1748-1820
Charles-François Allaire
Un notable de Plélan-le-Grand sous la Révolution
Procureur fiscal de l’abbaye de Paimpont, Charles-François Allaire a su profiter de la Révolution pour devenir tour à tour député pour les États généraux de 1789, chef de la garde républicaine en 1790 puis le second maire de Plélan en 1799.
Éléments biographiques
Charles-François Allaire, né le 12 avril 1748, à Plélan-le-Grand, est le fils de Charles Allaire (1711- ?) 1, notaire et procureur de juridictions à Plélan-le-Grand et de Jeanne Jouaud (1715- ?). Il a une soeur, Jeanne Marie Allaire 2, née le 18 novembre 1750 dans la maison paternelle située au Gué en Plélan.
Charles-François épouse Anne Marie Laurence Joubaire (1754- ?) 3 le 2 mai 1775 à Plélan-le-Grand. De leur union nait Charles Godefroy Allaire (1777-1850) 4, fondateur d’une dynastie de percepteurs des impôts.
Le surcroît d’hérédité des percepteurs se perçoit encore dans leur propension à se constituer en dynasties administratives locales. Citons, entre bien d’autres, la famille Allaire, de Plélan. Son fondateur, Charles Godefroy, entre dans l’administration du trésor sous le premier empire, et meurt en 1850 après 35 années de service. Son fils, Charles François, devient à son tour percepteur (et même lui succède dans son dernier poste, à Saint-Aubin-d’Aubigné), tout comme ses deux petits-fils, dont l’un, François Quédillac, passe d’abord 33 ans dans les bureaux de la trésorerie générale de Rennes. Ainsi, on le voit, tous les descendants mâles de Charles Godefroy Allaire, jusqu’à la seconde génération incluse, appartiennent à l’administration du Trésor.
Après la mort de sa femme, Charles-François Allaire se remarie avec Louise Julienne Mocudé (?-1837) 5, le 2 octobre 1781, à Paimpont avec laquelle il a cinq enfants.
- Reine Marie Jeanne Allaire (1789-1856) 6.
- Alexandre Clément Marie Allaire (1792-1828).
- Marie Anne Louise Françoise Allaire (1795-1848) 7.
- Charles François Louis Marie Allaire (1796-) 8.
- Perrine Marie Françoise Allaire (1798-) 9.
Durant toute sa vie, Charles François Allaire réside dans la maison familiale située au Gué en Plélan.
Il décède le 4 décembre 1820 à l’âge de 72 ans.
Le procureur fiscal de l’abbaye de Paimpont
En 1787, âgé de 39 ans, Charles-François Allaire remplace son parent Jean-Baptiste Allaire en tant que procureur fiscal de l’abbaye de Paimpont. Il est notamment chargé de la réformation du fief de Saint-Péran — BRETON, Yves, Les génovéfains en Haute-Bretagne, en Anjou et dans le Maine aux XVIIe et XVIIIe siècles, Editions Hérault, 2006. [page 633] —
[Jean-Baptiste] Allaire est remercié et les religieux lui substituent un de ses parents, Charles François Allaire, pour s’occuper de cette tâche qu’il va remplir, lui très fidèlement tout en s’attirant « l’indignation et les murmures des vassaux des fiefs du Loscouët », de 1787 à 1789, il instruit plus de 30 enquêtes.
Aux dires d’un de ses amis, ce qui était rare quoiqu’il fît son devoir, il était aimé de ceux qu’on appelait autrefois vassaux
— Lettre de S. Codet, juge à la cour d’appel de Rennes au préfet d’Ille-et-Vilaine, 19 décembre 1807 — son rôle dans l’écriture des cahiers de doléances de Saint-Péran et Plélan-le-Grand vient cependant contredire cette version.
Les cahiers de doléances de Saint-Péran et Plélan-le-Grand
Le président de l’assemblée de Saint-Péran
Le dimanche 5 avril 1789, les habitants de Saint-Péran se réunissent dans l’église tréviale sous l’autorité de leur procureur fiscal Charles-François Allaire. Ils doivent y consigner leurs doléances afin qu’elles soient portées à l’assemblée du tiers état qui se tient à Rennes deux jours plus tard. Devant le refus du procureur de noter leurs doléances, les habitants se réunissent dans une maison particulière du bourg pour les rédiger à leur convenance. De nombreuses plaintes des Saint-Péranais à l’encontre de Charles-François Allaire ressortent des cahiers de doléances. — SÉE, Henri et LESORT, André, Cahiers de doléances de la sénéchaussée de Rennes pour les États généraux de 1789, Vol. 3, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1909. 4 vol., Voir en ligne. p. 424 —
Le député de l’assemblée de Plélan
Les cahiers de doléances de Plélan sont rédigés le même jour qu’à Saint-Péran, dimanche 5 avril 1789. Ils sont présidés par Godefroy Pierre Joubaire, son ex-beau-père, lui aussi procureur fiscal. Charles-François Allaire est l’un des trois députés de Plélan-le-Grand, élus pour aller porter les doléances aux États généraux à Rennes. Là encore, un groupe s’assemble au pied de la croix du cimetière pour écrire un second cahier plus conforme à leurs doléances. — SÉE, Henri et LESORT, André, Cahiers de doléances de la sénéchaussée de Rennes pour les États généraux de 1789, Vol. 3, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1909. 4 vol., Voir en ligne. p. 409 —
On peut notamment y lire les abus commis par les officiers seigneuriaux de Plélan.
Les membres de justice des seigneurs de notre paroisse nous pillent et nous ruinent de leur coté ; ils ne craignent rien ; ils sont tous les maîtres dans notre paroisse, parce que les seigneurs ne leur disent rien ; quand ils peuvent avoir la dent sur une personne, ils la mettent à aller au pain, ils lui font vendre tout ce qu’elle peut avoir.
Le chef de la garde nationale de Plélan
Charles-François Allaire est élu en 1790, chef de la garde nationale de Plélan. Il forme un corps de 600 hommes qu’il commande avec beaucoup de zèle et parmi lesquels il recrute plus de 280 hommes des premiers bataillons d’Ille-et-Vilaine. Le 14 floréal an II (3 mai 1794), il prend part à la tête de cette garde au combat des landes de Beignon contre les chouans de Joseph de Puisaye. — SÉE, Henri et LESORT, André, Cahiers de doléances de la sénéchaussée de Rennes pour les États généraux de 1789, Vol. 3, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1909. 4 vol., Voir en ligne. p. 409 —
Le maire de Plélan
En 1794, Charles-François Allaire est nommé agent municipal par Boursault, représentant de la Convention .
En l’an VIII, il succède au citoyen Sauvage en tant que second maire de Plélan.
En l’an X (1801), il est notaire à Plélan, et premier suppléant du juge de paix.
En 1807, il est remplacé sur proposition du sous-préfet Maudet. — A.D.I.V. H 9 M in SÉE, Henri et LESORT, André, Cahiers de doléances de la sénéchaussée de Rennes pour les États généraux de 1789, Vol. 3, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1909. 4 vol., Voir en ligne. p. 409 —
Charles François Allaire dans les actes d’archives
Une affaire de justice
20 germinal an VI (9 avril 1798)
Charles-François Allaire est attaqué par le dénommé Étienne Thomas, le 9 avril 1798.
Thomas Étienne. Plélan. Condamné le 18 prairial an 6 pour les injures et pierres lancées le 20 germinal à Charles François Allaire et François Michel Mocudé à 100 francs d’amendes, dépens de 98 francs, étant laissé en liberté comme épileptique
Un propriétaire terrien
13 germinal an VII (2 avril 1799)
Charles-François Allaire achète une maison à la « Basse-Rivière » en Plélan le 2 avril 1799.
Les frères et soeurs de Perinne Regnault vendent pour 600 francs, versé immédiatement, au Citoyen Charles François Allaire, notaire au Gué, une maison à la Basse Rivière, 24 pieds, déport au devant, avec droit d’echellage sur un jardin appartenant au mineur d’Ollivier Lebreton, droit au four de la maison de Julien Delaune et de conduire l’eau descendant de la rue et déport sur la pièce du Palais, au pré de dessous les jardins suivants, joignante du levant à Julien Delaune, du midi avec son déport au jardin suivant, du couchant et nord au mineur d’Ollivier Lebreton ; un pré (moins deux cordes) devant la maison "avec un jardin qui y a été pratiqué et qui en est seulement séparé par une haie de pied nouvellement plantée, environ cinq sillons, du levant à Julien Delaune, du midi à la rivière d’Affe ; 14 sillons dans le clos Riasse, au levant, joignant du levant à la rivière et au clos du Palais, du midi à Julien Delaune, du couchant au mineur Lebreton et à terre de feu Joseph Rolland.
29 prairial an VIII (18 juin 1800)
Il met en ferme une de ses propriétés le 18 juin 1800.
« Devant les nottaires du departement d’Ille et Vilaine à la residence de Plelan, fut present le Citoyen Charles François Allaire, notaire, maire de la commune de Plelan, demeurant au Gué, lequel a loué et baillé à ferme pour trois ans qui auront cours du six messidor prochain... au Citoyen Julien Marie Herviaut, demeurant au chef lieu de la commune de Plelan, present et acceptant : le mesurage des grains qui se vendent aux marchés du Gué de Plelan, et aux foires qui se tiennent sur le territoire de la commune, à charge au preneur d’en jouir conformement aux lois, et notamment sans pouvoir empêcher que tout vendeur mesure ses grains avec son propre demé, et pour la jouissance promet et s’oblige le preneur de payer entre les mains du bailleur, la somme de vingt quatre livres tournois par chacun an... ».