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(700-400 av. J.-C.)

Le dépôt de haches du Fieux en Gaël

Un trésor du premier Âge du Fer

Un dépôt de haches à douille armoricaines à été découvert en 1881 au « Fieux » en Gaël. L’archéologue Jacques Briard a classé ces haches à douille armoricaines en bronze dans le type de « Couville », daté du premier Âge du Fer (700-400 av. J.-C.)

La découverte du dépôt en 1881

Le dépôt du « Fieux » en Gaël a été découvert en septembre 1881, lors de la construction de la voie de chemin de fer de La Brohinière à Ploërmel. Il consiste en soixante-deux hachettes en bronze trouvées à vingt centimètres de profondeur. Les objets furent rapidement dispersés mais l’action de l’ingénieur Manaire permit d’en retrouver une cinquantaine. Quarante-deux ont rejoint les collections du Musée de Rennes en 1884 et huit du Musée des Antiquités Nationales à Saint-Germain-en-Laye. —  DECOMBE, Lucien, « Extraits des procès-verbaux : séance du 8 janvier 1884 », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 17, 1884, p. I-XXXVII, Voir en ligne. pp. V-VI —

Le dépôt du Fieux et l’archéologie contemporaine

L’archéologue Jacques Briard s’est intéressé aux trois dépôts de haches du Bronze de Gaël découverts au Boriga, à la Ville-Roux et au Fieux. Ce dépôt, dans un premier temps classé au Bronze Final comprend des haches à douille de type armoricain de « type de Couville », du nom du dépôt trouvé au « Champ Houguet » sur la commune de Couville, dans la Manche, où trois cents haches furent découvertes en 1852. Ce type de hache est désormais daté du premier Âge du Fer (700-400 av. J.-C.).

Parmi les haches à douille armoricaines se distingue une série d’instruments de petit modèle de 7 à 8 cm de long en moyenne, réplique en modèle réduit des haches de type normal dont elles conservent les caractéristiques essentielles.[...] Les haches du type Couville ont été trouvées en abondance tant en Haute-Bretagne que dans le Cotentin ou la Mayenne. De grands dépôts sont connus en Ille-et-Vilaine (Saint-Soladre, Rennes, Gaël, Miniac-Morvan, etc..), dans la Manche, mais aussi la Mayenne.

BRIARD, Jacques et VERRON, Guy, Typologie des objets de l’Age du bronze en France, Fascicule 4, Haches (2), Paris, Société Préhistorique Française, 1976, Voir en ligne. [pages 59-60]
Hache à douille - dépot du Fieux en Gaël
Petite hache à douille avec anneau latéral du type de "Couville". L’ouverture est de largeur 2.4 (au tranchant) cm ; largeur 1.9 (douille) cm, longueur 7.5 cm, profondeur 2.4 cm, épaisseur 0.4 cm ; forme quadrangulaire ; il manque un morceau de la douille. Le tranchant érodé est rectiligne, ainsi que les bords. On devine une barre horizontale en relief sous le bourrelet. - n° 884.0001.4
Musée de Bretagne

Des dépôts moins riches ou mélangés ont été trouvés en Normandie, dans la Somme et le Centre. Le commerce des haches de Couville a même touché l’Alsace ou la Drôme. Cent soixante et une haches provenant de vingt-quatre dépôts ont été trouvées en Bretagne, parmi lesquelles les soixante-trois haches du Fieux en Gaël.

Toutes les haches appartiennent au type de Couville, variante courte des haches à douille armoricaines, longues de 7 à 8 cm. Elles sont en métal apparemment très plombeux et de mauvaise qualité, ce qui explique le nombre élevé, environ les deux-tiers, d’instruments brisés, ou mal venus à la fonte. Quelques-unes montrent encore à l’intérieur de la douille des restes de la matrice interne en argile jaune ocre qui a servi lors de la coulée. Les anneaux latéraux sont parfois mal venus, brisés ou oblitérés quand ils ne sont pas remplis par un apport de corrosion. D’autres se sont brisés. Quelques haches sont décorées assez maladroitement. Les motifs géométriques et simplistes se résument à de larges chevrons ou à des nervures légèrement divergentes. Les traits décoratifs sont irréguliers et parfois interrompus. Deux décors sont plus incertains et ne sont peut-être que des accidents secondaires : un quadrillage irrégulier sur le plat de la hache et un petit chevron sous le bourrelet. Le décor le plus simple et le plus fréquent reste une modeste barre horizontale sous le bourrelet de la douille. D’après les dimensions les haches sortent de moules assez différents mais la corrosion, les nombreuses cassures et les défauts de coulée rendent difficile la recherche des séries sorties des mêmes moules. Le dépôt du Fieux est typique d’une production abondante en Haute-Bretagne et dans le Cotentin à l’extrême Bronze Final vers 700 avant J.-C. et que l’on considère le plus souvent comme de nature prémonétaire.

BRIARD, Jacques et BOURHIS, Jean-Roger, « Les Dépôts de l’Âge du Bronze de Gaël (Ille-et-Vilaine) », Annales de Bretagne, Vol. 80, 1973, p. 21-33, Voir en ligne. pp. 28-32

La découverte du Fieux pose la question de l’origine de ces dépôts du premier Âge du Fer (700-400 av. J.-C.), enterrés pour des raisons que l’on ne peut que supposer.

Avec la cachette du Fieux, est abordé l’éternel problème des haches à douille armoricaines. Le nombre des dépôts de ce type pourrait être l’indice de périodes troubles et agitées, analogues à celle que l’Histoire a montré riche en enfouissements monétaires (IIIe siècle). Mais aussi la mauvaise qualité des alliages plombeux et la multiplication des centres de production avaient pu amener une période de crise commerciale conduisant à la réalisation de nombreux stocks invendus. Quant au type des haches du Fieux il se rattache parfaitement à la zone localisée en Ille-et-Vilaine et au sud du Cotentin spécialisée dans la production de cette hachette de type moyen.

Briard, Jacques (1973) op. cit., p. 33

Jacques Briard est revenu une dernière fois sur le dépôt du Fieux suite aux fouilles archéologiques des années 1980 en forêt de Brocéliande.

Les haches à douille armoricaines sont abondantes dans la périphérie de Brocéliande. Le troisième dépôt de Gaël, celui du Fieux, [...] comprenait 63 haches du type de Couville, de 7 à 8 cm [...]. Ces haches plombeuses sont assez abimées. Elles conservent souvent leur matrice d’argile à l’intérieur. Les décors sont rares, limités le plus souvent à une barre horizontale sous le bourrelet de la douille (fig. 79).

BRIARD, Jacques, Mégalithes de Haute-Bretagne. Les monuments de la forêt de Brocéliande et du Ploërmelais, structure, mobilier, environnement, Vol. 23, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1989. [pages 59-60]
Le dépôt de haches du Fieux en Gaël

Bibliographie

BRIARD, Jacques et BOURHIS, Jean-Roger, « Les Dépôts de l’Âge du Bronze de Gaël (Ille-et-Vilaine) », Annales de Bretagne, Vol. 80, 1973, p. 21-33, Voir en ligne.

BRIARD, Jacques et VERRON, Guy, Typologie des objets de l’Age du bronze en France, Fascicule 4, Haches (2), Paris, Société Préhistorique Française, 1976, Voir en ligne.

BRIARD, Jacques, Mégalithes de Haute-Bretagne. Les monuments de la forêt de Brocéliande et du Ploërmelais, structure, mobilier, environnement, Vol. 23, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1989.

DECOMBE, Lucien, « Extraits des procès-verbaux : séance du 8 janvier 1884 », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 17, 1884, p. I-XXXVII, Voir en ligne.