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Brocéliande vue du ciel

Archéologie aérienne autour du massif forestier de Paimpont

Depuis trente ans, trois archéologues survolent la Bretagne et révèlent de nombreux sites archéologiques. La synthèse de leurs découvertes, publiée dans leur ouvrage Les moissons du ciel, 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, concerne quatorze sites localisés sur les communes du massif forestier de Paimpont.

Trente ans de prospection aérienne

1976-1990 — Les débuts de la prospection aérienne en Haute-Bretagne

Les pionniers de l’archéologie aérienne française commencent leurs survols à basse altitude à partir des années 1960 1.

À partir du milieu des années 1970, la Haute-Bretagne et la région de Brocéliande sont intégrées à ces nouveaux programmes de recherche.

Lors de la grande sécheresse de 1976, Pierre-Roland Giot et Charles-Tanguy Le Roux démontrent qu’il est possible de découvrir des sites enfouis ou arasés dans nos contrées bocagères. La même année, Loïc Langouët du CeRAA (Centre Régional d’Archéologie d’Alet) découvre la trame urbaine de la ville de Corseul.(Côtes-d’Armor)

Des programmes de prospection diachronique sont mis en place à partir de 1986. La détection aérienne à basse altitude de la région de Brocéliande est alors confiée à Maurice Gautier.—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, « 1976, "l’année du siècle" pour l’archéologie aérienne », Annales de la Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Arrondissement de Saint-Malo, 2021, p. 133-161. —

Les zones d’intervention des prospecteurs aériens en Bretagne en 1990
—  LANGOUËT, Loïc et GAUTIER, Maurice, La prospection aérienne en Bretagne, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Rennes, 1990, 91 p., (« Documents d’Archéologie Armoricaine »).
[planche n°1] —

En 1990, les résultats de cette nouvelle méthode de prospection font l’objet d’une première mise en lumière.

  • —  GAUTIER, Maurice et LEROUX, Gilles, Méthodes et résultats, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 1990, 15 p., (« Le passé vu du ciel - Les révélations archéologiques de la sécheresse de 1989 en Haute-Bretagne »). —
  • —  GAUTIER, Maurice et LEROUX, Gilles, Les pays de moyenne Vilaine, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 1990, 15 p., (« Le passé vu du ciel - Les révélations archéologiques de la sécheresse de 1989 en Haute-Bretagne »). —
« Le passé vu du ciel - Les révélations archéologiques de la sécheresse de 1989 en Haute-Bretagne »
—  GAUTIER, Maurice et LEROUX, Gilles, Méthodes et résultats, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 1990, 15 p., (« Le passé vu du ciel - Les révélations archéologiques de la sécheresse de 1989 en Haute-Bretagne »). —

Depuis cette première restitution, Maurice Gautier a proposé plusieurs contributions à des publications pour un public non spécialisé afin de présenter les découvertes de la prospection aérienne en Brocéliande.

  • En 2002, dans un ouvrage collectif sur Brocéliande —  GAUTIER, Maurice, « Pour une nouvelle géographie antique des pays de Brocéliande », in Brocéliande ou le génie du lieu, Presses Universitaires de Grenoble, 2002, p. 30-48. —
  • En 2003, dans un guide de découverte pour randonneurs.

Depuis 1989, la région de Brocéliande fait l’objet de prospections aériennes systématiques. Ces recherches favorisées par plusieurs années consécutives de sécheresse et le développement de nouvelles cultures sont subventionnées par le Ministère de la Culture et les Conseils généraux du Morbihan et d’Ille-et-Vilaine. Elles révèlent peu à peu l’extraordinaire densité de l’occupation ancienne du sol, notamment aux époques gauloise et gallo-romaine et mettent définitivement à mal le mythe de la grande forêt centrale quasi impénétrable, chère aux celtisants du 19e siècle.

GAUTIER, Maurice, « Géographie antique de Brocéliande », in Topoguide FFRandonnée ; Brocéliande à pied, Paris, FFRP, 2003, p. 22-23.

2019 — Les moissons du ciel

En 2019, Maurice Gautier, Philippe Guigon et Gilles Leroux, publient Les moissons du ciel, 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain. —  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). —

Les moissons du ciel
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). —

Cet ouvrage rend compte des découvertes révélées aux archéologues par trente années de survol du territoire. Il présente de nombreux sites nouveaux qui complètent les découvertes antérieures, faites au sol, quelquefois fortuitement.

Cet article de l’Encyclopédie est réalisé avec l’autorisation des auteurs à partir des documents et des textes des Moissons du ciel relatifs aux communes du massif forestier de Brocéliande.

Un ouvrage salué par les professionnels

Bruno Bréart, Conservateur en Chef du Patrimoine émérite, présente l’ouvrage.

Aujourd’hui, Maurice Gautier et Gilles Leroux, nous livrent le bilan de trente années consacrées au survol du Massif armoricain, une contribution fondamentale pour la connaissance du patrimoine archéologique de la région. Pour ce travail, ils se sont adjoint le pilote, Philippe Guigon, et plusieurs collaborateurs qui, chacun dans son domaine de compétence, a enrichi le contenu de la publication.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. pp. 6-8

Dominique Garcia, président de l’INRAP - l’Institut national de recherches archéologiques préventives - note l’importance du travail des trois archéologues.

Le travail qu’ils nous livrent aujourd’hui dans cet ouvrage est une donnée scientifique de première importance dans notre capacité collective à connaître et protéger ce patrimoine fragile et enfoui. Il concourt aussi, aux côtés des opérations de recherche plus intrusives, qu’elles soient préventives ou programmées, non seulement à compléter le corpus, mais aussi à nourrir la base de données du patrimoine de demain au travers de la multiplication de ces couvertures photographiques.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 10

Yves Menez, Conservateur régional de l’archéologie en Bretagne, reprend l’historique des premières prospections, avec le survol réalisé par Pierre-Rolland Giot et Charles Tanguy Le Roux lors de la grande sécheresse de 1976.

Les prospections aériennes constituent une étape incontournable dans l’étude de l’histoire de nos campagnes. [...] il faut remercier Maurice Gautier, Philippe Guigon et Gilles Leroux d’avoir œuvré durant plusieurs décennies, avec intelligence, savoir-faire et passion, pour une meilleure reconnaissance et protection de ce patrimoine.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 9

Les contraintes et les surprises de la prospection aérienne

Les trois passionnés scrutent le sol à maintes reprises et dans des conditions à chaque fois différentes pour entrevoir des anomalies dans la végétation.

Tous les trois passionnés de longue date d’archéologie, sous toutes ses formes, un ingénieur de l’Inrap, Gilles, un instituteur public, Maurice, embarqués à tour de rôle dans une même aérienne galère pilotée le plus souvent par l’aiguilleur du ciel Philippe, connaissons-nous le bonheur rare de pouvoir lire un paysage, c’est-à-dire de distinguer les apports et transformations effectués par les hommes sur le substrat de géographie physique originel.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 14
Gilles Leroux, Philippe Guigon et Maurice Gautier en 2014
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »).
[page 15] —

Les conditions climatiques, la nature des sols et des plantations, l’heure du jour, la position du soleil, l’altitude de l’avion, l’angle de vision, le professionnalisme du pilote et du photographe, sont essentiels pour réussir cette prospection aérienne.

Trois facteurs majeurs entrent en jeu dans la conduite de ce mode de recherche. Les conditions climatiques constituent assurément le plus important d’entre eux. La pluviométrie doit rester sans excès et se répartir plutôt sur la période hivernale, tandis que les températures devront atteindre leur optimum à partir de la fin du printemps. Dans nos régions tempérées, la plupart des plantes cultivées, dont les surfaces constituent le révélateur prioritaire de la présence éventuelle de vestiges archéologiques, arrivent à maturité autour du solstice d’été. Il est donc indispensable que les semaines, voire les mois, précédant ce moment, soient les plus secs possible : les grandes sécheresses des années 1976, 1989, 1996… ont répondu à cette exigence.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 23

Il faut savoir ce que l’on recherche pour le découvrir avec plus de facilité. L’expérience compte pour beaucoup et les pièges sont nombreux.

Les travaux des hommes, creusement de fossés, trous de poteau, édification de murs et de talus, aire de travail ou de rejets, laissent, après remblaiement ou destruction, des cicatrices dans le sol et le sous-sol. Ces perturbations anthropiques affectent durablement la couverture végétale, et notamment les cultures en produisant de nombreuses anomalies. Si elles sont peu visibles au sol, elles deviennent significatives avec le recul de la vue aérienne.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 48

La prospection aérienne ne s’improvise pas, elle se prépare méthodiquement.

Malheureusement, les paramètres qui déterminent les conditions favorables à la réapparition des structures arasées sont si nombreux, si complexes, et surtout si variables d’un secteur à l’autre et d’une culture à l’autre, que le recours à des méthodes sophistiquées paraît illusoire. Ainsi, plutôt que de parler de moments favorables, il est plus facile de prévoir des périodes favorables pendant lesquelles on devra se tenir prêt à décoller.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 51

Les découvertes réalisées lors de la prospection aérienne sont complétées par une prospection-vérification au sol afin d’être validées.

Un prospecteur aérien ne pouvant contrôler lui-même l’ensemble de ses découvertes, le recours à des informateurs locaux est plus que souhaitable. On reprécisera ici que les vérifications au sol ont une meilleure rentabilité lorsque les terres ont été lavées après une forte pluie, et qu’il convient de demander l’autorisation d’accès aux exploitants des parcelles concernées.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 56

Décrié par les écologistes, le maïs est la plante préférée des archéologues volants.

Une sécheresse même courte, calamité publique, est pour nous une aubaine : sur les herbages se discernent alors particulièrement nettement les murs dont nous sommes d’avides consommateurs. Les maïs fournissent d’excellents clichés, pourvu que l’on s’arme de patience : en effet, suivant l’orientation du soleil, les sites apparaissent puis s’évanouissent de façon intrigante au profane : il suffit de contourner le champ, et, quasi magiquement, réapparaissent de fort belles traces, surtout en lumière rasante, puisque cette plante peut présenter des reliefs différentiels de l’ordre de 80 cm, offrant de très belles ombres portées.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 67

Vue du ciel, l’empreinte laissée par des populations du Paléolithique et du Mésolithique est trop ancienne ou trop dissimulée pour apparaître à la surface du sol.

Les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique puis, bien plus tard, ceux du Mésolithique, n’ont pas laissé de traces visibles d’avion. Si les grottes et les abris en pied de falaise sont parfois identifiables du sol et en aérien, les niveaux d’occupation sont recouverts et cachés par d’épaisses couches de sédiments. Quant aux campements de plein air, stations temporaires, ils ne sont pas suffisamment ancrés dans le sol pour laisser des cicatrices détectables du ciel, alors que les prospections pédestres livrent parfois les industries lithiques, abandonnées en ces endroits.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 90

Quatorze sites en Brocéliande

Plusieurs centaines de sites enfouis ou arasés ont été repérés sur le territoire. Quatorze d’entre eux, choisis pour leur bon rendu photographique, sont publiés dans Les moissons du ciel. Des études comparatives permettent de les dater entre l’Âge du Bronze et le Moyen Âge.

Quelques-uns d’entre eux ont été l’objet de fouilles archéologiques. En l’absence d’investigations dans le sol, la datation des autres sites reste l’objet d’hypothèses.

Deux zones ont révélé une plus grande densité de sites archéologiques.

Le nord et l’ouest du massif forestier comprenant les communes de Tréhorenteuc, Mauron, Saint-Brieuc-de-Mauron, Muel, Gaël et Iffendic :

  • Saint-Brieuc-de-Mauron (Morbihan). « Le Champ du Four ».
  • Saint-Brieuc-de-Mauron (Morbihan). « La Rebutais ».
  • Mauron (Morbihan). « La Rochette ».
  • Mauron (Morbihan). « Le Petit Valet ».
  • Mauron (Morbihan). « La Mariais ».
  • Mauron (Morbihan). « Les Fossés ».
  • Muel (Ille-et-Vilaine). « Le Bas Trédian ».
  • Gaël (Ille-et-Vilaine). « La Ville Rouault ».
  • Iffendic (Ille-et-Vilaine). « L’Ecède ».

Le sud-ouest du massif forestier comprenant les communes de Campénéac, Augan, et Guer :

  • Campénéac (Morbihan). « La Ville Morhan ».

La commune de Paimpont, moins propice à la photographie aérienne en raison de l’importance du couvert forestier, révèle néanmoins ses sites dans les clairières ou lors de conditions particulière de photographies (sécheresse, incendies....).

  • Paimpont (Ille-et-Vilaine). « Telhouët ».

Les archéologues en profitent pour photographier des sites intéressants et bien visibles en élévation :

  • Paimpont (Ille-et-Vilaine). « Le Val sans Retour ».

Paimpont (Ille-et-Vilaine). « Le Val sans Retour »

076 - Paimpont (35) Le Val sans Retour
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 85 —
Maurice Gautier

Le Val sans Retour et ses hauteurs pittoresques sont le lieu emblématique du légendaire arthurien depuis la première moitié du XIXe siècle, alors que ces espaces arides étaient en partie cultivés, comme le montrent ces parcellaires et chemins révélés par le gigantesque incendie de 1990. L’enclos aux forts talus, bien visible à la rupture de pente, est peut-être plus ancien, ainsi que semblent l’indiquer sa morphologie et son implantation topographique. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 85 —

Le Néolithique

Aucun site du massif forestier de Paimpont datable du néolithique n’a été identifié par prospection aérienne. Cependant, les auteurs rappellent l’important travail d’inventaire et de fouilles réalisé à Paimpont et Campénéac par Jacques Briard (1933-2002).

Peuvent être cités de la sorte les travaux tenaces de Roger Bouillon (1940-2008) sur les dolmens du nord de la Mayenne ou bien encore ceux de Jacques Briard (1933-2002), qui s’est évertué à sortir de l’anonymat les ensembles mégalithiques du massif de Paimpont ou de la Lande de Cojoux à Saint-Just.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 98

L’Âge du Bronze

Deux sites datés de l’Âge du Bronze ont été identifiés. La datation du premier, situé à « L’Ecède » en Iffendic n’a pu être confirmée par des fouilles archéologiques. Le second, situé à « La Rochette » en Mauron a fait l’objet de fouilles menées par Jean-Yves Tinevez. Ces dernières ont beaucoup apporté à la connaissance de l’Âge du Bronze et à la fréquentation du site du Néolithique au haut Moyen Âge. Il est emblématique de cette période en Brocéliande.

En regard de périodes plus récentes, comme les époques gauloise ou romaine, les prospections aériennes ont jusqu’à présent révélé moins de vestiges de l’âge du Bronze. Les aménagements les plus importants, comme les éperons de La Rochette à Mauron ou celui du Val Aubin à Lamballe, sondé par Gaëlle Hamon, barrés par d’imposants fossés segmentés, sont les moins difficiles à détecter. Longtemps attribués au Néolithique, les fouilles de Mauron et de La Tourelle à Lamballe montrent que ces fossés interrompus semblent plutôt dater de l’âge du Bronze.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 122

Iffendic (Ille-et-Vilaine). « L’Ecède »

116 - Iffendic (35) L’Ecède
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 130 —
Maurice Gautier

Grand enclos circulaire d’un diamètre proche de 40 m, apparaissant dans les pois fourragers mûrissants : on voit une petite interruption du fossé côté ouest (sur la gauche du cliché), ainsi qu’une structure fossoyée de forme rectangulaire qui s’y superpose partiellement. L’attribution chronologique de ce cercle à l’âge du Bronze est incertaine. Andlauer et al. 1990 : 5 ; Leroux, Provost 1990 : 149 [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 130 —

Cet enclos est mentionné en 1990 sous le titre Structures visualisées dans du pois fourrager. L’Ecède en Iffendic (35) —  LANGOUËT, Loïc et GAUTIER, Maurice, La prospection aérienne en Bretagne, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Rennes, 1990, 91 p., (« Documents d’Archéologie Armoricaine »). [diapositive n°10] —

Certaines cultures comme le pois fourrager sont très favorables à la détection des vestiges archéologiques, particulièrement lors du mûrissement. En effet, celui-ci entraine des contrastes très marqués de la teinte du pois fourrager qui reste bien vert à l’emplacement du fossé comblé alors que le reste du champ est devenu jaune citron. En Bretagne, ces dernières années, l’introduction et le développement de cette nouvelle culture a grandement favorisé les découvertes aériennes. A l’Ecède, en Iffendic (35), le pois fourrager est resté beaucoup plus vert à l’aplomb des fossés comblés, révélant ce grand enclos circulaire d’un diamètre proche de 30 mètres avec une interruption à l’ouest. On reconnait également un enclos quadrangulaire superposé.

LANGOUËT, Loïc et GAUTIER, Maurice, La prospection aérienne en Bretagne, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Rennes, 1990, 91 p., (« Documents d’Archéologie Armoricaine »). [page 72]

Mauron (Morbihan). « La Rochette »

110a - Mauron (56) La Rochette
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 125 —
Maurice Gautier

Cet habitat retranché, découvert en 1992 par prospection aérienne, tire parti d’un promontoire naturel dominant d’une quinzaine de mètres la vallée de l’Yvel. On voit surtout, côté plateau, un large fossé dans lequel se distinguent plusieurs interruptions ; d’autres fossés disposés en arcs de cercle sont visibles à l’intérieur de l’enceinte.

Jean-Yves Tinevez y a réalisé des fouilles archéologiques de 2003 à 2007 2.

La fouille de la totalité du site, par Jean-Yves Tinevez de 2003 à 2007, a montré de multiples occupations discontinues de l’éperon, allant du Ve millénaire av. J.-C. au IXe siècle de notre ère. Le plus imposant des fossés, daté du Bronze moyen et final (XVe - Xe siècle av. J.-C.), est précédé d’une palissade et bordé d’un puissant rempart protégeant une série de petits bâtiments disposés en enfilade. Très proche de cet ensemble, une cinquantaine de trous de poteaux dessine une palissade arquée longue de 104 m, barrant la totalité du promontoire ; une série de petits bâtiments, probables greniers, s’y adossent. Les éléments mobiliers recueillis permettent d’attribuer cette structure au premier âge du Fer. Galliou et al. 2009 : 193-194 ; Gautier 2002a : 34 ; Menez, Hinguant 2010 : 56 ; Tinevez et al. 2011 ; Tinevez 2018b [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 122 —

  • —  TINÉVEZ, Jean-Yves, QUESNEL, Laurent, MARCOUX, Nancy, [et al.], « Le site de La Rochette à Mauron (Morbihan) : les multiples occupations d’un promontoire », SRA, 2009, p. 105, Voir en ligne. —
  • —  TINÉVEZ, Jean-Yves, QUESNEL, Laurent, MARCOUX, Nancy, [et al.], « Le site de La Rochette à Mauron (Morbihan) : les multiples occupations d’un promontoire », Revue archéologique de l’Ouest, 2011, p. 71-148, Voir en ligne. —

La période gauloise

L’Âge du Fer est fortement représenté en Brocéliande. Des fouilles de bas-fourneaux ont révélé une extraction importante du minerai.

En Bretagne, les premières traces de production de fer ont été reconnues à Paimpont et à Saint-Pierre-de-Plesguen entre 750 et 400 av. J.-C.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 138

De nombreuses fermes encloses apparemment isolées et édifiées à la fin de l’Âge du Fer ont été repérées. Ces enclos parfois regroupés évoquent alors alors des hameaux comme à la Ville-Morhan en Campénéac.

Les survols systématiques de certains terroirs ont montré la présence d’associations d’enclos évoquant plutôt un habitat groupé, sorte de hameaux avant l’heure. Patrick Naas a photographié à Saint-Abraham neuf enclos répartis sur moins de 0,50 km², de part et d’autre d’un tronçon de voie ; la même concentration d’enclos a été reconnue à Campénéac, Guer, Marcillé-Robert ou Mauron, aux carrefours de cheminements gaulois. Il s’agit là de l’identification d’une forme d’habitat intermédiaire, assez inédite pour la région, mais heureusement révélée par la photographie aérienne.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 141

Les sanctuaires ne sont pas nombreux. Ils restent à découvrir !

Les sanctuaires manquent curieusement à l’appel ! Dans d’autres régions, ils sont repérables par les traces de leurs larges fossés délimitant souvent un espace quadrangulaire de faible superficie. Le corpus des sites repérés d’avion présente quelques cas possibles comme celui, atypique, du Petit Valet en Mauron, ou bien encore l’enclos de forme elliptique de La Ville Morhan en Campénéac ; mais seules les fouilles peuvent valider l’attribution cultuelle de ces enclos potentiels.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 141

Paimpont (Ille-et-Vilaine). « Telhouët »

074 - Paimpont (35) Telhouet
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 84 —
Maurice Gautier

Bien avant l’apparition médiévale des forges de Paimpont, la région de Plélan-le-Grand fut un important district métallurgique de production du fer durant la Protohistoire et l’Antiquité. De nombreuses traces liées à cette activité ont été inventoriées d’avion sur sols nus. En dehors des classiques ferriers reconnaissables à leur teinte noirâtre caractéristique, les plus couramment reconnues sont des taches rouges, de taille variable, tranchant nettement par leur coloration sur le grisé ou l’orangé des labours.

Les sites, qui ont été fouillés par Jean-Bernard Vivet et Guy Larcher, ont tous confirmé l’existence à ces endroits d’une métallurgie de réduction de minerai, liée à une lignée technique bien caractérisée par des bas fourneaux de grand diamètre interne (1 m à 1,20 m) à scories piégées, avec de nombreux orifices de ventilation et bouchons d’argile coniques. Ces travaux ont permis d’attribuer près de 150 sites maculiformes à la Tène moyenne, et plus précisément à l’intervalle 350-200 av. J.-C. Ealet, Larcher 2015 : 119- 126 ; Vivet 2009 [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 84 —

  • —  EALET, Jacky et LARCHER, Guy, Paimpont en Brocéliande, Beignon, Les oiseaux de papier, 2015. [pages 119-126] —
  • —  VIVET, Jean-Bernard, « Paimpont (Ille-et-Vilaine). Ferrier de Trécélien », Varia, Vol. 34, 2004, Voir en ligne. —
  • —  VIVET, Jean-Bernard, « La production du fer protohistorique en haute Bretagne d’après les résultats des prospections, des fouilles d’ateliers et des analyses archéométriques. », Actes du XXVIIIe colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer (Toulouse, 20-23 mai 2004), Toulouse, Supplément Aquitania (14/2), 2007, p. 63-84, Voir en ligne. —

Saint-Brieuc-de-Mauron (Morbihan). « Le Champ du Four »

050 - Saint-Brieuc-de-Mauron (56) Le Champ du Four
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 69 —
Maurice Gautier

Enceinte arasée photographiée dans des conditions optimales de révélation, lors du mûrissement des pois fourragers. Ces vastes enclos emboîtés ceinturés par des fossés multiples, avec fosses et entrée aménagée, sont caractéristiques des grandes fermes gauloises isolées. Sur le cliché, on peut même percevoir des aménagements périphériques, probables limites agraires fossoyées. Galliou et al. 2009 : 301 ; Gautier 2002b : 38 ; Gautier 2003a : 36 ; Leroux et al. 1999 : 193 [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p.  —

Gaël (Ille-et-Vilaine). « La Ville Rouault »

176 - Gael (35) La Ville Rouault
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 183 —
Maurice Gautier

Vaste ferme gauloise tardive au plan atypique apparaissant au milieu du bocage récemment arasé. Sur trois de ses côtés se voient des fossés rectilignes et parallèles témoignant de probables remaniements des clôtures. Un fossé de partition avec une interruption centrale délimite l’espace résidentiel et une probable avant-cour ; une entrée est aménagée à l’ouest (en bas du cliché), avec un possible porche. On remarque surtout ses longues antennes, sans doute destinées à diriger et à guider le bétail vers l’unique entrée de la ferme ; des limites agraires fossoyées plus ténues sont également visibles à la périphérie de l’habitat. Un long fossé rectiligne, vestige probable d’un arpentage antique, recoupe l’ensemble du site. On notera encore ici la très faible influence de ces formes protohistoriques et antiques sur la morphologie bocagère : un seul talus de la zone résidentielle semble être en position de morphogène, avec un décalage de quelques mètres. Il y a bien ici mobilité paysagère sur le long terme, mais sans continuité apparente. Gautier 2002a : 37 ; Leroux et al. 1999 : 318-319 [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 183 —

Muel (Ille-et-Vilaine). « Le Bas Trédian »

182 - Muel (35) Le Bas Tredian
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 188 —
Maurice Gautier

Des formes géométriques caractéristiques apparaissent sur cette moquette végétale, révélant les clôtures détruites d’une ferme gauloise complètement nivelée par des pratiques culturales séculaires. La maturation des pois fourragers est retardée à l’aplomb des fossés comblés, et les différences de teinte de la plante livrent alors à l’observateur aérien le plan presque complet d’un habitat fossoyé protohistorique avec ses annexes. Leroux et al. 1999 : 214 [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 188 —

Mauron (Morbihan). « Le Petit Valet »

190 - Mauron (56) Le Petit Valet
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 194 —
Maurice Gautier

Ces nombreuses lignes de fossés comblés apparaissant à la fois dans le blé et dans les pois fourragers révèlent l’emplacement d’un probable sanctuaire gaulois dont la superficie avoisine un hectare. [...] Le site a été réoccupé à l’époque gallo-romaine, comme l’atteste un petit bâtiment de forme rectangulaire visible dans la partie nord-est, possible temple. Delétang 1999 : 49-50 ; Galliou et al. 2009 : 193-195 ; Gautier 1999 : 354 ; Gautier 2002a : 39 ; Leroux et al. 1999 : 196 [MG]. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 194 —

Au regret de son découvreur, le site du « Petit Valet » n’a pas fait l’objet de fouilles archéologiques.

De son vivant, Maurice [Gautier] aimerait savoir ce que cachent quelques très beaux sites, par exemple « Le Petit Valet » en Mauron, « Couesmélan » en Ménéac.

Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 406

En 1932, un enfouissement monétaire coriosolite a été découvert au « Petit Valet ». Les pièces retrouvées ont été étudiées par Colbert de Beaulieu en 1953. —  JOSSO, A., « Procès-verbaux (1953) », Bulletin et mémoires de la Société polymathique du Morbihan, 1955, p. 21, Voir en ligne. —

Campénéac (Morbihan). « La Ville Morhan »

200a - Campénéac (56) La Ville Morhan
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 206 —
Maurice Gautier

Les survols répétés de certains sites conduisent parfois à l’enrichissement des données et à une meilleure compréhension des vestiges révélés. Mais ici la planimétrie réalisée, suite à de nombreux vols et au redressement des clichés obliques, suscite plutôt des interrogations. Si les deux enclos quadrangulaires ont une morphologie très classique, il n’en est pas de même pour l’enclos ceinturé par une sorte de galerie adoptant une forme elliptique : son plan atypique et sa superficie évoquent un sanctuaire laténien fouillé dans le Doubs. À proximité, des enclos jointifs disposés de part et d’autre de chemins sont en partie masqués par les longères et les courtils de La Ville Morhan. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 206-207 —

200b - Campénéac (56) La Ville Morhan
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 207 —
Maurice Gautier

L’extrait du cadastre napoléonien présente un paysage typique de la région de Ploërmel avant remembrement, avec ses parcelles cultivées en étroites lanières ouvertes et incurvées : ces petits espaces sont organisés en bandes, parfois séparés par des haies. Le positionnement cadastral des divers enclos montre que les vestiges fossoyés sont apparus dans cet espace ouvert anciennement, un secteur sans haies ni talus. La discordance est ici totale avec les linéaments conservés de l’ancien bocage visibles autour du village actuel. Ce groupement ou agrégat d’enclos découvert sur une ondulation de terrain peut évoquer un hameau de l’âge du Fer constitué de plusieurs cellules familiales, comme ceux reconnus en Picardie et en Angleterre. — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 206-207 —

Le site de la « Ville Morhan » n’a pas fait l’objet de fouilles archéologiques.

Ce site mériterait d’être sondé ou fouillé, dans le cadre de nouvelles problématiques sur les enclos, afin de répondre aux nombreux questionnements qu’il génère. Néanmoins, il montre, d’ores et déjà, que des établissements anciens sont conservés sous nos hameaux et bourgs remontant, pour la plupart, au Moyen Âge et à l’époque moderne. 3 — Gautier, Maurice et al. (2019) op. cit. p. 206-207 —

La période gallo-romaine

Quelques sites postérieurs à la défaite gauloise en 52 av. J.-C. ont été découverts en périphérie de Brocéliande.

Les enclos de La Michelaie à Guipry [35], de La Ville-Jaudouin à Mohon [56] ou de La Fosse Copin à Coulombiers [86] en sont des exemples probants.

Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 227

Quatre sites photographiés autour du massif forestier, situés à Augan, Mauron et Saint-Brieuc-de-Mauron sont datables de cette période. Ils montrent d’imposants fossés protégeant des habitations, que seules des fouilles permettraient de dater avec précision.

Dans les secteurs où les matériaux de construction font défaut, les habitats gallo-romains majeurs sont révélés par leur gigantesque système fossoyé, ainsi à Crédin [56], Livré-la-Touche [53] ou Saint-Brieuc-de-Mauron.

Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 227

Guer (Morbihan). « La Fosse-Guélan »

Guer (56) La Fosse-Guélan
Guer (56) La Fosse-Guélan - Ferme gallo-romaine et système agraire associé.—  GAUTIER, Maurice et LEROUX, Gilles, Les pays de moyenne Vilaine, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 1990, 15 p., (« Le passé vu du ciel - Les révélations archéologiques de la sécheresse de 1989 en Haute-Bretagne »).
[page 12] —
Maurice Gautier

La cartographie des découvertes laisse apparaitre des zones de forte densité : région de Corps-Nuds [35], de Guipry, Messac [35] et de Guer.

Gautier, Maurice ; Leroux, Gilles (1990) op. cit. p. 6

Augan (Morbihan). « Le Binio »

062 - Augan (56) Le Binio
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 77 —
Maurice Gautier

Cette vue spectaculaire a été prise du haut d’un tabouret, après une reconnaissance aérienne ! L’herbe a jauni plus vite à l’aplomb des murs détruits, dessinant au sol le plan d’une petite habitation inscrite dans un carré de 12 m de côté, avec deux pièces, un corridor central et une galerie de façade exposée à l’est. Cette habitation gallo-romaine caractéristique de nos régions est incluse dans un vaste enclos fossoyé de forme rectangulaire. — Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 77 —

L’édifice a fait l’objet en 1988 d’une fouille de sauvetage par Jean-Pierre Bardel : le mobilier recueilli y a montré une occupation des Ier et IIe siècles de notre ère. Bardel 1988 ; Galliou et al. 2009 : 73-74 ; Guigon, Gautier 1995 : 38 [MG]. —  BARDEL, Jean-Pierre et CORNEC, Thierry, « Un bâtiment domestique d’une villa rustica du Binio à Augan (Morbihan) », Conscription des Antiquités de Bretagne, 1988, p. 36, Voir en ligne. —

Saint-Brieuc-de-Mauron (Morbihan). « La Rebutais »

248a - Saint-Brieuc-de-Mauron (56) La Rebutais
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 257 —
Maurice Gautier

À côté des classiques villae construites en dur, des ensembles fossoyés aux dimensions importantes ont été photographiés, notamment dans de riches terroirs agricoles ne bénéficiant pas de matériaux de construction directement exploitables. La partie visible de ces établissements gallo-romains est constituée d’enclos aux formes géométriques, sur lesquels s’emboîtent souvent de longs fossés rectilignes ou des dispositifs fossoyés en bandes. Quelques rares bâtiments apparaissent au sein de ces ensembles, mais l’essentiel du bâti a disparu, car vraisemblablement construit en matériaux périssables. À l’époque gallo-romaine, ces vastes établissements ont dû coexister dans nos campagnes à côté de quelques grandes villae classiques. Ici apparaît un probable bâtiment thermal adossé à la clôture de l’enclos d’habitat : les structures encavées, comme les hypocaustes, se conservent mieux que les structures hors-sol. La partie résidentielle n’a, pour l’instant, pas été détectée. Galliou et al. 2009 : 300 ; Gautier 1996 : i, 52-53, pl. vii ; Guigon, Gautier 1995 : 38 ; Leroux et al. 1999 : 203 [MG]. — Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 257 —

Mauron (Morbihan). « La Mariais »

249b - Mauron (56) La Mariais
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 259 —
Maurice Gautier

De nombreux tracés fossoyés apparaissent dans les cultures sur la rive gauche de la vallée de l’Yvel, juste au sud du promontoire de La Rochette. Outre les chemins creux de l’ancien bocage, encore bien visibles, se distinguent de longs linéaments rectilignes en totale discordance avec le paysage remembré et les haies-reliques du bocage arasé. Les données issues des prospections aériennes en basse altitude et la lecture des clichés de l’IGN ont permis de restituer un aménagement agraire antique couvrant une superficie de 800 hectares. Ces traces évidentes d’arpentage, organisées à partir de la voie menant de Rennes à Quimper, semblent se connecter à la petite villa de La Rebutais en Saint-Brieuc-de-Mauron, sur la rive droite de l’Yvel. De tels travaux de géomètres, entrepris sur de vastes surfaces par longues visées successives, donnent à penser que le paysage était alors largement ouvert, comme le montre également la densité des fermes gauloises et gallo-romaines recensées dans ce secteur. Galliou et al. 2009 : 198 ; Gautier 1996 [MG]. Page 258. Photos 249a-249b. — Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 259 —

Mauron (Morbihan). « Les Fossés »

253a - Mauron (56) Les Fossés
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 262 —
Maurice Gautier

Longtemps masquée par le bocage, la voie antique de Rennes à Quimper réapparaît à la faveur de la sécheresse estivale dans plusieurs parcelles de blé, à proximité du hameau… des Fossés ! On voit nettement les petits fossés latéraux et l’empreinte de la chaussée en partie épierrée. Les autres tracés fossoyés visibles correspondent à des aménagements agraires d’époque médiévale. Cette portion d’itinéraire antique a dû être abandonnée précocement car elle n’a pas eu, en ces lieux, d’influence directe sur les lignes directrices de la trame bocagère. Au premier plan, on reconnaît un possible carrefour antique ainsi que l’ancien grand chemin reliant Mauron à Merdrignac, arasé et comblé lors des opérations connexes de remembrement. Galliou et al. 2009 : 185 ; Gautier 1996 : i, 54, pl. vii ; Gautier, 2002a : 44 ; Leroux et al. 1999 : 31 ; Leroux, Gautier 2012 : 258-261 [MG]. Page 262. Photos 253a-253b. — Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 262 —

Le Moyen Âge

Aucun site médiéval du massif forestier n’a été révélé par prospection aérienne. Le survol du territoire a cependant permis de mieux appréhender les structures médiévales connues.

La documentation énumère à foison abbayes, prieurés et églises, paroissiales ou en passe de le devenir. Les installations du haut Moyen Âge perdurent parfois, bien que très modifiées par les constructions ultérieures, ainsi pour les abbayes bénédictines de Landévennec et Redon, avec des édifices visibles en élévation remontant à l’époque romane ; le prieuré de Maxent a failli mieux résister mais il fut anéanti à l’extrême fin du XIXe siècle.

Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 280
Les fouilles archéologiques de l’ancienne église de Maxent
—  GIOT, Pierre-Roland, GUIGON, Philippe et MERDRIGNAC, Bernard, Les premiers bretons d’Armorique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003. —
Philippe Guigon

Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine). « Le Gué »

277 Plélan-le-Grand (35) Le Gué
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 288 —
Maurice Gautier

Un rideau d’arbres circulaire signale l’emplacement de la « Motte Salomon », nom moderne attestant de la confusion alors effectuée avec l’aula de ce roi breton du IXe siècle. En fait, il s’agit très probablement d’une motte à la forme particulière, siège de la châtellenie de Plélan démembrée précocement, ce qui entraîna l’arasement de la butte. Laurent Beuchet et Stéphanie Hurtin y ont mis au jour des bas-fourneaux implantés à la charnière des XIIIe et XIVe siècles, traces d’une activité métallurgique du fer attestée en ce lieu entre 1465 et 1525. Au pied de l’ancienne motte s’est développé le pittoresque hameau du Gué, où se tenaient un marché hebdomadaire et deux foires annuelles. Banéat 1927 : III, 112-113 ; Beuchet, Hurtin 1993 ; Gautier, Recouvrance 2007 : 22 ; Guigon 1997 : 45 ; Soyer 1965 : 373 [MG/PG]. — Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 288 —

La motte Salomon a fait l’objet de sondages archéologiques menés par Laurent Beuchet et Stéphanie Hurtin en 1993. —  BEUCHET, Laurent et HURTIN, Stéphanie, « La Motte Salomon - Plélan-le-Grand », D.R.A.C Bretagne - Service Régional de l’Archéologie, 1993, p. 71, Voir en ligne. —

Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine). Ville

319 - Montfort-sur-Meu (35)
—  GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »). p. 320 —
Maurice Gautier

Le site de confluence entre le Meu et le Garun a donné naissance dès la fin du XIe siècle à un château (arasé en 1842) sur lequel s’articula postérieurement un bourg castral. Des murailles qui l’enfermaient à la fin du XIVe siècle ne subsiste plus aujourd’hui que la tour du Papegault, dévolue durant trente ans à l’Écomusée du pays de Brocéliande avant qu’une nouvelle municipalité n’en décide autrement… Le tracé circulaire de ses remparts, détruits dans les années 1880-1890, réapparaît régulièrement lorsque les étals des commerçants ambulants du marché du vendredi (attesté en ce jour depuis le bas Moyen Âge ; peut-être se tenait-il alors place de la Cohue) investissent la place des Douves. Bachelier 2014a : 134- 135 ; Bachelier 2015 [GL/PG]. — Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 320 —

Épilogue

Les trois archéologues sont satisfaits d’avoir mené à bien leur travail de synthèse. Des milliers de sites viennent compléter la carte archéologique de Bretagne.

Car chacun a conscience d’avoir apporté sa pierre à l’édifice de la recherche en découvrant des milliers de sites totalement inédits, 2600 pour Maurice, au moins 5000 pour Gilles.

Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 404

Le travail de repérage et d’identification ne met malheureusement pas les sites archéologiques à l’abri d’une destruction.

Il arrive également que quelques sites dûment répertoriés depuis le ciel aient disparu sans aucun sondage ni fouille, ainsi l’enclos gaulois de « La Touche » en Saint-Brieuc-de-Mauron, anéanti par une stabulation : in memoriam !

Gautier Maurice et al. (2019) op. cit. p. 406

Désormais, la prospection aérienne à basse altitude est complétée par des outils numériques.

Depuis les années 2010, Maurice Gautier met à profit son expérience acquise à basse altitude pour dépouiller les missions anciennes et récentes de l’IGN réalisées sur la Bretagne (programme en cours sur le Finistère et ses marges orientales avec 500 découvertes inédites). Cette « nouvelle archéologie aérienne en pantoufles », devant son écran d’ordinateur, permet de compléter très largement les découvertes faites à basse altitude. Dorénavant des communes comme Mauron, Guilliers ou encore Ménéac totalisent plus de 150 entités archéologiques nouvelles. Ces travaux aériens montrent surtout que des contrées éloignées du littoral ont connu une forte occupation humaine, notamment à la fin de l’Âge du Fer. Le pagus trans sylvam des auteurs anciens est désormais clairement identifié et les travaux archéologiques futurs (lidar aéroporté) viendront certainement confirmer cette révélation notoire.

Maurice Gautier, com. pers. 2024

Nous remercions Maurice Gautier de nous avoir transmis tous ces éléments. Nous remercions également les trois auteurs d’avoir accepté la présentation de leurs découvertes dans l’Encyclopédie de Brocéliande.


utire

Bibliographie

LANGOUËT, Loïc et GAUTIER, Maurice, La prospection aérienne en Bretagne, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Rennes, 1990, 91 p., (« Documents d’Archéologie Armoricaine »).

GAUTIER, Maurice et LEROUX, Gilles, Les pays de moyenne Vilaine, Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 1990, 15 p., (« Le passé vu du ciel - Les révélations archéologiques de la sécheresse de 1989 en Haute-Bretagne »).

GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, Les moissons du ciel. 30 années d’archéologie aérienne au-dessus du Massif armoricain, Presses universitaires de Rennes, 2019, 431 p., (« Beaux Livres »).

GAUTIER, Maurice, « L’Ouest de la France vu de très haut : de nouveaux moyens de prospection », Archéologia, Vol. 592, 2020, p. 62-69.

GAUTIER, Maurice, GUIGON, Philippe et LEROUX, Gilles, « 1976, "l’année du siècle" pour l’archéologie aérienne », Annales de la Société d’Histoire et d’Archéologie de l’Arrondissement de Saint-Malo, 2021, p. 133-161.


↑ 1 • L’archéologie aérienne française commence dans les années 1960 avec :

  • Roger Agache dans le Nord de la France
  • Jacques Dassié en Poitou-Charentes
  • Bernard Edeine dans la Manche
  • René Goguey en Bourgogne
  • Daniel Jalmain en Île-de-France
  • Louis Monguilan en Provence

↑ 2 • Jean-Yves Tinevez a également effectué, dès 1992, les fouilles du site du néolithique final de « La Hersonnais » en Pléchâtel (Ille-et-Vilaine).

↑ 3 • Barral, Philippe ; Nouvel, Pierre ; Thivet, Mathieu, « Mandeure (Doubs) et ses sanctuaires gaulois », Dossiers de l’archéologie, hors-série n° 21, Les Gaulois, la fin d’un mythe, octobre 2011, p. 24-29 ; Galliou et al. 2009 : 99 ; Leroux et al. 1999 : 316-317 ; Meynier 1976 : 148 [MG]. Page 206. Photos 200-200b-200c.