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15 au 25 mars 1793

L’insurrection de 1793

Les prémices de la chouannerie dans la région de Brocéliande

L’est et l’ouest de l’Ille-et-Vilaine se révoltent au cours du mois de mars 1793 contre la levée des 300 000 hommes imposée par la Convention nationale. Cette insurrection spontanée annonce les débuts de la chouannerie en mai 1794.

L’insurrection de 1793 en Haute-Bretagne

Le 21 septembre 1792, la Convention nationale succède à l’Assemblée législative et fonde la Première République. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné. Armand-Tuffin, marquis de La Rouërie, instigateur d’un projet d’insurrection royaliste en Bretagne, est traqué suite à la découverte du complot. Il meurt le 25 janvier au château de la Guyomarais, près de Lamballe 1.

Le 24 février 1793 - 6 ventôse an I - la Convention, menacée par une coalition d’armées étrangères 2, vote la levée supplémentaire de trois cent mille soldats. L’urgence des besoins en hommes impose de concentrer les opérations de levée dans la seconde quinzaine de mars. Cette levée en masse, conjuguée à l’usage du tirage au sort pour pallier l’absence de volontaires, provoque l’insurrection simultanée de la jeunesse dans tout l’Ouest de la France 3.

En Bretagne, notamment, des garçons se révoltèrent tout en affirmant « qu’ils se voueroient volontiers au service de la patrie pourvu qu’ils fussent employés dans leur pays ». Par-delà cet attachement au foyer dominait l’idée, nouvelle pour les mutins, que ce n’était pas à eux de défendre une Révolution dont ils ne se regardaient pas comme les principaux bénéficiaires : « A eux de partir ! » répondirent-ils, désignant les acheteurs de biens nationaux et surtout les exempts du recrutement. La loi prévoyait en effet six cas d’exemption parmi lesquels : les administrateurs de département et de district, les juges, les receveurs des contributions et de l’enregistrement, les maires et les officiers municipaux ; en un mot, les « nouveaux maîtres », la plupart honnis de leurs administrés.

FLANET, Rémy, « Les insurrections de l’Ouest de mars 1793 : problème d’identité ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 96 / 4, 1989, p. 467-475, Voir en ligne.

Le refus du recrutement s’explique par l’injustice du système de levée en masse mis en place par la première République. Les conscrits redoutent aussi que les républicains exemptés étendent leur pouvoir sur les institutions et accaparent le foncier, pendant qu’ils se battent aux frontières de la France.

Ce soulèvement n’est pas un coup d’arrêt contre-révolutionnaire mais plutôt une réédition de la jacquerie paysanne traditionnelle, c’est-à-dire une protestation du monde rural contre les prélèvements abusifs des dominants [...]. Les nobles ne sont guère présents [...]. Quant aux prêtres, la succession des décrets et arrêts contre les réfractaires n’avait pas entrainé de soulèvement général. C’est la levée d’hommes qui provoque l’explosion, l’impôt du sang que l’on rejette d’autant que l’autorité qui l’exige n’est plus légitime.

DUPUY, Roger, Les chouans, Paris, Hachette, 1997. [pages 31-32]

La révolte ne se limite pas à des chahuts lors des assemblées de recrutement. Elle prend rapidement la forme d’attaques armées de bastions républicains. Du 15 au 25 mars, l’Ille-et-Vilaine s’embrase. Deux grandes zones - les mêmes que celles touchées par les révoltes agraires de 1790 - sont en rébellion contre la Convention : les districts de Vitré et de Fougères à l’est et ceux de Montfort et de Redon à l’ouest.

Les insurrections de mars 1793 en Bretagne
Carte extraite de : DUPUY, Roger, La Bretagne sous la révolution et l’Empire (1789-1815), Editions Ouest-France université, 2004.

15-18 mars 1793 — Les débuts de l’insurrection

Les premiers affrontements de l’ouest de l’Ille-et-Vilaine entre insurgés et républicains - patriotes - débutent à Mordelles, le 15 mars 1793. Le curé constitutionnel y est molesté et les municipaux patriotes doivent s’enfuir pour ne pas être mis à mort. —  DUPUY, Roger, La Garde Nationale et les débuts de la Révolution en Ille-et-Vilaine (1789 - mars 1793), Paris, Librairie C. Klincsieck, 1972, (« Institut armoricain de recherches historiques de Rennes »). [pages 219-220] —

L’insurrection s’étend. Trois jours plus tard, à Montauban-de-Bretagne, la violence monte d’un cran.

Lettre de la municipalité de Montauban du 18 mars 1793

A notre secours, le sang coule dans nos rues, elles sont hérissées des morts de nos ennemis qui se retirent dans les campagnes pour y chercher du secours, ainsy à nous ! 50 hommes et nous sommes sauvés !

ADIV 9 M 85

Trois cents hommes sont immédiatement envoyés à Montauban, mais le sang a coulé ; huit patriotes ont été tués, plusieurs blessés et le presbytère du curé constitutionnel saccagé.

18 et 19 mars 1793 — L’attaque de Plélan-le-Grand

Un bourg acquis à la République

Mars 1793 ne fut pas seulement marqué par l’attaque des chefs-lieux de district et de département. C’est bien à tous les bastions patriotes que s’en prirent les révoltés, et en particulier, aux bourgs réputés acquis à la cause républicaine.

FLANET, Rémy, « Les insurrections de l’Ouest de mars 1793 : problème d’identité ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 96 / 4, 1989, p. 467-475, Voir en ligne.
Les insurrections de mars 1793 en Brocéliande
Carte adaptée de : DUPUY, Roger, La Bretagne sous la révolution et l’Empire (1789-1815), Editions Ouest-France université, 2004.

Le bourg de Plélan, ilot républicain parmi les communes en insurrection, est la cible principale des insurgés de la région de Brocéliande.

De nombreux plélanais, favorables aux réformes, se sont portés volontaires dans les armées de la République avant même la conscription de mars 1793.

Aussi, lorsque la levée en masse est imposée aux plélanais - soixante-sept habitants de la commune doivent rejoindre le contingent des sept cent trente soldats levés dans le district de Montfort - le conseil municipal demande une dérogation.

Citoyens, Par votre lettre du 6 de ce mois envoyée à l’administration du directoire du district, vous lui avez exposé que cette commune, ayant depuis 15 mois fourni plus de 100 volontaires et qui sont actuellement aux armées de la République, et qu’en conséquence vous la priez d’avoir égard à elle dans la répartition qui devait se faire incessamment. D’après la loi sur le recrutement de l’armée et que les autres communes devaient porter le contingent de Plélan. Que vous a répondu l’administration du district par la lettre du 9 de ce mois, vous a dit qu’il avait réparti entre les communes de ce district le nombre d’hommes à fournir pour le recrutement de l’armée et que dans la répartition il avait pris en considération tout ce que la loi obligeait à considérer. Cependant par son arrêté de répartition du 10 de ce mois de 730 hommes à lever par le district, le district n’a eu aucun égard à nos représentations, et Plélan s’y trouve porté par modération à fournir 55 hommes et Treffendel sa trêve 12. Je crois donc que vous êtes bien fondés à vous pourvoir en dégrèvement suivant l’article 7 du titre premier de la loi du 24 février dernier et que de suite vous en délibériez et nommiez deux commissaires qui se rendront de suite au département et feront valoir vos justes moyens. 4

Conseil municipal de Plélan du 14 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

Le 17 mars, les commissaires envoyés par la municipalité informent le conseil que conformément à l’article 7 du titre premier de la loi du 24 février dernier ils ont obtenu une dérogation de quarante sept hommes sur le nombre à lever sur Plélan et Treffendel. Profitant de leur voyage à Rennes, ils se sont renseignés auprès de marchands sur le prix d’armes et de munitions en vue de renforcer la garde nationale de Plélan. — Conseil municipal de Plélan du 17 mars 1793 —

Le 18 mars 1793

Le 18 mars 1793, deux citoyens demandent l’entrée dans la municipalité de Plélan arguant qu’ils sont en danger et possèdent des informations capitales. Le premier, le citoyen Jean Baptiste Salmon chirurgien demeurant au Bodo informe que cinq à six cents personnes parmi lesquelles il a reconnu des habitants des communes de Loutehel, Maxent et Plélan, se sont rendues au Tertre à Guer et qu’ils comptent se rendre à Plélan le jeudi suivant pour assassiner le curé constitutionnel et plusieurs autres personnes. Le second, le citoyen Mathurin Bourée domestique du citoyen Jean Herviault de Pennée informe que cinquante à soixante personnes se sont rendus chez son maitre et qu’ils menacent d’incendier Pennée et Plélan.

Le conseil municipal réagit promptement en décrétant l’état de permanence, en mobilisant la garde nationale et en prévenant les municipalités voisines du danger qui les guettent.

Les nouvelles alarmantes que nous recevons à chaque instant ne nous permettent pas de douter qu’il existe un parti formé contre la Sûreté publique que nous sommes menacés par les paroisses circonvoisines. Il est donc de notre devoir comme à tout autre bon patriote de nous mettre debout et de se réunir pour repousser s’il est nécessaire les attaques [...] Sur tout quoi délibérant la municipalité après avoir entendu le procureur de la commune a arrêté de requérir la garde nationale de Plélan en la personne de son chef de se tenir en garde et prête à marcher pour repousser ces brigands qui ravagent ses habitants, d’inviter la municipalité de Paimpont d’envoyer ses gardes nationaux pour se joindre aux notres ; même celle de St Malon, Treffendel, Maxent, St Perran, à cet effet la municipalité a des expres à cheval porté des lettres d’invitation. Comme aussi la municipalité et le juge de paix réunis ont requis six volontaires qui sont descendus aux « trois marchands » de rester à Plélan pour leur prêter main forte 5.

Conseil municipal de Plélan du 18 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

19 mars 1793 — L’affrontement de la Pierre droite

Au matin du 19 mars, les secours arrivent de toutes parts. À 8 heures du matin, trois cents gardes nationaux de Paimpont entrent dans Plélan. Après avoir convenu des modalités de leur hébergement, il est décidé de les envoyer dès que possible en mission afin de retrouver et d’arrêter les meneurs de l’insurrection décrits par les deux patriotes réfugiés 6. — Conseil municipal de Plélan du matin du 19 mars 1793 —

La municipalité de Plélan, considérant qu’elle est menacée de toutes parts par des brigands, accepte l’aide de 100 hommes de bonne volonté de la Garde Nationale d’Iffendic 7. — Conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793 —

A 15 heures, l’expédition de la garde nationale à Villeneuve, de retour sans les meneurs, informe le Conseil municipal de l’affrontement qui a eu lieu à la Pierre droite en Maxent 8.

[...] cette perquisition étant à peine finie, le citoyen Jean Herviault de Pennée est venu dire qu’un attroupement considérable et beaucoup plus nombreux que celui d’hier se proposait de retourner chez lui, que le tocsin sonnait au Loutehel et à la chapelle de Ropnar, qu’il était instant de lui porter secours. Sur quoi ils avaient délibérer avec le citoyen commandant qu’ils se transporteraient avec leur détachement au-devant de ces brigands et que rendus au village de Pennée environ midi les citoyens commandant du détachement ayant envoyé 4 cavaliers à la découverte ils ont reconnu au pied du moulin de la pierre droite un avant-garde de 50, 60 hommes armés de fusils et autres [...] offensives dont plusieurs se sont détachés pour les poursuivre. Ce qu’ayant été reconnus par tous nos citoyens de Plélan et Paimpont [...] Et qu’alors quelques-uns des insurgés cachés derrière des fossés au nord du dit moulin ont tiré avec une autre troupe de brigands qui était un peu plus loin, tiré sur les citoyens composant notre avant-garde et qui leur a vivement riposté, en a tué 5 et blessé plusieurs et fait 4 prisonniers armés de vouges 9 et brocs et mis le reste des insurgés en déroute. Ensuite ils ont invité nos gardes nationaux à la retraite qui s’est exécutée dans le plus grand ordre possible et la troupe nous a déposé les 4 prisonniers qui sont les nommés Jean Pilpré ( ?), Jean Gauttier, Jean Perrot et Jean Geloux et se sont nos dits concitoyens retirés à leurs logements ordinaires 10.

Conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

Vers six heures de l’après-midi, la rumeur gagne Plélan que deux troupes malintentionnées se rendent vers Paimpont et Plélan.

Environ les six heures de ce jour un bruit s’étant répandu qu’un attroupement de Campénéac et Beignon se portait ce jour sur Paimpont et qu’un autre attroupement de Maure, Bréal et Mordelles s’acheminait vers Plélan, les citoyens de Paimpont ont demandé qu’on allât leur prêter du secours. Sur tout quoi la municipalité en permanence délibérant après avoir entendu le procureur de la commune, se voyant menacée de son côté a répondu à ses frères de Paimpont qu’elle ne pouvait en ce moment leur prêter main forte, que néanmoins elle va faire partir sur le champ des personnes à la découverte, vers Beignon Campénéac et Guer.

Conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

Cinq citoyens sont envoyés pour vérifier ces rumeurs. À leur retour à deux heures du matin ils affirment avoir parcouru tous ces endroits et ne se sont aperçu d’aucun rassemblement. Mise en alerte néanmoins, la municipalité demande du secours au district de Montfort et au département de Rennes 11.

Il descend ce soir plus de 5000 hommes avec du canon sur notre commune. Pour l’amour du Bon Dieu, frères et amis, envoyez nous de la troupe, sans quoi nous sommes perdus.

ADIV 9 M 85 in DEMOTS, André, Brigands et Patauds en Ille-et-Vilaine, Rennes, Le Thabor éditions, 2007. [page 14]

20-24 mars 1793 — La fin des menaces

Le 20 mars au matin cent hommes de la garde nationale de Rennes sont expédiés pour Montfort.

Le même jour, des troupes des gardes nationales d’Iffendic et Saint-Malon viennent renforcer les défenses du bourg de Plélan 12.

Le 21 mars, la municipalité de Paimpont prévient celle de Plélan qu’une troupe de brigands descend sur son territoire et même chez le citoyen Galbois habitant au Cannée. Les gendarmes envoyés pour s’assurer des faits informent qu’ils n’avaient vu aucun attroupement au Canneix et Beauvais même à Beignon où ils ont passé et que la tranquillité y régnait 13 — Conseil municipal de Plélan du 21 mars 1793 —

Le 22, un détachement de la garde nationale de Rennes d’une cinquantaine d’hommes rejoint Plélan. Le même jour, considérant que la présence de prisonniers à Plélan représente une menace, le conseil municipal décide de les envoyer sous la garde de la milice d’Iffendic à la prison du district de Montfort 14. — Conseil municipal de Plélan du 22 mars 1793 —

Malgré les rumeurs qui perdurent, aucune troupe armée n’attaque les bourg ou les manoirs. Les quelques révoltes et menaces proférées par les groupes d’insurgés sont donc rapidement maitrisées par les forces coalisées de la milice nationale de Rennes et des gardes nationales des communes voisines.

Dans une lettre datée du 24 mars 1793, les officiers municipaux de Plélan - rassurés - rendent hommage au patriotisme de Paimpont, Saint-Péran, Treffendel, Iffendic, Muël et Baulon, estimant toutefois que Maxent s’est montré moins secourable. — Lettre des officiers publics de Plélan aux citoyens Administrateurs du département d’Ille-et-Vilaine. A.D.I.V., L 454 bis —

Cette « victoire » sur les insurgés n’empêche pas la municipalité de Plélan de s’armer pour prévenir de futures attaques contre le bourg. Le 24 mars le conseil déclare qu’outre les deux canons que nous avions demandé en prêt à Iffendic, il serait nécessaire d’en faire couler deux aux forges. — Conseil municipal de Plélan du 24 mars 1793 —

25-27 mars — La réaction de la Convention

À partir du 25 mars, d’importants renforts armés arrivent en Ille-et-Vilaine pour suppléer les efforts des gardes nationales du département.

D’abord 900 gardes nationaux de la Manche, puis 600 volontaires du bataillon de Seine-et-Marne et 1300 volontaires du bataillon de la Charente et de la Seine-Inférieure. Les bandes vont se disperser, des prisonniers vont être jugés par le Tribunal Criminel du département, transformé en juridiction d’exception, et le 25 mars, la guillotine est installée en permanence, place du palais à Rennes.

DUPUY, Roger, La Garde Nationale et les débuts de la Révolution en Ille-et-Vilaine (1789 - mars 1793), Paris, Librairie C. Klincsieck, 1972, (« Institut armoricain de recherches historiques de Rennes »). [page 222]

Malgré la répression, le 25 mars, une nouvelle rumeur relayée par le maire de Baulon met la commune de Plélan en alerte 15.

Lettre des officiers publics de Plélan aux citoyens Administrateurs du département d’Ille-et-Vilaine.

Nous avions bien pressenti que malgré les protestations de paix, d’union et de fraternité, de la municipalité de Maure, nous avions lieu de craindre le ressentiment des habitants de cette commune. Nous avons été instruits par le citoyen maire de Baulon qu’ils employaient tous leurs efforts pour se coaliser avec ceux des paroisses voisines pour nous retomber en force et exécuter l’infernal projet d’assassiner les curés constitutionnels et officiers publics du canton de Plélan, tous les patriotes et surtout acquéreurs de biens nationaux.

A.D.I.V., L 454 bis

Les jours suivants, la municipalité de Plélan mène l’enquête sur le bien fondé de cette rumeur et demande l’aide armée du département pour circonvenir la révolte dans la commune de Maure 16.

Le 27 mars, les administrateurs des districts de Rennes et Vitré estiment que le retour à l’ordre est en bonne voie dans l’est de l’Ille-et-Vilaine. Mais à Montfort, malgré la relève de la moitié des détachements déjà expédiés, soit environ 200 hommes, les autorités du district sont toujours inquiètes.

Lettre des corps administratifs réunis du district de Montfort aux Administrateurs et procureur général Syndic du département.

La paix, citoïens, semble se rétablir dans cette partie, est-ce un feu qui couve ? Cela pourrait-être, il est possible, que l’absence des chefs qui avaient ailleurs des crimes à commettre soit la seule cause du calme apparent qui existe dans nos campagnes, quoi qu’il en soit, on ne remarque plus qu’une agitation secrète et la terreur semble partout avoir pris la place de l’audace. Nous faisons un effort pour faire connaitre la confiance, mais nous n’y sommes pas encore parvenus. Les paysans sont errants, ils n’osent rentrer dans leurs foyers, cette situation nous inquiète, cette méfiance nous épouvante. Nous craignons que les gens que rien ne rassure, qui, accompagnés de leurs remords voient toujours le glaive de la loi suspendu sur leurs têtes ne se portent à tous les excès du désespoir. Plélan est encore menacé, nous en attendons des nouvelles pour y faire passer du secours. Le temps de Pâques et la cessation des travaux qui en résulte sont très favorables aux projets des agitateurs.

A.D.I.V., L 455 bis

L’échec des insurgés

Selon une évaluation réalisée par l’historien Roger Dupuy, le nombre d’insurgés dans le département d’Ille-et-Vilaine pourrait être de douze à quinze mille, dispersés sur quatre-vingts paroisses.

L’insurrection ne fut en Ille-et-Vilaine qu’un conglomérat inconstitué de soulèvements locaux et sporadiques. [...] Que veulent exactement les insurgés ? Avant tout obtenir l’annulation de la levée, mais aussi peut-être se venger des patriotes, les désarmer, les malmener, les tuer parfois. Si l’on attaque les villes, c’est pour régler certains comptes, notamment avec les « bleus » ou plus simplement encore, ce sont des parents, des amis que l’on veut tirer de prison. Les mots d’ordre royalistes ne sont que l’expression d’une profonde hostilité à la Révolution plutôt que la preuve d’un encadrement aristocratique du soulèvement. La révolte est avant tout un mouvement populaire, explosion attendue d’un mécontentement longtemps contenu, plutôt que sédition longuement préparée par des comités secrets.

DUPUY, Roger, La Garde Nationale et les débuts de la Révolution en Ille-et-Vilaine (1789 - mars 1793), Paris, Librairie C. Klincsieck, 1972, (« Institut armoricain de recherches historiques de Rennes »). [page 230]

Cette révolte spontanée s’inscrit dans la continuité des émeutes agraires de janvier-février 1790. Elle révèle à nouveau le ressentiment de la paysannerie de la région de Brocéliande contre les notables parvenus au pouvoir durant les premières années de la Révolution.

Deux des principaux officiers de la future Armée Catholique et Royale de Bretagne vont trouver refuge dans ces campagnes en rébellion contre la Convention.

Joseph de Boulainvilliers, considéré comme un des meneurs de l’insurrection de mars 1793, s’évade de la prison de Josselin et entre en clandestinité. La Convention le recherche en vain entre Guilliers, Néant et Mauron. En août 1793, Joseph de Puisaye, dont la tête est mise à prix pour avoir commandé l’Armée fédéraliste de Normandie, se cache à Plélan-le-Grand, Guer et Beignon pendant plusieurs semaines.

S’appuyant sur ce climat insurrectionnel, ces deux officiers vont organiser la chouannerie sur le massif forestier. La première véritable bataille rangée de la chouannerie, le combat des Landes de Beignon, se déroulera dans la vallée de l’Aff le 3 mai 1794 - 24 floréal de l’an II.


bibliographie

DEMOTS, André, Brigands et Patauds en Ille-et-Vilaine, Rennes, Le Thabor éditions, 2007.

DUPUY, Roger, La Garde Nationale et les débuts de la Révolution en Ille-et-Vilaine (1789 - mars 1793), Paris, Librairie C. Klincsieck, 1972, (« Institut armoricain de recherches historiques de Rennes »).

DUPUY, Roger, Les chouans, Paris, Hachette, 1997.

DUPUY, Roger, La Bretagne sous la révolution et l’Empire (1789-1815), Editions Ouest-France université, 2004.

FLANET, Rémy, « Les insurrections de l’Ouest de mars 1793 : problème d’identité ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 96 / 4, 1989, p. 467-475, Voir en ligne.

MONTGOBERT, Gilles, Eclats en Brocéliande : le Pays de Mauron 1789-1800, les mutations du monde rural, Saint-Léry (56), Office Culturel du District de Mauron, 1993.


↑ 1 • Armand-Tuffin, marquis de La Rouërie, (1751-1793) est un conspirateur et un précurseur de la chouannerie. Il obtient la direction d’une conjuration royaliste dans l’Ouest, recrute des partisans et en réunit les chefs à son château de la Rouërie (Ille-et-Vilaine). En juin 1791, il crée l’Association bretonne afin de lever une armée contre les révolutionnaires. Le 21 septembre 1792, la victoire de Valmy sur les forces de la coalition et la proclamation de la République bouleversent le projet d’insurrection, prévue pour le 10 octobre. Traqué par les républicains, il trouve son dernier asile au château de la Guyomarais, près de Lamballe, y tombe gravement malade et y meurt le 25 janvier 1793, avant de pouvoir terminer son entreprise. Mais le mouvement organisé par le marquis devait par la suite être précurseur de la chouannerie.

↑ 2 • L’exécution du roi et l’invasion de la Belgique provoquent l’entrée en guerre aux coté des souverains allemands d’autres puissances comme l’Espagne, l’Angleterre et la Hollande en février 1793.

↑ 3 • 

Tous les départements ne furent pas également touchés par le soulèvement. Dans la Sarthe, la Mayenne, le Finistère et les Côtes-du-Nord, la révolte ne toucha pas plus du tiers des communes. Le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine et le Maine-et-Loire furent embrasés sur les deux tiers environ de leur territoire. Seule la Loire-Inférieure s’insurgea à près de 80 %. Reste le cas de la Vendée et des Deux-Sèvres. Dans ce dernier département, le directoire repoussa l’exécution des décrets jusqu’en avril, et ce n’est qu’en avril qu’il bascula dans la révolte, aussi le laisserons-nous de côté. En Vendée, la révolte semble bien avoir devancé les opérations de la levée.

FLANET, Rémy, « Les insurrections de l’Ouest de mars 1793 : problème d’identité ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 96 / 4, 1989, p. 467-475, Voir en ligne.

↑ 4 • Compte-rendu du conseil du conseil municipal de Plélan du 14 mars 1793 dans son intégralité :

La municipalité assemblée composée des citoyens Michel Mathurin René Sauvage maire, de Mathurin Roux, Jean Delourme, Jean Templer, Julien Templer, Jean Frotin, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas, Joseph Thomas officiers municipaux. Les citoyens Joseph Geloux, Guillaume Guimard, Pierre Morin, François Launay, joseph Rivière, autre François Launay, Mathurin Eon, René Eon, Joseph Catherinne, Jean Baptiste Thomas, Augustin Allaire, Pierre Eon, Joseph Catherinne, Joseph Collin de la Buslais, Jean Bourée, Nicolas Gagné, Jean Frotin (junior ?), Toussaint Josset, Pierre Chausse. Présent le citoyen Jean Augrin procureur de la commune, lequel a dit

Citoyens, Par votre lettre du 6 de ce mois envoyée à l’administration du directoire du district, vous lui avez exposé que cette commune, ayant depuis 15 mois fourni plus de 100 volontaires et qui sont actuellement aux armées de la République, et qu’en conséquence vous la priez d’avoir égard à elle dans la répartition qui devait se faire incessamment. D’après la loi sur le recrutement de l’armée et que les autres communes devaient porter le contingent de Plélan. Que vous a répondu l’administration du district par la lettre du 9 de ce mois, vous a dit qu’il avait réparti entre les communes de ce district le nombre d’hommes à fournir pour le recrutement de l’armée et que dans la répartition il avait pris en considération tout ce que la loi obligeait à considérer. Cependant par son arrêté de répartition du 10 de ce mois de 730 hommes à lever par le district, le district n’a eu aucun égard à nos représentations, et Plélan s’y trouve porté par modération à fournir 55 hommes et Treffendel sa trêve 12. Je crois donc que vous êtes bien fondés à vous pourvoir en dégrèvement suivant l’article 7 du titre premier de la loi du 24 février dernier et que de suite vous en délibériez et nommiez deux commissaires qui se rendront de suite au département et feront valoir vos justes moyens. Sur quoi délibérant le conseil général de la commune considérant que l’administration du district n’a point eu égard dans sa répartition aux nombres de volontaires que cette commune a fournis, ce qu’elle devait néanmoins faire d’après notre réclamation suivant l’art. 7 du titre premier de la loi sur le recrutement de l’armée en date du 24 février dernier. Arrêté de nommer deux commissaires munis d’une expédition de la présente et du tableau des volontaires enrôlés dans cette commune et qui sont actuellement à l’armée qui de suite se transporteront à l’administration de département feront valoir les moyens de demandes de dégrèvements que cette commune a à former. Et procédant à leurs nominations les citoyens Broussais juge de paix, Sauvage maire, ont obtenu toutes les voix…, lesquels demeurent chargés de faire valoir leurs dites réclamations.

Conseil municipal de Plélan du 14 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 5 • le compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 18 mars 1793.

Où étaient les citoyens Michel Mathurin René Sauvage Maire, qui présidait, Jean Delourme, Mathurin Roux, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas, Jean Templer, Julien Templer, Jean Frotin et Joseph Thomas Officiers Municipaux. Présent le citoyen Augrin procureur de la commune de Plélan lequel a dit

Les nouvelles alarmantes que nous recevons à chaque instant ne nous permettent pas de douter qu’il existe un parti formé contre la Sûreté publique que nous sommes menacés par les paroisses circonvoisines. Il est donc de notre devoir comme à tout autre bon patriote de nous mettre de bout et de se réunir pour repousser s’il est nécessaire les attaques [...] Je demande donc que vous vous déclariez dès à présent en état de permanence ainsi que les notables formant le Conseil Général de la Commune, que vous invitiez le juge de paix à se réunir à vous. Sur quoi la municipalité délibérant après avoir entendu son procureur de commune a primo arrêté que désormais elle se tiendrait en état de permanence à la Maison Commune jusqu’à ce qu’elle ait pris un arrêté contraire. Secundo d’inviter le juge de paix à se réunir à elle pour de concert travailler au bien public lequel présent a accepté. Tertio d’inviter les notables à garder la permanence. 4° de requérir du Commandant de la Garde Nationale une forte garde de jour et de nuit et d’établir un autre corps de garde au bas du bourg, lequel avec celui du haut l’entretiendra de bois ; et à cet effet de faire abattre quatre vieux chênes, ceux qui sont dans le bout de l’avenue de Couedouan, n’étant pas à lieu de se procurer d’autre bois sur le champ. En l’endroit et environ les cinq heures du soir, le citoyen Jean Baptiste Salmon chirurgien demeurant au Bodo a demandé l’entrée à la municipalité, laquelle lui accordée a dit que le matin de ce jour, il s’était rendu au Plessix Huglor (Hudelor) en la paroisse du Louthel pour faire […] à la vente des effets de St Malon émigré, qu’à son arrivée il a rencontré un rassemblement de cinq à six cents personnes, dans le nombre desquels il a reconnu Joseph Février, Louis Bihan régisseur du sieur de Servaude émigré, Ronceray et son fils de Périsac en Maxent agent dudit Saint Malon, Joseph Poirier de Villeneuve fermier de la métairie du dit nom appartenant au dit Servaude, que plusieurs se sont jetés sur lui, l’ont maltraité de coups de pied et bâtons, qu’après qu’ils ont bu et mangé ils se sont acheminé vers le Tertre de Guer et l’ont contraint de marcher avec eux, que dans la route il a couru les plus grands dangers et que les scélérats disaient hautement qu’ils descendraient jeudi prochain à Plélan pour assassiner le curé constitutionnel et plusieurs autres personnes, que rendu au Tertre se sont saisis du citoyen Bouju […] et tout cruellement maltraité ; de tous ces faits et autre il nous en a laissé un dénommé ( ?) signé de lui. Au même endroit, le citoyen Mathurin Bourée domestique du citoyen Jean Herviault de Pennée a aussi demandé l’entrée à la municipalité, lequel introduit a dit qu’environ cinquante à soixante personnes à la tête desquelles étaient Louis Bihan régisseur de Servaude émigré de Villeneuve en cette commune (s’étaient rendu d’un attroupement considérable qu’il y avait ce jour au Plessix), chez le citoyen Jean Herviault son maître qu’ils le demandaient à grands cris pour l’aviser qu’ils se faisaient donner à boire et à manger et qu’ils menaçaient de tout incendier Pennée et Plélan. Sur tout quoi délibérant la municipalité après avoir entendu le procureur de la commune a arrêté de requérir la garde nationale de Plélan en la personne de son chef de se tenir en garde et prête à marcher pour repousser ces brigands qui ravagent ses habitants, d’inviter la municipalité de Paimpont d’envoyer ses gardes nationaux pour se joindre aux nôtres ; même celle de St Malon, Treffendel, Maxent, St Perran, à cet effet la municipalité a des expres à cheval porté des lettres d’invitation. Comme aussi la municipalité et le juge de paix réunis ont requis six volontaires qui sont descendus aux trois marchands de rester à Plélan pour leur prêter main forte.

Conseil municipal de Plélan du 18 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 6 • L’aide de la garde nationale de Paimpont dans le compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793.

Les gardes nationaux de Paimpont au nombre d’environ 300 arrivés à notre secours sont entrés à la maison commune et ont requis des billets de logements. Sur quoi la municipalité en permanence après avoir ouï son procureur de commune a arrêté de loger chez les habitants du gué et du Bourg les habitants de Paimpont et de les envoyer demain environ les 8 heures du matin avec ceux de Plélan à la maison de Villeneuve pour d’après les dénominations ci-devant, perquérir saisir et arrêter Louis Bihan et toute autre personne suspecte qui pourrait s’y trouver. Arrête de plus d’envoyer à la tête des gardes nationaux les citoyens Mathurin Thomas et Julien Templer officiers municipaux auxquels nous remettons toutes les munitions nécessaires pour le détachement. [...] Lecture faite d’une lettre de la municipalité de Paimpont en date de ce jour qui demande à celle de Plélan des éclaircissements sur le sort de leurs gardes nationaux qui se sont réunis à nous, si les attroupements sont dissipés et la fin des instructions sur la marche qu’elle doit tenir. Sur laquelle la municipalité délibérant après avoir entendu son procureur de commune a arrêté de répondre à ses frères de Paimpont laquelle a fait [...] dépêché un express pour poster la lettre.

Conseil municipal de Plélan du matin du 19 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 7 • L’aide de la garde nationale d’Iffendic dans le compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793.

Lecture d’une autre lettre du citoyen Davy commandant de la Garde Nationale d’Iffendic qui nous propose de venir à notre secours avec 100 hommes de bonne volonté. Sur quoi la municipalité délibérant et considérant qu’elle est menacée de toutes parts par des brigands a arrêté d’écrire au citoyen Davy et de l’inviter à nous prêter main forte.

Conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 8 • L’expédition à Villeneuve et l’affrontement de la Pierre Droite dans le compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793.

En l’endroit les citoyens Mathurin Thomas, Julien Templer, officiers municipaux et Broussais Juge de Paix qui avaient été à la tête du détachement à Villeneuve arrivent aux environs de 3 heures de l’après-midi ont dit avoir fait perquérir ( ?) Bihan (?) qu’ils n’ont pu trouver qu’en faisant leur perquisition. Ils ont trouvé dans un grenier sur une étable au Nord du corps de logis servant de demeure à Joseph Poirier fermier de Villeneuve, un recelé de linge effets et batterie de cuisine appartenant à Servaude émigré, qu’ils ont fait amener à Plélan sous leur surveillance et celle de Perret enregistrateur à Plélan, que cette perquisition étant à peine finie, le citoyen Jean Herviault de Pennée est venu dire qu’un attroupement considérable et beaucoup plus nombreux que celui d’hier se proposait de retomber chez lui, que le tocsin sonnait au Loutehel et à la chapelle de Ropnar, qu’il était instant de lui porter secours. Sur quoi ils avaient délibéré avec le citoyen commandant qu’ils se transporteraient avec leur détachement au-devant de ces brigands et que rendus au village de Pennée environ midi les citoyens commandants du détachement ayant envoyé 4 cavaliers à la découverte ils ont reconnu au pied du moulin de la pierre droite un avant-garde de 50, 60 hommes armés de fusils et autres [...] offensives dont plusieurs se sont détachés pour les poursuivre. Ce qu’ayant été reconnu par tous nos citoyens de Plélan et Paimpont [...] Et qu’alors quelques-uns des insurgés cachés derrière des fossés au nord du dit moulin ont tiré avec une autre troupe de brigands qui était un peu plus loin, tiré sur les citoyens composant notre avant-garde et qui leur a vivement riposté, en a tué 5 et blessé plusieurs et fait 4 prisonniers armés de vouges et brocs et mis le reste des insurgés en déroute. Ensuite ils ont invité nos gardes nationaux à la retraite qui s’est exécutée dans le plus grand ordre possible et la troupe nous a déposé les 4 prisonniers qui sont les nommés Jean Pilpré, Jean Gauttier, Jean Perrot et Jean Geloux et se sont nos dits concitoyens retirés à leurs logements ordinaires. Sur quoi la municipalité en permanence délibérant après avoir ouï son procureur de commune a approuvé la conduite de ses commissaires, du juge de paix et des gardes nationaux de Plélan et Paimpont, dont nous avons fait l’éloge de leur courage et de leur activité pour le service et le maintien du bon ordre et de la tranquillité et arrêté de procéder sur le champ à l’interrogatoire des prisonniers et à l’inventaire des effets saisis à Villeneuve. En l’endroit l’arrière garde a amené les nommés Joseph Poirier et Pierre Bihan du Louthel très fortement soupçonnés d’avoir été les chefs des brigands et en conséquence la municipalité après avoir ouï son procureur de commune a arrêté de faire conduire ces deux particuliers avec les 4 autres à la maison d’arrêt.

Conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 9 • Le vouge est constitué d’une lame large en forme de tranchoir montée sur une hampe d’environ 2 mètres. Il lui est parfois ajouté un croc du côté opposé à la lame, ce qui permet de l’utiliser de taille comme une lourde hache,

↑ 10 • Cet affrontement, resté dans la mémoire locale, est à l’origine d’une légende collectée par Albert Poulain en 1986.

Malédiction à Maxent — Il existe un lieu sanglant, où il ne pousse jamais de lande. C’est sur la route de Maxent vers Maure-de-Bretagne. On situe cette pâture à gauche. Il y eut une bataille sans doute car une réputation de malheur y reste attachée.

Florentine Éon « La Dévairie » - Maxent, 23 avril 1986
POULAIN, Albert, Sorcellerie, revenants et croyances en Haute-Bretagne, Rennes, Ouest-France, 1997, 132 p. [page 91].

↑ 11 • L’infirmation des rumeurs et la demande de secours au district et au département dans le compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 19 mars 1793.

A deux heures du soir les citoyens Maudoux Charles Ollivier, Joseph Crublé gendarmes et Charles Frotin envoyés par nous à la découverte vers Campénéac, Beignon et Guer nous ont dit avoir parcouru tous ces endroits et ne se sont aperçus d’aucun rassemblement. La municipalité a arrêté de donner connaissance de ce rapport à celle de Paimpont et à cet effet a dépêché sur le champ un exprès chargé d’une lettre de notre part. Les citoyens envoyés au nombre de deux du côté de Treffendel et Maxent ont aussi dit qu’après avoir parcouru ces endroits ils ont vu que la tranquillité y régnait. En l’endroit le citoyen Augrin procureur de la commune a dit : la crise où nous nous trouvons, qui désole notre commune, nous oblige à nous précautionner de munitions, ayant employé le peu que nous avions, les brigands qui descendaient sur notre territoire au moulin de la pierre droite, je demande que écrivant au département vous en fassiez demande au district. Sur la municipalité en permanence délibérant a arrêté d’envoyer deux expres, l’un au district et l’autre au département pour demander au moins cent livres de balles et cinquante livres de poudre et chargé le citoyen maire de faire les fonds et l’acquêt de ces munitions. En la maison commune les dits jour et an

Conseil municipal de Plélan du matin du 19 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 12 • Compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 20 mars 1793.

Où étaient les citoyens Michel Sauvage Maire président, Jean Delourme, Mathurin Roux, Jean Templer, Julien Templer, Jean Frotin, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas, Joseph Thomas officiers municipaux, Pierre Marie Broussais juge de paix.Présent le citoyen Augrin procureur de la commune.

Lequel a dit qu’il vient d’arriver un détachement de Saint Malon et d’Iffendic à notre secours. Sur quoi délibérant la municipalité considérant que cet endroit est toujours menacé par les ennemis du bien public a arrêté de les inviter à passer quelques jours à Plélan, et de leur fournir le logement, et d’après la lecture d’une lettre adressée au citoyen Perret qui autorise les municipalités et corps à prendre les grains des émigrés pour la nourriture de ceux qui se portent à la défense de la patrie. La municipalité a arrêté de faire prendre dans les greniers de Servaude 40 boisseaux de bled, de les faire boulanger, arrête de plus de faire tuer des bestiaux. En l’endroit un membre ayant observé que le citoyen Charles Frotin ayant un bœuf à vendre la municipalité a arrêté de le faire estimer par les citoyens Cotto boucher et Guy Coquaire marchand de bœufs, lesquels s’y sont transportés sur le champ. L’ont estimé une somme de 60 livres, en conséquence la municipalité l’a fait tuer.

Conseil municipal de Plélan du 20 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 13 • Compte-rendu du conseil municipal de Plélan du 21 mars 1793.

Où étaient les citoyens Sauvage Maire qui présidait, Jean Delourme, Mathurin Roux, Jean Templer, Julien Templer, Jean Frotin, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas, Joseph Thomas, officiers municipaux. Broussais juge de paix.

Présent le citoyen Augrin procureur de la commune.

La municipalité instruite que des personnes malintentionnées jettent des alarmes dans différentes municipalités et s’efforcent d’élever entre elles des défiances et des inquiétudes, et lecture faite d’une lettre de la municipalité de Guer en date du 20 de ce mois, celle de Plélan a arrêté de faire remettre par deux commissaires copie de sa circulaire adressée aux municipalités voisines, lesquels commissaires l’instruiront des dispositions fraternelles de cette municipalité, de ses vœux de paix [...] les citoyens Mocudé et Augrin ont été nommés ; arrêté de plus d’envoyer un express chercher cinquante livres de poudre à Rennes. Lecture donnée d’une lettre de la municipalité de Paimpont qui annonce qu’une troupe de brigands descend sur son territoire et même chez le citoyen Galbois. Sur laquelle lettre délibérant après avoir entendu le procureur de la commune, la municipalité a arrêté de faire partir deux gendarmes pour s’assurer des faits ; lesquels de retour trois heures après ont assuré qu’ils n’avaient vu aucun attroupement au Canneix et Beauvais même à Beignon où ils ont passé et que la tranquillité y régnait. Fait en la maison commune les dits jour et an.

Conseil municipal de Plélan du 21 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 14 • Séance du conseil municipal de Plélan du 22 mars 1793.

Où étaient les citoyens Sauvage, maire qui présidait. Jean Delourme, Mathurin Roux, Jean Templer, Julien Templer, Jean Frotin, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas, Joseph Thomas, officiers municipaux et Broussais juge de paix. Présent le citoyen Augrin procureur de la commune.

Le procureur de la commune a dit : nous courons des risques à retenir plus longtemps dans nos maisons d’arrêt les prisonniers de Maure Loutehel et Plélan y détenus. Il est instant de les faire partir et qu’à cet effet je requiers qu’il soit commandé un fort détachement pour les conduire. En l’endroit le citoyen Poignand commandant du détachement de Saint Malon et Davy commandant celui d’Iffendic se sont proposés de les conduire et d’en répondre jusqu’à ce qu’ils en eussent chargé le concierge des maisons d’arrêt de Montfort. Sur quoi les officiers publics en permanence à Plélan après avoir entendu le procureur de la commune a accepté l’offre obligeante des commandants de Saint Malon et Iffendic et de leur voter des remerciements et ont autorisé Sauvage Maire à compter aux deux détachements une somme de trente livres pour leur tenir lieu d’indemnité de leurs frais de voyage de Montfort, laquelle somme il a compté en notre présence. Et sont les dits détachements partis avec les prisonniers en voiture qui a été commandée à cet effet. Les officiers publics sentant aussi tous les heureux effets de leur correspondance avec les municipalités de Guer, Campel et Maure attentent d’écrire une pareille à toutes les autres municipalités voisines. En l’endroit un membre ayant dit qu’il a appris du détachement d’Iffendic qu’ils avaient quatre canons à la municipalité d’Iffendic qui ne leur servaient de rien et proposé d’écrire à cette municipalité pour lui en demander deux à titre de prêt jusqu’à nouvel ordre. Sur quoi délibérant après avoir entendu son procureur de commune, a écrit sur le champ conformément à la remontre et d’envoyer un express.

Conseil municipal de Plélan du 21 mLes jours suivantars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 15 • Séance du conseil municipal de Plélan du 25 mars 1793.

Où étaient les citoyens Sauvage Maire qui présidait, Jean Delourme, Mathurin Roux, Julien Templer, Jean Templer, Jean Frotin, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas et Joseph Thomas, officiers municipaux et le citoyen Broussais juge de paix.Présent le citoyen Augrin procureur de la commune.

Cinq commissaires des municipalités de Maure, Guer, Louthel ont demandé l’entrée à la municipalité, lesquels introduits ont dit avoir été envoyés par leurs municipalités pour apporter leurs vœux pour la paix, l’union, la fraternité et la concorde. Sur quoi les officiers publics en permanence délibérant après avoir entendu le procureur de la commune déclarant aux cinq commissaires qu’ils reçoivent leurs vœux avec satisfaction que dès ce moment ils jurent la paix à nos concitoyens les priant d’en assurer les communes respectives, les assurant de plus qu’instruits de leurs vues nous avions écrit d’avance au département pour demander l’élargissement des prisonniers qui se trouveraient avoir été séduits et conduits de force aux attroupements. Lecture faite d’une lettre du citoyen maire de Baulon en date de ce jour par laquelle il nous prévient de nous tenir sur nos gardes, qu’il venait d’apprendre d’avec un homme de Maure que ceux de Maure allaient faire un grand rassemblement pour tomber sur Plélan. Sur laquelle délibérant les officiers publics en permanence ouï leur procureur de commune, ont arrêté de faire partir un express pour savoir du citoyen maire de Baulon le nom du particulier qui avait tenu ce propos, de compter une somme de trente sols pour les frais de voyage à cet express. Fait en la maison commune les dits jour et an.

Conseil municipal de Plélan du 25 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

↑ 16 • Conseil municipal de Plélan du 28 mars 1793

Où étaient les citoyens Sauvage Maire, qui présidait, Jean Delourme, Mathurin Roux, Julien Templer, Jean Templer, Jean Frotin, Mathurin de la Lande, Mathurin Thomas, Joseph Thomas, officiers municipaux. Broussais juge de paix. Présent le citoyen Augrin procureur de la commune.

Le citoyen Duval administrateur du district de Rhedon et demeurant à Maure étant entré à la municipalité a dit qu’il y avait encore beaucoup de fermentation dans la paroisse de Maure et dans les voisines, que des étrangers la parcourent et emploient tous leurs moyens pour soulever les habitants, que leur retraite est chez la Becdelièvre à Penhouet, Visdeloup de la Lambardais, chefs ; qu’il est notoire que cette première a fait faire plus d’un demé de balles, qu’elle arme tous ses valets et voisins de fusils à deux coups et a fait arborer la cocarde blanche à tous ses gens, et que le procureur de la commune a lui-même arboré ce signe de rébellion et que l’attroupement doit se porter sur Rhedon. Sur quoi les officiers publics en permanence délibérant après avoir entendu le procureur de commune et vu ce qui résulte de la lettre du citoyen maire de Baulon. Ont arrêté d’inviter l’administration du département de nous envoyer une force armée suffisante pour en imposer à nos ennemis et de les engager en même temps à en faire passer une autre à Maure. Fait en la maison commune les dits jour et an que devant.

Conseil municipal de Plélan du 28 mars 1793 - transcription de Guy Larcher

Le 3 avril, le général Bourdonnaye fait passer à Maure 200 hommes, 5 gendarmes à cheval et deux canons, à l’effet d’exécuter toutes le menaces de sûreté générale relatives aux circonstances, toutes perquisitions... toutes arrestations de personnes suspectes et autres mesures que le salut de la patrie commande.

Conseil municipal de Plélan du 3 avril 1793