Les Trois Roches de Trébran
Un alignement de menhirs de Concoret
1791 — Première mention des trois Roches de Trébran
La première mention du site mégalithique apparait dans le manuscrit de l’abbé Guillotin, prêtre réfractaire à Concoret durant la Révolution.
On présume que les moines de Saint-Méen avaient élevé un monument de piété à l’endroit qu’on nomme les trois Roches proche Trébran, attendu que ces trois grosses pierres étaient propres à rappeler le mystère de la Sainte Trinité, et qu’ils avaient une espèce d’ermitage au lieu que l’on nomme la Clôture qui devint une propriété du château de Comper
Les trois roches ont pu être l’objet de cultes qui n’étaient pas du goût des moines de l’abbaye de Saint-Méen. Ce site mégalithique aurait été christianisé, comme le mentionnent les traditions populaires rapportées par l’abbé Guillotin.
1896 — La mention des mégalithes par Félix Bellamy
Le site mégalithique est largement décrit par Félix Bellamy.
On les appelle les Trois Roches de Trébran. Elles sont toutes trois gisantes sur le sol, l’une à plat, les deux autres de champ ; elles sont sur un même alignement qui mesure trente-deux pas (environ 24 mètres) entre les extrémités les plus éloignées. La pierre couchée à plat est à l’un des bouts, l’intermédiaire est à peu près à égale distance des deux extrêmes. Ces trois pierres sont bien plus grosses que celles des Champs Morgan. Elles sont fort irrégulières dans leur forme, ce qui empêche d’en prendre des mesures exactes. Voici cependant des indications. Pierre à plat : longueur 4m 60, largeur 2m 60, épaisseur à un bout, 0m 95, c’est la plus grosse. Pierre intermédiaire : longueur 4m 38, largeur 1m 60, épaisseur moyenne, 1m 50. Enfin, la troisième : longueur 2m 85, largeur 1m 25, épaisseur, 1m 10. Ces pierres recouvertes de pictogrammes m’ont semblé un poudingue rouge, avec grains de quartz blanc, tandis que le roc du sous-sol aux environs est schiste rouge ou grès schisteux rouge.Ces blocs gênent le maitre de la pâture, qui regrette bien de ne pouvoir les jeter par dessus la haie dans le champ du voisin ; et, d’un autre côté, elles tentent l’administration. Il faut donc s’attendre à ce qu’on les fasse éclater par la mine quelque jour, pour en émietter les quartiers en mauvais macadam sur la route voisine. Ces trois pierres sont : ou bien les matériaux premiers d’un monument qui devait être construit ; ou bien elles sont les derniers vestiges d’un monument détruit.
Félix Bellamy relate la légende des Trois Roches déposées à Trébran par une vieille femme.
Elles furent apportées, disent les gens, par une vieille femme qui en avait une sur le dos et une sous chaque bras, et qui les laissa tomber là où elles sont, et d’où personne ne les a bougées depuis.
L’érudit de Brocéliande fait le lien entre cette légende et celle similaire qui est attachée aux Trois Roches des Champs Morgan situées près de la Saudraie en Mauron.
1926 — Le Guide du Touriste dans la Forêt de Paimpont
Le Guide du Touriste dans la Forêt de Paimpont, édité en 1919 puis en 1926, recense plusieurs mégalithes de la forêt de Paimpont. S’il indique comme ses précurseurs l’intérêt touristique du Tombeau de Merlin ou de l’Hotié de Viviane, il mentionne aussi des mégalithes méconnus comme les Roches de Trébran.
A hauteur du hameau de Trébran, reconnaissable à son énorme chêne poussé en contrebas de la chaussée, se trouvent trois mégalithes de poudingue rose et blanc. Le plus gros à 3 m 50 de long et 2 m. 50 d’épaisseur. Couchés à 15 m l’un de l’autre, sur un même alignement, ils semblent être les fragments d’un gigantesque menhir.
1989 — Les Trois Roches et l’archéologie contemporaine
En l’absence d’étude archéologique, l’identification et la datation de cet ensemble mégalithique est difficile à préciser. S’agit-il d’un ensemble de menhirs couchés transformés en tombes individuelles à l’Âge du Bronze comme le suggère l’archéologue Jacques Briard ?
Les trois gros blocs appelés les Trois Roches de Trébran à Concoret sont peut-être aussi des blocs d’un alignement qui a été couché pour recouvrir des fosses funéraires. Elles sont encore orientées nord-sud. Elles ont été malheureusement explorées en sape, ce qui a détruit les possibles traces de fosses sous-jacentes. Mais là il n’y a pas de caveau construit, alors que l’on a en Bretagne (Tombe de Saint-Ouarno à Langoelan, Morbihan) des exemples de petites tombes en fosses recouvertes d’une dalle assez importante.
Jacques Briard mentionne cependant la difficulté d’établir des hypothèses crédibles en l’absence de fouilles archéologiques.
Si certains blocs couchés sont des menhirs comme celui proche de l’allée couverte de Saint-Méen à la Chapelle-Caro, d’autres sont plus difficiles à interpréter comme la Pierre des Hindrés à Paimpont, alias le Tombeau de la Duchesse d’Angoulême, où les Trois Grosses Dalles de Trébran à Concoret, alignement typique ou succession de trois tombes en fosses sous dalles, curieusement orientées nord-sud comme la majorité des alignements de la région.
L’archéologue Philippe Gouezin, autre spécialiste à donner une description contemporaine des Roches de Trébran, demeure quant à lui circonspect sur l’origine de ces mégalithiques.
Le lieu-dit « Les Trois-Roches » indiquées sur les cartes I.G.N. comme étant des menhirs correspondent plutôt à un ensemble de roches naturelles.
2014 — Une version contemporaine de la légende des Trois roches de Trébran
En 2014, Xavier Husson propose une libre interprétation de la légende mentionnée par Félix Bellamy en 1896. — HUSSON, Xavier, Merveilles & légendes de Brocéliande, Au bord des continents, 2014. [pages 55-65] —