1769-1796
Guyomard Mathurin Louis
Le chef chouan du canton de Concoret
Mathurin Louis Guyomard de Comper est le chef chouan du canton de Concoret. Ce canton est durant les deux premières chouanneries l’une des quatre subdivisions de la division de Saint-Méen commandée par Pierre Robinault de Saint-Régent.
Éléments biographiques
Mathurine Mottay et Louis Guyomard se marient le 4 février 1768 à Concoret. Louis, laboureur des plus aisés et homme influent est propriétaire de « Saint-Marc » à Comper en Concoret. Le 3 octobre 1768 naît leur premier enfant, Mathurin Louis, qui décède le 31 décembre de la même année. Leur deuxième enfant, né le 4 décembre 1769, lui aussi nommé Mathurin Louis, deviendra le chef chouan de Concoret.
Mathurin Louis a six frères et sœurs : Jean (1771-1840) 1, Victor (1772-1800) 2, Anne Mathurine (1773-) 3, Louis-Mathurin (1775) 4, Étienne-Jean (1772-) 5, Pierre (1778-) 6, Laurent Pierre (1780-) 7, Marie Jeanne « Victorine » (1782-1836) 8.
Son père décède le 5 janvier 1791 à Paimpont à l’âge de 46 ans, sa mère le 6 mai 1801 (16 floréal an IX), à 57 ans.
La Révolution
La première chouannerie
Joseph de Boulainvilliers, chef chouan de la région de Mauron, est nommé, avec La Bourdonnaye 9 et Pierre Guillemot 10, à la tête du Comité central des insurgés du Morbihan, créé début juillet 1794 par Joseph de Puisaye. Ce comité organise la chouannerie morbihannaise, jusque-là structurée en bandes autour de leurs chefs historiques. Pierre Robinault de Saint-Régent 11, ex-officier de Boulainvilliers, prend à l’été 1795, le commandement de la division de Saint-Méen forte de 250 hommes.
Mathurin Louis Guyomard est le chef chouan du canton de Concoret 12, l’une des quatre subdivisions de la division de Saint-Méen. Il obtient ce poste d’officier grâce au grand nombre d’hommes qu’il réussit à coaliser. — MONTGOBERT, Gilles, Eclats en Brocéliande : le Pays de Mauron 1789-1800, les mutations du monde rural, Saint-Léry (56), Office Culturel du District de Mauron, 1993. [page 365] —
La seconde chouannerie
Ce n’est qu’à partir de la seconde chouannerie (mai 1795- juin 1796) que le nom de Mathurin Guyomard apparait périodiquement dans les actions royalistes. Les communes du nord de la forêt de Paimpont sont en guerre civile. Au harcèlement des citoyens favorables à la République par les chouans de Guyomard répondent les exactions commises par les républicains.
Le matin du mardi 17 novembre 1795, des patriotes s’en prennent à Guyomard et à sa famille.
- Avant le jour, une centaine de gens armés, tant soldats de Plélan que patriotes de Gaillarde sont venus à St Marc chez Saillard à Comper chez la veuve Louis Guyomard et Louis Lecomte, au bourg chez Maurice Jallu et puis ils sont allés à Rénihal, le Rocher, le Bran, Haligan et ont rejoint la forêt. Dans cette incursion, ils ont beaucoup pillé et ont emmené jusqu’à Rénihal, deux des Guyomard de Comper, enchaînés. Là, ils les ont renvoyés, ne trouvant pas de quoi les accuser.
Mathurin Louis fait-il partie de ces Guyomard de Comper
enchainés puis renvoyés ?
La Bataille du Fresne
Il participe à la bataille du Fresne le 2 décembre 1795, au cours de laquelle il reçoit un coup de pistolet.
Guyomart, chef de canton, et quelques hommes à cheval s’attachèrent à la poursuite des fuyards et furent cause qu’il en échappa si peu. Cet officier, arrivé près de Mauron, somma un grenadier de se rendre ; mais celui-ci se retourna et lui tira un coup de pistolet.
L’exécution d’un meunier
Alors que la guerre civile s’intensifie dans la région de Concoret, les chouans menés par Louis-Mathurin séquestrent et exécutent un meunier favorable aux républicains.
Le 29 germinal de l’an IV (18 avril 1796), Mathurin Guyomard revient du marché de Josselin avec son frère Pierre, Mathurin Morice, Mathurin Tiennot, dit « longues raies », ainsi que cinq autres chouans. Ils se rendent chez le meunier Joseph Morice, dit « Bois Jagu » l’emmènent dans une maison abandonnée du Bran où ils passent la journée du dimanche. Vers le soir, ils se dirigent vers Saint-Léry, rejoints par d’autres chouans qui venaient d’enlever Joachim Théaud et le fils de Jean Baptiste Chochon. Ce dernier est aussitôt relâché par Saint-Régent. Mais le meunier Joseph Morice est assassiné le soir dans le bois du Ferron. Jean Morice, son fils, recevra l’indemnité de 6000 livres de 1791 et le nom de son moulin portera désormais celui de moulin de la Nation.
Cette action sera la dernière menée par le chef chouan qui y trouve la mort. Mathurin Louis Guyomard, âgé de 26 ans, est tué par les républicains de Gaillarde en compagnie de Mathurin Morice, le mardi 19 avril 1796 près de Gaël.
À la longue listes des massacres commis par la garnison de Gaillarde, il faut ajouter, d’après le registre des décès : M. Lemée, curé de Saint Péran, massacré le 13 janvier 1796 ; Jean Hervot, de Concoret ; Dubourg et Le Gel, du bois de la Roche , fusillés le 27 février à Gaël ; M. Hazard, prêtre de Paimpont, tué à Saint-Maugan le 17 mars ; Mathurin Louis Guyomar, âgé de 26 ans, capitaine des chouans du canton, et Mathurin Morice, tués tous les deux auprès de Gaël le 19 avril.
La répression contre les chouans menée par les armées du général Hoche est associée à une proposition d’amnistie pour tout chouan rendant les armes. Le 12 juin 1796, Hoche reçoit les chefs chouans à Vannes. Le 22 la soumission à la République est acceptée. La deuxième chouannerie prend fin.
Le 1er messidor an IV (19 juin 1796), Pierre Guyomard, 18 ans, demeurant à Comper, frère de l’ancien chef de canton, dépose les armes. — Montgobert, Gilles (1993) op. cit., p. 399 —
La famille de Mathurin Guyomard sous l’Empire
Son frère Victor Guyomard a poursuivi l’action contre-révolutionnaire. Il est tué lors de la troisième chouannerie, en février 1800.
Le samedi 1er février, environ 200 soldats et patriotes réfugiés à Ploërmel sont venus à Mauron où ils ont enlevé blés et bestiaux et fusillé trois jeunes gens prévenus de royalisme, savoir Victor Guyomart de Concoret, Besnard et Thebault de Mauron.
Le 4 février 1800, la mère de Guyomard est elle aussi victime de la répression des soldats de Napoléon.
La nuit du 4 février, environ quatre-vingts soldats et patriotes, réfugiés à la forge de Paimpont, font un affreux pillage de linge et bestiaux chez Saillart et la veuve Guyomart de Comper.
Le 10 thermidor an XIII (29 juillet 1805), sa sœur Marie Jeanne « Victorine » (1782-1836) épouse Joseph Jean Guyomart à Concoret. Ce mariage avec le fils de Jean Guyomart, républicain et maire de Concoret 13 apparait comme une réconciliation post révolutionnaire.