Entre 1905 et 1916, Marie Chevallier a publié six articles dans la Revue des Traditions Populaires dont quatre sont consacrés à des légendes, croyances ou traditions populaires de la région de Paimpont.
Marie Chevallier est une collecteuse de légendes, croyances et traditions populaires dont le travail est publié dans la Revue des Traditions Populaires entre 1905 et 1916 1.
Deux de ses articles sont consacrés à des croyances et traditions populaires de Normandie.
— CHEVALLIER, Marie, « Croyances et coutumes Yportaises », Revue des traditions populaires, Vol. 20 / 1, 1905, p. 36-38, Voir en ligne. —
— CHEVALLIER, Marie, « Les métiers et les professions - Cris des rues à Sotteville-les-Rouen (Seine-Inférieure) », Revue des traditions populaires, Vol. 23 / 4, 1908, p. 148, Voir en ligne. —
Son collectage sur les pécheurs d’Yport (Seine-Maritime) est notamment remarqué par Paul Sébillot (1843-1918) qui la cite dans le troisième tome du folklore de la France.— SÉBILLOT, Paul, Le folklore de la France : la faune et la flore, Vol. 3, Paris, Guilmoto, 1906, Voir en ligne.P. 350 —
Les quatre autres articles publiés par Marie Chevallier dans la Revue des Traditions Populaires concernent la région de Paimpont.
— CHEVALLIER, Marie, « Traditions et coutumes de la Haute Bretagne - LXXVIII - Pays de Paimpont (Ille-et-Vilaine) », Revue des traditions populaires, Vol. 21 / 4, 1906, p. 178-180, Voir en ligne. —
— CHEVALLIER, Marie, « Petites légendes locales », Revue des traditions populaires, Vol. 21 / 4, 1906, p. 298-299, Voir en ligne. —
— CHEVALLIER, Marie, « Chansons de la Haute-Bretagne », Revue des traditions populaires, Vol. 30 / 11-12, 1915, p. 189-191, Voir en ligne. —
— CHEVALLIER, Marie, « Chansons de la Haute-Bretagne », Revue des traditions populaires, 1916, p. 27-31, Voir en ligne. —
Traditions et croyances populaires de la forêt de Paimpont
On raconte que la sainte Vierge, apparue à saint Judicaël, aux Landiers des chênes à Paimpont, lui dit : « Tu feras bâtir une église en mon honneur. » Aussitôt on en commença l’exécution, mais tout ce qui était fait le jour, la nuit se trouvait transporté sur la place du village, à l’endroit où se dresse l’église d’aujourd’hui ; voyant cela, les architectes construisirent l’édifice à ce dernier endroit, on lui donna le nom de Notre-Dame de Paimpont.
Le 15 septembre, on va à la grotte située en forêt, en procession, portant sur un brancard la sainte Vierge ; on s’adresse à cette Vierge dans tous les ennuis de la vie. Ainsi par exemple : il y a vingt ans. une petite fille, allant avec sa grand-mère couper de la litière en forêt, s’égara en cueillant des lucets [myrtilles]. Elle y resta trois semaines, et l’on croyait l’enfant dévorée par les bêtes ; les parents promirent un voyage à Notre-Dame de Paimpont ; un nommé Pattier, quelque temps après, en coupant de la litière, retrouva la petite devenue sauvage, s’enfonçant dans une broussaille. On la ramena de force à ses parents, qui attribuèrent ce miracle à la Vierge de Paimpont.
La Quenouillée
A Paimpont, à la grand’messe, après la communion, on présente, de préférence aux personnes étrangères, une quenouille, (on dit, quenouillée) de chanvre garnie de rubans, de fleurs, avec un panier enjolivé de dentelles et quelques petits pains ou brioches. Chaque personne en prend un et remet en échange quelques pièces de monnaie. Autrefois ces personnes emportaient chez elles la quenouillée, faisaient filer la filasse que l’on appelait le fil à la Vierge ; on la regarnissait avec du lin de première qualité, puis on la remettait à l’église.
Saints guérisseurs de Brocéliande
Marie Chevallier a collecté quatre traditions populaires liées à des saints honorés dans les églises, chapelles ou fontaines de Brocéliande.
Aux environs de Paimpont, des jeunes filles gardant leurs bestiaux se moquèrent de la statue de saint Barthélemy qui avait été mutilée pendant la Révolution. Au même instant leurs tabliers furent remplis de flammes violettes ; elles se mirent à pleurer et demandèrent pardon, elles en furent quittes pour la peur. Depuis ce moment on y va en pèlerinage le jour de la fête du saint, qui guérit de la migraine ; on l’invoque aussi pour trouver un bon mari.
Près du château de Comper, saint Marc guérit des fièvres. On raconte qu’étant sabotier, il laissa l’empreinte de ses pieds sur la pierre où il travaillait, située au bord de l’étang de Comper.
Saint Fiacre de Plélan
A Plélan (Ille-et-Vilaine) saint Fiacre guérit de la diarrhée ; on y va en procession le jour de sa fête.
Saint Raoul guérit des clous ; on se lave avec de l’eau de la fontaine, située près de la chapelle.
Les manifestations de Petit-Jean
Le diable est un des personnages principaux des croyances populaires de Haute-Bretagne. A Paimpont et Plélan-le-Grand, il est la plupart du temps nommé Petit-Jean.
A Paimpont
A Paimpont on craint Petit-Jean (le diable). On dit qu’il tressait les chevaux, avec des tresses si petites, qu’on ne pouvait les dénouer. On dit aussi qu’il se mettait en monsieur élégant, s’en allait au bal, dansait avec les plus jolies filles, les faisait fuir le foyer paternel malgré la surveillance des parents. A peine avaient elles fait trois tours, qu’elles disparaissaient par la cheminée en laissant tomber leurs coiffes appelées Poupettes, tachées de trois gouttes de sang, et poussant des cris déchirants. Petit-Jean donnait aussi des rendez-vous dans les champs à trois cornières (coins), aux personnes se trouvant dans la gêne, il leur avançait de l’argent, à condition qu’on lui accorde son âme, au bout d’un certain nombre d’années ; le temps écoulé il venait les chercher. Il se déguisait comme il voulait, sauf ses pieds de bœuf, qu’il ne pouvait transfigurer.
Le diable apparaissait aussi à la croix Hamon en Paimpont ; il empêchait le monde et les chevaux de passer.
A Plélan
On raconte qu’une femme à Plélan (Ille-et-Vilaine) avait des bestiaux qui changeaient la nuit de couleur, ils devenaient noirs. Son mari s’était vendu au diable. Le curé de l’endroit parvint avec beaucoup de peine à chasser Petit-Jean, qui s’en alla en emportant le haut de la cheminée, et en mettant le feu.
Croyances populaires
Marie Chevallier a collecté quelques croyances populaires de la commune de Paimpont.
Les fées joueuses de palets
On raconte que les fées de la forêt de Paimpont jouaient aux palets avec les grosses pierres de la forêt.
Les tables remuantes
A Paimpont, quand une table remue pendant les repas, on dit qu’elle sent les noces.
Les étoiles filantes
Quand on voit des étoiles filantes, on dit que c’est une personne qui vient de mourir ; son âme monte au ciel.
Les pies et les corbeaux
On dit qu’une pie porte malheur et le corbeau porte bonheur. Je connais une dame qui, si elle s’en va pour un marché quelconque, revient sur ses pas si elle trouve une pie. Elle croit que son marché sera avantageux, si c’est un corbeau.
Cinq versions populaires de légendes arthuriennes
Marie Chevallier a collecté cinq versions populaires de légendes inspirées des sites légendaires du massif forestier de Paimpont. Ces légendes attestent une forme d’appropriation populaire de la matière arthurienne par les populations de la forêt de Paimpont du début du 20e siècle.
On raconte qu’à cet endroit une fée appelée Viviane avait un amant infidèle. Pour qu’il ne la quittât plus, elle lui jeta un filet qui fit sept fois le tour de son corps ; aussitôt sept montagnes s’élevèrent, il ne put jamais retrouver son chemin ; c’est pour cela qu’on le nomme le Val sans retour.
Le Château dangereux
Autrefois, au Val sans retour, il y avait un château habité par des seigneurs qui séduisaient les jeunes filles et ensuite les jetaient dans la vallée où elles trouvaient la mort. Encore aujourd’hui, on croit que ceux qui y vont n’en reviennent plus, à cause de la difficulté que l’on a pour sortir de l’endroit. Nous y avons été une famille entière, et nous sommes restés deux heures absolument égarés.
On trouve dans la forêt la fontaine de Jouvence, à laquelle un moine se rendait chaque jour, pour prier ; la terre garda l’empreinte de ses genoux, il n’y pousse plus d’herbe. Autrefois les paysannes du pays et des environs venaient s’y laver la figure et les mains : on raconte qu’elles rajeunissaient de vingt ans.
A la fontaine de Baranton, on prend une branche de l’arbre qui s’y trouve ; on frappe sur la pierre, aussitôt la pluie tombe. Autrefois on y allait en procession contre la sécheresse ; le garde-champêtre m’a dit que si l’on trempait le pied de la croix dans la fontaine, aussitôt la pluie tombait.
On rencontre, dans la forêt de Paimpont, le tombeau de Merlin, l’enchanteur, ce sont quelques grosses pierres abandonnées ; si on frappe sur le sol il y a de l’écho. On dit encore à Paimpont que Merlin faisait des miracles et jouait des tours, la fée Viviane était sa maîtresse.
Trois chansons populaires de Paimpont
Marie Chevallier a publié le texte de trois chansons collectées à Paimpont dans la Revue des Traditions Populaires.
Le rossignol messager et Le mariage collectées auprès de Julie X. à Paimpont.— CHEVALLIER, Marie, « Chansons de la Haute-Bretagne », Revue des traditions populaires, Vol. 30 / 11-12, 1915, p. 189-191, Voir en ligne.
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Un jeune homme qui part au service. — CHEVALLIER, Marie, « Chansons de la Haute-Bretagne », Revue des traditions populaires, 1916, p. 27-31, Voir en ligne. —