatoire. [...] L’abbaye est construite au croisement de nombreux souterrains et, en même temps, à l’intersection exacte de nombreux courants telluriques. Assurément, l’esthétisme, la beauté du lieu où elle repose, ne suffit point à dénouer le « Noeud Gordien » concrétisé par le mystère de son installation. La réponse ne peut venir que de Brocéliande... On peut néanmoins affirmer que le monastère est fixé sur un « passage » menant de la Celte Gnose autrefois enseigné par nos pères... À Paimpont, autour de l’abbaye comme au tréfonds même de son support rocheux, réside une porte vers un « Autre Part », vers « Autre Chose ».
1985 — Jacques Pegeaud
Jacques Pegeaud est l’auteur d’un ouvrage sur Brocéliande publié en 1985. Il reprend dans cette publication le thème de l’origine atlante des pouvoirs des druides et de leur utilisation à travers les mégalithes.
On peut penser que les Atlantes n’avaient pas, comme nous, perdu le souvenir des connaissances originelles et qu’ils utilisaient pleinement les possibilités de leur cerveau. [...] Bref, les mégalithes sont là et ils ne sont pas tombés du ciel ! [...] Le site de Paimpont et la forêt de Brocéliande détiendraient le record et du nombre et de la qualité sans les multiples actes de vandalisme [...] Les Atlantes peuplèrent la forêt avec une prédilection pour son centre géographique et culturel : Paimpont. Les menhirs dressés vers le ciel comme de monstrueux points d’interrogation mégalithiques, les dolmens offerts en autels à la déesse mère, les allées couvertes nécessaires au rituel de la mort et du passage au royaume d’Ouranos, les tumulus dépouillés l’hiver et fleuris l’été, étaient autant de bornes posées aux limites de leur savoir. Ils connaissaient la géométrie, la trigonométrie, les unités de longueur, les mesures d’angles, les quatre points cardinaux et bon nombre de constellations du ciel. Aussi à l’aise dans le temps que dans l’espace, ils tenaient un calendrier perpétuel, connaissaient les effets bénéfiques des courants telluriques, les canalisaient et les utilisaient peut-être...
1987-1999 — Premiers circuits de découvertes
À partir du milieu des années 1980, les théories sur le cosmostellurisime sortent de leur relative confidentialité. Des ouvrages à grand tirage, portés par des maisons d’éditions spécialisés dans la vulgarisation ésotérique grand public - Robert Laffont ou Guy Trédaniel - ainsi que par des auteurs à l’audience nationale comme Jean Markale, proposent de donner accès à la science cachée des anciens
. Intégrant la géobiologie aux théories néodruidiques, ces ouvrages « révèlent » au grand public des circuits de découvertes de la forêt de Brocéliande, l’un des hauts-lieux cosmo-telluriques les plus fascinants.
1986 — L’opéra des eaux au Val sans Retour
L’opéra des eaux est un projet de Jean-Charles Fabre mariant architecture et géobiologie au Val sans Retour. Ce projet - sujet d’une thèse soumise en 1982 - est conçu comme un centre de régénération
où le soleil, la terre et l’eau se réunissent en des formes de vie
.
Le projet architectural sensible se trouve sous-tendu par la découverte d’un réseau d’interconnexions étroites du lieu avec son environnement global : environnement humain, bioclimatique, cosmotellurique... Le créateur cristallise sur cette toile de fond un habitacle issu d’une archi-texture fine et complexe. Les appellations ainsi que les blasons entretiennent la force de l’esprit du lieu, son climat énergétique en quelques sorte.
Ce projet architectural inspiré par la géobiologie préfigure les fusions New Age - mariage de chamanisme, de géobiologie et de néodruidisme - qui se développeront en forêt de Paimpont à partir des années 2010.
J’ai suivi le « mode d’emploi » que m’offrait la légende. A la recherche d’une vision globale du lieu et de la quête aventureuse, je plongeai sous les eaux du Miroir, guidé par Viviane et Lancelot. Un projet architectural naquit des vertus régénératrices du lieu [...]. Le travail consistait à laisser émerger des formes préinscrites... Cette prise en compte de l’architecture a permis de « libérer » les formes vivantes et vivifiantes pour un temps donné. L’objet, évolutif et non immuable, doit suivre les cycles de transformation de la nature, épouser l’écoulement des jours.
1987 — Gilbert Altenbach et Boune Legrais
La première publication proposant la découverte de hauts-lieux cosmo-telluriques
localisés en forêt de Paimpont parait en 1987 dans la collection Les énigmes de l’univers chez Robert Laffont.— ALTENBACH, Gilbert et LEGRAIS, Boune, Lieux magiques et sacrés de la France, Robert Laffont, 1987, 301 p., (« Les énigmes de l’univers »). —
Les auteurs - Gilbert Altenbach 7 et Boune Legrais - se proposent de dresser une cartographie des lieux magiques et sacrés de la France, ces centres de guérisons du corps, de l’âme et de l’esprit, où le ciel et la Terre se rejoignent
, ces hauts-lieux dont la connaissance est jusqu’ici restée secrète et uniquement réservée aux initiés
.
Cet ouvrage qui se revendique de la science appelée géobiologie et biologie de l’habitat
reprend les grandes lignes de la théorie de Paul Bouchet d’après laquelle les édifices religieux ont été édifiés sur d’anciens sites mégalithiques et druidiques initialement dressés sur des hauts-points telluriques.
Les Anciens, constructeurs de mégalithes et de pyramides, les bâtisseurs de cathédrales avaient la connaissance des subtilités cosmo-telluriques et les utilisaient pour accéder à des états de conscience supérieurs.
Les sites cosmo-telluriques de la forêt de Brocéliande sont abordés dans le chapitre intitulé La Bretagne des Druides.
Haut-lieu thérapeutique, haut-lieu magique, haut-lieu sacré, Brocéliande reste un des hauts-lieux cosmo-telluriques les plus fascinants.
Les auteurs commencent par localiser les deux principaux courants telluriques qui traversent la forêt et se coupent perpendiculairement
dans l’abbaye de Paimpont.
L’arête du courant tellurique qui traverse Brocéliande d’est en ouest est coupée perpendiculairement par un courant nord-sud. Cette intersection a lieu précisément au bord de l’étang de Paimpont, à l’emplacement de l’abbaye. Le courant latitudinal relie Tréhorenteuc, le Val sans Retour, les chapelles de Beauvais et Saint-Jean à celles de Saint-Péran et de Coganne, en traversant l’abbaye de Paimpont. L’axe longitudinal passe non loin de Comper, qui aurait été la résidence de Viviane, plus tard, celle de Lancelot du Lac, et du village de Beignon.
Les hauts-lieux cosmo-telluriques de Brocéliande sont présentés comme un parcours initiatique
commençant à l’église de Tréhorenteuc et se terminant dans la chapelle du Saint-Sacrement de l’abbaye de Paimpont
.
L’église de Tréhorenteuc nous parait être la porte d’entrée, la clef permettant l’accès à cette forêt enchantée. Le géodynamètre 8 atteste une onde de vie de 25 unités positives à l’intérieur de ce haut lieu spirituel.
Les sites arthuriens du Val sans Retour et de la Fontaine de Barenton, sont pour la première fois mentionnés dans leur dimension tellurique.
Si le Val sans Retour possède incontestablement un potentiel énergétique intéressant de par sa situation sur le courant tellurique, la Fontaine de Barenton nous a réservé bien des surprises. [...] L’onde de vie du lieu est très faible et dépasse difficilement le neutre (zéro). L’énergie vitale de cette « eau glacée qui bout » est limitée à cinq unités positives. Cependant, et c’est peut-être l’explication de l’énigme, une atmosphère lourde plane sur le lieu. Une énergie semblable à celle que l’on rencontre dans les lieux de pratiques occultes. Alors prudence, les apprentis sorciers ne sont pas loin.
La visite énergétique de Brocéliande se termine à l’église abbatiale de Paimpont implantée curieusement sur l’intersection de deux courants telluriques
.
Deux points cosmo-telluriques puissants :
— La chapelle du Saint Sacrement, petit sanctuaire intime et sévère rappelant l’austérité des moines de Saint Colomban. L’onde de vie y dépasse les 32 unités positives ;
— Une zone dans le chœur que nous laisserons découvrir au pèlerin chercheur.
1992 — Le Crapouillot
Un article de 1992 du Crapouillot montre l’influence de l’ouvrage de Gilbert Altenbach et de Boune Legrais sur l’attrait touristique de la forêt de Paimpont.
C’est près du hameau de Folle-Pensée qu’on rencontre de biens singuliers visiteurs, attirés par la réputation thérapeutique de la fontaine. Une poignée de radiesthésistes qui pendule à la main, arpentent cette clairière sacrée que l’on découvre assez peu aisément, tout comme ces mégalithes, véritables centres énergétiques essaimés à travers bois.
1996— Jean Markale
En 1996, Jean Markale, évoque quatre sites mégalithiques - Les Buttes aux Tombes, le Jardin aux Moines, l’Hostié de Viviane et le Tombeau de Merlin - dans un ouvrage consacré à une approche spirituelle de la forêt de Paimpont. On trouve dans cette publication les premières mentions par Jean Markale de l’existence de courants telluriques en forêt de Brocéliande.— MARKALE, Jean, Guide spirituel de la forêt de Brocéliande, Monaco, Éditions du Rocher, 1996. —
Les Buttes aux Tombes y sont présentées - en dépit de toute vraisemblance archéologique - comme des tumuli celtiques de l’Age du Fer intuitivement édifiés sur l’emplacement de courants telluriques par les druides. — Markale, Jean (1996) op.cit. p. 21-23 —
[...] C’est ici un point de rencontre avec les énergies cosmiques venues d’ailleurs, c’est à dire de l’univers extérieur, et les énergies telluriques surgies du centre de la terre [...]. En ces temps anciens, on n’enterrait pas les défunts n’importe où : il fallait que ce fût un emplacement choisi -par intuition ou par savoir - en fonction de certaine vertus, en particulier, à la rencontre des courants telluriques et des courants cosmiques.
1999 — Adolphe Landspurg et Norbert L’Hostis
En 1999, un second circuit de découverte des sites cosmotelluriques de la forêt de Paimpont est proposé aux lecteurs de Bretagne magique et vibratoire par Adolphe Landspurg 9 et Norbert L’Hostis. Les deux auteurs commencent leur visite énergétique par la chapelle du Saint-Sacrement de l’église abbatiale de Paimpont.
La chapelle est traversée par une faille et un cours d’eau souterrain orientés vers l’azimut 77, le chœur de la chapelle est placé sur un deuxième cours d’eau souterrain perpendiculaire et sur une faille géologique, ce qui prouve que l’emplacement a été choisi par des bâtisseurs qui maitrisaient l’art du sourcier. [...] Le chœur de l’église vibre à 375 unités H.L.V. sur le plan III (spirituel 38). Nous mesurons la vibration couleur vert « magnétique », un rapport cosmo tellurique de 3/3 et un magnétisme de 100 %.
Nonobstant l’abondance d’un vocabulaire « scientifique », la mesure des ondes cosmotelluriques est effectuée au pendule et au géodynamètre.
Le circuit se poursuit par les sites traditionnels de la forêt de Paimpont mêlant légendaire et mégalithisme. Marchant dans les pas de Jean Markale, Adolphe Landspurg et Norbert L’Hostis se rendent tout d’abord au Jardin aux moines.
Nous mesurons au centre du quadrilatère une vibration de 250 unités H.L.V. sur le plan II (mental 25), un magnétisme de 100 % et un rapport [cosmo tellurique] de 3/3. La vibration couleur noir électrique correspondant à la dimension radiesthésique de la mort indique que ce monument a dû servir de lieu funéraire. Nous marquons le premier culte marquant du lieu à - 2524.
À l’Hôtié de Viviane comme au Jardin aux moines, les auteurs indiquent les dates de premier culte
sans donner aucune explication sur l’origine de leur affirmation.
Nous grimpons au sommet de la crête qui domine l’Hôtié de Viviane. Sur cette petite crête orientée est-ouest, nous mesurons une vibration de 2500 H.L.V. sur le plan III (divin 49). Le rapport cosmotellurique est de 3/3 et le magnétisme de 100 % . La vibration couleur vert électrique indique que nous sommes sur un ancien lieu de sacrifice. Compte tenu de l’orientation de la crête, je pense que nous sommes là sur un ancien lieu de culte solaire dédié à Bélénos. Nous datons le premier culte marquant du lieu à - 3140.
Le circuit cosmotellurique de la forêt de Paimpont se conclut au Tombeau de Merlin où les auteurs, à leur grand étonnement
, ressentent comme une chaleur qui vient du sol et nous traverse notre corps des pieds à la tête.
Aucun doute et nos mesures radiesthésiques le confirment, cet endroit privilégié de la forêt de Brocéliande est un haut lieu vibratoire cosmo-tellurique qui devait être connu et utilisé par les druides, grands connaisseurs des forces cosmo-telluriques et des hauts-lieux d’énergie.
Fort de son succès commercial, l’ouvrage est réédité en 2015.— LANDSPURG, Adolphe et L’HOSTIS, Norbert, Bretagne magique et vibratoire : Circuits insolites et mesures sacrées, 1999, Véga Editions, 2015, 345 p. —
Le cosmotellurisme au 21e siècle en forêt de Paimpont
Cantonné chez des éditeurs spécialisés dans les années 80 et 90, le cosmotellurisme et les approches énergétiques deviennent dans les années 2000 des lieux communs repris par les maisons d’éditions importantes et vendus dans les boutiques et les offices de tourisme du massif forestier.
Dans les ouvrages publiés à partir de 2010 10, le vocabulaire de la radiesthésie et de la géobiologie fusionne avec de nombreuses références ésotériques, croyances traditionnelles ou New Age parmi lesquelles le tarot de Marseille, l’astrologie, l’existence du petit peuple (lutins, korrigans), le néo-chamanisme, etc.
2011 — Brocéliande secrète
Brocéliande secrète est une publication consacrée au massif forestier de Paimpont dans laquelle les références « New Age » s’associent fortement au vocabulaire de la radiesthésie.
L’auteur utilise le pendule de Mermet
, l’antenne de Lecher
ou l’échelle de Bovis
pour rendre compte des caractéristiques des hauts lieux vibratoires
de la forêt. Selon lui, la forêt de Brocéliande est truffée de hauts lieux qui sont soit des lieux de contacts avec nos divinités, soit des lieux de passage de l’un à l’autre.
— BOCHER, Alain et ROPARZ, Klaod, Brocéliande secrète, Saint-Malo, Pascal Galodé éditeurs, 2011, 84 p.
[page 38] —
L’ouvrage recense de nombreux sites sacrés
aux caractéristiques extraordinairement vibratoires
parmi lesquels les « traditionnels » Jardin aux Moines, Fontaine de Barenton ou Hôtié de Viviane.
[Le Jardin aux Moines est] bien un lieu sacré [...] D’autant plus sacré que son taux de vibrations sur l’échelle de Bovis est très élevé. Nous sommes en présence d’un authentique vortex. Soyons en certains. Vortex comme le sont nombre d’églises dont les curés ont oublié la clé (quand ils n’en ont pas oublié la fonction) ; c’est à dire un passage d’un monde à l’autre et dans le cas présent pour nous aider à passer dans celui des fées et des korrigans.
L’Hôtié de Viviane est décrit comme un vortex temporel comme il y en a peu, même en Brocéliande
. — Bocher, Alain et Roparz, Klaod (2011) op. cit. p. 36 — Quant à la fontaine de Barenton, ses caractéristiques merveilleuses mentionnées dès le 12e siècle trouvent leur explication dans le cosmotellurisme.
Il s’agirait d’un canal énergétique entre le sous-sol très chargé en énergie tellurique et le ciel, chargé lui-même en énergie cosmique. Une énorme différence de potentiel qui, lorsqu’on ajoute de l’eau (faisant vraisemblablement un bon conducteur), se décharge violemment.
Deux nouveaux sites viennent enrichir les itinéraires énergétiques de la forêt de Brocéliande, l’ancienne route menant au château de Trécesson 11 et le hêtre de la Gelée.
C’était un arbre très étrange puisque, depuis un millénaire, il était à moitié mort, et à moitié vivant et d’une puissance vibratoire étonnante pour la moitié vivante (plus de 60 000 Unités Bovis, ce qui est exceptionnel).
2022 — Aurélie Aimé
La forêt légendaire de Brocéliande est l’un des 50 hauts-lieux énergétiques en France
proposés à la découverte par Aurélie Aimé 12 dans Lieux sacrés et mystérieux en France . Cet ouvrage inscrit dans le courant du développement personnel propose de lier approche énergétique et découverte de la spiritualité.— AIMÉ, Aurélie, Lieux sacrés et mystérieux en France : Connectez-vous à l’énergie de 50 sites d’exception (Spiritualité & intuition), Le lotus et l’éléphant, 2022, 280 p. —
Thérapeutes et cosmotellurisme
À partir des années 2010, l’intérêt d’un public élargi pour le cosmotellurisme permet à de nouveaux acteurs économiques du massif forestier - thérapeutes, magnétiseurs, chamanes, etc - de proposer des stages, des formations ou des séjours en forêt de Paimpont basés sur des approches intégrant la perception des courants telluriques.
Particulièrement présentes sur le web, ces propositions thérapeutiques commerciales montrent des connexions à de nombreux courants du New Age, dont les principales s’ancrent dans le chamanisme, la géobiologie ou le néodruidisme.
Toutes ces croyances trouvent des déclinaisons et se marient entre elles à l’occasion.
Un reportage du 19/20 de France 3 daté de 2015, propose par exemple de suivre un groupe d’initiation au chamanisme à la recherche de contacts « énergétiques » avec le petit peuple du site mégalithique du Tombeau du Géant.— FRANCE 3 -19/20 NATIONAL -, « Il heurte une colonne de puissance à Brocéliande », Dailymotion, 2015, Voir en ligne. —
Un druide conteur propose un circuit en forêt de Paimpont intégrant une vérification des ondes de forme par le spectre des couleurs et utilisation thérapeutique individuelle des énergies cosmo-telluriques qui en découlent, tout ceci selon la Tradition des druides
. — DWRDAN, « Dwrdan, le Druide accompagnateur, géobiologue et conteur à la fois », Bro Kelt Lan - association culturelle celtique, 2018, Voir en ligne. —
L’intérêt pour le cosmotellurisme en forêt de Paimpont ne se limite pas à son exploitation commerciale. Nombre d’habitants du massif forestier intègrent aussi la radiesthésie et l’existence de courants telluriques dans leurs croyances personnelles, comme cet habitant de Concoret, interviewé dans un article de Bretagne Magazine de septembre 2023.
Ici, m’explique t’il, la forêt est rocheuse, assise sur du schiste pourpre très riche en fer. La région reçoit beaucoup d’eau. Cette eau et le métal sous-jacent créent un champ magnétique. Cela pourrait expliquer en partie l’attrait des hommes pour Brocéliande, car nous sommes sensibles aux champs magnétiques, même si nous n’en avons pas forcément conscience.
Quarante ans après les premiers écrits évoquant le tellurisme ambiant
de la Celte Sylve de Brec’hallean
, force est de constater que la croyance dans l’existence de courants comostelluriques en forêt de Paimpont s’est répandue chez de nombreux touristes et habitants du massif forestier 13.