Albert Poulain est un chanteur, conteur et collecteur du pays gallo, actif entre 1959 et 2015. Originaire de Pipriac, il a également noué des contact avec des acteurs locaux du renouveau de la culture gallèse à partir des années 1980. Cinq de ses ouvrages évoquent la région de Brocéliande.
Albert Poulain est né le 8 septembre 1932 à Pipriac (Ille-et-Vilaine).
Il étudie le dessin et l’architecture au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris de 1953 à 1958. Au cours de ses études, il rencontre Hervé Le Menn 1, découvre des groupes culturels comme Ker Vreizh, et s’intéresse à la culture populaire bretonne. Il est, en 1957, co-fondateur du M.O.B. 2.
De retour à Pipriac en 1959, il fréquente assidûment les cercles celtiques ainsi que la Kevrenn de Rennes3.
Il commence alors à enregistrer les chanteurs traditionnels et collecte des chants dans la région de Pipriac et de La Gacilly (Morbihan). Dans les années 1980, il porte à 1500 le nombre de chants collectés. Déterminé à faire vivre ce riche répertoire, il l’interprète lui-même dans les fêtes locales.
Dessinateur, il devient maître d’œuvre en bâtiment et mène à ce titre 1200 projets de restauration en vingt-sept ans 4. Dans le même temps, il réalise près de 18 000 photographies et dessins du patrimoine rural, incluant fours, moulins, longères, clôtures, fontaines, etc.
En 1959, il rencontre Jean-Louis Latour et Albert Noblet, co-initiateurs avec lui du Groupement culturel breton des pays de Vilaine. Avec eux, il participe activement à la relance des fêtes locales, aboutissant en 1975, à l’initiative de Jean-Bernard Vighetti, à la création de la Bogue d’Or.
C’est aussi à cette époque qu’il s’intéresse aux contes. Il collecte et publie plus de 300 récits traditionnels. Conteur, il entreprend de les faire vivre, au cours des veillées et des fêtes en gallo.
Il meurt le 6 octobre 2015 à Redon en Ille-et-Vilaine. — ANONYME, « Qui est Albert Poulain ? », 2019, Voir en ligne. —
Albert Poulain et Brocéliande
L’action d’Albert Poulain s’est principalement développée dans la région de Pipriac mais s’est étendue à l’ensemble de la Haute-Bretagne. Au milieu des années 1970, il rencontre le conteur Patrick Lebrun, originaire de Saint-Malon-sur-Mel (35), au concours de la Bogue de Redon. Au début des années 1980, il noue des liens forts avec certains acteurs locaux du renouveau de la culture gallèse. Il participe avec eux à des actions de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay et à l’animation des Assemblées Gallèses en Brocéliande.
Le Châtenay
Au début des années 1980, Albert Poulain est en contact avec des membres de l’association des Amis du Moulin du Châtenay parmi lesquels Guy Larcher et Gérard Lelièvre.
En 1983, il publie un article consacré à L’habitat en Bretagne dans la revue de l’association. — POULAIN, Albert, « L’habitat en Bretagne », Le Châtenay - Journal de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay, 1983, p. 12-14, Voir en ligne. —
1981-1988 - Les Assemblées Gallèses en Brocéliande
Les Assemblées Gallèses, organisées par l’association des Amis du Parler Gallo, se tiennent en Brocéliande à partir de l’édition de juillet 1981. — LEBRUN, Patrick, « Du 14 au 18 juillet 1982 : Assemblées gallèses de Brocéliande », Le Châtenay - Journal de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay, Avril, 1982, p. 12-13, Voir en ligne. —
Albert Poulain est vice-président de cette association, en compagnie de deux autres conteurs, Eugène Cogrel et Patrick Lebrun. Gilles Morin en assure la présidence. — MORIN, Gilles, « Les Amis du parler gallo : Compte-rendu de l’assemblée générale 1981 », Bulletin intérieur des Amis du parler gallo, Vol. 6, 1981. —
Il intervient aux Assemblées Gallèses en Brocéliande de 1981 à 1988, en tant que conteur, conférencier, animateur de stage ou chanteur.
Sorties - Conférences
En 1981, il intervient pour une conférence sur la Découverte de l’architecture et du monde agricole.
En 1983, il propose une sortie « Découverte de l’architecture et de l’agriculture du pays de Brocéliande ».
Contes
En 1982, il conte lors de deux soirées.
À Concoret lors de Contes et histoires du pays et de la Bretagne Gallèse en compagnie d’Alain Burban, Eugène Cogrel, Patric Dréano, Ernestine Lorand, Claude Regnault, Marcel et Yvonne Meslay.
À la Veillée à Tréhorenteuc — complaintes, mélodies, légendes, en compagnie de Patrick Lebrun.
En 1985, il intervient en tant que conteur et chanteur aux côtés de Patrick Lebrun, d’Eugène Cogrel et d’Alain Burban.
Depuis longtemps, leur réputation a franchi les frontières des pays de Vilaine. Les noms d’Albert Poulain, Eugène Cogrel, Patrick Lebrun et Alain Burban sont maintenant connus dans toute la Bretagne. Cette réputation, ils la doivent bien sûr à leur talent qui est grand mais également à l’action vigoureuse du Groupement pour réhabiliter cette facette du patrimoine culturel.
Il y rencontre la conteuse concoretoise Ernestine Lorand avec laquelle il se lie d’amitié. Christian Leray raconte une de leurs rencontres - le 18 mars 1988 dans la maison d’Ernestine à Concoret - et leurs échanges en gallo dans un livre publié en 1995. — LERAY, Christian et LORAND, Ernestine, Dynamique interculturelle et autoformation : une histoire de vie en Pays gallo, Paris, L’Harmattan, 1995, Voir en ligne.
[pages 299-303] —
Alors que j’étais en train d’enregistrer Ernestine Lorand dans sa cuisine à Concoret dans le Morbihan, il surgit avec le Maire [Jean Aubert] pour rendre visite à Ernestine et tous de continuer à parler gallo, mais à un moment il se rend compte que le magnétophone tourne et commence à parler du « perroquë », il venait de trouver le mot « perroquë » pour désigner le « magnétophone » ! J’ai transcrit fidèlement cette conversation en gallo car ils ont beaucoup parlé aussi de la mort mais aussi de l’architecture de la Maison de Bretagne gallèse située à côté de celle d’Ernestine Lorand.
Stages
De 1984 à 1986 il propose des stages sur l’architecture et l’habitat de Haute-Bretagne qui se déroulent au Foyer Rural de Concoret.
1984 — Architecture, Habitat, Artisanat, Mobilier
1985 — Architecture - Habitat - Mobilier
1986 — Habitat, architecture et Mobilier de Bretagne
Dates : Lundi 15 et mardi 16 juillet [1985] toute la journée — mercredi 17 au samedi 20 juillet en matinée. Contenu : Donner un aperçu sur l’architecture, l’habitat, l’artisanat, le mobilier de le Bretagne en général et de la Bretagne gallèse en particulier, puis étude sur le terrain de ces différents modes d’expression après avoir fait le bilan de ce qui a déja été vu en 1984. Réalisation en commun d’un montage audio-visuel.
Gilles Morin
En août 1999, il prend la parole lors de l’enterrement de son ami Gilles Morin, ancien président des Amis du Parler Gallo et organisateur des Assemblées Gallèses en Brocéliande.
Lors de ses obsèques célébrées le 23 août 1999 à Montfort, son grand complice, Albert Poulain, lui a rendu un vibrant hommage en gallo, évoquant l’engagement et la vie de son ami : une vie tracée à 150 à l’heure : « Sûr ! Tu nous n’as appris ! T’as secouë le cocotier. Le gallo est parti au trot et ben vite au galop. Jemé on n’eut tant d’monde à tirë la cherue depé St-Brieux au Pays de Retz. »
Les Amis des Sentiers de Brocéliande
Albert Poulain participe à de nombreuses randonnées organisées par l’association des Amis des Sentiers de Brocéliande, au cours desquelles il transmet ses connaissances sur l’habitat, le petit patrimoine rural, les contes et les chansons en gallo.
Randonnée chantée avec la participation de Roger Chotard et Albert Poulain. Organisation : Les Amis des Sentiers de Brocéliande le dimanche 14 juillet 2013 à 09h30
Brocéliande dans les publications d’Albert Poulain
1992-2013 —Topoguide de Brocéliande
Albert Poulain contribue au guide de randonnées en forêt de Brocéliande publié par la F.F.R.P. en 1992 par l’intégration d’un article sur l’Architecture rurale du Pays de Brocéliande. — POULAIN, Albert, « Architecture rurale du Pays de Brocéliande », in Tour de Brocéliande, FFRP, 1992, p. 37-38. —
Cet article, augmenté et enrichi de photographies, est intégré aux éditions ultérieures du topoguide de Brocéliande. — POULAIN, Albert, « Architecture de Brocéliande », in Brocéliande.. à pied : 31 promenades & randonnées, FFRP, 2013, p. 28-30, Voir en ligne. —
1995 — Contes et légendes de Haute-Bretagne
Les 120 contes qui composent l’ouvrage résultent d’une longue quête, menée de village en village par Albert Poulain depuis 1959. La majorité de ces contes est issue du pays de Redon, de Pipriac, de Péaule, de Carentoir, etc. Une part importante est en gallo. — POULAIN, Albert, Contes et légendes de haute Bretagne, Ouest-France, 1999, 388 p. —
Trois contes ou historiettes se rapportent à la région de Brocéliande. Deux sont collectées auprès de Florentine Éon de la Dévairie en Maxent.
Une version courte du Taureau Bleu, collectée à Péaule. Albert Poulain précise qu’une version de ce conte, localisée en Brocéliande, appartient au répertoire de Patrick Lebrun.
Les cantonniers de Maxent ; une anecdote de Florentine Éon 5.
La fontaine de Roquenar, légende sur Ropenard collectée auprès de Florentine Éon.
1997 — Sorcellerie, revenants et croyances en Haute-Bretagne
Albert Poulain publie un recueil d’anecdotes et de traditions populaires du pays gallo. — POULAIN, Albert, Sorcellerie, revenants et croyances en Haute-Bretagne, Rennes, Ouest-France, 1997, 132 p. —
De nombreuses références à la région de Paimpont, Concoret et Maxent y figurent. Paimpont
En 2008, Albert Poulain publie un ouvrage de synthèse sur ses recherches concernant les fontaines bretonnes et les croyances qui s’y rattachent. — POULAIN, Albert et RIO, Bernard, Fontaines de Bretagne, Etats de Bretagne, 2008. —
De nombreuses fontaines des communes du massif forestier de Paimpont y sont mentionnées.
Cet ouvrage est consacré au collectage des chansons réalisés par Albert Poulain en Haute-Bretagne depuis 1959.
La publication comprend une chanson collectée à Maxent à « la Dévairie » en 1965 auprès de Florentine Éon (1920-1992) — POULAIN, Albert, Carnets de routes : chansons traditionnelles de Haute-Bretagne, Rennes, Presse Universitaire de Rennes, 2011, 496 p. —
Une version audio de la chanson collectée par Albert Poulain est disponible sur Dastumedia, base de données en ligne de Dastum. — ÉON, Florentine, « Mon père m’a donné un mari », Maxent, Enquêteur : Albert Poulain, 1965, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
2015 — Fours à pain de Bretagne
Son ouvrage consacré au collectage des fours à pain de Bretagne parait à titre posthume. Albert Poulain y réalise un inventaire des fours à pain bretons.
Il classe les fours de la région de Brocéliande en cinq catégories ou influences principales.
Fours de type Maxent
Ces fours ont la particularité d’avoir un toit pentu, descendant très bas, jusqu’à 0,33 au-dessus de l’allège, ce qui leur donne une certaine élégance. La corniche est horizontale, et contrairement aux corniches de Plélan, elle n’est pas brisée. Le faitage réduit à cause de la forte pente ne comporte que 3 ou 4 faiteaux. La façade est droite, le plan en fer à cheval, avec niche à cendre, la gueule carrée est moyennement profonde. La pointe du pignon est généralement en terre. Nous trouvons ces fours autour de Maxent, qui est le point de rencontre de 3 genres : de Chanteloup, de St Just, de Plélan.
Plélan-le-Grand : Le Thélin ; La Crosse d’Or ; Couëdouan ; Trélo
Maxent ; Mérignac : Les Champs ; vers Dévairie ; Route de Plélan
Fours de type Plélan - Campel - La Chapelle Bouëxic
Construits en schiste rouge, dit pourpré, ces fours se remarquent par une corniche sous la rive en ardoise placée en biais, au sud du bourg. Généralement, le toit est bien pentu.
Plélan-le-Grand : grand pays de rencontre que confirme son économie et son histoire, étant placé sur la route de Rennes à Lorient. Les fours sont en général de plan à fer à cheval. Ceux placés au nord et vers Iffendic, faits en terre, ont des ouvertures peu profondes et adoptent la planche d’entablement et les corbelets sous le toit. Au sud, vers Beignon, les fours en pierres ont plus de profondeur. Une corniche en pierre rappelle celles de Campel. Les pointes de pignon ont tendance à se renverser en arrière comme à la Chapelle-Bouëxic.
Plélan-le-Grand : La Crosse d’Or ; Couëdouan ; Trélo ; Bord de la RN 24
Au nord de La Chapelle Bouëxic le style des fours est curieux, car si le plan est circulaire, la corniche l’est aussi, ce qui lui donne une sorte de projection en avant et une belle allure. Nous y rencontrons plusieurs influences, par l’allège héritée des communes situées à l’Est, par la corniche en biais de Plélan. Le dôme en terre rappelle un autre de Loutehel.
Ces fours sont situés dans des vieux pays riches mais sans pierres, au nord et à l’ouest de Paimpont et du bassin de Rennes. Nous les trouvons à Ménéac et quelques uns à Guilliers, Evriguet, Mohon, La Trinité-Porhouët. Pour les fours mixtes on utilise du schiste sur une hauteur pouvant atteindre la gueule, puis on complète avec de la terre, autour et pour la pointe du pignon. La majorité des fours sont construits en terre, leurs murs sont hauts et comportent toujours des planches d’entablement avec corbelets en bois ou en pierre comme à la Basse-Rivière (Proche de Plélan).
Concoret : Choucan ; Après la Bourdonnais vers Paimpont ; Haligan , Vaubossard ; Vaugriot ; La Ville Danet ; Le Champ Martin ; Route Gaël-Concoret
Gaël : Le Vau Gérard
Paimpont : Folle Pensée ; La Basse Rivière ; Près du bourg ; Le Verger ; Le Bretin-Buisson