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Le chêne à Dom Guillaume en Paimpont

Un arbre exceptionnel disparu

Le chêne à Dom Guillaume est un arbre exceptionnel disparu autrefois situé en forêt de Brécilien au nord du village de Beauvais en Paimpont.

La carte de 1727

La plus ancienne mention du chêne à Dom Guillaume figure sur une carte de la forêt de Brécilien, datée de 1727. — Plan général de la forest de Bressilien située dans la paroisse de Paimpont, carte de 1727 (Mairie de Paimpont). —

Plan de la lande du chêne à Dom Guillaume
Extrait de la carte de la forêt de Brécilien de 1727

Le plan est légendé et le chêne mentionné dans la lande qui a pris son nom.

PP. La lande du Chêne Dom Guillaume contenant environ 284 arpents.

Plan général de la forest de Bressilien située dans la paroisse de Paimpont, carte de 1727 (Mairie de Paimpont)

Le cadastre de 1823

Le cadastre napoléonien de la commune de Paimpont, terminé sur le terrain le 18 octobre 1823, a été réalisé par messieurs Lesné, Lebreton et Fouchet, géométres.

Le chêne Dom Guillaume est le seul arbre mentionné sur les plans cadastraux. Il est cité et signalé par un dessin sur le tableau d’assemblage.

Le Chêne à Dom Guillaume sur le cadastre de 1823

Félix Bellamy

En 1896, Félix Bellamy consacre quelques lignes au chêne à Dom Guillaume dans son ouvrage encyclopédique sur la forêt de Brocéliande. Il est le seul auteur à décrire brièvement ce chêne d’une médiocre grosseur, situé dans le Pâtis du Chêne à Dom Iaume.

Au sud-ouest, la forêt se termine par un plateau qui n’est guère moins élevé, c’est l’immense et magnifique lande appelée la Lande du Chêne à Dom Guillaume et par abréviation la Lande Do Iaume. Son altitude est de 240 mètres. Elle est située au-dessus des villages de Beauvais, les Rues d’Anet, La Guette. Elle est presque nue et rien n’arrête les regards à l’ouest, du sud au nord. De là on aperçoit Beignon, Campénéac, Augan, Ploërmel, les montagnes du Mené, etc. L’habitant des plaines y découvre des aspects inconnus, des surprises qui l’émerveillent. Au bas de la butte, du côté du levant, est un lieu dans la forêt qu’on nomme le Pâtis du Chêne à Dom Iaume. Dans ce pâtis actuellement en nature de forêt, est un chêne de médiocre grosseur, c’est le chêne à Dom Iaume. C’est là, m’a-t-on dit, qu’autrefois les vassaux venaient payer les redevances à leur seigneur. Cet arbre se trouve à gauche d’un chemin récent qui prolonge l’alignement de Folle-Pensée, au-delà de la grande ligne de Métairie-Neuve et se dirige vers la Lande Do Iaume. C’est, à n’en point douter, cette partie de la forêt qui portait autrefois le nom de Breil du Chêne de Dom Guillaume .

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne. p. 30-31

Félix Bellamy s’interroge sur le religieux ayant donné son nom au chêne et à la lande. Il suppose qu’il s’agit d’un abbé de Saint-Méen, de Paimpont ou de Montfort.

Quel était ce Dom Guillaume dont le nom est resté au chêne et à la belle lande du Chêne à Dom Guillaume ? C’est ce que j’aurais désiré savoir et sur quoi je n’ai rien appris. Toutefois, il n’est pas déraisonnable de supposer que ce Dom Guillaume était un abbé de Saint-Méen ou de Paimpont ou de Montfort. Voici pour chacune de ces trois abbayes, ceux des abbés qui portèrent le nom de Guillaume.

Abbaye de Saint-Méen : 1° Guillaume vivait en 1116 ; 2° Guillaume, prieur de Vitré, vivait en 1344 ; 3° Guillaume Le Roux, mort en 1400 ; 4° Guillaume Servot, mort en 1431.

Abbaye de Paimpont : 1° Guillaume Vezin vivait en 1230 ; 2° Guillaume de Coicimadre vivait en 1368 ; 3° Guillaume Guiho vivait en 1402.

Abbaye de Montfort : 1° Guillaume de Pontoint, mort en 1217 ; 2° Guillaume Guiho, transporté de Paimpont à Montfort en 1402, mort en 1410 ; 3° Guillaume de Cacé, mort en 1535.

Bellamy, Félix (1896) op. cit., p. 34

« Dom », du latin dominus signifiant seigneur, est le titre donné à certains religieux, principalement des bénédictins ou des chartreux. Aucune communauté de chartreux n’a jamais résidé en forêt de Brocéliande. La seule abbaye bénédictine de la région est celle de Saint-Méen dont dépendait le prieuré Notre-Dame de Penpont avant le début du 13e siècle. À notre connaissance, aucun abbé de Notre-Dame de Paimpont ou de Saint Jacques de Montfort ne s’est jamais fait appeler « Dom ». Si l’on suit la logique de Félix Bellamy, il s’agirait donc plutôt d’un des quatre abbés de Saint-Méen à avoir porté le nom de Guillaume.

Une autre hypothèse peut être formulée : Dom Guillaume ou Dom Iaume est également un des surnoms donné au Diable.

Mentions contemporaines

L’Association des Amis du Moulin du Châtenay est, au début des années quatre vingts, pionnière dans l’intérêt porté aux arbres remarquables. Jacky Éalet a notamment écrit dans la revue de l’association un article qui mentionne quelques arbres remarquables disparus dont le chêne à Dom Guillaume.

Est-il encore debout le chêne de Dom Iaume que l’on situait quelque part entre le village de la Guette, en Beauvais et Métairie Neuve ? C’est là qu’autrefois les vassaux venaient payer les redevances à leur seigneur, d’où vient le nom de cette partie de la forêt dite Breil au chêne de Dom Guillaume.

EALET, Jacky, « Les seigneurs de la forêt », Le Châtenay - Journal de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay, Mai, 1984, p. 9-12, Voir en ligne. [page 19]

« Le chêne Dom Guillaume » désigne toujours une partie de la forêt. Il s’agit de la plus grande parcelle de forêt appartenant à la commune de Paimpont.


Bibliographie

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne.

EALET, Jacky, « Les seigneurs de la forêt », Le Châtenay - Journal de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay, Mai, 1984, p. 9-12, Voir en ligne.