1796-1848
Cayot-Delandre François-Marie
Un érudit morbihannais du 19e siècle
François-Marie Cayot-Delandre est un historien et antiquaire breton. Il est l’auteur d’un inventaire historique et archéologique du Morbihan dans lequel il décrit des sites mégalithiques d’Augan, de Saint-Léry et de Tréhorenteuc.
Éléments biographiques
François-Marie Cayot-Delandre est né à Rennes le 13 mars 1796. Son père, Noël-Louis-Marie Cayot-Delandre, capitaine au 8e régiment d’artillerie à pied, est tué au siège de Castro-Ordiales, en Espagne, dans la nuit du 11 au 12 mars 1813. François-Marie a 17 ans. Il doit renoncer à des études militaires pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Quelques années plus tard, grâce à l’appui du général Foy, il est nommé chef des Bureaux de la Direction des Contributions Directes à Vannes, emploi qu’il conservera toute sa vie.
Cayot-Delandre mène également des études en Histoire et Antiquités. Son premier ouvrage, paru en 1833, est un inventaire du Morbihan dans lequel il condense des recherches dans des domaines très variés. — CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Annuaire statistique, historique et administratif du Morbihan, Vannes, de Lamarzelle, imprimeur-libraire, 1833, Voir en ligne. —. Entre 1833 et 1846, il publie treize tomes de l’Annuaire historique et administratif du Morbihan. Les cinq premiers comprennent un essai biographique des principales personnalités bretonnes. Ce travail conduira Cayot-Delandre à collaborer avec l’historien Prosper Levot (1801-1878) à l’écriture de la Biographie Bretonne, importante publication en deux tomes qui retrace la vie des bretons les plus illustres — LEVOT, Prosper, Biographie Bretonne, Vol. 1, Vannes, Cauderan, 1852, Voir en ligne. —. En 1834, il publie un ouvrage remarqué, en deux volumes, sur l’histoire de France. — CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Tableau abrégé de l’Histoire de France, depuis le commencement de la monarchie jusqu’à l’avènement de Louis- Philippe, Rennes, Molliex, 1834. —
Sa prédilection va cependant au domaine des Antiquités pour lesquelles il se passionne. Secrétaire de la Société archéologique du département du Morbihan de 1826 à 1833, il reprend le travail d’inventaire entamé par le chanoine Mahé.
À cette époque, la Société Polymathique se préoccupe déjà de la protection des antiquités du Morbihan. Le 6 février 1828, à la demande du chanoine Mahé, le comte de Chazelles (préfet du Morbihan) envoie une circulaire à tous les maires de son ressort pour leur prescrire de verbaliser « contre tous les individus qui tenteraient de mutiler ou de s’emparer des monuments celtiques qui peuvent exister dans votre commune… ». Après le décès de Mahé (1831), seuls deux nouveaux membres s’intéressent aux antiquités morbihannaises : Gaillard et Cayot-Delandre.
Son œuvre principale et dernier ouvrage parait en 1847. Cet inventaire est la somme d’une vie de recherche dans le domaine des Antiquités. — CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1847, Voir en ligne. —
François-Marie Cayot-Delandre meurt à Vannes le 7 septembre 1848, après deux années de souffrances dues à la maladie contractée en explorant les localités décrites dans le Morbihan
. — LEVOT, Prosper, Biographie Bretonne, Vol. 1, Vannes, Cauderan, 1852, Voir en ligne. p. 502 —
Brocéliande dans l’œuvre de Cayot-Delandre
Cayot-Delandre est un historien emprunt des préjugés de son époque. Il considère ainsi le roi Arthur comme un personnage historique et le présente comme l’allié du roi Hoël de Bretagne à qui il aurait fourni des troupes de chevaliers.
Arthur est le chef de ces excellens chevaliers de la Table-Ronde, merveilleux types de bravoure et de galanterie chevaleresque, auxquels les romanciers ont fait une renommée si fabuleuse, et l’on sait que l’enchanteur Merlin, archi-druide et prophète, si célèbre par ses aventures avec la fée Viviane, fut le législateur de cette institution.
Cayot-Delandre s’intéresse à l’Histoire des communes de la région de Brocéliande, Concoret, Néant/Yvel, Mauron, Saint-Léry et Tréhorenteuc. Empruntant ses références à Baron du Taya, il localise la forêt de Brocéliande à proximité de ces villages morbihannais.
Tréhorenteuc est sur la lisière de l’antique et mystérieuse forêt de Brocéliande, forêt sacrée qui fut la demeure de l’archidruide Merlin et de la fée Viviane, son amante, dont la magie le retient éternellement enchanté sous un buisson d’aubépine. C’est là que se trouvent le Val sans retour et la merveilleuse Fontaine de Baranton, les chevaleresques souvenirs des hauts faits d’Arthur, des pas d’armes et des exploits des chevaliers de la Table-Ronde. Cette prestigieuse forêt de Brocéliande, aujourd’hui prosaïquement appelée forêt de Paimpont, devait autrefois couvrir tout le territoire de Tréhorenteuc. Les vestiges du culte druidique se retrouvent sur divers points de cette petite commune.
Mentions de mégalithes et de sites archéologiques en Brocéliande
Cayot-Delandre décrit plusieurs sites mégalithiques de la région de Brocéliande dans son inventaire du Morbihan. — CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1847, Voir en ligne. —, notamment les sites archéologiques d’Augan :
A quelques pas de là on voit les débris d’une roche aux fées qui parait avoir eu 15 mètres de longueur. Dans le bois de Lémo, ainsi qu’auprès des villages de la Ville-Marquer et de Brambelec, il existe de semblables restes. C’est dans cette commune, sur le haut mamelon de Quénédan, qui est une dépendance du manoir du Bois-du-Lou, qu’on trouva, en 1820, un dépôt de plus de deux cents de ces instrumens de bronze qu’on a découverts en si grande quantité dans divers lieux, et dont on n’a pu jusqu’ici reconnaître l’usage.
François-Marie Cayot-Delandre décrit aussi le site des Buttes aux Tombes en Tréhorenteuc :
Tréhorenteuc. — Les vestiges du culte druidique se retrouvent sur divers points de cette petite commune. Le plus remarquable de ces monumens est une figure trapézoïdale de 24 mètres sur 5, formée d’une soixantaine de pierres de 1 mètre 30 à 1 mètre 60 de hauteur, et dont une partie sont renversées. Sur le sommet d’un mamelon qu’on nomme Butte des Tombes, on voit les restes de trois tumulus, dont l’un est encore surmonté d’un petit menhir. A peu de distance de ce lieu est un monument nommé Jardin des Tombes ; il a la forme d’une plate-bande élevée d’environ 60 centimètres ; douze pierres l’accompagnent. Deux ou trois autres plates-formes de cette espèce se trouvent dans diverses parties de la commune ; la plus remarquable a 40 mètres de longueur sur 8 de largeur ; elle était bordée de pierres dont un certain nombre sont encore en place ; ces sortes de monumens, que j’ai déjà signalés dans d’autres communes, me paraissent être des sépultures.
Il mentionne enfin la présence de tumulus sur la commune de Saint-Léry.
Saint-léry. — Cette très-petite commune possède deux tumulus voisins l’un de l’autre et élevés d’environ 4 mètres.
Ses descriptions des sites mégalithiques de Brocéliande sont approximatives. Cayot-Delandre, qui ne s’est vraisemblablement pas rendu sur les sites d’Augan et Tréhorenteuc, comme l’avait noté Félix Bellamy, a très certainement puisé dans les notes que l’abbé Marot lui a communiquées en juin 1847 pour écrire son inventaire :
Il est singulier que Cayot-Delandre ait signalé ce qu’on ne sait retrouver et qu’il omette de mentionner ce que tout le monde vous indique dans le pays - quand on y va.