1940-1944
L’armée allemande aux Forges de Paimpont
Un PC sur la ligne téléphonique Rennes-Pontivy
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande établit un poste de commandement, défendu par un réseau de Blockhaus, aux Forges de Paimpont.
L’armée allemande sur le massif forestier de Paimpont
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande positionne des unités sur des communes du massif forestier de Paimpont en quatre points principaux.— LEROUX, Roger, Le Morbihan en guerre : 1939-1945, Mayenne, Joseph Floch, 1979, 671 p. [pages 389-390] —
- La Luftwaffe prend possession du camp d’aviation de Point-Clos de 1940 à 1944,
- Une station radar dénommée « camp des Chênes-Froids », est installée à Monterfil en 1943,
- La Wehrmacht positionne des réserves d’artillerie et de chars au camp de Coëtquidan et en forêt de Paimpont,
- Un poste de commandement est établi aux Forges de Paimpont pour le général des forces allemandes de la région de l’Ouest en cas de débarquement allié.
Le rapport du commandant Guillaudot
En l’absence de documents d’archives allemandes, les rapports réalisés par la Résistance constituent les principales sources disponibles pour décrire l’implantation et l’organisation de l’armée d’occupation allemande dans le secteur de la forêt de Paimpont pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces informations proviennent du rapport du commandant Guillaudot, dirigeant du réseau « Action ».
Le réseau « Action »
En 1941, le commandant Maurice Guillaudot (1893-1979), commandant de la compagnie de gendarmerie du Morbihan, constitue le réseau « Action » qui réunit la quasi totalité des effectifs de la compagnie et utilise les structures mêmes de la gendarmerie.
Parmi les objectifs de ce réseau de Résistance, la recherche de renseignements occupe une place centrale. Chaque semaine les gendarmes envoient au commandant Guillaudot un état de l’implantation militaire allemande dans leur circonscription, indiquant l’arme : infanterie, artillerie, génie, etc... et l’importance des unités.
À Ploërmel, Guillo fait lui aussi du bon travail en découvrant que les Allemands ont utilisé une citerne de 300 000 litres ! À Lorient, Pageaud et Le Merdy recensent tous les immeubles encore debout, habités par les troupes ennemies. À Carnac, à Pontivy, à Belle-Isle, à Questembert, à Paimpont, partout dans le Morbihan la gendarmerie est aux aguets.
Au début de juin 1943, le réseau « Action » réunit le tableau complet des moyens dont dispose l’armée allemande dans le département. Le 20 juillet, Londres reçoit un dossier de cinq pages, regroupées sous le nom de Rapport n°2223 sur les défenses du Morbihan
, nom de code Panier de cerises
1.
La ligne téléphonique Rennes-Pontivy en forêt de Paimpont
Le Rapport n°2223 sur les défenses du Morbihan
comprend cinq points relatifs à trois communes du massif forestier, Paimpont, Gaël et Mauron. Ils concernent la ligne téléphonique Rennes-Pontivy et les défenses allemandes qui y sont attachées.
Cette ligne enterrée seulement à 0.35 m de profondeur suit la route n°24 de Rennes jusqu’aux Forges de Paimpont où se trouve le Q. G. des armées de l’Ouest. De Paimpont, elle passe par le relais de Mauron, puis par la Trinité-Porhoët, Rohan et Pontivy. Cette ligne, dès le commencement des opérations sera sabotée en de nombreux endroits en pleine campagne.
L’armée allemande installe le relais de Mauron dans une maison du bourg dénommée maison Marion
2.
En plein bourg est installé dans une maison (voir plan) le relais téléphonique de la ligne souterraine Rennes-Pontivy. Il semble inutile de détruire cette maison à la bombe, la ligne sera sabotée en divers endroits en pleine campagne.
Les officiers allemands en charge de ce relais logent dans la maison Gigout
, située à une centaine de mètres de la maison Marion
.— DESSUS, Jean et FICHET, Jean-Claude, Mauron et ses six communes. Regard sur son passé., Saint-Suliac, Yellow Concept, 2013.
[page 31] —
Le poste de commandement des forces allemandes de l’Ouest, relié à la ligne Rennes- Pontivy-Brest est installé au Pavillon des Forges de Paimpont. Il est prévu pour être utilisé par l’état-major allemand en cas de débarquement allié.
Le château du Pavillon (voir plan), est installé pour servir de P. C. au général des forces allemandes de la région de l’Ouest dès le commencement des opérations. Il est relié à la ligne souterraine Rennes-Pontivy. Lorsque l’état-major sera en place, le message suivant sera passé : « Auguste est arrivé avec toute sa famille ».
Des unités blindées allemandes sont disposées en forêt de Paimpont et sur le camp de Coëtquidan afin d’être envoyées sur les théâtres d’opérations bretons en cas de débarquement allié.
Forêt de Paimpont — Troupes de S.S. avec des chars assez nombreux (50 tonnes).
Camp de Coëtquidan — Suivant les périodes, troupes d’artillerie et des chars. Actuellement 1500 à 2000 hommes d’artillerie et de chars. Il apparait que le camp de Coëtquidan et la forêt de Paimpont abritent les réserves d’artillerie et de chars destinés à faire face aux points les plus menacés de la Bretagne.
Le rapport est accompagné de vingt-trois croquis plus ou moins détaillés. Les croquis 21 à 23 concernent le secteur de Paimpont 3.
21 — Une carte de la région des Forges de Paimpont, indiquant le château du Pavillon, prévu pour devenir en cas de débarquement le P. C. du général commandant les troupes de l’Ouest.
22 — Un plan de Mauron indiquant la maison où se trouve le relais de la ligne téléphonique souterraine Pontivy-Rennes.
23 — Un plan du camp d’aviation de Gaël.
Les Blockhaus des Forges de Paimpont
L’ABSA 3945 a effectué des recherches qui confirment et précisent l’implantation des installations allemandes aux Forges de Paimpont. — MEUNIER, Jean, « Les vestiges des Forges de Paimpont », 2008, Voir en ligne. —
Sept vestiges de blockhaus ont été répertoriés.
Autour du Pavillon
- Le poste de commandement, enterré sous le parking du Pavillon, est défendu par trois blockhaus.
- un blockhaus (A) est situé au nord-ouest du Pavillon. Il est
en très mauvais état (dynamité, non accessible car dangereux)
. Il s’agitpeut-être d’une casemate pour une mitrailleuse protégeant le Pavillon
.
- un blockhaus (B) proche du modèle de poste de commandement 608 4.
- un blockhaus (C), réplique du (B), autre modèle 608
Autour du Chalet
- un blockhaus (E) de modèle 608
Le système d’adduction en eau des blockhaus
Le réseau de blockhaus des Forges est équipé d’un système d’adduction en eau qui comprend une station de pompage située à proximité d’un captage de source dans la vallée des Plaintes ainsi qu’un blockhaus citerne, situé en bordure de D773, en haut des virages des Forges.
- le blockhaus station de pompage
- le blockhaus citerne, alimenté par la station de pompage, situé au bord de la route de Paimpont / Les Forges
Les chauves-souris des bunkers de Paimpont
Le complexe de bunkers des Forges de Paimpont sert de gîte d’hibernation pour dix espèces de chauves-souris 5. Découvert en 1992, il est classé en « Zone protégée » par convention d’association du 25.05.1998.
Les bunkers de type R608 sont très favorables à l’installation de chauves-souris. Dotés de 9 pièces de tailles variables et de deux entrées, ils offrent des conditions micro-climatiques variées propices à l’hibernation d’un grand nombre d’espèces. En 1998, des grilles sont installées ainsi que des briques plâtrières sur deux bunkers pour augmenter leurs capacités d’accueil. En moyenne, les bunkers abritent une soixantaine d’individus, le maximum date de l’hiver 2004-2005 avec 88 chauves-souris comptabilisées. L’espèce la mieux représentée est le Murin à moustaches avec un record de 36 individus lors de l’hiver 2002-2003. Au cours de l’hiver 2015-2016, une jeune femelle de Grand murin marquée à Férel [7 km au sud-ouest de La Roche-Bernard (56)] est contrôlée dans un des bunkers.