aller au contenu

1945 - 2015

Le site de Point-Clos - III

De la Libération à 2015

Onze ans après la Libération, Point-Clos perd définitivement sa fonction militaire et aéronautique. Une succession de projets émergent alors et s’enchevêtrent sans se compléter vraiment, selon des logiques plus ou moins discordantes.

Le retour à la vie civile du camp d’aviation de Point-Clos

doc2436

1945-1951 — Le début de la démilitarisation de Point-Clos

L’entreprise Rol-Lister de Rennes est chargée de la remise en état sommaire du camp. Elle procède en 1945 et 1946 au retrait des munitions laissées à l’abandon, au déminage et au comblement des trous de bombes. Elle entreprend un vaste programme de nettoyage des ruines.

Des trois hangars initiaux, un seul a échappé aux bombardements. Il est démonté dans les années cinquante pour être remis en service pour le G.A.E.L. (Groupement Aérien d’Entraînement et de Liaison) sur la base de Villacoublay (Yvelines).

En 1951, les manœuvres « Tipperary », conjointes avec les troupes anglaises, marquent la dernière utilisation militaire d’envergure du camp de Point-Clos.

1955 — Le déclassement du terrain militaire

Le terrain d’aviation militaire est déclassé en 1955. Louis Bobet y atterrit avec son avion personnel 1.

Un relevé détaillé des vestiges est fait dans la perspective d’une valorisation ultérieure du site —  OFFICE NATIONAL DES FORÊTS, « Projet d’aménagement du site de Point-Clos. Communautés de communes de Mauron en Brocéliande et du Pays de Saint-Méen », B.E. Rennes, 2002. —. Il montre un état de dégradation relativement important dû en partie aux destructions volontaires que la Luftwaffe a opérées avant de fuir devant les Américains.

Cette année-là a lieu une course cycliste. Elle se déroule sur un circuit constitué des voies reliant en périphérie du camp les alvéoles utilisées par la Luftwaffe pour parquer ses avions. À cette occasion un restaurant provisoire est ouvert dans l’ancienne kommandantur située le long de la route Paimpont-Gaël.

La kommandantur en 2018
Alain Rissel

À la fin des années cinquante, quelques rares manifestations locales utilisent encore ces anciennes voies de circulation recouvertes partiellement de végétation.

1959 — L’ Office National des Forêts (O.N.F.) acquiert les terrains

Des pins maritimes sont « semés » 2 par l’O.N.F. sur les anciennes pistes situées sur Gaël. L’arboretum, situé entièrement dans la partie hors des pistes sur la commune de Concoret, fait l’objet d’un recensement des espèces 3.

La population se réapproprie rapidement l’espace du camp d’aviation. Il devient un terrain de jeu pour les adolescents des environs. C’est aussi un endroit propice à la flânerie pour les jeunes gens. Certains s’y essaient à la conduite automobile. C’est la fin officielle du terrain d’aviation de Gaël, connu depuis sous l’appellation « site de Point-Clos ».

1960 — Le dépôt d’ordures ménagères de Point-Clos

Au sortir de la guerre, les ordures ménagères font l’objet de dépôts « sauvages ». Pour en éviter la prolifération, les ordures ménagères sont centralisées en 1960 en un lieu unique : une décharge à ciel ouvert 4. Elle se situe sur la commune de Gaël, à gauche de la route allant de Paimpont à Gaël, en face du lieu de commémoration édifié en 2002.

La mise en valeur de Point-Clos : entre souhaits et réalités

Dans la première moitié des années soixante, comme partout ailleurs, la vie reprend son cours. Au plan économique, la société française en pleine expansion est alors au milieu des « Trente Glorieuses » 5. L’agriculture à Gaël, à Concoret et à Muël, comme dans l’ensemble du monde rural, se développe selon le modèle productiviste soutenu par un syndicalisme agricole en pleine mutation. La nouvelle usine Citroën de Chartres-de-Bretagne (35), proche de Rennes, organise le ramassage quotidien de ses ouvriers ; ils sont nombreux dans les communes autour du massif forestier de Paimpont. Rien d’étonnant à ce que le site du camp d’aviation de Point-Clos - vestige d’un passé révolu - tombe rapidement dans l’oubli.

Il faut attendre la fin des années soixante-dix pour qu’émerge un premier projet de valorisation de ce qui n’est plus qu’un simple lieu-dit. Ce futur ne s’oriente pas vers une mise en valeur du site historique à proprement parler. Il s’inscrit malgré tout dans l’histoire de Point-Clos liée, dès l’après-guerre, à la collecte des ordures en provenance de huit communes du secteur. Jusqu’en 1974, elles sont collectées par l’entreprise Bureau que reprend, cette année-là, un jeune entrepreneur de Gaël : Maurice Théaud.

1976 — Construction d’une usine de traitement des déchets ménagers

La loi de 1975 oblige les communes à traiter les déchets 6. Elle trouve son application dans l’extension de la fonction « réceptacle » de Point-Clos imposée - de fait - par la pratique de la collecte des ordures instaurée par l’entreprise Bureau. Cette loi impose par ailleurs, aux collectivités locales, de s’organiser sous la forme de syndicats pour le traitement des ordures ménagères. Le Syndicat Inter Communal de Traitement des Ordures Ménagères (SICTOM) est créé en 1975.

En 1976, avec l’accord d’André Guillou (1928-2016), président du tout nouveau SICTOM, l’entreprise Maurice THEAUD se propose de construire une usine et ultérieurement d’en assurer le fonctionnement. Un an plus tard elle est édifiée dans une ancienne carrière en contrebas de la route Paimpont-Gaël.

Le 22 octobre 1977, cette usine est inaugurée par André Guillou, vice-président du conseil général et président du SICTOM centre-ouest 35, en présence d’Olivier Philip (1925-2013) préfet de Région et de François Le Douarec (1924-2008) président du conseil général.

La première usine de traitement des déchets à Point-Clos
M.A. Théaud

Le 27 juin 1992 messieurs Edouard Lacroix préfet de Région, Yvon Bourges président du conseil régional, Pierre Méhaignerie président du conseil général et André Guillou président du SMICTOM 7 inaugurent la déchetterie et la presse de l’usine.

1992 Inauguration à Point-Clos
M.A. Théaud

1999 — Le mur d’escalade

Le château d’eau de l’ancien camp d’aviation datant de 1925, toujours debout, est transformé en 1999 en mur d’escalade 8. Cette initiative originale permet de protéger l’édifice d’une destruction certaine et représente une première action porteuse d’avenir pour Point-Clos 9.

Le chateau d’eau de Point-Clos
Un mur d’escalade aujourd’hui déséquipé
Mylène BESSON 2013

Marc Kerrien conseiller régional défend l’idée d’une valorisation du site 10.

Toutes les conditions sont réunies pour réaliser un site touristique permettant de dynamiser le secteur tout en complétant le site de Brocéliande. Je souhaite vivement que ce camp de Point-Clos soit non pas un point final à une histoire déjà écrite, mais un point de départ pour une nouvelle dynamique de développement de nos communes.

Pierre Pompéi, maire de Concoret, déclare à la suite de la réalisation du mur d’escalade 11 :

Nous envisageons maintenant une réhabilitation de l’arboretum et du camp de Point-Clos avec la création de la Maison de la Forêt.

À cette même occasion, Maurice Théaud, représentant du conseil général d’Ille-et-Vilaine 12, rappelle la volonté des élus face à une occupation « sauvage » du site.

[...] De ne plus voir l’implantation de raves parties pour garder nos sites dans un état propre et agréable et de disposer d’un site touristique digne de ce nom à la porte de la forêt de Brocéliande.

2000-2002 — Les raves party de Point-Clos

Il est vrai que depuis le début des années 2000, le phénomène des « raves party » 13 se développe sur Point-Clos. L’ensemble du site, bien que privé, est facile d’accès. Les quelques barrières situées à l’entrée des voies entourant l’ancien aérodrome n’empêchent pas de pénétrer au plus profond du site. Il est de ce fait propice à des occupations ponctuelles, principalement sur la partie de l’ancien camp située sur la commune de Concoret.

Ainsi, estime-t-on à près de 10 000 le nombre de participants qui assistent le samedi 7 août 2002, à l’une des plus importantes « free party » sur Point-Clos.

Lors de ces premières manifestations festives, des incidents ont lieu, obligeant les responsables du site d’accélérer la clôture des bassins servant de réserves pour les incendies. Des travaux de mise hors de danger de certains vestiges sont réalisés afin d’éviter, par exemple, l’escalade de la cheminée, seul témoin de la cuisine de l’ancien camp. Toutes les issues des bâtiments encore debout sont murées.

Une rave party à Point-Clos
Fin de « rave »
Anonyme Ouest-France

À la fin des années 2000, Point-Clos attire encore des raveurs fidèles à cet endroit. Ils sont cependant moins nombreux que par le passé 14.

2000-2002 — L’avant-projet de remise en état des pistes

À la fin des années 1990, un avant-projet émanant de comités sportifs départementaux regroupés dans l’Union des Sports Aériens en Bretagne (USAB) imagine la remise en fonction des pistes de Point-Clos pour une pratique de loisirs sportifs aériens.

Entraîné dans l’aventure par Jacques de Certaines 15, du club de parachutisme de Meucon (56) avec le soutien de la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative de Bretagne (DRJSVA) un groupe de travail commence à élaborer un profil d’équipements pour une pratique de tous les sports aériens sur le site. Des contacts sont pris avec l’antenne Ouest de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) pour lever a priori les doutes quant à une éventuelle indisponibilité de l’espace aérien. Il s’avère qu’au-dessus de Point-Clos on peut disposer d’un volume de quatre-mille mètres d’altitude dans un rayon de trois kilomètres libre de toute circulation aérienne 16.

L’idée d’une restauration de l’aérodrome de Point-Clos commence à faire son chemin auprès des élus locaux. C’est dans le courant de l’année 2002, à l’occasion de l’inauguration d’une stèle rappelant les évènements survenus à la Libération dans le camp d’aviation, que la presse se fait l’écho de certains projets à propos desquels personne n’a encore vraiment réfléchi. Dès le 2 juillet 2002, « l’Hebdomadaire d’Armor » annonce que l’ancien camp d’aviation de Point-Clos va être réhabilité.

L’ancien camp d’aviation de Point Clos bientôt réhabilité ?
ANONYME, « Une piste aérienne bientôt à Gaël ? », L’Hebdomadaire d’Armor, 6/7, 2002.

Un mois plus tard, un article de Ouest-France, reprenant une partie du discours prononcé lors de l’inauguration du mémorial, précise l’ampleur du projet. Les idées d’aménagement vont bon train.

[...] il est question de faire du Point-Clos un endroit touristique et historique de l’aviation. L’arboretum existe déjà et devrait être remis en valeur. Les vestiges existants seraient conservés. [...] Bref c’est un musée de l’aviation avec des jeux et des attractions qui pourraient y voir le jour dans les années à venir.

LE LUYER, Serge, « L’aérodrome du Point-Clos naît en 1925 », Ouest-France, 4 août, 2002, Voir en ligne.

2002 — L’inauguration du mémorial

Mary Ann Krall, américaine mère d’accueil - aux USA de l’une des filles de Claude Josse, maire de Gaël de 2008 à 2014 - intriguée par l’histoire qu’on lui raconte du camp de Gaël entreprend en 2000, pendant un an, des recherches au sein des archives militaires américaines. Elle y trouve effectivement plusieurs fois le nom de Gaël. Ses recherches aboutissent à retrouver les noms des vétérans de l’USAF ayant séjourné à Point-Clos et notamment un certain Clayton Kelly Gross.

Clayton Kelly Gross et Mary Ann Krall en 2002 à Point Clos

À partir de ce moment, une correspondance s’installe entre la France et les Etats-Unis. Elle aboutit à la venue de Clayton Gross pour l’inauguration d’une stèle à la mémoire des aviateurs américains qui ont atterri à Point-Clos en 1944.

Point-Clos vers un nouvel essor
Clayton K. Gross, vétéran US au moment de l’inauguration du mémorial
LE LUYER, Serge, « L’aérodrome du Point-Clos naît en 1925 », Ouest-France, 4 août, 2002, Voir en ligne.

Claude Josse se souvient :

Le 3 août 2002, l’inauguration du mémorial de Point-Clos 17 rassemble près d’un millier de personnes en présence de l’attaché militaire d’ambassade des États-Unis, de Clayton Kelly Gross (1920-2016) pilote de l’USAF ayant atterri à Point-Clos en 1944, d’une délégation du Groupement Aérien d’Entrainement et de Liaison (G.A.E.L.), de Villacoublay - jumelé avec la commune de Gaël - conduite par le Général Bellorgey, d’un représentant de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Assistent également à cette cérémonie le député et des conseillers généraux et régionaux.

Ce mémorial, outre l’hommage rendu aux pilotes alliés, symbolise aux yeux des passants un lieu historique que signalent, le long de la route, quelques ruines et un château d’eau inattendu à cet endroit.

Une stèle commémorative marque, au bord des anciennes pistes, l’espace où, à partir de 1925, l’on a construit les trois hangars du camp d’aviation.

Pour cet évènement largement relayé par « Le Ploërmelais », « l’Hebdo des Côtes d’Armor », « Ouest France » et le « Washington Post », Monsieur Théaud rappelle en ce 3 août 2002 :

[...] la volonté des élus c’est d’avoir un site touristique digne de ce nom avant de rentrer dans la forêt de Brocéliande.

Il poursuit sur la question de remise en état des pistes et souligne, qu’au regard des premières démarches faites par les initiateurs du projet, le développement d’activités aéronautiques est possible.

Après avoir entendu les différents intervenants sur ce site de Point-Clos, j’ai envie de dire que depuis la Guerre 1939-1945, il est peut-être dommage d’avoir laissé cet endroit, toutes ces dernières années, quelque peu se désagréger. En limite du Morbihan et à l’entrée de cette belle forêt de Brocéliande nous devons être sensibles à agrémenter ce bosquet dans le cadre de l’aménagement du territoire.

Même que nous sommes en milieu rural nous avons la chance d’avoir une campagne ombragée, nous ne pouvons pas la gâcher, au contraire nous devons faire en sorte d’avoir un site agréable où l’on pourra retenir les passagers de cette départementale 773.

En plus des aménagements de bâtiments, une réflexion est menée par les services de l’Etat et l’Aéroclub d’Ille et Vilaine sur des activités qui pourraient voir le jour dans les prochaines années.

Je n’ai pas l’habitude de faire des promesses sans qu’elles soient réalisables. Il est vrai que si cet aérodrome se réalisait, il pourrait peut-être intéresser certaines sociétés industrielles.

Extrait du discours de Mr Maurice Théaud, conseiller général d’Ille-et-Vilaine, suppléant du député Philippe Rouault ; prononcé le 03/08/2002 à Point-Clos lors de l’inauguration de la stèle aux vétérans US

2002 — Le projet de stade des sports aériens

L’avant-projet de remise en fonction des pistes, au regard des prises de positions publiques des élus locaux, est donc jugé globalement intéressant et semble en bonne voie.

Cette validation, certes implicite, du projet engage ses porteurs dans la phase suivante à savoir la conception d’un stade de sports aériens.

Au printemps 2002, une réunion se tient dans les locaux de la communauté de communes de Montauban-de-Bretagne en présence de la Direction Régionale Jeunesse et des Sports et de la Vie Associative (DRJSVA), d’un représentant de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) et d’un représentant de l’Office National des Forêts (O.N.F.). Des élus de Mauron (56), de Ploërmel (56), de Concoret (56), de Saint-Méeen-le-Grand (35), de Gaël (35) et de Muël (35) assistent à la présentation du projet de stade de sports aériens en cours d’élaboration. L’épineux problème des terrains propriété de l’O.N.F. est abordé. Il semble raisonnable à l’assistance de trouver une solution amiable.

Rien d’essentiel, susceptible de faire renoncer à ce projet, ne vient donc contredire le bien-fondé d’une remise en état des pistes de l’ancien camp d’aviation de Point-Clos.

La mise en place d’un espace qui valorise à la fois les vestiges du camp et l’arboretum et intègre les activités aéronautiques envisagées, va dans le sens des discours du moment.

Un simulateur de saut en chute libre est envisagé. Il sera l’équipement phare du stade 18. L’aéromodélisme tient également une place importante dans l’attractivité du site. Par ailleurs l’aérodrome de Loyat (56), distant d’une dizaine de kilomètres, est envisagé comme partie intégrante du projet. Le stade de sports aériens apparaît alors comme un élément concret participant à la structuration du territoire de Brocéliande.

Malgré tous ces atouts, les initiateurs n’ont pas le temps de développer plus leur concept de stade de sports aériens. Au prétexte - avant même la constitution du dossier - que le simulateur de saut a une consommation importante d’électricité nécessitant la création d’une ligne électrique de forte puissance - trop coûteuse - tout est stoppé net en fin 2002 19.

2002 — L’idée d’une extension de l’arboretum

En 2002, dans la perspective de la création d’une Maison de la forêt annoncée lors de l’inauguration du mur d’escalade trois ans plus tôt, Philippe Durand directeur de l’agence de Bretagne de l’O.N.F. produit un projet d’extension de l’arboretum 20.

Il est possible d’envisager de retenir, comme idée force, la vocation internationale de la base aérienne et son découpage en 5 ou 6 unités [de paysages forestiers] pour mettre en place un arboretum basé sur une répartition des espèces par continents.

Mais l’idée d’une mise en valeur sous cette forme originale de l’arboretum du camp d’aviation situé dans la partie Concoret de Point-Clos perd de sa pertinence dans la mesure où, d’une part la création d’une Maison de la forêt n’a jamais dépassé le vœu pieux et que d’autre part il n’y aura ni stade des sports aériens, ni valorisation des vestiges de Point-Clos. Néanmoins cette idée connue sous l’appellation, parfois abusivement utilisée, d’arboretum des cinq continents reste dans les mémoires.

2003-2015 — Point-Clos : la controverse sur le devenir du site

2003 — Réalisation de la plate-forme T2 compost

Cette année-là, l’entreprise THEAUD SA et le groupe GLON SANDERS 21 aménagent, une plateforme d’une surface d’environ un hectare, bétonnée et clôturée - « T2 compost » - en limite nord des anciennes pistes et à moins de cinq cents mètres à vol d’oiseau du mémorial.

Cette installation a pour fonction de recevoir, en vue de traitement sous forme de compost, des fientes de volailles - en l’occurrence celles de canards des élevages intégrés du groupe GLON SANDERS - des déchets verts et de la farine de viande dont l’utilisation hors brûlage est interdite suite aux évènements de la vache folle.

En juin 2003, Maurice Théaud, moins d’un an après avoir inauguré le mémorial de Point-Clos, en des termes pleins de bon sens - [...] nous sommes en milieu rural, nous avons la chance d’avoir une campagne ombragée, nous ne pouvons pas la gâcher, au contraire nous devons faire en sorte d’avoir un site agréable où l’on pourra retenir les passagers de cette départementale 773. - inaugure, à moins d’un kilomètre de la stèle, en tant que PDG de M. THEAUD SA, en présence du secrétaire général de la préfecture et du député Philippe Rouault 22 la plateforme T2 Compost qui dégage une insupportable odeur pour quiconque.

Point-Clos : le compost à tout prix
ANONYME, « Le compost à tout prix », Le Ploërmelais, 22 avril, 2005, Voir en ligne.

2004 — La contestation s’organise

En 2004, deux actions contestant l’existence de cette plateforme sont alors menées par l’association ASSURE 23. Elles consistent en deux dépôts de poubelles puantes ; l’un à la porte de la salle polyvalente de Gaël lors d’une réunion syndicale du SMICTOM, l’autre devant la résidence de la famille Théaud au Crouais (35).

Les riverains de Point-Clos manifestent à Gaël
Manifestation odoriférante de l’association A.S.S.U.R.E. devant la salle polyvalente de Gaël

Le 12 avril 2005, la préfète met en demeure Maurice THEAUD SA, après inspection in situ par ses services, de se conformer aux textes relatifs au traitement des déchets sous peine de devoir fermer la plateforme. Le procureur de la République est saisi et renvoie l’affaire au pénal. Deux associations - Sauvegarde de Brocéliande et Eaux et Rivières - se portent partie civile sur ce dossier. En mars 2006, Maurice THEAUD SA est contraint d’évacuer les déchets stockés sans pour autant être obligé de remettre le site dans son état initial.. Ouverte à tous vents, la plate-forme T2 Compost est parfois utilisée lors de manœuvres militaires du camp de Coëtquidan.

Assez vite cette contestation se généralise. Elle met au jour la problématique d’un avenir de Point-Clos essentiellement lié au traitement des déchets. L’extension du centre d’enfouissement est perçue comme une menace par une partie de la population locale. La valorisation du site de Point-Clos reste alors une question d’actualité.

2003 — Les patrimoines naturel et historique : des atouts pour la valorisation du site

En 2003, les travaux d’une étudiante de l’Université d’Artois - Géraldine Payou - reprennent cette question en y ajoutant la nécessité de valoriser l’ensemble du site.

Elle souligne le potentiel touristique d’un tel site.

La richesse paysagère du site de Point-Clos est un atout historique et naturel qu’il faut impérativement exploiter. [...] La mise en valeur et l’exploitation de l’arboretum devront être complétées par d’autres attraits destinés à accroître les ressources nécessaires pour le fonctionnement. [...]
Le patrimoine historique est un atout essentiel du camp de Point-Clos. De la bonne mise en valeur de ses vestiges dépend l’avenir du site. C’est un point d’attraction très fort qui devrait intéresser la population locale, les enseignants, les anciens combattants ou les touristes de passage.

PAYOU, Géraldine, « Etude de faisabilité : l’arboretum de Point Clos en Gaël (35) - Concoret (56) au cœur de la Bretagne Centrale », Université d’Artois (C.C.P.S.M.), 2003.

2003 — Le projet de centre de stockage de déchets ménagers

Le 14 novembre 2003, le SMICTOM (Syndicat mixte intercommunal de traitement des ordures ménagères) du Centre Ouest demande à la préfecture de Région une autorisation d’exploiter un centre de stockage de déchets ménagers à Point-Clos.

Le projet proche d’une partie de l’ancien aérodrome est partiellement intégré dans le périmètre d’une ZNIEFF II 24.

Manifestation contre le centre d’enfouissement de Point-Clos
Une des premières manifestations contre le centre d’enfouissement le 23 octobre 2004
Sauvegarde de Brocéliande

Ce projet est situé en tête de bassin sur une hauteur et ne répond pas, tant au niveau de sa localisation que de sa conception, aux exigences découlant de la loi sur l’eau.

Un rapport d’analyses critiques des documents relatifs au centre de stockage et de traitement des déchets ultimes de Point-Clos est rédigé en 2006 par Paul Tréhen 25.

Ce centre de stockage est très important dans l’ensemble de l’aménagement de ce site [Point-Clos]. Il est justifié par l’existence même de l’usine de broyage, mais son installation modifierait fondamentalement les retombées environnementales qu’il constituerait alors avec l’usine. [...] Il est possible que la conception des alvéoles du centre soit efficace pour éviter les infiltrations verticales dans le sous-sol mais l’utilisation du ruisseau du Roz telle qu’elle est présentée dans ce dossier est hasardeuse. Elle ne prend pas en compte les effets cumulatifs liés à l’usine, pas plus que les hypothèses de fonctionnement dans des conditions exceptionnelles de sécheresse ou d’inondation. Or, statistiquement de tels épisodes interviendront très probablemet au cours des deux prochaines décennies.

TRÉHEN, Paul, « Analyse critique des documents relatifs aux centres de stockage et de traitement des déchets ultimes de Point-Clos en Gaël », 2006, Voir en ligne.
Point-Clos dans Charlie-Hebdo
CHARLIE HEBDO du 15/09/2004

Dans son dossier de synthèse, l’association Sauvegarde de Brocéliande conteste aussi le choix du site.

Le Point-Clos est une hérésie. Situé sur un promontoire, c’est le pire endroit pour enfouir les déchets. La forêt est toute proche, il y a aussi risque d’incendie.

Elle évoque aussi le risque de cancers.

Nous avons étudié des chiffres dans un proche rayon autour du site. On s’interroge car le taux de mortalité lié au cancer est anormalement élevé [...]

Point-Clos : les opposants mobilisent
« Prenons notre avenir en main » réunion publique à Gaël le 22 décembre 2005
ANONYME, « Les opposants mobilisent », Ouest-France, 23 décembre, 2005, Voir en ligne.

2006 — La situation paradoxale des uns et des autres

Dès lors une mobilisation sans précédent des habitants et des associations locales s’organise contre le projet. Les contestataires interpellent les élus du département.

Suite à la réunion du 29 août 2006 entre le Collectif déchets et le Conseil Général nous avons trouvé de la part du Président Jean-Louis Tourenne une oreille attentive. Rendez-vous fut pris pour une visite le 11 septembre.
En effet celui-ci voulant se mettre au parfum des poubelles semblait abasourdi parce qu’il entendait. Après une visite de l’ancienne décharge qui semble étonner le Président du Conseil Général, nous lui avons montré l’emprise du futur site projeté.[...] L’article de l’AUDIAR citant Gaël comme l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière de déchets a paru toucher le Président.
Apparemment très ouvert et intéressé il n’en a pas moins conclu : « il faut bien mettre les déchets quelque part ».

Il déclarait dans le journal « Ouest-France » du 17 septembre 2006 26 :

A l’échelle du pays [...] la logique du projet de Point-Clos porté par le Smictom est une démarche courageuse qui va dans le bon sens.

Par ailleurs, des tensions s’accumulent, montrant la relative difficulté de se situer en opposition au centre d’enfouissement. Un court article paru dans la Gazette de Point-Clos n°4 27 souligne une réelle tension suite à une série de dégradations produites au cours de l’hiver 2006-2007. En substance l’article en question se veut, sous la forme d’une réponse à des assertions formulées par Maurice Théaud - à propos d’actes de vandalisme - un plaidoyer pour la préservation de l’emploi local. On peut y lire ceci.

Le succès de nos actions insupporte certains qui ont choisi le vandalisme pour discréditer et calomnier les associations. [...] Les associations ne se mobilisent pas contre une entreprise privée [ndlr. M. THEAUD SA] qui emploie les membres de nos familles et nos amis mais contre une décision arbitraire prise sans garanties suffisantes de protection de l’environnement et de la population locale.

Néanmoins l’entreprise en question est bel et bien partie prenante de cette décision comme en témoignent les nombreux liens unissant son histoire à celle du SMICTOM.

[...] Et qu’on ne fasse pas l’amalgame entre nos actions légales et une bande organisée qui agit comme par hasard le jour de nos actions : la veille de l’opération escargot, des portières de voitures d’employés ont été forcées sur le parking de l’exploitant de Point-Clos. La nuit de la fête de Gaël, des pneus ont été crevés chez le même exploitant [...] Il est ainsi surprenant d’entendre M. Théaud à la réunion de la communauté de communes dire : " ... bien évidemment il y avait eu quelque chose à Gaël le samedi soir".

2004-2007 — Une nouvelle usine : le Traitement Mécano Biologique

En 2004 le SMICTOM porte le projet d’un méga centre d’enfouissement de déchets. Il prévoit d’enfouir annuellement 25 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés (demande faite pour 30 000 tonnes pour faire face aux aléas) dans les quantités suivantes :

  • 16 000 tonnes d’ordures ménagères,
  • 500 tonnes de refus de tri de collecte sélective,
  • 6500 tonnes de déchets non valorisables reçus en déchetterie,
  • 2000 tonnes de déchets industriels banals.

En 2007, l’usine de Traitement Mécano Biologique (TMB) jugée indispensable pour faire fonctionner le centre technique d’enfouissement à Point-Clos reçoit l’aval du préfet.

L’arrêté préfectoral n° 36319 du 8 janvier 2007 autorise le SMICTOM du Centre Ouest à exploiter une usine de prétraitement mécanique et biologique des ordures ménagères avec production de compost au lieu-dit « Point-Clos » à Gaël.

Un article de « Ouest-France » daté du 13 février 2013 rappelle ce que Jean Guillouët, alors élu à Gaël et membre de Sauvegarde de Brocéliande disait quelques années avant :

Gaël est une petite commune, située bien loin à l’Ouest de Rennes... Nous sommes opposés au projet mais nous ne sommes pas entendus [...] l’option TMB n’est pas une solution, c’est un concept qui dit aux gens : ne triez pas, l’usine le fera pour vous. Le compost ? Il sera impropre à la consommation car truffé de métaux lourds et de plastiques. [...] que le Smictom fasse amende honorable et mette une croix définitive sur ce projet. Je propose de faire une collecte sélective des bio déchets, tout ce qui est fermentescible. Il faut aussi investir dans une plateforme de compostage. Et ça ne coûtera pas 15 millions ! »

ANONYME, « « Il faut mettre une croix définitive sur ce projet » - Gaël », Ouest-France, 13 février, 2013.

Dans le même article, Jean Guillouët s’interroge sur les résultats de la coopération entre Gaël, Concoret et Muël (CGM2030) dans ce contexte.

Quel sera l’avenir de nos projets de valorisation du site du Point-Clos : arboretum, fête de la nature, mur d’escalade et tant d’autres que nous menons entre nos trois communes : Gaël, Concoret et Muël ?

2011 — La création de l’Association des Amis de Point-Clos

En février 2011, l’Association des Amis de Point-Clos voit le jour. Elle a pour objectif de faire connaître l’histoire de ce haut lieu de l’aviation civile et militaire. Elle participe à l’animation et à la restauration des lieux en lien avec l’O.N.F. et les communes de Gaël, Concoret et Muël 28.

En 2014, son président Jean-Pierre Le Bourhis, précise l’objectif à moyen terme de l’association.

Il s’agit, avec l’O.N.F., de créer en dégageant les allées encore existantes parmi les vieux bâtiments, « un chemin de mémoire » pour toutes les générations. Dans un premier temps, il faut rendre visibles les bâtiments se trouvant en bordure de la départementale, pour que les lieux retrouvent une existence et reviennent à la mémoire collective.

Un chantier de volontaires à Point-Clos
Association des Amis de Point- Clos

Ce projet de « chemin de mémoire » intègre l’arboretum et doit mettre en valeur la biodiversité des lieux.

Un inventaire des espèces animales et végétales du camp est en cours, réalisé par une stagiaire de la station biologique de Paimpont.

2013-2015 — La mise en liquidation de l’association Sauvegarde de Brocéliande

Le 6 mai 2013, l’association Sauvegarde de Brocéliande est mise en difficulté par une décision du tribunal de grande instance de Vannes.

Suite à une plainte de notre association contre le président du SMICTOM, pour destruction de zones humides et d’espèces protégées, deux plis en recommandé lui avaient été adressés, l’un au siège du SMICTOM , l’autre à son domicile, ceci afin d’être bien sûr qu’il en soit informé. Le président du SMICTOM y voyant une attaque personnelle, a poursuivi notre association devant les tribunaux et la justice lui a donné raison en nous condamnant à payer la somme de 12 000 €. Refusant d’entendre parler d’un paiement échelonné, et devant notre incapacité à payer cash, le tribunal de grande instance de Vannes, à la demande de Mr Chevrel, a prononcé la liquidation de notre association le 6 mai 2013 [...]

Sauvegarde de Brocéliande - Dossier de synthèse, op. cit.
Enterrement symbolique de Sauvegarde de Brocéliande
Point-Clos - mai 2013
Anonyme - Ouest France

En mars 2015, retournement de situation. Un recours formulé à la cour d’appel de Rennes par l’association écarte temporairement la mise en liquidation judiciaire.

L’association Sauvegarde de Brocéliande, dont la liquidation a été prononcée par le tribunal de grande instance de Vannes le 6 mai 2013, bénéficie désormais d’une mesure de redressement judiciaire, décidée par la cour d’appel de Rennes le 15 mars 2015.

Sauvegarde de Brocéliande - Dossier de synthèse, op. cit.

Sauvegarde de Brocéliande dispose de trois mois, jusqu’au 10 juin 2015, pour trouver 13 800 €. C’est la somme qu’elle doit à Philippe Chevrel, par ailleurs président du SMICTOM. C’est ce que le président de l’association, André Besnard, annonce quatre jours plus tard, à son conseil d’administration.

Sauvegarde de Brocéliande en redressement judiciaire
Le président - troisième à partir de la droite - vient d’annoncer la mise en redressement judiciaire de l’association.
Ouest France mars 2015

2013-2015 — Une école de la Forêt à Point-Clos : utopie ou réalité

En 2013, Mylène Besson mène pendant près de six mois une série d’entretiens et d’enquêtes sur le terrain qui aboutit à une nouvelle étude Point-Clos Mémoires d’un camp d’aviation. Elle intègre des éléments de celle réalisée, dix ans plus tôt sur le même thème, par Géraldine Payou. Elle agit dans le cadre d’une action de développement local associant, sous l’égide de l’Atelier de campagne 29 d’Études et Chantiers Bretagne, les communes de Concoret, de Gaël et de Muël. Cette action, connue sous le sigle CGM 2030, se déploie de fin 2011 à mai 2014. Elle a pour objectif d’associer les habitants et les élus de ces trois communes afin d’envisager à l’horizon de 2030 le développement du territoire qu’elles forment ensemble.

Point-Clos symbolise le lieu qui les réunit et constitue l’objet d’un travail collectif de prospective. Cette étude sort sous la forme d’un mémoire documenté présentant une réflexion sur la valorisation du site —  BESSON, Mylène, « Point Clos - Mémoires et valorisation d’un camp d’aviation : historique et réflexions pour la valorisation du site », Rennes, Etudes et Chantiers Bretagne, 2013, Voir en ligne. —. Il est exposé au bureau de la communauté de communes de Mauron en Brocéliande puis à celui de la communauté de communes de Saint-Méen-le-Grand.

Ces présentations suivies, en 2013, de réunions de travail animées par l’Atelier de campagne regroupent des habitants des trois communes 30. Leur but est de voir comment lier, dans des propositions de valorisation, d’une part les deux caractéristiques de Point-Clos : l’histoire du lieu et son côté nature, et d’autre part, de tenir compte des intentions exprimées par plusieurs élus locaux quant à son intérêt touristique.

Les participants aux diverses rencontres achoppent toujours, malgré leur bonne volonté, sur la mauvaise image que donne le centre d’enfouissement. Certains jugent incompatible la valorisation du site, alors qu’à côté, se trouve une activité polluante, voire nauséabonde. Le constat est néanmoins fait qu’il s’agit plutôt de représentations sociales construites dans la population locale dans la lutte menée contre la « plateforme T2 » et l’extension du centre d’enfouissement que d’une absolue réalité. Des voix s’élèvent.

[...] si on ne fait rien parce que soit disant ça sent pas bon, demain quand l’usine fermera puisque le tonnage de déchets à traiter va continuer de baisser, eh bien, il sera trop tard pour faire quelque chose sur le site de Point-Clos. Et pourtant...

Alain Rissel, vice-président d’Etudes et Chantiers Bretagne, chargé du développement (2011-2014)

D’autres pensent, comme Jean-Pierre Le Bourhis, Claude Josse et bien d’autres avec eux qu’il faut mettre au jour les vestiges pour montrer que le site historique de Point-Clos existe encore.

Il arrive même que des idées plutôt saugrenues - quoique sympathiques - mobilisent le temps d’une réunion l’attention de quelques-uns. C’est le cas, par exemple, de l’idée généreuse d’un général de l’Armée de l’air qui propose de léguer à l’association des amis de Point-Clos un avion à réaction réformé - un chasseur du genre Mystère IV - pour être exposé et servir d’étendard à l’entrée du camp, derrière le mémorial.

C’est bien gentil tout ça mais pour l’instant c’est les raveurs qui occupent le terrain. Je vois mal un tel engin résister longtemps à leur imagination débordante. Sans compter les accidents possibles et je ne vous parle pas de l’entretien.

Alain Rissel, vice-président d’Etudes et Chantiers Bretagne, chargé du développement (2011-2014)

Le directeur de l’agence de Bretagne de l’O.N.F. - à cette époque Philippe Durand - voit dans la mobilisation autour du site l’occasion de rappeler son idée d’extension de l’arboretum sous la forme d’un « arboretum des cinq continents ». Il est convaincu qu’il y a là un moyen pédagogique concret, situé au cœur de Brocéliande, permettant la sensibilisation de différents publics à la diversité des forêts dans le monde.

Se pose alors la question d’une éventuelle cession par l’O.N.F. des quelques huit hectares indispensables pour mener à bien tout projet de valorisation . Dans la mesure où, du point de vue des forestiers, l’espace concerné - les vestiges et l’arboretum - n’est pas productif, l’on peut envisager selon Philippe Durand une cession de la superficie en question à peu de frais.

En 2014, une synthèse relative à l’aménagement du site est produite à partir des idées émises par les participants aux réunions de travail et par les élus des trois communes.

Il en ressort un pré-projet de centre d’interprétation et d’animation du patrimoine concernant, à la fois, les communes de Gaël et de Muël en Ille-et-Vilaine et de Concoret dans le Morbihan, et conséquemment, le Pays de Brocéliande (35) et le Pays de Ploërmel-Coeur de Bretagne (56).

Ce document d’une vingtaine de pages est présenté en janvier 2015 dans le cadre de l’action CGM 2030 par Études et Chantiers Bretagne lors d’une réunion de bureau restreint de la nouvelle communauté de communes Saint-Méen-le-Grand / Montauban-de-Bretagne. Le dossier est simultanément déposé auprès du Pays de Brocéliande.

Début 2014, Philippe Durand est muté. Son successeur reprend l’idée d’un aménagement valorisant la partie improductive du site au sens forestier du terme et accompagne sur le terrain l’adjointe au maire de Concoret et les responsables d’Études et Chantiers pour relancer le projet.

Visite du site de Point-Clos par l’ONF
Le nouveau directeur de l’agence régionale de l’ONF (au centre) en compagnie de Sarah Muller adjointe au maire de Concoret et de Anne-Sophie Gandon de l’Atelier de campagne pour une première visite du site de Point-Clos - automne 2014
Alain Rissel

Cette première rencontre sur le terrain du nouveau directeur de l’agence de Bretagne de l’O.N.F. avec Sarah Muller, adjointe au Maire de Concoret et Alain Rissel, confirme l’intérêt de la valorisation des vestiges et de l’arboretum. L’O.N.F. est disposé à céder la superficie nécessaire à l’édification d’un projet d’envergure sous la condition de retrouver hors du site la surface de terrain équivalente. À charge pour les collectivités concernées de fournir cette superficie, ce que ne possèdent pas les communes concernées. Par ailleurs leurs budgets ne permettent pas d’acquérir ailleurs les espaces requis.

Cette obligation rend immédiatement caduc le projet qui reste lettre morte. La présentation au Pays de Ploërmel n’a plus lieu d’être 31.

En 2017, Ploërmel communauté prend cependant un premier contact : Alain Hervé, Ronan Coignard maire de Concoret (vice-présidents), et Jean-Claude Corvaisier, tous les trois membres de la commission aéronautique, sont venus voir comment valoriser le site. Jean-Pierre Le Bourhis souligne : C’est un soutien primordial pour notre initiative. Peut-être s’agit-il des prémices d’une collaboration avec les collectivités voisines.

2015 — Point-Clos : une page se tourne

Le jour du 40e anniversaire du SMICTOM , alors que son président a invité les personnalités, élus et représentants des administrations, à visiter la nouvelle usine, des manifestants bloquent sur la route l’accès aux deux entrées du site, interdisant aux invités d’entrer.

Le 14 octobre 2015 devant l’usine de Point-Clos
Une haie de la honte à Point-Clos le jour de la présentation de
l’usine de Tri Bio Mécanique
Le Ploërmelais

Pour Michel Pichard, conseiller départemental du canton de Ploërmel (56) 32, coincé parmi les invités au milieu de la route, c’est un dossier compliqué que la collectivité doit traiter. Le respect des normes environnementales est exigeant, les ordures ménagères doivent néanmoins être traitées !

C’est au bout de deux heures que Sauvegarde de Brocéliande et Nos Très Chères Poubelles (NTCP) décident de cesser le blocage. André Besnard et Gwenaël Foucré annoncent que les deux associations vont réaliser une haie, pas d’honneur mais de la honte, pour tous les élus présents qui cautionnent le projet.
Cette manifestation - parmi les toutes dernières - est l’épilogue de la longue contestation portant sur l’implantation de l’usine de Traitement Bio Mécanique des ordures ménagères de Point-Clos.

Paul Tréhen soulignait le 13 décembre 2006 dans la conclusion de son rapport d’analyse critique concernant Point-Clos

[...] que la prospective est négligée alors que le site de Gaël est voué au stockage de déchets et au compostage depuis 30 ans et qu’il le sera probablement pour les trente prochaines années [...]
Enfin on y traite de manière très légère l’avis négatif formulé par les populations riveraines, qui de Gaël ou de Concoret vivent depuis 1976 la proximité de telles installations. Si on veut vraiment aborder ce problème de citoyenneté il faut exiger de la part des populations non riveraines une pus grande solidarité y compris dans le financements d’aménagements de compensation qui ne puissent pas être considérés comme des consolations, voire des oboles , mais comme de véritables perspectives d’avenir.
Cette solidarité fait partie du concept de Développement durable avant qu’il ne soit galvaudé.

Neuf ans plus tard, à 17 h 45, alors que la majorité des élus est entrée sur le site, pour fêter les 4O ans du SICTOM, une trentaine de membres des forces de l’ordre dispersent les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes. Tout est terminé à 18 h.

Enfin TOUT... Non ! L’avenir de Point-Clos n’est pas définitivement écrit.


Bibliographie

ASSOCIATION SAUVEGARDE DE BROCÉLIANDE, « Sauvegarde de Brocéliande », 2015, Voir en ligne.

ANONYME, « Une piste aérienne bientôt à Gaël ? », L’Hebdomadaire d’Armor, 6/7, 2002.

ANONYME, « Le compost à tout prix », Le Ploërmelais, 22 avril, 2005, Voir en ligne.

ANONYME, « Les opposants mobilisent », Ouest-France, 23 décembre, 2005, Voir en ligne.

ANONYME, « « Il faut mettre une croix définitive sur ce projet » - Gaël », Ouest-France, 13 février, 2013.

BESSON, Mylène, « Point Clos - Mémoires et valorisation d’un camp d’aviation : historique et réflexions pour la valorisation du site », Rennes, Etudes et Chantiers Bretagne, 2013, Voir en ligne.

LE LUYER, Serge, « L’aérodrome du Point-Clos naît en 1925 », Ouest-France, 4 août, 2002, Voir en ligne.

OFFICE NATIONAL DES FORÊTS, « Projet d’aménagement du site de Point-Clos. Communautés de communes de Mauron en Brocéliande et du Pays de Saint-Méen », B.E. Rennes, 2002.

PAYOU, Géraldine, « Etude de faisabilité : l’arboretum de Point Clos en Gaël (35) - Concoret (56) au cœur de la Bretagne Centrale », Université d’Artois (C.C.P.S.M.), 2003.

TRÉHEN, Paul, « Analyse critique des documents relatifs aux centres de stockage et de traitement des déchets ultimes de Point-Clos en Gaël », 2006, Voir en ligne.


↑ 1 • Louis Bobet, dit Louison Bobet, né le 12 mars 1925 à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine) et mort le 13 mars 1983 à Biarritz, est un cycliste français. Professionnel de 1947 à 1961, il est considéré comme l’un des plus grands coureurs de l’histoire du cyclisme et possède l’un des palmarès les plus riches de son sport. Sa carrière sportive s’achève à la fin de l’année 1961 lorsqu’il est victime d’un accident de voiture - avec son frère Jean Bobet - entraînant plusieurs fractures du fémur et de la cheville. Il se reconvertit dans la thalassothérapie et ouvre en 1964 le premier institut moderne de ce genre à Quiberon. Il développe son entreprise et se consacre également à sa passion pour l’aviation en passant ses brevets de pilote. Quinze ans plus tard, il ouvre un nouveau centre à Biarritz où il meurt d’un cancer, à l’âge de 58 ans.

↑ 2 • Il est impossible de creuser le sol des pistes du camp sans prendre le risque de tomber sur des munitions non explosées. Ce qui interdit le boisement par plantation de jeunes pins. Par ailleurs la technique de l’ensemencement - peu répandue à cette époque en France - est adaptée au type de sol des anciennes pistes de Point-Clos

↑ 3 • En 2002, quarante espèces sont présentes sur le site —  PAYOU, Géraldine, « Etude de faisabilité : l’arboretum de Point Clos en Gaël (35) - Concoret (56) au cœur de la Bretagne Centrale », Université d’Artois (C.C.P.S.M.), 2003. —

↑ 4 • Il n’est pas question à cette époque de traitement des ordures. Une fois déversées en vrac dans le fond d’une carrière, le feu y est mis et couve en permanence.

↑ 5 • Les « Trente Glorieuses » désignent la période de forte croissance économique et d’amélioration des conditions de vie qu’a connue - entre 1945 et 1973 - la grande majorité des pays développés membres, comme la France, de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). La société de consommation prend son envol pendant cette période.

↑ 6 • La loi du 15 juillet 1975 porte sur l’élimination des déchets et la récupération des matériaux. Elle fixe les grands principes de la réglementation relative aux déchets. Les communes deviennent responsables de la collecte et de l’élimination des déchets des ménages.

↑ 7 • En 1983, le SICTOM se transforme en Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères sous le sigle SMICTOM -Ille et Vilaine- CENTRE OUEST.

↑ 8 • Il est utilisé par l’association « Cimes Aventure » au début des années 2000.

↑ 9 • Ce projet reçoit un bon accueil de la part de la communauté de communes de Mauron en Brocéliande qui le subventionne.

↑ 10 • Marc Kerrien est élu et ne fera qu’un seul mandat comme conseiller régional de 1998 à 2004.

↑ 11 • « A Concoret, les grimpeurs au pied du mur...d’escalade. » — Ouest-France, 1999. L’activité escalade cesse dans les cinq premières années après sa création. Le château d’eau est déséquipé en 2017.

↑ 12 • Maurice Théaud dirige son entreprise - Maurice THEAUD S.A.- de collecte et de traitement des déchets créée en 1974.

↑ 13 • Une rave party aussi appelée free party est une fête techno avec de la musique électronique de danse, se tenant généralement dans un lieu inhabituel, tels une forêt, des bâtiments divers et variés, désaffectés ou non.

↑ 14 • Une free party a été organisée dans la nuit du 24 janvier 2016 au lieu dit du Point-Clos à Concoret. La rave-party était organisée, dans la nuit de samedi à dimanche [...] Les gendarmes devaient intervenir, dimanche soir, pour évacuer le camp [...] Le maire de Concoret, Ronan Coignard, apprécie moyennement ce genre de rassemblement, à cet endroit : « Cela devient pénible pour la population, car cela se répète toutes les trois semaines, dès qu’il fait beau. Cela peut aller de 20 à 200 participants. Le site est dangereux. C’est un ancien camp d’aviation. Il peut y rester des munitions et y avoir d’importants trous qui s’ouvrent. »

Ouest-France du 3 avril 2016.

↑ 15 • Jacques de Certaines est né en 1946. Il est enseignant-chercheur. Il a fait presque toute sa carrière de biophysicien à l’Université de Rennes 1 comme directeur du laboratoire de résonance magnétique nucléaire en biologie et médecine de la Faculté de Médecine et chef du département de biologie du Centre anti-cancéreux de Rennes. Il a aussi pratiqué le parachutisme sportif pendant quinze ans. Il a présidé la Ligue de Bretagne de Parachutisme et membre du comité directeur de la Fédération Française de Parachutisme et préside l’école de parachutisme sportif de Vannes

↑ 16 • Le projet de Notre-Dame-des-Landes, en sommeil depuis des années, n’est pas jugé comme obstacle - dans l’avenir - aux évolutions de planeurs, d’avions de voltige et de sauts en parachute.

↑ 17 • Trois mâts sont installés pour la circonstance et resteront à demeure : un pour le drapeau des Etats-Unis, un pour le drapeau français, un pour le drapeau européen. [un drapeau breton y est ajouté quelques années plus tard] La levée des couleurs est faite par l’attaché militaire de l’ambassade US pour le drapeau US et par le Commandant du G.A.E.L. de Villacoublay pour le drapeau français

↑ 18 • Il s’agit d’un concept développé et réalisé par des ingénieurs et architectes français : la chute libre indoor. Le principe repose sur un système de soufflerie qui recrée à la perfection les sensations réelles éprouvées par un parachutiste en plein vol.

↑ 19 • Jacques de Certaines informe au cours d’une rencontre avec le directeur régional de la Jeunesse et des Sports à Rennes qu’en tant que président de l’UBSAB il renonce à poursuivre le projet, pressentant qu’au-delà du problème technique - la ligne électrique dédiée - d’autres raisons vont venir s’opposer à la volonté affichée des élus locaux. [Jacques de Certaines, momentanément handicapé à la suite d’une mauvaise réception au cours d’un saut en parachute, me précise que ce handicap n’est pour rien dans le retrait de l’UBSAB.]

Propos recueillis par A. Rissel alors responsable pour la DRJSVA du projet de stade de sports aériens de Point-Clos

.

↑ 20 • La composition de cet arboretum est fondée sur des types de forêt différents : Forêt Est américaine à dominante feuillue, Forêt Ouest américaine à dominante résineuse, Forêt Ouest européenne à dominante feuillue, Forêt Est européenne mélangée, Forêt circum-méditerranéenne, Forêt asiatique à vocation ornementale

↑ 21 • Basé à Pontivy (56), Sanders Bretagne intervient dans la filière porc - de la nutrition à l’abattage - en passant par l’élevage. Le groupe, constitué d’une cinquantaine de PME implantées dans 40 pays est une filiale du groupe AVRIL dirigé jusqu’en février 2017 - date de sa mort - par Xavier Beulin président de la FNSEA.

↑ 22 • Né le 17 décembre 1962 à Rennes (35), Philippe Rouault est un ingénieur en protection de l’environnement, conseiller général du canton de Rennes Nord-Ouest de mars 2001 à mars 2008 et rapporteur général du budget, de 2001 à 2004. Député d’Ille-et-Vilaine - suppléant M. Maurice Théaud - membre de la commission des finances, rapporteur spécial du budget de l’écologie et du développement durable. Président du groupe d’étude sur l’eau et vice-président du groupe d’études sur les industries agroalimentaires, de 2002 à 2007. Secrétaire général adjoint de l’UMP de 2003 à 2004.

↑ 23 • En mars 2004 se crée - à l’initiative d’habitants des communes de Concoret et de Gaël - l’Association pour le Suivi du Site par les Usagers et Riverains Ensemble. Son objet : être reconnue comme partenaire dans la vie et le fonctionnement du site d’enfouissement de Point-Clos ; pouvoir constater le respect de la réglementation actuelle et future ; avoir un droit de regard en tout temps et sans limitation sur toutes implantations d’activités en lien avec les stockage, le conditionnement de déchets de quelques origines qu’ils soient.

↑ 24 • Les Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) ont pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs du territoire particulièrement intéressants sur le plan écologique.

Les ZNIEFF de type II sont des ensembles géographiques généralement importants qui désignent un ensemble naturel étendu dont les équilibres généraux doivent être préservés. Cette notion d’équilibre n’exclut donc pas qu’une zone de type II fasse l’objet de certains aménagements sous réserve du respect des écosystèmes généraux.

↑ 25 • Paul Tréhen, alors directeur de la Station biologique de l’Université de Rennes I à Paimpont est en tant qu’expert chargé d’une évaluation des documents relatifs à la conception de deux sites en Ille et Vilaine : La Dominelais (canton de Bain-de-Bretagne) et Point-Clos.

↑ 26 • Cité dans la Gazette de Point-Clos n°12 de septembre 2006. Ce journal ronéotypé paraît tous les mois et est distribué sur Gaël et Concoret. Il y aura treize numéros.

↑ 27 • Décembre 2006 ou janvier 2007 : les dates sont imprécises parce que les rédacteurs des gazettes de Point-Clos, sans doute complètement investis dans la contestation ont oublié de dater chaque numéro.

↑ 28 • En 2018 elle compte cinquante adhérents engagés dans des chantiers de débroussaillement des vestiges de l’ancien camp.

↑ 29 • L’Atelier de campagne met la prospective participative au service du développement local durable en milieu rural. C’est un modèle d’intervention adapté aux logiques de développement des petites collectivités rurales. Il est à l’origine du concept d’intercommunalité restreinte.

↑ 30 • Elles se déroulent en 2013 et regroupent à chaque fois une vingtaine de personnes. Elles ont lieu le samedi 24 mars 2013 à Concoret, puis à Gaël, le samedi 5 avril 2013 et à Muël, le vendredi 3 mai 2013.

↑ 31 • Dans le Schéma de COhérence Territoirale (S.Co.T) du Pays de Ploërmel Coeur de Bretagne le site de Point-Clos, sauf erreur, ne figure pas en tant que tel dans la liste des sites relevant du patrimoine à valoriser.

↑ 32 • Michel Pichard est conseiller départemental du canton de Ploërmel (56) depuis mars 2015. Successeur de Guy de Kersabiec. 6e vice-président de la commission permanente du conseil départemental.du Morbihan. Membre de la commission « Aménagement, habitat, équipement du territoire et développement numérique » du conseil départemental.