1870-1889
L’usine de la « Lande de Paimpont »
Une usine de carbonisation en vase clos
Une usine de carbonisation du bois en vase clos s’installe dans la « Lande de Paimpont » à partir de 1870. Reconstruite dans la vallée de la Marette en 1881, elle reste active jusqu’en 1889.
1866 — Une nouvelle gestion de la forêt de Paimpont
Le 31 décembre 1865, la banque Seillière, gérante des intérêts du duc d’Aumale en forêt de Paimpont, ferme les deux hauts fourneaux des Forges, plongeant la région dans la crise.— DENIS, Michel, « Grandeur et décadence d’une forêt. Paimpont du XVIe au XIXe siècles », Annales de Bretagne, Vol. 64 / 3, 1957, p. 257-273, Voir en ligne. [page 269] —
À partir de 1866, les revenus de la forêt - sylviculture, vente d’écorce et de charbon de bois - deviennent la principale source de profit du « Domaine de Paimpont ». La gestion sylvicole - visible sur le plan de l’ingénieur géomètre Bauchet de 1867 - est entièrement repensée.
Par ailleurs, M. Jourdan, successeur d’Edmond Duval (1810-1887) en tant que « directeur du Domaine de Paimpont », met en place de nouveaux procédés industriels visant à augmenter les marges bénéficiaires et à développer d’autres débouchés sur les produits forestiers. À partir de 1869, il teste un procédé d’écorçage à la vapeur aux Forges de Paimpont, permettant de s’affranchir du savoir-faire des bûcherons et de la saisonnalité. En 1870, une usine de carbonisation du bois en vase clos est mise en activité dans la « Lande de Paimpont ».
1870-1881 — L’usine de la « Lande de Paimpont »
Le 7 janvier 1870, le sous-préfet de l’arrondissement de Montfort autorise l’installation d’une usine de carbonisation dans la « Lande de Paimpont », située à proximité du bourg. M. Barré, son directeur, est un membre de la Société de Chimie de France.— SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS, « Membres de la Société Chimique », Bulletin de la Société Chimique de Paris, Vol. 12, 1874, p. 3-19, Voir en ligne. —
Vu la demande formée par Mr. Barré dans le but d’être autorisé à installer, dans l’ancienne lande de Paimpont, une usine pour la carbonisation de bois en vase clos ; vu le plan de la chaudière, l’avis de Mr. le maire de Paimpont, duquel il résulte que l’usine dont il s’agit sera placée à une distance de plus de 400 mètres de toute habitation ; vu l’avis du conseil d’hygiène et de salubrité de l’arrondissement [...] Le sous-préfet de l’arrondissement de Montfort, chevalier de la légion d’honneur, arrête [que] Mr. Barré est autorisé à installer dans l’ancienne lande de Paimpont une usine pour la carbonisation de bois en vase clos. Mr. le Maire de Paimpont est chargé de l’exécution du présent arrêté.
La technique de carbonisation en vase clos est mise au point au début du 19e siècle par l’ingénieur français Philippe Lebon d’Humbersin (1767-1804). Elle permet d’obtenir de l’acide acétique et d’autres composés chimiques à valeur marchande à partir de la carbonisation du bois.— VINCENT, Camille, Carbonisation des bois en vases clos et utilisation des produits dérivés, Paris, Gauthier-Villars, 1873, 156 p., Voir en ligne. —
Une question de principe se pose en effet, pourquoi laisser partir en fumée, faute d’une installation insuffisante les produits volatils de la carbonisation ? [...] Les principaux corps constitutifs du bois sont la ligno-cellulose, appartenant à la série aromatique, les pentosanes, produits de condensation des sucres en CB, la cellulose proprement dite et les hémi-celluloses. En outre, le bois contient des substances telles que l’amidon, en particulier dans les bois abattus en hiver, le tanin abondant dans les parois des cellules du cœur, et chez les conifères, les résines et les oléorésines. Or le charbon de bois ne représente que 32 à 38 % du poids du bois sec soumis à la carbonisation. En retirant des 62 % à 68 % restants de 22 à 28 % d’eau, il reste encore 40 % de substances diverses. Ce sont ces produits que la carbonisation en vase clos permet de récupérer.
L’usine de la « Lande de Paimpont » consomme 2500 cordes (7500 m3) de bois par an et emploie quinze ouvriers. — LEVESQUE, Jérôme, Les Levesque de la fin du XVIIe siècle à nos jours, Les Forges de Lanouée, 2004. [page 116] —
1881 — Un transfert à la Marette
L’usine est transférée dans la vallée de la Marette, en Paimpont, en 1881.— LEVESQUE, Jérôme, Les Levesque de la fin du XVIIe siècle à nos jours, Les Forges de Lanouée, 2004. [page 116] —
Son directeur, M. Barré, est attesté en tant que fabricant de produits chimiques, à Paimpont (Ille-et-Vilaine)
jusqu’en 1889. — TOMMASI, Donato, Annuaire de la chimie industrielle et de l’électrochimie, B. Tignol, 1889, 257 p., Voir en ligne. p. 11 —
En 1896, l’usine est décrite par Félix Bellamy comme étant déjà en ruine.
[...] nous rencontrons à notre gauche une cheminée d’usine et des bâtiments délabrés, vestiges d’une industrie chimique délaissée, et qui choquent en ce lieu désert agreste et primitif.
1889 — Un projet d’usine dans la « Lande de Paimpont »
Un plan de 1889 indique un projet d’usine dans la Lande de Paimpont, propriété de Louis Levesque.
On peut penser que ce projet industriel - qui semble n’avoir jamais vu le jour - se serait développé autour des anciennes infrastructures de l’usine de carbonisation.