1991
Le vieux loup de Brocéliande
Un conte d’Ernestine Lorand
Le vieux loup de Brocéliande
est un conte d’Ernestine Lorand dans lequel un loup et un escargot font la course pour savoir lequel des deux est le plus rapide.
Un conte d’Ernestine Lorand
Le vieux loup de Brocéliande
est un conte d’Ernestine Lorand créé en 1991. Construit sur le mode de la fable animalière, ce conte à destination d’un public enfant a été publié en 1995. — LERAY, Christian et LORAND, Ernestine, Dynamique interculturelle et autoformation : une histoire de vie en Pays gallo, Paris, L’Harmattan, 1995, Voir en ligne. —
Nous avons eu l’occasion de discuter entre des animations avec des enfants de la section d’Enseignement Spécialisé du Collège de Montfort. Ernestine leur a notamment raconté un nouveau conte qu’elle vient de créer : le vieux loup de Brocéliande.
Dans le même entretien, Ernestine explique l’état d’esprit dans lequel elle a créé ce conte.
J’aime bien créer des contes pour les enfants, ça me vient tantôt en gallo, tantôt en français. Ça permet de varier la langue dans les animations, comme cela, quand il vient un groupe d’enfants qui connait moins le gallo... Tu vois, je le situe dans la forêt de Brocéliande car tous les enfants qui viennent à La Soett font au moins une randonnée dans la forêt... Autrement, c’est le plus faible qui par sa ruse l’emporte sur le plus fort, et ça, les enfants ils aiment bien.
Le récit intégral du Vieux loup de Brocéliande
Dans la forêt de Brocéliande, il ne restait plus qu’un seul loup, un vieux loup, mais qui courait encore bien.
Ce vieux loup s’ennuyait un peu, heureusement qu’il avait un bon copain : un escargot bien malin qui se méfiait de ses grosses pattes et préférait grimper sur une branche. De temps en temps, le loup venait lui rendre visite et bavarder un peu avec lui. Un jour, le loup dit à l’escargot :
— Je voudrais bien faire une course avec toi. Je cours plus vite et je serai sûrement rendu le premier.
— Chiche, dit l’escargot, demain si tu veux !
Ils fixèrent donc le départ et le chemin devrait être long car le loup avait décidé de se rendre au château de Comper. Il se disait : je vais remplir ma panse, car les rois laissent souvent la table garnie. Je serai sûrement rendu bien avant lui et je pourrai me satisfaire ! Le loup était très fier et voulait partir le premier.
— Je veux bien, dit l’escargot, mais laisse moi donner le départ !
— D’accord, répondit le loup.
— Un, dit l’escargot pendant qu’il grimpait sur la queue du loup,
— Deux, et il se blottit dans la queue touffue du loup,
— Trois, et les voilà partis.
Le loup courait ventre à terre. Il avait chaud et soif ; il s’arrêta à une mare et se désaltéra, puis repartit sans se retourner. Arrivé à Comper, le château était fermé ; alors, il s’est assis pour reprendre son souffle. L’escargot en profita pour descendre et grimper le long de la fenêtre qui n’était pas fermée entièrement. Il y avait une toute petite fente et l’escargot s’y glissa, puis frappa au carreau. Le loup l’aperçut et lui dit :
— Que fais-tu là ?
— Moi, dit l’escargot, je t’attendais depuis presque une heure !
Le loup est parti la tête basse et la queue entre les jambes. Il a couru pour aller se cacher, mais comme il était vieux, son cœur n’a pas résisté et il est mort. Depuis ce temps là, il n’y a plus de loup dans la forêt de Brocéliande
Éléments de comparaison
Le vieux loup de Brocéliande
, aussi appelé Le loup et l’escargot
est un conte du type « Loup ou et renard dupé par plus faible que lui (conte type 5) ».
Le dernier conte créé par Ernestine intitulé Le loup et l’escargot est un conte structuré suivant l’opposition binaire : infériorité physique alliée à la supériorité intellectuelle vs supériorité physique alliée à l’infériorité intellectuelle. Ce conte fait partie de la catégorie classée par Marie-Louise Ténèze sous le titre « Loup ou et renard dupé par plus faible que lui (conte type 5) » classé par Aarne et Thompson en « Animal Tales »
Il s’agit aussi d’un conte étiologique 1 donnant la raison de la disparition du dernier loup de Brocéliande.
Le conte « Le loup et l’escargot » présente aussi la particularité d’expliquer brièvement pourquoi il n’y a plus de loup dans la forêt de Brocéliande. Cela fait partie de la tradition des contes d’animaux qui interfèrent dans le répertoire international d’Aarne et Thompson avec des récits étiologiques qui sont des récits dans lesquels un événement antécédent unique est relaté comme étant la cause d’une manifestation durable - donc toujours constatable - dans la nature. Cause événementielle passée, imaginée, conséquence actuelle réelle et observée, tels sont les deux éléments du récit étiologique.