1849-2004
Le Grès Saint-Méen
Un mégalithe du bois de Montfort
Le Grès Saint-Méen est un mégalithe situé dans le Bois de Montfort sur la commune de Talensac. Mentionné dès 1849, il est associé à une légende ainsi qu’à des traditions populaires relatives à la christianisation de la forêt de Brécilien par saint Méen au 6e siècle.
1849-1894 — Premières mentions du mégalithe
1849-1858 — L’abbé Oresve
Le premier auteur à évoquer ce mégalithe est l’abbé Oresve en 1849, lors d’une session de la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine.
En Montfort. — Un menhir, dit le Grès-Saint-Méen, existant dans la forêt de Coulon.
En Talensac. — Un menhir. — Ces deux derniers monuments ont été indiqués par M. l’abbé Oresve dans un mémoire lu le 11 juillet dernier (1849) à la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine, et où l’auteur déplore, pour l’arrondissement de Montfort, des actes de vandalisme analogues à ceux que nous avons signalés plus haut dans l’arrondissement de Fougères.
En 1858, l’abbé Oresve mentionne à nouveau le Grès Saint-Méen dans son ouvrage consacré à l’histoire de Montfort. L’érudit montfortais y développe et commente les aspects légendaires relatifs au mégalithe.— ORESVE, abbé Félix Louis Emmanuel, Histoire de Montfort et des environs, Montfort-sur-Meu, A. Aupetit, 1858, Voir en ligne.p. 58 —
1864 — Le guide Joanne
En 1864, le mégalithe est mentionné dans deux ouvrages parus aux éditions du Guide Joanne.
Sur la lisière de Coulon, menhir renversé, de 3 mèt. 55 cent., dit le grès de Saint-Méen : il est ombragé par un chêne magnifique.
Les mêmes informations paraissent dans un ouvrage de Pol de Courcy (1815-1891) de la Collection Guides Joanne consacré à la Bretagne. L’auteur y ajoute une tradition populaire
relative à la hache de saint Méen.— COURCY, Pol de, De Rennes à Brest et à Saint-Malo : itinéraire historique et descriptif, Hachette, 1864, 421 p., (« Collection des Guides Joanne »), Voir en ligne.p. 14 —
1882 — Adolphe Orain
En 1882, Adolphe Orain mentionne le grès de saint Méen
dans sa Géographie pittoresque du département d’Ille-et-Vilaine.
Sur la lisière de la forêt de Coulon, est un menhir renversé de 3m50 de long, dit le grès de saint Méen.
1883-1931 — Le Grès Saint-Méen dans les inventaires archéologiques
1883 — Paul Bézier
En 1883, Paul Bézier mentionne le Grès Saint-Méen dans le premier inventaire des mégalithes d’Ille-et-Vilaine. — BÉZIER, Paul, Inventaire des monuments mégalithiques du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Ch. Catel, 1883, Voir en ligne. —
Pierre à légende avec sculpture — On l’appelle le grès Saint-Méen. Elle se trouve dans la forêt de Talensac, à la lisière, près du hameau de La Chapelle-ès-Oresve. C’est un bloc de schiste ferrugineux devant provenir des environs de l’Abbaye, en Montfort, à 3 kilomètres de là.
Sa forme est celle d’un affiloir (deux prismes triangulaires soudés par les bases des triangles) Longueur : 3 m. 45 ; Largeur au milieu : 1 m. 10 ; Hauteur : 1 mètre — Direction : Est-Ouest. La forme supérieure porte un certain nombre de perforations cylindriques d’un centimètre de diamètre sur un centimètre et demie de profondeur, et des rayures transversales incontestablement liées à l’industrie humaine. Les rayures sont analogues à celles que l’on obtiendrait en frappant vigoureusement, du tranchant d’une forte hache, et perpendiculairement à la direction des feuillets, la surface d’une masse schisteuse.
Paul Bézier évoque aussi trois Traditions
liées au Grès Saint-Méen.
1926 — Le classement du site
Le Grès Saint-Méen est classé monument historique par arrêté du 14 mai 1926.
Mégalithe dit Grès de Saint-Méen à la lisière Sud-Est de la forêt de Montfort (cad. A 4) .
1929 — Paul Banéat
Paul Banéat mentionne le Grès Saint-Méen dans son ouvrage sur le patrimoine des communes d’Ille-et-Vilaine tout en s’interrogeant sur le fait qu’il s’agisse d’un menhir renversé.
On voit sur la lisière de la forêt de Montfort, à 250 m. au nord-ouest de la Chapelle-ès-Oresve un menhir (?) renversé de 3 m 45 de longueur et un mètre d’épaisseur, appelé le Grès de Saint-Méen : il est en schiste ferrugineux. Il présente des rayures transversales et de petits trous circulaires de un centimètre de diamètre et de 1 cm 1/2 de profondeur.
1931 — Léon Collin
En 1931, Léon Collin fait paraitre un inventaire des mégalithes d’Ille-et-Vilaine dans lequel il recense six sites du massif forestier de Paimpont, dont le Grès Saint-Méen à Talensac. Il reprend la mention de l’inventaire de Paul Bézier, la développe et la commente.— COLLIN, Léon, « Quelques monuments mégalithiques de l’Ouest de l’Ille-et-Vilaine », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, Vol. 57, 1931, p. 9-41, Voir en ligne. —
Le grès de Saint-Méen est désigné par P. Bézier sous le nom de « Pierre à légendes et à sculptures » [...] Sa position exacte est à environ 150 mètres au Nord-Ouest de la croisée de deux sentiers qui est elle-même à 80 mètres du hameau de La Chapelle [...] près de la lisière de la forêt de Montfort (Talensac).
P Bézier ajoute « C’est un bloc de schiste ferrugineux devant provenir des environs de l’Abbaye, en Montfort, à 3 kilomètres de là. » Je ne suis pas de l’avis de P. Bézier c’est un bloc de schiste pourpré provenant des affleurements de ces derniers schistes dont la distance du point où repose le grès de Saint-Méen est de 800 mètres environ, tandis que l’Abbaye dont parle P. Bézier est située en effet à 3 kilomètres de là, mais sur les schistes briovériens de la plaine de Rennes.
Le grès de Saint-Méen, bien qu’étant en schiste pourpré est sur un terrain dont le sous-sol est nettement le grès armoricain comme attestent les affleurements nombreux de cette roche que l’on voit dans les environs dans les chemins près de la chapelle et particulièrement dans celui qui va de ce hameau à Talensac.
Le grès de Saint-Méen a évidemment été transporté à l’endroit où il est, mais ce transport n’a été que de 800 mètres (minimum) à 1 kilomètre (maximum). Mais il faut remarquer que l’altitude du point où il se trouve est de 100 mètres et celle des derniers affleurements des schistes pourprés est de 70 à 80 mètres il a donc fallu le monter d’au moins 20 mètres verticalement.
Cette forme en fuseau rappelle assez bien celle d’un menhir et on peut considérer le grès de Saint-Méen soit comme un petit menhir qui n’aurait jamais été dressé, soit comme un menhir couché.
Pour ce qui en est des sculptures, elles sont bien décrites dans l’inventaire mais sont-elles bien anciennes ?
1971-2004 — Le Grès Saint-Méen et l’archéologie contemporaine
1971 —Paul Henry
Le mégalithe qui n’a été l’objet d’aucun sondage ou fouille est mentionné dans un inventaire archéologique inédit de 1971. — HENRY, Paul, Les menhirs des arrondissements de Rennes et Saint-Malo, Mémoire de maitrise, Université de Haute-Bretagne, 1971, 277 p. [pages 241-245] —
1994 — Glanes en Pays Pourpré
Philippe Robert mentionne le Grès Saint-Méen dans un recensement des mégalithes de Montfort publié en 1994 dans la revue de l’Écomusée de Montfort. — ROBERT, Philippe, « Les mégalithes à Montfort ou proximité », Glanes en pays pourpré, Vol. 36, 1994, p. 6-11. [pages 10-11] —
2004 — Jacques Briard
En 2004, il est cité dans l’inventaire des mégalithes du département d’Ille-et-Vilaine. Jacques Briard en donne une description.
Pierre à sculptures (Grée Saint-Méen). La Chapelle-ès-Oresve — C’est un bloc de schiste ferrugineux de 3.72 m de longueur, de 1.28 à 1.60 m. de largeur et de 0.70 à 160 m. de hauteur (Fig. 124). La face supérieure porte une quinzaine de cupules et de rayures transversales d’origine anthropique. Il s’agit d’un polissoir.
Un relevé topographique a été réalisé par Yvan Onnée et André Corre à cette occasion.