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14 août 1352

La bataille de Mauron - I

Un épisode méconnu de la Guerre de Succession de Bretagne

La bataille de Mauron (Morbihan) se déroule le 14 août 1352 pendant la Guerre de Succession de Bretagne dite aussi « Guerre des deux Jeanne ». Cette guerre débute en 1341 et dure 23 ans. Elle s’inscrit dans le cadre plus général de la Guerre de Cent ans, 1337-1453, opposant les « Plantagenêt », rois d’Angleterre et seigneurs d’immenses territoires sur le continent, aux « Valois », rois de France.

Le contexte — La crise de succession au duché de Bretagne

En 1341, une crise dynastique s’ouvre en Bretagne lors de la disparition sans héritier légitime du duc Jean III 1, fils d’Arthur II de Bretagne. Jean III a bien un fils naturel, Jean le Bastard, seigneur de Rosporden, mais sa bâtardise l’empêche d’accéder à la couronne.

En Bretagne les filles peuvent prétendre à la couronne ducale selon les règles de la primogéniture. En pratique, cette règle ne s’est appliquée dans le passé qu’en absence de descendants mâles vivants de la même génération. Jean III n’a pas d’enfants, donc la succession fait retour aux descendants de son père, Arthur II, ce qui ouvre un débat juridique sans précédent.

En effet, Arthur II a plusieurs enfants mâles dont Guy VII, comte de Penthièvre, né de son premier mariage, décédé en 1331, et Jean, comte de Montfort-l’Amaury (Yvelines) 2 né de son second mariage, seul survivant mâle d’Arthur II en 1341.

Selon la coutume successorale bretonne basée sur la primogéniture, Jeanne de Penthièvre 3, fille de Guy VII, dite « Jeanne de Blois » suite à son mariage en 1337 avec Charles de Blois 4, prétend à la couronne ducale. En tant qu’héritière de Guy VII, Jeanne de Penthièvre s’oppose aux prétentions de son oncle Jean, comte de Montfort-l’Amaury, marié à Jeanne de Flandre dite « Jeanne La Flamme », qui se prétend héritier de son demi-frère, Jean III. —  LEGUAY, Jean-Pierre et MARTIN, Hervé, Fastes et malheurs de la Bretagne, Ouest-France, 1982, 435 p., (« "Ouest-France" université »), Voir en ligne. [page 99] —

Deux prétendants soutenus par les rois ennemis de France et d’Angleterre

Chacun des prétendants à la couronne ducale rallie des seigneurs bretons à son camp.

Philippe VI de Valois soutient Jeanne de Blois

Jeanne de Blois reçoit le renfort du roi de France, Philippe VI de Valois 5. Elle est soutenue par nombre de grands seigneurs bretons tributaires du roi de France ayant des possessions en France.

Le 7 septembre 1341, par l’arrêt de Conflans (Yvelines) Charles de Blois est reconnu duc-baillistre 6 du duché par les pairs et le Parlement de France. En tant que duc de Bretagne et pair de France, il appelle Philippe VI de Valois à son secours.

Philippe VI de Valois engage l’armée française dans le conflit afin de ne pas perdre son influence en Bretagne.

Édouard III soutient Jean de Montfort

Jean de Montfort reçoit l’appui du roi d’Angleterre, Édouard III 7. Surtout soutenu par la moyenne noblesse bretonne dont certains membres ont des intérêts économiques avec les Anglais, il se déclare duc de Bretagne.

Pour Édouard III, la Bretagne avec ses ports entre l’Angleterre et l’Aquitaine est un enjeu stratégique pour le commerce et un point d’entrée en France.—  LEGUAY, Jean-Pierre et MARTIN, Hervé, Fastes et malheurs de la Bretagne, Ouest-France, 1982, 435 p., (« "Ouest-France" université »), Voir en ligne. [pages 100-101] —

Fin 1341, Jean de Montfort est fait prisonnier à Nantes. Philippe VI de Valois le fait enfermer au Louvre. Pendant sa détention, son épouse, « Jeanne La Flamme », retranchée à Hennebont (Morbihan) galvanise ses partisans et les pousse aux combats.

En 1342, elle négocie une alliance durable avec Edouard III. Mais considérée comme folle, Jeanne est écartée de l’action politique 8.

La Bretagne en guerre

La trêve de Malestroit

En janvier 1343, une trêve entre la France et l’Angleterre est signée à Malestroit (Morbihan).

Édouard III devient le tuteur de Jean de Montfort

Le 1er septembre 1344, Jean de Montfort est libéré et reprend le combat mais meurt le 26 septembre 1345. Le roi d’Angleterre, Édouard III devient le tuteur du fils de Jean de Montfort, âgé de 4 ans, futur duc de Bretagne sous le nom de Jean IV 9.

Edouard III nomme des capitaines anglais qui tiennent des forteresses et des villes du duché pour le compte de Jean de Montfort.

Philippe VI est battu à Crécy

En 1346, le roi de France Philippe VI accumule les échecs notamment en perdant la bataille de Crécy (Somme) puis Calais (Pas-de-Calais) en 1347. Le parti de Blois perd du terrain en Bretagne. La « grande peste » sévit alors, ajoutant aux malheurs du temps.

Charles de Blois est fait prisonnier à la bataille de La Roche-Derrien

En 1347, Charles de Blois est fait prisonnier à la bataille de La Roche-Derrien (Côtes-d’Armor) 10. Il est retenu prisonnier pendant neuf ans en Angleterre avec quelques libérations temporaires. En 1347, la trêve de Calais entre Philippe VI et Edouard III suspend le conflit. Jeanne de Blois consacre son énergie à rassembler le prix de la rançon exigée pour la libération de son époux. Chaque partie occupe des territoires à l’intérieur de la Bretagne. Ainsi des Franco-Bretons - de Jeanne de Blois - tiennent Josselin (Morbihan) tandis que des Anglo-Bretons - de Jeanne de Montfort - sont à Ploërmel (Morbihan).

Le « Combat des Trente » est gagné par les Franco-Bretons

Le 26 mars 1351 a lieu le « Combat des Trente » à la lande de Mi-Voie, entre Josselin et Ploërmel (Morbihan). Cet affrontement, gagné par les Franco-Bretons sera magnifié ultérieurement mais il s’agit plus d’un duel collectif, donnant l’occasion aux chevaliers de montrer leur courage, que d’un épisode militaire. —  GICQUEL, Yvonig, Le combat des Trente, Coop Breizh, 2004. —

Les Anglo-Bretons tiennent Ploërmel

Le 1er août 1351 la guerre reprend. Les partisans de Jeanne de Blois et de Jeanne de Montfort s’affrontent de nouveau en Bretagne. Les alentours de Josselin et de Ploërmel connaissent les envahissements successifs des troupes blésoises (franco-bretonnes) et montfortistes (anglo-bretonnes). Ces dernières occupent toujours Ploërmel et c’est en vain que Jean II, vicomte de Melun, grand chambellan de Philippe VI, aidé du maréchal Jean de Beaumanoir, tente de reprendre la ville. —  LEGUAY, Jean-Pierre et MARTIN, Hervé, Fastes et malheurs de la Bretagne, Ouest-France, 1982, 435 p., (« "Ouest-France" université »), Voir en ligne. [pages 100-101] —

16 novembre 1351. Jean II le Bon fonde l’Ordre de l’Étoile

Jean II le Bon, successeur du roi de France Philippe VI de Valois, crée l’Ordre de l’Étoile en 1351, en réponse à la création de l’Ordre de la Jarretière en 1348 par Édouard III d’Angleterre.

La cérémonie inaugurale a lieu à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), le 6 janvier 1352. Ses statuts prévoient de regrouper autour du roi les cinq cents meilleurs chevaliers de la noblesse française. D’après ces statuts, les chevaliers ne doivent jamais tourner le dos à l’ennemi et jurent de ne pas reculer plus de quatre pas.

Ce serment prêté lors de la première fête de l’Ordre de l’Étoile coûte la vie à de nombreux chevaliers à la bataille de Mauron en 1352.

[...] c’est ainsi qu’en 1353, dans une simple embuscade tendue en Bretagne les Anglais du parti de Montfort, nombre de chevaliers de l’Étoile se feront inutilement tuer parce que leur serment leur interdit de rompre l’engagement pour se rassembler. Friand de prouesses mais non de suicides, le chroniqueur Jean le Bel date de ce premier combat l’effondrement de l’Étoile : « Onques puis ne fut parlé de celle noble compagnie, et m’est avis qu’elle soit allée à néant, et la maison vague demeurée. Il est de fait que nul ne parle plus de l’Étoile. »

FAVIER, Jean, La Guerre de cent ans, France Loisirs. Arthème Fayard, 1980, 680 p. [ Page 186]

Sous le règne de Charles V (1364), cette décoration est tellement distribuée qu’elle en perd toute valeur. L’Ordre devient alors moins un ordre de chevalerie qu’une marque honorifique. —  WIKIPÉDIA, « Ordre de l’Étoile (France) », sans date, Voir en ligne. —

14 août 1352. La bataille de Mauron

L’arrivée de Guy de Nesle à la tête des troupes françaises

En mars 1352, à l’initiative du nouveau roi de France, Jean II le Bon 11, une importante armée française est rassemblée et mise sous le commandement d’un capitaine général et souverain pour le pays de Bretagne, Guy de Nesle 12 , seigneur d’Offemont, maréchal de France. S’y rallient de nombreux capitaines bretons pro-blésois dont Jean de Beaumanoir ainsi que le seigneur suzerain de Mauron, Raoul IX de Montfort-Gaël, accompagné de son fils et de ses beaux-frères, Jean Ier du Plessis, son capitaine pour Mauron, et Renaud II de Montauban (Ille-et-Vilaine), fils du châtelain du Bois-de-La Roche (Morbihan). Les troupes franco-bretonnes de Guy de Nesle, partant de Rennes et Malestroit (Morbihan), font route sur Ploërmel puis Mauron. 13

Du 15 avril au Ier mai, Gui de Nesle fut à Rennes, où se faisait la concentration de ses troupes. Son but était de débusquer les Anglais des places qu’ils tenaient autour de cette ville, comme Bécherel, Ploërmel, Fougerai [aujourd’hui Grand-Fougeray]. Le 7 mai il était devant la dernière de ces places, qu’il assiégea jusqu’à la fin de ce mois. N’ayant pu la prendre, il planta devant elle une grosse bastille bien gardée, pour attendre son retour, et achemina ses troupes vers Redon, d’où elles devaient gagner Malestroit, tandis qu’il retournait lui-même à Rennes, puis en Normandie, chercher de nouveaux renforts à même destination. Dans l’intention où il était de reprendre l’attaque contre Ploërmel, Malestroit devait être sa base d’opération. Il y était effectivement au commencement d’août (du 2 au 12).

LA BORDERIE, Arthur le Moyne de, Histoire de Bretagne : de l’an 995 après J.-C. à l’an 1364, Vol. 3, Rennes, Jean Vatar, 1899, Voir en ligne. p. 531

Le commandant anglais, Gautier de Bentley, arrive à Mauron

Pendant ce temps le commandant anglais, Walter Bentley 14, forme à Brest une armée anglo-bretonne où se retrouvent des capitaines « montfortistes » dont Tanguy du Chastel, Yves de Tréziguidy et Garnier de Cadoudal. Il s’approche de Ploërmel par le nord et se dirige vers Mauron où un pont ouvre la route conduisant de Saint-Malo à Ploërmel.

En réaction Guy de Nesle s’empresse d’établir ses troupes en ce point névralgique. Le commandant des forces anglaises, Walter Bentley décrit la situation au Lord Chancelier d’Angleterre, l’évêque John Thoresby de Worcester.

Révèrent piere en Dieu, vous please savoir qe, puis mon ariver en Bretaigne, lez gentz qe maveient este ordeignez et moy, avaunt entrer en nul forteresse, avons chivachez par decea et avons taunt esploitez, loiez ent soit Dieu, qe la ville et le chastiel de Ploermelle et de Founger ount este mult bien confortez et vitaillez, et pris par assaut une bastille qavoit este fait par lez enemys devaunt Fonger. Et, ceo fait, mes compaignons et moy chevachons sur le pais sur enemys et taunt qe le marschal du Fraunce, od tut son poar du Fraunce, de Normandie, de Angou, de Maine, de Peyto, de Toraigne, de Xantoigne, et de Bretaigne, on mult graunt nombre des gentz darmes et dautres gentz sauntz nombre vindrent a lencountre de nous, pres dun ville appelle Maurone, entre Rennes et Ploermelle, sur les plaines champs, saunz boys, sannz fossez, od aultre forteresce ; et illesqes nous combatoms ovesqe eaux. 15

MURIMUTH, Adam, Adæ Murimuth Continuatio Chronicarum : Robertus de Avesbury de Gestis Mirabilibus Regis Edwardi Tertii, 1889, Thompson, E.M., H. M. Stationery Office, 1338, Voir en ligne. pp. 415, 416, 417

Parmi les diverses hypothèses concernant la localisation de la bataille, celle qui prévaut la situe aux environs de Brambily.

Selon cette hypothèse, le château de Mauron, situé à Brambily sur la rive droite du Doueff, est commandé par Jean Ier du Plessis au nom de Raoul de Montfort-Gaël. Comme la forteresse de Brambily, de modeste dimension, ne peut abriter qu’une petite garnison, Guy de Nesle investit Mauron qu’il fortifie sommairement. Appuyé sur ces positions, il installe le gros de ses forces, rassemblant cinq mille hommes, dans la prairie de l’Orme, en bas de Mauron de l’autre côté de la rivière, devant le château de Mauron.

Mauron. 56
Le Doueff. Photo : 05/02/2022.
R. Barrat

Le maréchal français, Guy de Nesle, est confiant

Walter Bentley dispose de trois mille combattants. Guy de Nesle, avec ses cinq mille hommes, est persuadé de sa supériorité et lui envoie un parlementaire pour lui proposer un armistice conditionné par le retrait des troupes anglo-bretonnes, ce que le chef anglais refuse.

Walter Bentley choisit de ne pas entreprendre le siège des défenses fixes franco-bretonnes et dans la nuit du 13 au 14 août place ses troupes au sud de Brambily sur les hauteurs à proximité du village du Bran face aux troupes mobiles blésoises concentrées sur la rive gauche du Doueff. Il installe ses archers à l’orée d’un bois bordé de fourrés pour leur permettre de tirer tout en restant à l’abri. Ses troupes dominent la prairie de l’Orme et ses cavaliers sont déployés sur des terres sans obstacles dont la pente favorisera leurs charges.—  GICQUEL, Yvonig, Le combat des Trente, Coop Breizh, 2004. [pages 129-138] —

Mauron. 56
Au nord, les Franco-Bretons, au sud, les Anglo-Bretons. Photo : 05/02/2022.
R. Barrat

Guy de Nesle connait une complète défaite

Le 14 août, la bataille est engagée. Face aux Anglo-Bretons, le maréchal d’Offemont dispose en bas de la prairie ses hommes en trois « batailles » qui combattent à pied. La « bataille » du centre, commandée par le maréchal d’Offemont est constituée de nobles. La « bataille » de droite est sous les ordres du maréchal breton Jean III de Beaumanoir secondé par les vainqueurs du combat des Trente (Even Charruel, Guillaume de la Marche, Renaud de Montauban, Robin de Raguenel, Jean de Tinteniac et Maurice de Tréziguidy). La gauche du dispositif est constituée par un corps de cavalerie de 140 hommes sous les ordres de Roch d’Hangest.

Grâce au tir de ses archers, Walter Bentley bloque les mouvements des troupes de Guy de Nesle. Les arbalétriers de ce dernier ont le soleil dans les yeux et ses cavaliers s’épuisent dans la montée.

Toutefois l’aile gauche franco-bretonne des cavaliers de Roch d’Hangest et de Renaud de Trie, seigneur de Mareuil, finit par renverser l’aile droite anglaise en tuant plus de 600 archers.

Carte de localisation possible de la bataille de Mauron (Y. Gicquel)
—  GICQUEL, Yvonig, Le combat des Trente, Coop Breizh, 2004.
[Page 130] —

Le combat est terriblement meurtrier et en cet après-midi du 14 août, Guy de Nesle connait une complète défaite malgré sa résistance forcenée.

Lieu supposé de la bataille
Prairie de l’Orme sur Geoportail. 05/02/2022.
A. Bellido

L’auteur anonyme de La Chronique normande (1369-1372) 16 donne de nombreux détails d’une bataille à laquelle il a vraisemblablement participé.

Lors alerent contre leurs ennemis et les ençontrerent prés de Mauron, et lors les Anglois descendirent à pié et se mistrent le long d’une haie, laquele ilz mistrent derriere leur dos, et mistrent leurs archiers sur leurs costez, dont ilz avoient bien VIII cens. Et Guy de Neelle, mareschal de France descendi à pié, lui et toutes ses gens, devant les Anglois, excepté le sire de Hangest que il ordonna à demourer à cheval à tout bien VII hommes d’armes pour courre seure aux archiers. En cele place ayoit grans herbes, qui greverent moult les François, qui estoient à pié, car ilz alerent courre seure aux Englois, et les Englois ne vindrent se petit non encontre eulz, et si aloient les François un petit en montant, par quoy ilz en furent plus grevez. Et toutes voies perdirent les Englois terre à l’assembler et ressortirent jusques à leur haie, mais une grant route de François, en estoit le sire de Hambuie et le sire de Beaumanoir, partirent et s’en alerent. Et lors Englois recouvrèrent, et fut la bataille très dure et ala le sire de Hangest assembler aux archiers et les desconfit, et furent bien mors plus de VI cens. Mais les Anglois, qui combatoient à pié, desconfirent le mareschal et sa route. Là fut mort le dit mareschal et le seigneur de Briquebéc, le viconte de Rohan, le seigneur de Quintin, le sire de Tintigniac et le chastellain de Beauvaiz, et tant que il y mourut vu VII bannefes et XLIIII chevaliers, et y eut bien en tout VIII cens hommes d’armes des François mors et pris, et des Anglois y eut grant foison de mors et pris. Cele journée ne vesqut gueres Gautier de Vantelay, car il y fut mout durement navrez.

MOLINIER, Auguste et MOLINIER, Émile, Chronique normande du XIVe siècle, publiée pour la Société de l’histoire de France, Librairie Renouard, Paris, 1882, Voir en ligne. pp. 105-106

Les historiens évoquent le carnage de la bataille de Mauron : près de deux mille morts, a-t-on dit, restent sur le terrain.

Selon les sources, entre 50 et 140 chevaliers franco-bretons périssent avec le maréchal Guy II de Nesle et Alain de Tinténiac, héros du Combat des Trente. Nombre d’entre eux, titulaires de l’Ordre de l’Étoile, mourront fidèles à leur serment de ne jamais reculer. Il faudra deux jours pour retrouver le cadavre du maréchal Guy de Nesle d’Offemont. —  INFOBRETAGNE, « Mauron », sans date, Voir en ligne. —

L’importance du nombre des morts et des blessés cause un choc moral dans les deux partis. Bien qu’il soit d’usage de faire des prisonniers et d’éviter de tuer, car un prisonnier vaut rançon, ici la bataille s’est emballée. Des historiens ont expliqué cette tuerie par le serment des chevaliers blésois de ne pas reculer ni de se rendre.

La mort des principaux capitaines et les pertes en hommes affaiblit gravement les deux partis mais n’a pas de conséquence politique décisive.

Pendant douze années se suivent des escarmouches dispersées sur le territoire du duché, alternant avec des trêves et des transactions, notamment une proposition de partage nord et sud refusée par Jeanne de Penthièvre.

1364 — Auray. La fin de la Guerre de Succession

Les sièges de Rennes 17 et de Dinan par les anglais du duc de Lancastre, en 1356 et 1357, mobilisent peu de troupes franco-bretonnes.

Le 29 septembre 1364 à la bataille d’Auray (Morbihan) sont face à face Jean de Montfort et Charles de Blois. Charles de Blois est tué, c’est la fin de la Guerre de Succession de Bretagne. —  WIKIPÉDIA, « Bataille d’Auray (1364) », sans date, Voir en ligne. —

En 1365 le traité de Guérande (Loire-Atlantique) est signé. Jean de Montfort est reconnu duc de Bretagne sous le nom de Jean IV. —  WIKIPÉDIA, « Traité de Guérande (1365) », sans date, Voir en ligne. —

Pourquoi si peu de sources et d’échos ?

La littérature concernant la bataille de Mauron est pauvre et quelquefois contradictoire. La plupart des sources sont anglaises, quelques-unes françaises, aucune d’entre elles n’est écrite par un auteur breton. Voir Mauron - III.

Les nombreux auteurs qui mentionnent la bataille de Mauron citent les noms de quelques combattants anglo-bretons et ceux d’un grand nombre de combattants franco-bretons. Parmi ces derniers, certains sont difficilement identifiables. La liste des protagonistes à la bataille de Mauron fait elle aussi l’objet d’un article annexe .

Il est à noter que les auteurs anglais donnent plus de détails et de noms de combattants. La source principale provient du vainqueur de la bataille lui même, le commandant des forces anglaises Walter Bentley. —  MURIMUTH, Adam, Adæ Murimuth Continuatio Chronicarum : Robertus de Avesbury de Gestis Mirabilibus Regis Edwardi Tertii, 1889, Thompson, E.M., H. M. Stationery Office, 1338, Voir en ligne. pp. 415, 416, 417 —

Les auteurs français, Johannes Cuvelier et Jehan Froissart ne consacrent que quelques lignes à cette bataille. —  FROISSART, Jean et BUCHON, J.A.C., Les Chroniques de Sire Jean Froissart. Livre I, Partie II/Chapitre XII, 1835, Voir en ligne. — La Chronique normande et Guillaume de Saint-André apportent plus d’informations.—  MOLINIER, Auguste et MOLINIER, Émile, Chronique normande du XIVe siècle, publiée pour la Société de l’histoire de France, Librairie Renouard, Paris, 1882, Voir en ligne. — C’est Dom Morice qui au 18e siècle mentionne le plus d’éléments concernant cette bataille. —  MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne., Vol. 2, Paris, Charles Osmont, 1744, Voir en ligne. p. 312 —

L’historien Frédéric Morvan rappelle qu’à Mauron, ce n’est pas Jeanne de Penthièvre qui avait perdu mais le roi de France. C’est en effet Philippe VI de Valois qui finance cette guerre. Est-ce une des raisons pour laquelle peu d’historiens contemporains mentionnent l’évènement. —  MORVAN, Frédéric, La chevalerie bretonne au temps de Bertrand du Guesclin. 1341-1381, Vannes, ICB, 2014, 760 p., (« Histoire »). —

Est-ce que la mort du maréchal Guy de Nesle, déjà fait prisonnier à Saint-Jean d’Angély (Charente-Maritime), pousse la royauté à dissimuler le désastre et les nombreux morts ?

Cette bataille survient peu de temps après le Combat des Trente gagné par les Franco-Bretons, glorifié alors qu’il est symbolique et ne change rien à la guerre entre Blois et Montfort.

Jean-Christophe Cassard révèle que le comportement des troupes lors de la bataille entraîne ipso facto la disparition de l’Ordre de l’Étoile nouvellement créé par Jean le Bon. Est-il préférable de ne pas ébruiter l’affaire ? Il explique en partie le manque de sources par les destructions systématiques d’archives opérées dans le duché au sortir de la guerre. —  CASSARD, Jean-Christophe, La Guerre de Succession de Bretagne, Coop Breizh, 2006, 350 p. [pp. 101-102-133 et 276]  —

En effet, après 1364, le duc Jean IV cherche à freiner l’enquête en canonisation de Charles de Blois. Vanter le succès de ses alliés anglais à Mauron ne peut donner que des arguments au clan des Penthièvre, autant rester discret.

Le Centre régional de documentation pédagogique - CRDP - de Bretagne édite en 1998, Bretagne, une histoire. Les auteurs sont Louis Élégoët, professeur d’histoire, et Yves Le Gallo, agrégé d’histoire. William Marois, recteur de l’académie de Rennes, indique leur objectif en avant-propos : permettre aux jeunes de mieux connaître l’histoire de la Bretagne —  ÉLÉGOËT, Louis, Bretagne, une histoire., CDRP de Bretagne, 1998, 225 p. [Page 72] —

Dans cet ouvrage, sous le titre La guerre de Succession de Bretagne, le Combat des Trente est signalé mais pas la bataille de Mauron.

Un lieu de bataille incertain

Aucune des sources historiques n’indique clairement le lieu de la bataille. Dans la mémoire collective, il est ancré comme étant la « prairie de l’Orme » au sud-est de Mauron.

Plusieurs questions se posent. Pourquoi la bataille a-t-elle eu lieu à Mauron ? Situé au carrefour des voies gallo-romaines Vannes-Ploërmel-Dinan et Rennes-Quimper, est-ce que Mauron est aussi important stratégiquement ? Quelle était la taille du château de Brambily aujourd’hui disparu, de Mauron, de sa population ?

La topographie autour de Mauron - une alternance de collines - permet de situer le lieu sur de multiples sites. Les historiens ont retenu cinq sites.

  • En 1582, Bertrand d’Argentré mentionne le « chasteau de Bresuily ou Brebily ». Brambily est sur la commune de Saint Léry. Est-il le premier à citer le château de Brambily ? Quelle est sa source ? —  ARGENTRÉ, Bertrand d’, L’Histoire de Bretagne, des roys, ducs, comtes, et princes d’icelle, Rééd. 1668, Rennes, Jean Vatar et Julien Ferré, 1582, Voir en ligne. p. 303 —
  • En 1847, Cayot-Delandre 18 retient le site du Bois-de-la-Roche, sans apporter d’arguments décisifs. Le Bois-de-La-Roche est à huit kilomètres au sud-ouest de Brambily.

L’endroit où se livra la bataille n’est pas indiqué de manière précise dans l’histoire ; mais on peut supposer qu’elle eut lieu dans le voisinage du village du Bois-de-la-Roche, car on y a trouvé, il y a environ trente ans, en ouvrant un chemin, une très grande quantité d’ossemens.

CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1847, Voir en ligne. pp. 335-336
  • Alfred Higgins Burne, en 1955, dans The Crecy War, situe le combat au nord-ouest du château de Brambily. —  BURNE, Alfred Higgins, The Crecy War, Rééd. 1999, Wordsworth Editions, 1955, Voir en ligne. pp. 237 à 247 —
Alfred Higgins Burne
Plan de la bataille de Mauron. The Crecy War. 1955. Page 237.
  • Au cours des années 1950, la famille Pellan, exploitante de la prairie de l’Orme, y a trouvé des débris d’armes ainsi que des lambeaux de vêtements dans des champs proches de la chapelle voisine. Le plan réalisé par Marcel Pellan laisse à penser qu’il situe la bataille au sud-ouest de la ferme de L’Orme, là où on remarque des talus.
Le lieu de la bataille d’après M. Pellan Marcel
Sources : Gilles Montgobert et Joseph Boulé.
  • En 2011, Tom Oberhofer indique un autre lieu. Il écrit « La bataille va opposer près de Brambily ou, pour certains, sur la Lande de La Chapelle près de La Saudraie » mais finalement rejette cette dernière hypothèse. 19
Lieux de la la bataille
Source : site Internet cité.

Au sud du château disparu de Brambily, on constate que le centre présumé de la bataille se situe dans une cuvette marécageuse. Est-ce encore le cas en été ? Les Franco-Bretons sont à environ 60 à 65 mètres d’altitude alors que les Anglo-Bretons sont à environ 90 mètres. Cette différence de 30 mètres est un réel avantage pour les Anglo-Bretons. Le bois qui se situait derrière les troupes anglo-bretonnes n’existe plus. — Visite de terrain des encyclopédistes du 5 février 2022 —

Mauron. 56
Vue vers le sud, les Anglo-Bretons occupent le haut de la pente. Photo : 05/02/2022.
R. Barrat
Lieu supposé de la bataille
Lorme 3 : Vue vers le nord, vers les positions de Franco-bretons
05/02/2022
A. Bellido

Un monument commémoratif à Mauron

Les trois blocs de schiste du site mégalithique des Champs Morgan ont été choisis en 1974 pour servir de base au « monument commémoratif » de la bataille de Mauron (1352).

Le maire Henri Thébault (1921-1986) décide de les faire transporter dans le bourg de Mauron, faisant fi de la rumeur qui prédit la mort à ceux qui déplacent les pierres de menhir ou de dolmen. Les braves hommes qui s’attelèrent à la tâche furent victimes de ces funestes prévisions...

Encyclopédie de Brocélande
Ancienne stèle commémorative de la bataille de Mauron (vers 1974)
Les pierres des Roches des Champs Morgan ont été utilisées pour le monument.

Les trois pierres restent sur le monument commémoratif jusqu’en 1997. La municipalité de Mauron décide alors de le remplacer par un monument contemporain conçu par le sculpteur Dominique Le Tarnec. Les pierres sont replacées sur la lande.

Monument commémoratif de la bataille de Mauron
Photo : 04/03/2013.
R. Barrat

Des reconstitutions de la bataille

Mauron n’oublie pas ce moment fort de son histoire. À plusieurs reprises des reconstitutions ont lieu. La dernière restitution de la bataille par des enfants se déroule en 2015.

Reconstitution de la bataille de Mauron
Photo : 19/06/2015.
R. Barrat

Combien de mois entre le Combat des Trente et Mauron ?

Selon le calendrier julien, si le Combat des Trente du 26 mars 1351 a lieu dans les derniers jours de 1351, alors la bataille de Mauron a lieu cinq mois après, le 14 août 1352.

Par contre, si le 26 mars 1351 est au début de l’année 1351, alors la bataille de Mauron a lieu dix-sept mois après.

Prosper Jean Levot écrit en 1857 : Deux ans après le Combat des Trente, Jean de Tinténiac est tué à la bataille de Mauron.
—  LEVOT, Prosper, Biographie Bretonne, Vol. 2, Vannes, Cauderan, 1857, Voir en ligne. p. 899 —

Les autres auteurs ne mentionnent pas l’écart de temps entre le Combat des Trente et la bataille de Mauron.


Bibliographie

ÉLÉGOËT, Louis, Bretagne, une histoire., CDRP de Bretagne, 1998, 225 p.

LEVOT, Prosper, Biographie Bretonne, Vol. 2, Vannes, Cauderan, 1857, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Guerre de Succession de Bretagne », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Jean de Montfort », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Jean III de Bretagne », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Jeanne de Penthièvre », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Charles de Blois », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Philippe VI de Valois », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Édouard III », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Jean IV de Bretagne », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Trêve de Malestroit », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Bataille de Crécy », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Bataille de La Roche-Derrien », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Combat des Trente », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Bataille de Mauron », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Gautier de Bentley », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Guy II de Nesle », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Siège de Rennes (1356-1357) », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Bataille d’Auray (1364) », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Traité de Guérande (1365) », sans date, Voir en ligne.

WIKIPÉDIA, « Jean II le Bon », sans date, Voir en ligne.


↑ 1 • Jean III le Bon (1286-1341), fils d’Arthur II de Bretagne et de Marie de Limoges, vicomtesse de Limoges, sa première épouse, est duc de Bretagne (1312-1341), et comte de Richmond (1334-1341). Son long règne de près de trente ans est pour le duché de Bretagne une période de paix et de prospérité.—  WIKIPÉDIA, « Jean III de Bretagne », sans date, Voir en ligne. —

↑ 2 • Jean de Bretagne, dit Jean II de Montfort (1294-1345), fils d’Arthur II, duc de Bretagne, et de Yolande de Dreux, comtesse de Montfort-l’Amaury, est comte de Montfort-l’Amaury (1330–1345), comte de Richmond (1341–1342), puis duc de Bretagne (1341–1345).—  WIKIPÉDIA, « Jean de Montfort », sans date, Voir en ligne. —

↑ 3 • Jeanne de Penthièvre, dite la boiteuse (1324-1384), prétendante au duché de Bretagne, dame de Mayenne, d’Avaugour, de l’Aigle et de Châtelaudren, comtesse de Penthièvre et de Goëllo, vicomtesse de Limoges, fille de Guy de Bretagne, vicomte de Limoges puis comte de Penthièvre, et de Jeanne, dame d’Avaugour, et comtesse de Goëllo. —  WIKIPÉDIA, « Jeanne de Penthièvre », sans date, Voir en ligne. —

↑ 4 • Charles de Blois est fils de Guy Ier de Châtillon, comte de Blois, et de Marguerite de Valois, sœur de Philippe VI de Valois, roi de France.

↑ 5 • Philippe de Valois, roi de France de 1328 à 1350 est issu de la branche cadette de la maison capétienne, dite maison de Valois, fondée par son père Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV le Bel. Il est né en 1293 et meurt le 22 août 1350. Son fils, Jean (1319-1364), devient roi de France sous le nom de Jean II dit le Bon (1350-1364). —  WIKIPÉDIA, « Philippe VI de Valois », sans date, Voir en ligne. —

↑ 6 • En droit féodal, le baillistre est celui qui a la tutelle des enfants nobles durant leur minorité, et la garde du fief.

↑ 7 • Édouard III, roi d’Angleterre, né le 13 novembre 1312, est couronné le 1er février 1327, à l’âge de 14 ans. Il est également duc d’Aquitaine depuis le 10 septembre 1325. Petit-fils de Philippe IV le Bel, Édouard est pourtant évincé de la succession de France en 1328. Édouard se soumet et rend hommage le 6 juin 1329 à Philippe VI de Valois. Sous le prétexte qu’il refuse de lui livrer Robert d’Artois, ennemi déclaré de la couronne de France, le roi Philippe VI de Valois confisque au roi d’Angleterre le duché d’Aquitaine le 24 mai 1337. Édouard revendique la couronne de France, c’est la guerre. Édouard III meurt le 21 juin 1377. —  WIKIPÉDIA, « Édouard III », sans date, Voir en ligne. —

↑ 8 • Le fils de Jean de Montfort se prénomme également Jean, le futur duc Jean IV. —  WIKIPÉDIA, « Jean IV de Bretagne », sans date, Voir en ligne. —

↑ 9 • Le père et le fils ont le même prénom.

↑ 10 • —  WIKIPÉDIA, « Bataille de La Roche-Derrien », sans date, Voir en ligne. —

↑ 11 • Jean II, dit « le Bon » (graphie ancienne Jehan), né le 26 avril 1319 au château du Gué de Maulny du Mans et mort à Londres le 8 avril 1364, fils du roi Philippe VI et de son épouse Jeanne de Bourgogne, est roi de France de 1350 à 1364, le deuxième souverain issu de la maison capétienne de Valois. Il est sacré roi de France le 26 septembre 1350. —  WIKIPÉDIA, « Jean II le Bon », sans date, Voir en ligne. —

↑ 12 • Guy II de Clermont-Nesle (1326 - 14 août 1352), seigneur de Mello et d’Offémont, est nommé Capitaine Général d’Artois, du Bourbonnais et des Flandres, Boulonnais, Poitou, Limousin, Saintonge, Périgord puis en Anjou, Bretagne et Maine par lettre du roi du 30 août 1350. Il est tué au combat de Mauron le 14 août 1352. —  WIKIPÉDIA, « Guy II de Nesle », sans date, Voir en ligne. —

↑ 13 • D’autres auteurs parmi lesquels Arthur Le Moyne de La Borderie indiquent que Guy de Nesle arrive de Redon par Malestroit. Il précise par ailleurs que Ploërmel reste aux Anglo-Bretons. —  LA BORDERIE, Arthur le Moyne de, Histoire de Bretagne : de l’an 995 après J.-C. à l’an 1364, Vol. 3, Rennes, Jean Vatar, 1899, Voir en ligne. p. 531 —

↑ 14 • Gautier de Bentley ou Walter Bentley est un chevalier anglais décédé en décembre 1359. Au cours de la guerre de Cent Ans, il est le vainqueur de la bataille de Mauron le 14 août 1352 lors de la guerre de succession de Bretagne. Il épouse vers 1349 Jeanne de Belleville, mère du connétable de France Olivier V de Clisson. Au titre de ses faits d’armes, Bentley reçoit de nombreux fiefs en Bretagne, entre autres « les terres et châteaux de Beauvoir-sur-Mer, d’Ampant, de la Barre, de la Blaye, de Châteauneuf, de Villemaine, de l’Île-Chauvet et des îles de Noirmoutier et Bouin ». —  WIKIPÉDIA, « Gautier de Bentley », sans date, Voir en ligne. —

↑ 15 • Transcription en français de la lettre en anglo-normand de Walter Bentley au Lord Chancelier d’Angleterre, l’évêque John Thoresby de Worcester :

« Révérend père en Dieu, qu’il vous plaise de savoir que, depuis mon arrivée en Bretagne, les hommes qui avaient été placés sous mes ordres et moi-même, avant d’entrer en quelque place forte, avons chevauché de ce côté et tant accompli, loué soit Dieu, que la ville et le château de Ploërmel et de Fougerai (Le Grand-Fougeray) ont été fort bien confortés et approvisionnés, et avons pris d’assaut une bastille qui avait été édifiée par les ennemis devant Fougerai. Et ceci fait, mes compagnons et moi avons parcouru le territoire contre l’ennemi, jusqu’à ce que le maréchal de France et toutes les forces de France, de Normandie, d’Anjou, du Maine, du Poitou, de Touraine, de Saintonge et de Bretagne, et un très grand nombre d’hommes d’armes et d’autres gens sans nombre viennent contre nous, près d’une ville appelée Mauron, entre Rennes et Ploërmel, sur champs ouverts, sans bois, sans fossés, ou autre défense ; et c’est là que nous nous sommes battus contre eux. Ce fut la veille de l’assomption de notre Dame, entre l’heure des vêpres et le soleil couchant ; et, par la grâce de Dieu et le bon droit qu’Il maintient, les ennemis furent totalement déconfits et sans perdre trop d’hommes de notre côté, loué soit Dieu. Là sont morts le sénéchal d’Anjou, le sénéchal de Benavent, le vicomte de Rohan, monseigneur Johan Frère, le seigneur de Quintin, le seigneur de Tinténiac, le seigneur de Rochemont, le seigneur de Montauban, le monseigneur Renaud de Montauban, monseigneur Robert Raguenel, monseigneur William de Launey, monseigneur Aufrey de Montboucher, monseigneur Guillaume de Vieuxchastel, monseigneur Guillaume de La Marche, et d’autres chevaliers jusqu’à sept cent morts, avec les écuyers qui s’élèvent jusqu’à cinq cent morts sur les champs, tous en cotte de maille, et gens du commun sans nombre. Et y furent pris le seigneur de Bricquebec, fils du maréchal Bertrand, monseigneur Tristan de Maignelais, le seigneur de Malestroit, le vicomte de Coëtmen, monseigneur Geoffrey de Coëtquen, monseigneur Johan de Laval, le seigneur Incher, monseigneur Charles d’Argeville, monseigneur Johan de la Musse, et plusieurs autres chevaliers et écuyers, jusqu’à huit cent, parmi lesquels, morts ou prisonniers sont bien jusqu’à 45 [la copie anglaise indique 54] chevaliers de rang.

Robert de Avesbury. Des actes admirables d’Edouard III

↑ 16 • En 1882, Auguste Molinier, traduit et analyse La Chronique normande. Page XV, Auguste Molinier fait l’hypothèse que l’auteur assiste à la bataille.

Il accompagna peut-être, vers le même temps, les seigneurs normands qui allèrent en Bretagne rejoindre le maréchal de Nesle, et prendre part au désastreux combat de Mauron (14 août 1352) ; il connaissait tout au moins quelques uns de ces chevaliers, et a pu, grâce à eux, donner un récit très exact des péripéties de l’action.

↑ 17 • La ville de Rennes est assiégée d’octobre 1356 à juillet 1357 par le duc de Lancastre Henry de Grosmont qui finit par lever le siège moyennant le versement d’une forte rançon.—  WIKIPÉDIA, « Siège de Rennes (1356-1357) », sans date, Voir en ligne. —

↑ 18 • François-Marie Cayot-Delandre est un historien et antiquaire breton. Il est né à Rennes le 13 mars 1796 et meurt à Vannes le 7 septembre 1848.