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Brekilien, Yann

lundi 12 février 2024

Brekilien, Yann (1920-2009) : Magistrat et écrivain breton ; auteur d’ouvrages faisant référence à Brocéliande et à la forêt de Paimpont

Éléments biographiques

Jean Sicard, dit Yann Brekilien, est né en 1920 à Paris, dans une famille originaire de Blain (Loire-Atlantique).

En 1940, il est étudiant en droit à Paris au moment de la déclaration de guerre. Refusant la capitulation, il s’engage dans la Résistance.

Yann Brekilien fait partie des nombreux autonomistes (il apprend le breton à 18 ans) qui ont rejoint la résistance et ceci dès 1941, l’année où il obtint sa licence de droit et s’inscrit au barreau de Paris. Il rejoint le réseau "Ceux de la résistance". Il y fonde un journal clandestin avec Jean et Pierre Dupouy qui mourront en déportation. Refusant le STO, il part en Bretagne où il se cache sous le nom de "Jean-Marie Le Gouez". Recherché par la gestapo, il rejoint en 1943 le maquis de Rohantic autour d’Elliant. Il participe à la libération de la Bretagne en 1944 comme chef d’une section FTP.

ARGOUACH, Philippe, « Disparition de Yann Brekilien (1920-2009) », sans date, Voir en ligne.

Après guerre, il est d’abord avocat puis magistrat à Nort-sur-Erdre (Loire-Atlantique), Concarneau, Quimper (Finistère) puis Vannes (Morbihan) où il achève sa carrière.

Il poursuit en parallèle une carrière d’écrivain, produisant près d’une quarantaine d’ouvrages consacrés à la Bretagne et au monde celtique.

[...] Yann Brekilien, de son vrai nom Jean Sicard, aura marqué les lettres bretonnes de sa personnalité. C’est lors de ses études de droit [...] qu’il découvre la culture et l’histoire de la Bretagne. Dès lors, il n’aura de cesse d’écrire des livres pour défendre le particularisme breton, se faisant un nom, dès 1966, avec « La vie quotidienne des paysans en Bretagne au XIXe siècle » (Hachette). Directeur de la revue « Breizh » dans les années 60, Yann Brekilien, qui avait appris le breton à l’âge de 18 ans, a été un ardent défenseur de la littérature bretonne.

LOISEL, Yves, « Décès de Yann Brekilien. Un militant du celtisme », Le Télégramme, 14 mars, Morbihan, 2009, Voir en ligne.

Membre du comité de lecture de la Coop Breizh, il participe à la création de l’Association des Écrivains Bretons en 1978 et en devient président d’honneur à partir de 1993. En 1983, il crée le Salon des romanciers bretons de Trévarez.—  Loisel, Yves (2009) op. cit  —

Jean Sicard entre au Gorsedd de Bretagne en 1954 et le quitte en 1987. Il fonde alors l’association druidique : Kelc’h drouized an hengoun (Cercle des druides de la tradition). Il a été membre du Poellgor (comité directeur de la Gorsedd).

Installé à Quimper au moment de sa retraite, en 1980, Yann Brekilien [continue] à militer à sa façon, publiant notamment plusieurs ouvrages sur les druides, un mouvement auquel il appartenait. Car cet homme de petite taille et à la voix fluette, catholique pratiquant [...] et imprégné des légendes arthuriennes, était [...] un mystique à sa façon, qui croyait à « un humanisme celtique, seule voie de salut, selon lui, pour notre civilisation à l’agonie ».

LOISEL, Yves, « Décès de Yann Brekilien. Un militant du celtisme », Le Télégramme, 14 mars, Morbihan, 2009, Voir en ligne.

Yann Brékilien et Brocéliande

Un pseudonyme inspiré par Brocéliande

Jean Sicard a mené sa vie d’écrivain breton sous le pseudonyme de Yann Brékilien.

Brekilien, c’est Brocéliande. C’est sous le signe de cette forêt magique et bretonne entre toutes que Jean Sicard, magistrat vannetais, a choisi de signer ses livres.

LACOUTURE, Jean et LACOUTURE, Simone, En passant par la France : Journal de voyage, Seuil, 1982.

Il emprunte ce nom à l’une des graphies de la forêt de Brécilien, ancien nom de la forêt de Paimpont, utilisé par Aurélien de Courson en 1840 : l’immense forêt de Brékilien, —  COURSON, Aurélien de, « Prolégomènes », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, Voir en ligne. p. 37 —

1972 — Le Val sans Retour

Au début des années 1970, le Val sans Retour est l’objet de velléités d’aménagement. Des bruits récurrents circulent à propos d’éventuelles installations à caractère touristique. L’idée de transformer les lieux fait réagir Yann Brékilien.

Le malheur, c’est que la lèpre des routes touristiques ne cesse de s’étendre et que le moindre petit coin charmant où nous aimions aller respirer, risque d’être atteint à son tour. Des technocrates n’avaient-ils pas été, il y a quelques temps, jusqu’à décider la création d’une route d’accès au Val sans Retour, dans l’antique forêt de Brocéliande, avec l’inévitable parking au bord de ce haut-lieu hanté par le souvenir de la fée Viviane et de l’enchanteur Merlin ? Tout l’intérêt du site réside dans son caractère sauvage et même un peu mystérieux, dans la difficulté à le découvrir, dans l’impression d’être un peu perdu. Il fallait vraiment avoir le génie de l’administration pour le rêver, au lieu et place de fantômes de chevaliers victimes de la magie des fées, d’automobiles, de transistors et de saucissonneurs du dimanche.

BRÉKILIEN, Yann, La Bretagne qu’il faut sauver, Nature et Bretagne, 1972. [Pages 43-44]

1979 — L’ASVB

En septembre 1979, l’Association de Sauvegarde du Val Sans Retour et de son environnement est créée. Trois personnalités « celtiques » sont alors contactées pour leur soumettre le projet et leur demander d’enrichir les propositions. Erlanig, barde et érudit breton, l’écrivain Jean Markale, qui se dit continuateur de l’œuvre de l’abbé Gillard, et Yann Brékilien, écrivain et membre du Gorsedd de Bretagne. Ce dernier propose notamment de rééditer la Gorsedd de 1951 dans le Val Sans Retour sous une forme similaire.

Je soumets une idée qui ne serait peut-être pas sans intérêt pour ajouter à l’atmosphère de mystère : inviter le Gorsedd des Druides et Bardes de Bretagne (je fais d’ailleurs partie de son comité directeur) à tenir ses assises en 1982 ou 1983, dans une clairière du Val sans Retour où serait alors érigé un cercle de menhirs. Ce ne serait pas du toc pour touristes puisque la consécration par le Gorsedd donnerait au cercle sa raison d’être et une forme d’authenticité. Et ce cromlec’h au milieu des bois serait assez envoûtant.

Yann Brékilien cité par Calvez, Marcel (1988) op. cit., p. 141

Sa proposition ne sera pas retenue par l’ASVB.

1981 — La préface d’un recueil de poésie bardique de Myrdhin

En 1981, il fait une référence à la sylve de Brocéliande dans la préface d’un recueil de poésie bardique de Myrdhin.

Je ne pense pas que ce soient les honneurs qui lui importent beaucoup : ce qui lui importe, c’est la poursuite de son rêve à travers la sylve enchantée de Brocéliande où il nous entraine à sa suite.

BRÉKILIEN, Yann, « Le magicien à la harpe d’or », in Myrdhin. Pierres sonnantes : poésie bardique, N.B., 1981, Voir en ligne.

1983 — Les Mystères de Brocéliande de l’abbé Gillard

En 1983, Yann Brékilien signe la postface d’une réédition de cinq des opuscules de l’abbé Gillard regroupés en un seul tome sous le titre Les Mystères de Brocéliande.

Or, l’abbé Gillard avait la sensibilité de Celte et c’est pourquoi, recteur de Tréhorenteuc, en lisière des ombrages de Brocéliande, il en a ressenti tout l’envoûtement et a pénétré les mystères de la légende arthurienne, pour s’enrichir l’âme de leur symbolisme. Il a mené sa propre quête comme un chevalier de la Table-Ronde. Ses révélations sur les mystères de Brocéliande, sur le zodiaque, sur la mystique des nombres, nous en apportent la preuve.

BRÉKILIEN, Yann, « Postface », in abbé Henri Gillard. Les Mystères de Brocéliande, Rennes, Editions Hauffray, 1983.

1991 — Contes et légendes du Pays Breton

En 1991, il publie un recueil de contes et légendes qui comprend deux légendes localisées en forêt de Brocéliande.—  BRÉKILIEN, Yann, Contes et légendes du Pays Breton, Spezet, Nature et Bretagne, 1991, 326 p. —

  • Merlin l’enchanteur

Il y avait en Brocéliande, sur le bord d’un étang, un château appelé le château de Comper, où vivait une jeune fille d’une merveilleuse beauté, Viviane, fille du puissant seigneur Dymas et d’une fée.

BRÉKILIEN, Yann, « Merlin l’enchanteur », in Contes et légendes du Pays Breton, Spezet, Nature et Bretagne, 1991, p. 15-35. [page 30]
  • La fontaine de Barenton

Aujourd’hui, la fontaine de Barenton n’est plus gardée. Mais vous pouvez toujours, comme autrefois, en répandre l’eau sur la dalle de granit et, si vous avez le coeur pur, vous déclencherez une violente averse. Je connais des gens qui l’ont fait.

BRÉKILIEN, Yann, « La fontaine de Barenton », in Contes et légendes du Pays Breton, Spezet, Nature et Bretagne, 1991, p. 61-68. [page 68]