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Rachilde

lundi 19 mai 2025

Rachilde (1860-1953) : Co-autrice du Val sans Retour, roman sur Brocéliande publié en 1929

Éléments biographiques

Marguerite Eymery, dite Rachilde, est née en Dordogne en 1860 d’un couple déçu d’avoir une fille alors qu’il attendait un garçon—  SILVE, Edith, « Le troisième sexe », in Alfred Jarry : Le surmâle de lettres, 1928, ‎ Arléa, 2007, p. 7-23. [page 8] —

Son père, militaire, s’est engagé dans l’armée d’Afrique avant de poursuivre sa carrière en tant que capitaine jusqu’à la guerre de 1870. A sa retraite en 1872, il devient lieutenant de louveterie dans le Périgord.

Sa petite enfance se passa, entre trois et neuf ans, dans les villes de garnisons que le père, capitaine instructeur, traversait, et où il était détaché pour de longs mois. [...] Cette vie au milieu des soldats valut à la petite Marguerite une éducation négligée, menée « à la hussarde » aux milieu des fêtes, des nombreuses beuveries et des déplacements du 5e régiment de chasseurs à cheval à travers la France.

SILVE, Edith, « Le troisième sexe », in Alfred Jarry : Le surmâle de lettres, 1928, ‎ Arléa, 2007, p. 7-23. [page 9]

Sa mère, excentrique, adepte du spiritisme, hantée par une malédiction familiale liant prêtres parjures et loups-garous, achève sa vie dans un asile d’aliénés de la région parisienne.

A sa majorité, Marguerite quitte le Périgord pour aller vivre de sa plume à Paris. Sa mère qui est lettrée, l’introduit auprès de Marie de Saverny, directrice du journal de mode L’école des femmes. Délaissant ses vêtements féminins pour le port du pantalon, portant des cheveux coupés courts, oxygénés, qui la distinguent de ses consœurs, elle adopte son pseudonyme lors d’une séance de table tournante prétendant que c’est Rachilde, gentilhomme suédois du 16e siècle, qui lui dicte ses œuvres.

Son premier roman, Monsieur Vénus, publié en Belgique en 1884, lui vaut d’être condamnée pour perversité. En 1885, elle rencontre Maurice Barrès - qui la surnomme « Mademoiselle Baudelaire » - avec lequel elle noue une relation amoureuse « compliquée ».

Rachilde rencontre Alfred Vallette, directeur de la revue symboliste du Mercure de France avec lequel elle consent finalement à un mariage de raison en 1889.

En 1893, elle fonde avec son mari, les éditions du Mercure de France. Elle y tient salon le mardi et reçoit des écrivains et poètes comme Jules Renard, Maurice Barrès, Pierre Louÿs, Émile Verhaeren, Paul Verlaine, Jean Moréas, Francis Carco, André Gide, Catulle Mendès, Natalie Clifford Barney, Henry Bataille, Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Léon Bloy, Rémy de Gourmont, Joris-Karl Huysmans, l’astronome Camille Flammarion, Stéphane Mallarmé, ou Oscar Wilde.

Portrait de Rachilde
Portrait de Rachilde par Ernest Gaubert - 1907

Romancière prolifique, autrice de plus de soixante-cinq ouvrages écrits entre 1877 et 1947, Rachilde occupe un rôle majeur dans le monde littéraire français en tant que critique responsable de la rubrique « Les romans » au Mercure de France entre 1896 et 1925.—  SANCHEZ, Nelly, « Rachilde, critique littéraire au Mercure de France », Femmes et critique(s) Lettres, Arts, Cinéma, Presses universitaires de Namur, 2009, Voir en ligne. —

Rachilde perd de son influence à partir de la fin des années 1920, années durant lesquelles Le Mercure de France passe au second plan derrière la Nouvelle revue française d’André Gide. Célébrée par certains, elle est également l’objet de nombreuses critiques en raison de son antiféminisme, de son patriotisme xénophobe et antisémite, et de ses romans tombés dans l’oubli.

Rachilde meurt à son domicile du 26 rue de Condé à Paris le 4 avril 1953. Elle est inhumée au cimetière parisien de Bagneux.

Rachilde et Brocéliande

1907 — La dragonne d’Alfred Jarry

Alfred Jarry (1873-1907), avec qui elle entretient une longue amitié, s’inspire de sa jeunesse pour créer le personnage de Jeanne Paranjeoux dans son roman posthume La Dragonne, enfant rejetée par son père qui aurait souhaité avoir un garçon pour en faire un militaire —  JARRY, Alfred, La Dragonne, Éd. Jean Saltas, La Nouvelle Revue française, Librairie Gallimard, 1943, 188 p. —

La troisième et dernière partie de La Dragonne - restée sous la forme de fragments à la mort de Jarry - se déroule en forêt de Brocéliande. Sentant que la mort l’empêchera de terminer son œuvre, il demande à Rachilde d’achever le roman dans un lettre datée du 28 mai 1906.

J’ai dicté hier à ma sœur le plan détaillé de « La Dragonne ». C’est surement un beau livre. L’écrivain que j’admire le plus au monde voudrait-il le reprendre, utiliser, à son gré, ce qu’il y aura de fait, et le finir, soit pour lui, soit en collaboration posthume ? Elle vous enverra s’il y a lieu le manuscrit aux trois quarts écrit, un gros carton de notes et ledit plan.

Lettre d’Alfred Jarry à Rachilde du 2 mai 1906 in RACHILDE, Alfred Jarry : Le surmâle de lettres, 1928, ‎ Arléa, 2007, 172 p. [page 166]

Rachilde refuse de terminer La Dragonne. Charlotte achève l’oeuvre de son frère qui ne sera publiée qu’en 1943.

1929 — Le Val sans Retour

Le Val sans Retour est un roman régional aux résonances fantastiques écrit à deux mains par Jean-Joë Lauzach et Rachilde. Il est publié aux éditions parisiennes G. Crès & Cie en 1929.

Jean Trégor, avocat au barreau de Brest, à la recherche d’un sens à son existence, rencontre Marie Ragon de la Sallute au cours d’une promenade dans le Val sans Retour. La vieille femme lui propose de la raccompagner à sa demeure, le manoir de Gurwan 1 à Tréhorenteuc. Entrant progressivement dans son intimité, Jean découvre les mystères qui entourent Marie et ses liens avec un loup garou hantant le Val sans Retour. Décidant d’abandonner sa carrière juridique et de se consacrer à la musique, Jean devient son héritier spirituel, lors d’une initiation au bardisme dans le chapitre final du roman.


↑ 1 • Manoir des Rues-Neuves