1823-1878
Ropartz Sigismond
Archéologue et historien de la région de Ploërmel
Avocat au barreau de Guingamp puis de Rennes, Sigismond Ropartz séjourne fréquemment à Mauron dans la maison de sa belle-famille et à Ploërmel dans son manoir de Morfouace. S’intéressant au patrimoine et à l’archéologie de cette région il y consacre plusieurs opuscules et un livre sur l’Histoire de Ploërmel.
Éléments biographiques
Sigismond-Jean-Pélage Ropartz naît à Guingamp le 9 mars 1823 de Gabriel Ropartz (fils du procureur impérial des Côtes-du-Nord), jeune chirurgien âgé de 24 ans et de Reine Lalès.
Son père décède à Saint-Brieuc le 18 novembre 1823, laissant Sigismond orphelin dès le berceau. Son grand-père maternel, Me Lalès, avocat à Guingamp, le recueille et l’élève. Il est l’ami de l’abbé Jean-Marie Robert de Lamennais 1, fondateur d’institutions d’enseignement, qui jouera un grand rôle dans la formation de Sigismond tout au long de son enfance et de sa jeunesse.
Son éducation
Sigismond commence sa scolarité à l’Institut des Frères des Écoles de Guingamp. Puis il séjourne momentanément près de Jean-Marie de Lamennais dans sa propriété de La Chesnais près de Saint-Malo. L’enfant est ensuite confié à la Maison des Frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel à Saint-Méen où enseignent des professeurs adeptes de méthodes nouvelles de Jean-Marie de Lamennais sensées former des élites adaptées au temps présent. Jean-Marie de Lamennais en est le supérieur jusqu’en 1834. Il est contraint de démissionner à la suite de la condamnation par le Vatican des théories socialistes de son frère, Félicité 2.
Sigismond termine ses études secondaires à Saint-Méen. Il est incité par son protecteur à prendre le chemin professionnel de ses deux grands-pères et à suivre des études de droit à Paris. Le jeune étudiant y rencontre des esprits brillants proches des Lamennais, principalement de Félicité. Il joue aussi le rôle de secrétaire bénévole de Jean-Marie de Lamennais quand celui-ci s’attarde à Paris pour développer ses « Fondations » aux colonies et à l’étranger. Pendant ce séjour parisien, il s’adonne à la poésie, à l’archéologie et s’intéresse de plus en plus à la recherche de documents historiques. Nostalgique de la Bretagne, il versifie pour chanter son pays.
Le 22 novembre 1847 Sigismond épouse Élise Danion, fille de Louis Amateur Danion et de Marie Jeanne Gentilhomme, à Mauron. Louis Danion est greffier à Mauron, régisseur de plusieurs châtelains des environs. Ce propriétaire terrien très aisé possède de nombreuses fermes. La famille Danion, de tradition légitimiste, est engagée dans un militantisme catholique actif.— THÉBAULT, Henri, « Belles figures de Mauron, du Bois de la Roche, de Néant-sur-Yvel, de St-Brieuc de Mauron », 30 jours en Brocéliande, Vol. 1, 1971, p. 16 p., Voir en ligne. —
Œuvres d’un avocat lettré et musicien en Bretagne
Après son mariage, Sigismond Ropartz s’installe à Guingamp en tant qu’avocat. Cette petite ville est un vivant centre intellectuel et artistique où il peut fréquenter Arthur de La Borderie 3 (1827-1901), le compositeur briochin Charles René Collin (1827-1911), ou des des membres de la Société archéologique des Côtes-du-Nord. Il entretient une correspondance avec Hersart de La Villemarqué (1815-1895).
Il contribue à la remise en état des orgues de la basilique Notre-Dame de Bon Secours de la ville où il fait en sorte que soit nommé organiste, en 1865, un de ses collaborateurs, le musicien belge, Pierre Thielemans 4 (1825-1898). Sigismond écrit les paroles de deux cantates que le maître de chapelle met en musique. La cantate « Les Deux Bretagne » va devenir célèbre après avoir été exécutée pour la première fois à Saint-Brieuc, au Congrès Celtique International de 1867. La même année, il transcrit les airs de pièces ajoutées au Barzaz Breiz par son auteur Hersart de la Villemarqué.
En 1868, il s’établit à Rennes, 16 rue Foulon, et devient avocat au barreau de Rennes où il prend très vite une des premières places grâce à sa science du droit, à sa sagacité, à son affabilité.
En 1870, devenu président de la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine, Sigismond Ropartz fréquente assidument Arthur de La Borderie, Hersart de la Villemarqué et Charles de Kéranflec’h 5 (1827-1899). Ils publient ensemble une Histoire de la Cour d’Appel de Rennes. La Borderie l’inspire et le conforte dans sa passion pour l’Histoire et il consacre beaucoup de son temps à des recherches sur l’histoire de Rennes et de sa région.
Tout au long des années soixante-dix, Sigismond écrit de nombreux ouvrages et quelques compositions musicales.
Il meurt subitement le 18 avril 1878, à l’âge de 55 ans, au cours d’une visite chez son ami d’Andigné, au château de la Châsse en Iffendic. Il est inhumé dans le cimetière de Mauron.
Ses publications sur la région de Brocéliande
Sigismond Ropartz est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles concernant le patrimoine et l’histoire de la région de Brocéliande.
Il est notamment l’auteur de la première édition des mémoires de l’abbé Guillotin, prêtre réfractaire, caché à Concoret durant la Révolution. — GUILLOTIN, abbé Pierre-Paul et ROPARTZ, Sigismond, Le registre de Concoret. Mémoires d’un prêtre réfractaire pendant la Terreur, Publié pour la première fois sur le manuscrit de l’abbé Guillotin en 1800, Saint-Brieuc, L. Prud’homme, éditeur, 1853, Voir en ligne. —
Il fait aussi paraître deux articles dans la Revue de Bretagne et de Vendée.
- Le premier en 1861, est une description du patrimoine et de l’histoire de la région allant de Mauron à Tréhorenteuc. — ROPARTZ, Sigismond, « Pèlerinage archéologique au tombeau de sainte Onenne », Revue de Bretagne et de Vendée, Vol. 10 / deuxième semestre, 1861, p. 195-219, Voir en ligne. —
- Le second, daté de 1876, est la seule étude consacrée à ce jour au prieuré de Telhouët en Paimpont. — ROPARTZ, Sigismond, « Thélouet », Revue de Bretagne et de Vendée, Vol. 39, 1876, Voir en ligne. —
Ses rapports avec Mauron
De Guingamp, puis de Rennes, Me Ropartz, son épouse et leurs enfants séjournent à Mauron au moins deux fois l’an. Ils logent dans la maison construite vers 1850, Carrefour Toussaint par Amateur Danion, à partir de pierres du château du Plessis en Mauron, délaissé par son propriétaire dont il est régisseur des terres. — DESSUS, Jean et FICHET, Jean-Claude, Mauron et ses six communes. Regard sur son passé., Saint-Suliac, Yellow Concept, 2013. —.

Durant ses vacances à Mauron, Sigismond se rend aussi à Ploërmel dans sa propriété, le manoir de Morfouace, proche de la Maison-mère des Frères de Ploërmel fondée par Jean-Marie de Lamennais qui y réside habituellement. C’est pour eux l’occasion de s’entretenir de religion et d’Histoire.
À partir de son installation à Rennes en 1868, il lui devient plus facile de venir à Mauron. Il entre même au conseil municipal et s’implique principalement dans deux actions.
- La première est la reconstruction et l’agrandissement de l’église paroissiale envisagée en 1865, par le Conseil municipal de Mauron, dont Me Le Gros 6, notaire, est le maire. La tâche est réalisée dans les années suivantes sous la direction de l’abbé Flohy 7 avec l’aide de Sigismond Ropartz, d’un vicaire, Olive Hillion 8 et de l’abbé Constant Guillois 9, alors supérieur du Collège Saint-Vincent de Rennes. En 1867, le ministre Jules Simon 10, ami de l’abbé Flohy, donne son accord et son soutien. Ropartz apporte ses conseils dans l’élaboration des plans, dans le choix et la composition des vitraux. Achevée en 1871, la nouvelle église sera inaugurée par l’évêque de Vannes, Mgr Bécel.
- L’autre est le soutien qu’il apporte à sa belle-sœur, Virginie Danion (1819 – 1900)
— BOUSSARD, Pierre-Auguste, Virginie Danion, fondatrice de l’Action de Grâces de Mauron, Imprimerie monastique St Julien l’Ars, 1966. —. Elle est membre de l’Association de l’Action de Grâces, association religieuse regroupant 6500 adhérents en France. Elle crée en 1860 une antenne locale de cette association avec l’ambition de fonder une congrégation religieuse à Mauron. Dans ce but, Virginie projette d’y construire une chapelle. Sigismond en dessine les plans de style néo-roman acceptés par l’évêque de Vannes. Il l’aide à recruter des fonds, ce qui permet à Virginie de construire un premier hébergement sur un terrain proche de la maison familiale. L’influence et la garantie morale de Ropartz contribuent à ce que le projet de Virginie soit agréé et placé sous la protection de l’évêque de Vannes. L’édifice est érigé en 1870. Sigismond Ropartz en dirige les travaux. Il avait pris soin de sauvegarder les sablières du 16e siècle ainsi que l’imposant vitrail de saint Pierre qui ornaient l’ancienne église paroissiale et les intègre dans la nouvelle chapelle qu’il marque d’influence byzantine — Dessus, Jean ; Fichet, Jean-Claude (2013) op. cit., pp. 75-77 —. Ayant reçu l’approbation des statuts de l’Institut de L’Action de Grâces pour le don du Saint Sacrement, Virginie Danion est en mesure de créer le 27 novembre 1884 la Congrégation de l’Action de Grâces et d’ouvrir le recrutement des religieuses dont elle sera la formatrice et la première supérieure..
Tombeau de Sigismond Ropartz
Le tombeau de Sigismond Ropartz se trouve dans le cimetière de Mauron. Vers 2008, Madame Anne-Marie Guillois 11 envisage de faire restaurer la tombe. Mais, pour cela, il fallait obtenir une autorisation de la famille. Mme Guillois parvient à retrouver la trace d’un descendant, le professeur Philippe Ropartz, arrière-petit fils de Sigismond, habitant Strasbourg. Hélas, celui-ci était décédé depuis 2006. Pour l’heure le tombeau est resté dans son état altéré.

Un descendant célèbre
Sigismond est le père du musicien Joseph-Guy Ropartz, né à Guingamp le 14 juin 1864 et mort en son Château de Lanloup (Côtes-du-Nord) le 22 novembre 1955. Il a bien connu Mauron pendant son enfance.
Héritier de la vaste culture de son père, comme lui très imprégné de culture celtique et porteur d’un idéal religieux, influencé tout à la fois par les paysages maritimes et les paysages de landes et de forêts, il fut un musicien-compositeur de grand renom, directeur du Conservatoire de Nancy (1894-1919) puis du Conservatoire de Strasbourg (1919-1929) et de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, membre de l’Académie des Beaux-Arts.
Il est l’auteur de cinq symphonies, de dix-huit pièces orchestrales, d’un opéra (Le Pays, 1912), de très nombreuses pièces de musique de chambre, de musique religieuse et de musique vocale, de pièces pour piano, pour orgue, etc. Il est aussi l’auteur de plusieurs poèmes et d’une anthologie de la poésie bretonne écrite avec Louis Tiercelin 12 (1849-1915). — ROPARTZ, Joseph-Guy et TIERCELIN, Louis, Le Parnasse breton contemporain, Rennes, H. Callière éditeur, 1889, Voir en ligne. —.