1951-2010
Cérémonies néo-druidiques en forêt de Brocéliande
La Gorsedd de Bretagne a organisé des cérémonies druidiques en forêt de Paimpont/Brocéliande. La première d’entre elles a eu lieu en 1951 au Val sans Retour.
Le Gorsedd digor de 1951 dans le Val sans Retour
Le Gorsedd digor, cérémonie publique en breton de la Gorsedd de Bretagne, est célébré tous les ans le troisième dimanche de juillet. C’est au cours de cette cérémonie que sont reçus les postulants à l’état de Druides en présence de délégations du Pays de Galles et de la Cornouaille britannique.
La cérémonie
Le dimanche 29 juillet 1951, cette cérémonie druidique a lieu à Tréhorenteuc et au Val sans Retour. Ronan Pichery (1891-1963), membre de la Gorsedd de Bretagne après-guerre sous le nom d’Abroc’hell en est l’initiateur.
[...] Ronan Pichery, druide Abroc’Hell avait organisé un Gorsedd au fond du Val sans Retour, sur un éperon rocheux. Je connaissais Ronan Pichery depuis quelques années. Il avait fondé une revue au titre significatif : « Fontaines de Brocéliande ». Il était partisan d’une Bretagne libre et indépendante [...] ce qui lui avait attiré quelques ennuis à la Libération. [...] Et Ronan Pichery me parlait de ses efforts pour faire reconnaitre le breton, de ses croyances, de son amour sincère pour sa Bretagne, de son désir de rénover la culture bretonne, de faire revivre les grands mythes de Brocéliande.
Le Gorsedd digor commence par une messe en breton célébrée par le père Alexis Presse (1883-1965) devant l’église de Tréhorenteuc.
Celui-ci accompagne ensuite l’Archidruide de Galles, le Grand Druide de la Gorsedd de Bretagne et le Grand Barde de Cornouailles dans le Val sans Retour, sur une charrette tirée par des bœufs.
Ils sont suivis par un cortège comprenant les postulants à l’état de Druides et la cinquantaine de membres de la Confrérie des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne.
La cérémonie druidique a lieu au centre d’un cercle de pierres dressé à l’entrée de la vallée du Gros-Chêne, en surplomb du Val sans Retour. Au centre, se trouve le « Maen-Leg », plateforme de pierres sur laquelle se tiennent les Grands Druides. Le public suit la cérémonie, cantonné sur le versant opposé, sur les hauteurs des landes de Gautro.
Le Grand Druide de la Gorsedd de Bretagne commence par adresser ses vœux à la famille royale britannique - le roi Georges VI, la reine Mary et la princesse Élisabeth - à l’occasion du 25e anniversaire de leur initiation comme membres de la Gorsedd de l’île de Bretagne 1.
Puis les nouveaux postulants à la Gorsedd sont reçus après avoir prêté serment sur l’épée d’Arthur
. À cette occasion sont notamment intronisés Bardes de Petite Bretagne :
- Henri Hillion (1923-1980) 2— MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [page 46] —
- Louis-Roger (1928-2018) 3
- Angèle Vannier (1917-1980) — VANNIER, Angèle, « Ronde autour d’Angèle Vannier », Alternance, 1956, Voir en ligne. —.
Un chêne est planté au centre du cercle de pierres à l’issue de la cérémonie.
Un film intitulé Cérémonie Druidique en forêt de Brocéliande est réalisé par A. Vallée au cours du Gorsedd digor de 1951 4— VALLÉE, Ange, « Cérémonie Druidique en forêt de Brocéliande », 1951. —
Le cromlec’h « druidique »
Le cercle de pierres, ou cromlec’h « druidique » est construit pour la circonstance sur un tertre surplombant la vallée du Gros Chêne et le Val sans Retour.
Michel Cabaret - qui dresse en 1982 un inventaire naturel et archéologique du Val sans Retour - en donne une description détaillée.
Le monument est composé de 17 pierres dont une est encore plantée de champ, les autres étant à même le sol. La structure est circulaire et le diamètre moyen est de 24 m. Au centre, 4 pierres semblent former une table qui aurait été détruite. Les dalles ont une longueur assez appréciable : 1 à 3 m, une largeur de 30 à 60 cm et une épaisseur moyenne de 10 cm. Cet ensemble a été un lieu du culte druidique contemporain. [...] Il serait intéressant de connaitre l’origine des pierres de construction, dans le cas où il y aurait eu réutilisation d’un matériel ancien. Ce cercle de pierre, nommé cromlec’h, marque le lieu des cérémonies celtiques. Le monument d’intérêt plutôt culturel confirme la localisation dans la forêt de Brocéliande des activités néo-druidiques. Le Triban [...] symbole druidique, n’est d’ailleurs pas absent du Val sans Retour, il est possible de l’observer sur un arbre non loin du miroir aux Fées.
Le cromlec’h a été en partie détruit depuis. — CALVEZ, Marcel, Usages productifs, usages touristiques et aménagement d’un territoire, le Val sans retour (1820-1984), Thèse pour le Doctorat de Troisième Cycle en Sociologie, Université de Paris X-Nanterre, 1984, Voir en ligne. [pages 108-109] —
L’abbé Gillard et la Gorsedd de Bretagne
La tenue du Gorsedd digor de 1951 à Tréhorenteuc, au « Val sans Retour », n’est pas étrangère à l’influence de l’abbé Gillard. Depuis 1942, le recteur de Tréhorenteuc œuvre pour faire de son église le centre de l’intérêt pour Brocéliande. Selon l’interprétation qu’en fait le sociologue Marcel Calvez, la cérémonie druidique de 1951 consacre son travail et la nouvelle organisation touristique de Brocéliande.
La dimension légendaire de cette nouvelle organisation de Brocéliande est reconnue en 1951 par la tenue d’un Gorsedd des druides, bardes et ovates de Bretagne qui, après une messe devant l’église, et une procession dans des chars à bœufs, se tient au Val sans Retour. Sur les hauteurs de Rauco qui surplombent l’étang, un cromlec’h est dressé ; la cérémonie druidique y a lieu avec, en particulier, l’intronisation de Dom Alexis Presse, l’abbé qui a relevé l’abbaye de Boquen de ses ruines. Le public peut assister à cette cérémonie de l’autre côté de la vallée sur les landes de Gautro, directement accessibles depuis Tréhorenteuc. L’organisation de la cérémonie exprime la structure de l’espace touristique : un espace accessible aux gens ordinaires d’où ils découvrent de loin le mystère de Brocéliande, comme ils découvrent des paysages lointains auxquels les guides touristiques attribuent des significations légendaires.
Alexis Presse n’a pas été reçu au cours de cette cérémonie, il est druide depuis 1938 sous le nom de Manac’h ar gwelec’h
. — DIOCÈSE DE QUIMPER ET LÉON, Gorsedd roll Kroaz-Doue ezili beo ha maro Skol Veur Drouized, Barzed hag Oveded Breiz Gorsedd : répertoire alphabétique des membres vivants et décédés du Collège des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne, Rennes, Editions Armorica, 1940, Voir en ligne. page 6 —. Les photos dont nous disposons ne le montrent qu’en habits sacerdotaux.
Après la Seconde guerre mondiale, le Mouvement Breton se trouve discrédité par les agissements de certains de ses militants. La culture lui sert alors de paravent pour se reconstituer. — NICOLAS, Michel, Histoire de la revendication bretonne, Coop Breizh, 2007. [pages 144] —
De son côté, la Gorsedd de Bretagne est en quête de renouveau. Toutes ses activités ont été interrompues statutairement durant la guerre. Le Grand Druide, Taldir, de son vrai nom François Jaffrennou, a été accusé de collaboration et gracié en 1946. Toujours interdit de séjour en Bretagne, il reconstitue la Gorsedd en 1947. Taldir reste Grand Druide car il lui est interdit statutairement de démissionner. Étant dans l’incapacité d’exercer son mandat, c’est donc le Grand Druide adjoint, Eostig Sarzhaw qui dirige la Gorsedd. Au début des années cinquante, la Gorsedd cherche à renouer avec sa vocation culturelle première. Elle trouve à Tréhorenteuc un terrain favorable à son renouveau identitaire : une culture celtique d’expression contemporaine portée par l’action de l’abbé Gillard, ainsi qu’un lieu légendaire ancré dans le temps des origines.
Néodruidisme et valorisation du Val sans Retour dans les années quatre-vingts
En septembre 1979, l’Association de Sauvegarde du Val Sans Retour et de son environnement est créée. Elle est présidée par Paul Anselin, maire de Ploërmel depuis deux ans. Cette association s’inscrit dans un plan départemental de développement économique de l’intérieur du Morbihan par le tourisme. Le Val sans Retour, pourtant en Ille-et-Vilaine, est choisi pour être valorisé. Trois personnalités « celtiques » sont alors contactées pour leur soumettre le projet et leur demander d’enrichir les propositions. Erlanig, barde et érudit breton, l’écrivain Jean Markale, qui se dit continuateur de l’œuvre de l’abbé Gillard, et Yann Brékilien, écrivain et membre de la Gorsedd de Bretagne. Ce dernier propose de rééditer la cérémonie de 1951 sous une forme similaire.
Je soumets une idée qui ne serait peut-être pas sans intérêt pour ajouter à l’atmosphère de mystère : inviter le Gorsedd des Druides et Bardes de Bretagne (je fais d’ailleurs partie de son comité directeur) à tenir ses assises en 1982 ou 1983, dans une clairière du Val sans Retour où serait alors érigé un cercle de menhirs. Ce ne serait pas du toc pour touristes puisque la consécration par le Gorsedd donnerait au cercle sa raison d’être et une forme d’authenticité. Et ce cromlec’h au milieu des bois serait assez envoûtant.
Sa proposition ne sera pas retenue.
Quelques légers aménagements du Val sans Retour commencent en 1980. L’association commande alors plusieurs études afin d’évaluer les possibilités de valorisation du site. Certaines sont confiées à des étudiants, dont deux suivent une Maitrise de Sciences et Techniques « Aménagement et Mise en Valeur des Régions » (MST AMVR, Université de Rennes 1) en stage à la Station Biologique de Paimpont.
Michel Cabaret, étudiant en MST, note dans son mémoire la présence de signes druidiques contemporains dans le Val. — Cabaret, Michel (1982) op. cit., p. 50 —
Entre 1981 et 1983, des rumeurs persistantes évoquent des projets d’aménagement touristique, parmi lesquels un village-vacances construit sur la crête de Gautro, ou la reconstruction du moulin de la Vallée afin d’y installer un bar-crêperie.
Marcel Calvez souligne les réactions hostiles au projet de la part de ceux qui se réclament du druidisme.
[...] l’opposition se complait dans l’évocation de la magie du Val comme seule réaction possible aux transformations entreprises. On évoque ainsi une cérémonie d’exécration faite par un druide venu marquer les lieux de signes celtiques pour conjurer l’aménagement et garantir que le Val ne serait pas défiguré. Ces conjurations devaient avoir pour effet de déplacer l’aménagement à mi-chemin de Barenton [...]
Plusieurs années plus tard, la présence druidique dans le Val continue à être évoquée.
Le Val sans Retour est longtemps resté, et est sans doute toujours le siège de croyances et de cultes d’inspiration celtique. Des ouï-dire le laissent supposer, le "Cromlec’h" de la vallée du Gros Chêne en témoigne.
La sacralisation néo-druidique du lieu, lors de la cérémonie de 1951, accorde une « légitimité » supplémentaire au site légendaire. Cette présence néo-druidique, persistante dans les années 80, a été considérée comme un potentiel touristique qui n’a jamais été développé.
1964-1984 — Cérémonies au bord de l’étang de Paimpont
De 1964 à 1969, les cérémonies annuelles de la Gorsedd de Bretagne, ouvertes au public, se déroulent à Paimpont, à l’initiative du SIGTIB (Syndicat d’Initiative et Groupement Intercommunal de Brocéliande) qui aménage à leur intention un cercle de pierres dressé au bord de l’étang de Paimpont. — RAOULT, Michel, Les druides : les sociétés initiatiques contemporaines, 1996, Editions du Rocher, 1992, 494 p. [page 112] —
En l’absence d’Eostig Sarzhaw, Grand-Druide de la Gorsedd de Bretagne, les gorseddau de Paimpont sont dirigés par le Grand Druide adjoint.
À cette époque, Eostig Sarzhaw n’était point en Europe. Il était retenu en Afrique, à Dakar, pour son travail. Son adjoint Aldrig a Naoned dirigeait le Gorsedd en son absence.
Le 22 août 1964
Cette première tenue du Gorsedd digor dans le bourg de Paimpont est relatée dans un article de la Revue des deux mondes paru en novembre 1964. Différents témoins, parmi lesquels le recteur de Paimpont, ont rendu compte du déroulé de la cérémonie druidique.
— On m’a parlé d’une fête druidique célébrée en Brocéliande cet été.
— Les cérémonies du Gorsedd, du Gorseth si on le prononce à l’anglaise... Une association culturelle avant tout. Pour ce Gorsedd qui abrite des catholiques, des orthodoxes et des pasteurs protestants, j’ai célébré la messe le 24 août. On entendit les chants de Milbéo, ils y eut la « quête à la quenouille », le quêteur portant une quenouille tout enrubannée et offrant du pain bénit. La bourgade tout entière s’était parée de gui. Ce fut un curieux spectacle, plus tard, sur les rives de nos étangs, que ce cortège de saies, d’aubes multicolores : blanches pour les Druides, bleues pour les Bardes et vertes pour les Ovates... Des habitants de Paimpont allaient compléter pour moi cette brève description. [...] Que l’on vienne de Bretagne, de Paris, de Londres ou de Cornouailles, on chante en chœur, quand on se retrouve, l’hymne commun, le Bro Gozh va Zadou.
— Ils sont arrivés, me raconta-t-on, précédés de sonneurs et de porteurs de gui, les futurs membres anglais 5 étant séparés des Bretons par les deux tronçons d’une épée brisée : ces tronçons représentent la séparation des Celtes de Grande-Bretagne de ceux de la Petite Bretagne... la nôtre. Suivaient les disciples, membres d’honneur, dignitaires du Pellgor et enfin le Grand Druide avec le Grand Barde de Cornwall. L’épée d’Arthur marquait l’extrémité du cortège, épée sur laquelle les nouveaux initiés prêtent serment. Devant le lac, les Druides se groupèrent à l’ouest, les Bardes au sud, les Ovates au nord. Un sonneur de trompe lança un long appel, puis une cornemuse bretonne, par quatre fois et aux quatre points cardinaux, prit sa suite. Ce fut l’initiation des nouveaux membres du Gorsedd, avec imposition des mains par le Grand Druide ; on distribua du gui, on réunit les deux tronçons du glaive d’Arthur, pour rappeler aux Celtes de Bretagne et aux Celtes d’Outre-Manche leur fraternité malgré une longue séparation (Une antique prophétie n’assure-t-elle pas que tous les Celtes, un jour, appartiendront à un même peuple ?). On entendit encore le chant d’une harpe, dont jouait Mlle Loisel, fille du Grand Druide. A midi tout était fini : le cérémonial prévoit le terme des rites quand le soleil parvient à son zénith.
À cette occasion, l’évêque celte Iltud est reconnu en tant que druide eu égard à son rang ecclésial et en dépit du fait qu’il n’avait pas encore les quarante ans exigés.
— RAOULT, Michel, Les druides : les sociétés initiatiques contemporaines, 1996, Editions du Rocher, 1992, 494 p.
[page 171] —
Le 21 août 1965
Du 19 au 23 août 1966
Du 18 au 21 août 1967
Le Gorsedd digor du 21 aout 1967 se tient lui aussi sur les berges de l’étang de Paimpont.
Gwenc’hlan Le Scouëzec décrit le déroulement de cette cérémonie dans ses moindres détails dans le onzième chapitre de Bretagne, terre sacrée.— LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, 1977, Brasparts, Beltan, 1992, 219 p. [page 187-189] —
Au mois d’aout 1967, un cortège un peu surprenant d’hommes vêtus de longues robes, en rang par deux, se dirigeait de l’ancienne abbaye de Paimpont vers ce lieu de rassemblement. Le vêtement des premiers, qui marchaient en tête, état vert ; celui des suivants, bleu ; les derniers portaient une saie blanche. Sur la tête, une toque de velours noir marquée de trois trais d’or, et, descendant sur les épaules, un voile de même couleur que l’ensemble de l’habillement. En tête, venait un sonneur de cornemuse jouant de son instrument et des enfants qui portaient, dans une pièce de drap blanc, du gui fraichement.
Lorsque cette procession, d’allure quelque peu romantique, fut parvenue sans hâte à l’emplacement des cérémonies, les participants se disposèrent à l’intérieur de l’espace délimité par le cromlec’h et l’un d’eux, qui paraissait avoir la direction du rituel, monta sur un marchepied de pierre, construit à la manière d’un petit dolmen. De là, prenant la parole en langue bretonne, il s’écria : « Grorsedd Drouized, Barzehed hag Ovizion Breizh. Ar gwir enep d’ar Bed, Doue ha peb Madelezh », ce qui peut se traduire par « Assemblées des Druides, Bardes et Ovates de Bretagne La vérité à la face du Monde. Dieu et toute bonté. » La réunion annuelle du plus connu des groupes druidiques modernes en Bretagne Armorique venait de commencer.
Pour l’annoncer aux quatre vents du ciel, le sonneur, face à l’orient, lança les premières notes d’un air patriotique, assez sanguinaire dans ses paroles – qui ne furent pas prononcées. Puis il répéta son refrain, vers le sud où se trouvaient les bardes en robe bleue, puis vers l’ouest où se tenaient les druides vêtus de blanc, enfin, vers le nord où s’étaient placées les saies vertes des ovates. A mesure que la musique les appelait à leur tour, les groupes s’avançaient d’un pas pour prendre leur place. Quand tous eurent accompli ce geste de participation, le maitre du rite, adjoint du Grand Druide absent, proclama ouvert le Gorsedd de 1967.
Après que par trois fois ait été affirmé le règne de la paix, se déroulèrent alors successivement, la récitation de la prière, le chant à la mémoire des gloires historiques de la Bretagne et une allocution. Avant de passer à la réception de nouveaux druides et ovates, qui occupe une grande partie de la réunion, il est fait par le barde héraut l’appel des morts, qui est précédé par une invitation au souvenir :
E kreiz hol lenevez – Au milieu de notre joie
Etleomp drch’hel sonj eus ar Varzehed – Nous devons nous souvenir des Bardes
A zo aet abaoe ur bloavezh – Qui sont parti depuis l’an dernier
Davet Tir-na-n-Og ar Gelted… - Pour la Terre de la Jeunesse des CeltesCurieusement, ces quelques phrases sont à peu près les seules qui fassent allusion, au cours de la tenue du Gorsedd, aux anciennes croyances celtiques.
Dans la suite habituelle de la fête, les nouveaux druides sont présentés au Grand Druide qui les reçoit par imposition des mains. Il en est de même pour les bardes et les ovates, qui prêtent alors serment d’obédience au Collège. L’intronisation achevée, l’on réunit solennellement les deux moitiés d’un glaive qui représente l’épée d’Arthur : « Cette épée brisée, qui a été réunie devant nous, est le symbole de la Race Celtique, répandue à travers le monde, et connue sous différents noms, mais qui reste unie, par les liens de l’Esprit, du Cœur et du Sang. »
Le Gui, porté tout à l’heure jusqu’au cercle de pierres, est maintenant avancé devant le Grand Druide, qui rappelle la tradition antique de sa cueillette et ses vertus thérapeutiques. Cette plante symbolise, ajoute-t-il, l’âme de l’enfant. Puis il la fait distribuer à l’assemblée de ses confrères, avant de clôturer le Gorsedd. Pour terminer, tous chantent l’hymne national breton et le retour se fait comme à l’aller en cortège.
Nous avons suivi le déroulement de la cérémonie de 1967, en nous aidant pour les textes bretons et français du Rituel officiel du « Gorsedd Lidou meur Gorsedd Breizh », publié par le Cercle de Brocéliande en 1958.
Gwenc’hlan Le Scouëzec (1929-2008), futur Grand Druide est reçu dans la Tradition Druidique de la Gorsedd de Bretagneau cours de cette cérémonie.— MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [page 72] —
Les 18 & 19 août 1968
Les 23 & 24 août 1969
En 1984
En 1984, le Gorsedd digor se déroule à « Porzh an Breton » en Quimperlé (Finistère) 6. Un deuxième Gorsedd à lieu à Rennes et à Paimpont, au bord de l’étang, avec un nombre important de Gallois et l’Archidruide Jams Niclas
.— LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. L’époque moderne et contemporaine, Vol. 3, Beltan, 2001, 191 p., (« La tradition des druides »).
[page 184] —
Le Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande
Trois druides issus de la Gorsedd de Bretagne, Bernard Duval (druide Goff ar Steredennou), Michel Raoult (druide An Habask) et Jean Thos (druide Yan Sukellos) fondent Le Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande à la Fontaine de Barenton en Brocéliande le 15 août 1950. Le siège social de l’association est basé à Saint-Onen-la-Chapelle (Ille-et-Vilaine).
Le réveil de l’association fut difficile après chaque guerre. [...] celle de 1939-1945 provoqua une interruption de dix ans. Au moment de la reprise des activités de la Gorsedd bretonne en 1950, un groupe original fut initié le 15 août, temps de Lugnasad, par le druide de tradition clanique Goff ar Steredennou, sous l’appellation de « Grand Collège Celtique ». Bien que son siège social soit à Saint-Onen-la-Chapelle, à l’orée de la forêt de Paimpont, ce groupe s’intitule en langue anglaise « The Great Oak Forest Celtic College of Broceliande » qui signifie « Le Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande ». Ce groupe n’est pas une « dissidence » mais plutôt une sorte de « conseil fédératif », et accepte bien volontiers la double, voire la triple appartenance aux diverses associations druidiques.
Très rapidement, Bernard Duval, en désaccord avec Jean Thos, quitte le collège et fonde son propre cercle druidique. Ce dernier en devient alors le Grand-Druide et implante son centre culturel « Brekilian » dans la rue principale du bourg de Paimpont. — RAOULT, Michel, Les druides : les sociétés initiatiques contemporaines, 1996, Editions du Rocher, 1992, 494 p. [pages 139-140] —
Le druide qui menait ce groupe, aujourd’hui décédé, s’appelait Jean Thos, druide Sukellos. Il dirigeait ce groupe francophone, Belges, Suisses etc... À Paimpont, il avait acheté l’ancienne épicerie du village afin d’avoir pignon sur rue. Il y tenait une permanence, accompagné de son épouse, et ils répondaient à toutes les questions sur le druidisme et sur Brocéliande. La boutique avait été renommée : « Brékilian » et était devenue un réel vivier culturel.
Le Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande se réunit a de nombreuses reprises en forêt de Paimpont, notamment au bord de l’étang de l’abbaye.— DÉCOTTE, Alex, « Druides à Brocéliande », 1997, Voir en ligne. —
À la mort de Jean Thos en 2003, la conservation du Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande est maintenu par le Grand Druide Yoann Menouvelios.
Le Compagnonnage Druidique d’Hyperborée
À la suite de la mort de Jean Thos en 2003, Myrdhin et Zil fondent le Compagnonnage Druidique d’Hyperborée devenu par la suite Kad Goddeu Breizh.
Myrdhin a eu l’occasion de fréquenter un groupe druidique international dans les années 1980 : « Le grand Collège des Chênes de Brocéliande ». [...] Avec les mêmes filiations, Myrdhin et Zil prirent la relève pendant une dizaine d’années avec leur collège, Kengerzhouriezh Drwizel an Dreisthanternoz, c’est-à dire le Compagnonnage Druidique d’Hyperborée devenu Kad Goddeu Breizh. aujourd’hui.
Ce groupe druidique a organisé ses principales cérémonies en forêt de Brocéliande, à l’Hotié de Viviane ou au bord de l’étang de Paimpont.
Les cérémonies druidiques se déroulent le plus souvent au « Hotié de Viviane » le cercle naturel et la hauteur du site rendent ce lieu particulièrement approprié. On s’y retrouve pour les rassemblements inter-collèges au début juin et pour les solstices d’été les 21. La lugnasad, début août, est la seule cérémonie ouverte au public. Elle se tient plutôt au cromlec’h situé au bord de l’étang de Paimpont.
Le Nemeton Koat Lugernus
Christian Boulay ( - 2019), ancien membre du Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande est le fondateur d’un collège druidique établi en Brocéliande, le Nemeton Koat Lugernus ou Clairière de Brocéliande.
J’ai fréquenté le Grand Collège Celtique de la Forêt des Chênes de Brocéliande, j’ai été investi à l’occasion d’une cérémonie, de la fonction druidique, c’est à dire de cette nécessité d’enseigner, autant que j’avais reçu. À cette occasion, j’ai reçu le nom druidique de Dourdan [ou Dwrdan], formé à partir de « dour », l’eau, et de « tan », le feu.
Jusqu’en 2019, ce collège druidique a organisé ses principales cérémonies autour du « Maen Log » de l’étang de Paimpont.
Il est le centre du lieu rituellique, où se déroule chaque cérémonie commémorative de l’Association ; C’est le point cosmo-tellurique privilégié autour duquel sont dressés les 12 mégalithes formant Cromlec’h ; Ici à Paimpont, il est situé près de l’étang du bourg ; Enfin, il est environné impérativement des trois éléments fondamentaux de la nature ambiante, pour le rituel celtique : - L’eau, celle de l’étang proche - L’arbre, ceux des grands chênes séculaires qui l’entourent - La Pierre, dont il est constitué ainsi que les 12 mégalithes qui l’entourent ; Enfin, le terme ancien Maen Log représente La Pierre de Serment. Dans les années à venir, le Maen Log devant accueillir notamment les Druides, Bardes, Ovates et Mabinogi du Nemeton Koad Lugernuz, sera érigé aux Pinçais en Paimpont, l’une des culminances forestières de Brocéliande, et selon le calcul harmonieux du Nombre d’Or pythagoricien.
2009-2010 — Le Rassemblement des Druides de Bretagne à l’Hôtié de Viviane
De 2009 à 2010, le Rassemblement des Druides de Bretagne, qui regroupe différents mouvements druidiques bretons organise à l’« Hôtié de Viviane » une cérémonie célébrée en breton. Ce rassemblement est coordonné par Kleze Dir, grand druide sacerdotal du collège Druvidia.— ANONYME, « Les Druides de Bretagne rassemblés à Tréhorenteuc », Ouest-France, 24/05, 2010, Voir en ligne. —